Concile d'Éphèse

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Le concile d'Éphèse est ouvert le 22 juin 431, par le patriarche saint Cyrille d'Alexandrie et rassemble près de 200 évêques. Les lettres de convocation sont adressées à tous les évêques métropolitains de l'Empire d'Orient et à quelques évêques occidentaux. Cyrille n'attend pas les retardataires. La décision de condamner Nestorius est rapidement à l'ordre du jour, après que Cyrille eut à titre privé convaincu Nestorius d'hérésie dans plusieurs lettres personnelles, qui feront parties des actes canoniques de ce concile oecuménique.

Sommaire

[modifier] Les origines du concile

À l'inverse des conciles de Nicée (325) et de Constantinople (381) dont les questions théologiques portaient principalement sur l'unicité de Dieu Un et Trine, le concile d'Éphèse marque un tournant en définissant l'union hypostatique (non séparable) des deux natures, humaine et divine, dans la personne (une seule hypostase) du Christ. Le concile d'Ephèse est le concile de l'explicitation et de la proclamation du Christ homme et Dieu, selon la foi apostolique constante de l'Eglise. Cette explicitation et cette proclamation ont été rendues nécessaire face à l'émergence de l'hérésie nestorienne. Le concile d'Éphèse, 3e concile oecuménique, condamne le nestorianisme comme hérésie, et anathématise et dépose Nestorius comme hérésiarque.


L'hérésie appelée nestorianisme est donc au centre du débat. Nestorius, patriarche déposé de Constantinople, niait subtilement la doctrine apostolique (Tradition vivante de l'Eglise) sur l'unicité de la personne du Christ. Il considérait que, dans la personne de Jésus-Christ, il y a dissociation (dissociation hypostatique) entre le Fils coéternel au Père, d'une part, et l'homme Jésus de Nazareth d'autre part, dans lequel le Verbe divin est venu s'incarner, c'est-à-dire que Dieu serait venu « visiter », comme "un autre" résidant dans "un autre". Du fait de cette dissociation, toujours selon Nestorius, la Vierge Marie est seulement la mère de l'homme Jésus, qui, seulement de manière ultérieure a été investi par le Verbe divin. Ainsi donc, Nestorius, par des insinuations toujours subtiles et tortueuses (voir ses lettres à saint Cyrille d'Alexandrie, en vint à nier que l'on puisse appeler la Vierge Marie la « Mère de Dieu » (théotokos).


Saint Cyrille d'Alexandrie, Père et Docteur de l'Eglise, prouva dans ses réponses à Nestorius les fondements théologiques et scripturaires de l'union hypostatique dans l'unique personne de Jésus-Christ, et rédigea la position catholique dans ses fameux Douze Chapitres, mettant en demeure Nestorius, puisque preuves étaient faites de son hérésie et de son hétérodoxie, d'y souscrire. Nestorius n'y répondit pas.


Vigoureusement conduit par saint Cyrille, le concile d'Ephèse précisera et proclamera l'union hypostatique des deux natures, humaine et divine, dans Jésus-Christ, fondée sur le mystère de l'Incarnation du Fils de Dieu (prenant chair de la Vierge Marie), en lui la nature humaine ayant été assumée par le Verbe Eternel dans le sein de la Vierge ("Et le Verbe s'est fait chair, et il a demeuré parmi nous", dit le Prologue du Quatrième Evangile). C'est par là même que la Vierge est appelée en vérité la Mère de Dieu, et c'est en vertu de l'union hypostatique que le concile d'Ephèse la proclama (théotokos). Le concile d'Ephèse lance l'anathème (excommunication) sur Nestorius, suivant en cela les Douze Chapitres formulés par saint Cyrille d'Alexandrie dans sa dernière lettre à Nestorius, et qui furent joints alors aux actes canoniques du concile.


Dans les années qui suivirent, à son tour, une autre hérésie nouvelle, l'hérésie monophysite, déformera, mais dans un sens à l'extrême opposé de Nestorius, la doctrine catholique définie au concile d'Ephèse : le monophysisme d'Eutychès confondra alors les deux natures dans le Christ, humaine et divine, considérant l'humaine comme seulement une "apparence", en réalité absorbée par la divine. Ce qui amènera la convocation du concile de Chalcédoine, en 451, qui sera le 4e concile oecuménique. Les Pères de Chalcédoine, proclamant que l'union hypostatique n'entraîne pas pour autant la confusion des deux natures, ni l'"absorption" de l'une par l'autre, définiront alors, par une formule célèbre, que, dans le Christ "vrai homme et vrai Dieu", les deux natures humaine et divine sont "sans confusion, sans mutation, sans division, sans séparation".


Une autre hérésie est abordée durant le concile d'Ephèse : le pélagianisme. Cette doctrine sera réexaminée très fréquemment au cours des siècles qui suivront (voir Saint Augustin).


Catholiques, orthodoxes et protestants se réclament tous de la doctrine du concile d'Éphèse sur l'union hypostatique, définie sous l'impulsion de Cyrille d'Alexandrie. Le pape Célestin Ier ratifie et promulgue en 432 les actes du concile d'Ephèse, et donne à saint Cyrille le titre de "Défenseur de l'Eglise".

[modifier] Les canons du concile d’Éphèse

Le texte des canons du 3e concile comporte 8 points :

  1. Des métropolitains sectateurs de Nestorius et de Célestius
  2. Des évêques qui rejoignent ceux de Nestorius
  3. Des clercs déposés par Nestorius à cause de leur orthodoxie
  4. Des clercs sectateurs de Nestorius
  5. Des clercs condamnés à des peines ecclésiastiques, absous par Nestorius
  6. De ceux qui enfreignent les décisions du concile
  7. Acclamation contre ceux qui altèrent la foi de Nicée
  8. Vœu concernant les évêques de Chypre qu'ils élisent à eux-seuls aux sièges vacants de leur île

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

Le texte intégral des canons est disponible sous le lien.



Les 10 conciles généraux de l'Église catholique antérieurs à 1054

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