Collège Sadiki

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Le Collège Sadiki (المعهد الصادقي) est le premier lycée secondaire moderne de Tunisie.

Ses murs accueillent également une école primaire. L'enseignement y est gratuit et sa capacité à l'origine est de 150 élèves dont 30 internes.

Collège Sadiki
Collège Sadiki

Sommaire

[modifier] Innovation culturelle

Situé à la kasbah, aux portes de la médina de Tunis, il est créé par un décret du 13 janvier 1875 à l'initiative du grand vizir Kheireddine Pacha après une visite en France où il est séduit par le système éducatif. Il a alors l'intention de former des interprètes et les futurs cadres qui auraient à gérer le pays mais également de dispenser aux élèves des cours de sciences et de mathématiques qui seraient « utiles aux musulmans tout en n'étant pas contraires à leur foi » (préliminaires du décret). Le collège est une révolution dans les sphères intellectuelles tunisiennes car il introduit des matières nouvelles et totalement étrangères à celles enseignées à l'Université Zitouna.

[modifier] Développement d'une nouvelle élite

Aperçu du Collège Sadiki (janvier 2000)
Aperçu du Collège Sadiki (janvier 2000)

Il acquiert ainsi un certain prestige à travers le pays en jouant le rôle de pépinière d'une intelligentsia occidentalisée à l'esprit revendicatif et réformiste. Grâce à ce collège, les autorités coloniales trouvent des cadres bilingues (français et arabe) qui servent d'intermédiaires avec le reste de la population tunisienne. Toutefois, les autorités surveillent de près le collège car elles craignent le développement d'idées nationalistes hostiles au projet colonial : comme le déclare en 1902 Victor de Carnières, « la diffusion de l'instruction secondaire pourrait donner à nos protégés tunisiens des idées peu en rapport avec l'état de sujétion politique dans lequel ils se trouvent et dans lequel nos intérêts nous commandent de les maintenir[1]. »

Selon Noureddine Sraïeb, les Français essaient alors de se servir du collège pour accroître l'influence française : « La suppression des langues italienne et turque de l'enseignement du Collège Sadiki, au seul profit de la langue française comme unique langue étrangère qui ne tardera pas à supplanter la langue arabe même, n'est pas étrangère à cet objectif. En effet, en imposant le français dans l'enseignement, les autorités coloniales veulent accroître l'influence française auprès des autochtones en leur inculquant de nouveaux systèmes de valeur qui facilitent la légitimation du nouvel ordre établi. »[2] Toutefois, il faut préciser que les écoles du protectorat comportent alors deux sections : l'une bilingue (français et arabe) et l'autre monolingue (arabe uniquement).

Néanmoins, la résistance à l'occupation française proviendra tout de même des anciens élèves du collège qui participeront aux réformes du pays après l'indépendance. Ainsi, au bureau politique du Néo-Destour, « les anciens élèves du Collège Sadiki représentent 60% de l'effectif (92 personnes) entre 1955 et 1969 »[2]. Ainsi, une grande partie de l'élite tunisienne est passée sur ces bancs. On peut citer :

[modifier] Références

  1. Khaled Guezmir, Jeunes Tunisiens, éd. Alif, Tunis, 1986
  2. ab Noureddine Sraïeb, Enseignement et nationalisme : le Collège al-Sadiki de Tunis (1875-1956), éd. Alif, Tunis, 1995

[modifier] Lien externe

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