Politique de relance

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Une politique de relance est une politique économique qui a pour but de provoquer une relance de l'économie d'un pays ou d'une zone monétaire; l'objectif de ce type de politique est de favoriser la croissance économique et de lutter contre un chômage élevé par une augmentation des dépenses publiques. Elle peut prendre la forme d'une politique budgétaire ou d'une politique monétaire.

Les politiques de relance sont l'application de la théorie keynésienne selon laquelle une entreprise, à court terme, embauche selon ses besoins et donc selon l'activité économique et non selon les fluctuations du prix du travail (c’est-à-dire des salaires), qui ne s'ajustent qu'à moyen ou long terme du fait de rigidités nominales.

Les politiques de relance creusent généralement les déficits publics. Elles sont souvent suivies de politiques de rigueur qui ramènent le déficit à des niveaux raisonnables, et / ou permettent de diminuer l'inflation.

Sommaire

[modifier] Principe

Les politiques de relance sont fondées sur le mécanisme du multiplicateur keynésien. Si la demande globale augmente dans une économie, les entreprises devront augmenter leur production pour faire face à ce surplus de demande. Cette augmentation de production donne lieu à une croissance économique et à une demande de travail de la part des entreprises, donc à des embauches. L'augmentation de l'activité fournie augmente également des recettes fiscales, permettant de compenser très partiellement la hausse des dépenses de l'État (pour une politique budgétaire), et la demande de monnaie, ce qui corrige partiellement l'effet inflationniste d'une politique monétaire.

Pour les économistes keynésiens, l'État a un rôle important à jouer dans la régulation des cycles économiques. Les économistes libéraux et les économistes néoclassiques sont critiques vis-à-vis des politiques de relance, qu'ils jugent néfastes pour l'économie sur le long terme, et qui augmentent l'endettement de l'État.

Dans une économie ouverte (proportion importante de biens importés dans la consommation), la relance keynésienne par la demande perd de son efficacité, la hausse de la demande étant pourvue davantage par la hausse des importations que par la hausse de la production intérieure, qui a moins d'élasticité pour répondre à la demande intérieure que la production du reste du monde (puisque la production y est plus importante, une hausse de production sera plus facile).

La mondialisation économique, et en particulier la hausse de la part des importations dans le PIB, réduisent l'efficacité des politiques de relance surtout lorsque celles-ci visent à augmenter la consommation (relance par la demande). La production nationale augmente peu, mais elle est grevée par une imposition forte.

[modifier] Moyens

Les outils d'une politique de relance sont de trois ordres : budgétaires, monétaires ou réglementaires.

Ces outils sont ceux préconisés pour favoriser la relance, dans le cadre du cycle économique, indépendamment des aspects structurels liés au développement économique à long terme.

[modifier] Outils budgétaires

Icône de détail Article détaillé : Politique budgétaire.

Dans le cas d'une relance budgétaire, il s'agit d'augmenter la demande interne en augmentant les dépenses de l'État (constructions, investissements, hausse des salaires des fonctionnaires,…) ou en augmentant les revenus disponibles des agents (baisse des impôts ou hausse des prestations sociales).

[modifier] Outil réglementaire

Dans ce cas, l'État utilise son pouvoir réglementaire pour augmenter les revenus d'un groupe ciblé de la population. Il s'agit en général des bas salaires, la loi psychologique fondamentale de Keynes assurant qu'une augmentation des revenus de ce groupe se traduira presque intégralement par une hausse équivalente de la demande (ce type de ménages ayant une propension à épargner plus faible que les autres groupes, et donc une propension à consommer plus forte).

En pratique, ces augmentations prennent souvent la forme d'augmentation de différents minima sociaux ou du salaire minimum. Les effets peuvent alors être négatifs sur le taux de chômage (voir trappe à inactivité et salaire minimum#Analyse).

[modifier] Outil monétaire

Icône de détail Article détaillé : Politique monétaire.

Dans le cas d'une politique monétaire de relance, la banque centrale augmente l'offre de monnaie (par exemple par une baisse de son taux directeur). Une telle baisse encourage la demande de crédits par les ménages et les entreprises, et donc augmente l'activité économique d'ensemble.

En diminuant le taux de rendement de la monnaie, une politique monétaire expansive fera baisser le cours de la monnaie face aux monnaies étrangères, ce qui augmentera le solde de la balance commerciale à moyen terme (hausse des exportations et baisse des importations). L'effet est négatif à court terme, et neutre sur le long terme: voir Courbe en J.

Cette politique favorisera cependant une hausse de l'inflation et une hausse du coût des biens importés, les produits pétroliers par exemple.

[modifier] Conditions

Les politiques de relance sont des politiques conjoncturelles, répondant à une faiblesse ponctuelle de la croissance en présence de capacités de production inutilisées. Elles sont impuissantes face à une faiblesse de la croissances liées à l'organisation même du système productif, qui demande des politiques d'ajustement structurel. Il faut également que le supplément de revenu se traduise dans une augmentation de la demande interne, ce qui suppose la croyance par les ménages que leurs impôts n'augmenteront pas pour faire face aux dépenses de l'État.

[modifier] Des capacités de production inutilisées

Conçue face à la Grande Dépression, l'analyse keynésienne de la relance budgétaire s'appuie sur la situation de l'époque, où un grand nombre d'entreprises tournaient en sous-régime. Elle suppose ainsi que les entreprises peuvent très rapidement augmenter leur production pour faire face à un surplus de demande.

Si ce n'est pas le cas, l'équilibrage du marché transite par une pure hausse des prix. Ce dernier phénomène explique l'échec des politiques de relance de la fin des années 1970 et des années 1980, le choc d'offre lié au choc pétrolier ayant conduit les entreprises à limiter l'augmentation de leurs capacités de production, et donc leur capacités disponibles. Les politiques de relance se sont alors traduites par une augmentation des prix (inflation) et une hausse de la dette publique, sans augmentation de la croissance (phénomène de stagflation).

[modifier] Confiance des entreprises et des ménages

L'augmentation des revenus ou de l'offre de monnaie ne peut se traduire en surplus de demande que si les agents économiques font preuve d'une certaine confiance dans l'avenir. Sans cela, le surplus de revenu est épargné par les ménages (pour faire face à une future hausse des impôts), et les décisions d'investissement des entreprises sont retardées.

Un cas extrême de manque de confiance est celui de la trappe à liquidité, où l'anticipation d'une faible croissance dans un contexte de déflation incite les agents à garder leurs actifs en monnaie, ce qui réduit à néant tout effet d'une politique budgétaire ou monétaire.

[modifier] Structure de la demande

Une augmentation de la demande n'augmente l'activité domestique que si le surplus de demande se porte sur des produits domestiques. Dans une économie ouverte, l'effet du multiplicateur sera donc d'autant plus faible que le taux d'ouverture de l'économie est grand.

[modifier] En France

En France, les politiques de relance mises en place à partir des années 1980 n'ont pas réussi à faire revenir le pays à un niveau de croissance élevé ni à réduire durablement le chômage. La dette publique de la France est simultanément passée de 20% du PIB à plus de 60%.

[modifier] Notes et références


[modifier] Voir aussi