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Jean Sibelius
Jean Sibelius

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Les années d'apprentissage: 1865 - 1891

[modifier] Enfance 1865 - 1884

[modifier] Une famille finlandaise
Maria Charlotta et ses enfants Janne et Linda Maria
Maria Charlotta et ses enfants Janne et Linda Maria

Jean Sibelius naît le 8 décembre 1865 à Hämeenlinna, une petite ville de garnison finlandaise à une centaine de kilomètres au nord d'Helsinki. Les compositeurs Carl Nielsen, Alexander Glazounov et Paul Dukas étaient nés la même année, et Richard Strauss dix-huit mois plus tôt. Son père, Christian Sibelius (1821-1868) était un médecin militaire d'extraction paysanne finnoise, mais parfaitement intégrée à la communauté suédophone. Homme cultivé (il avait eu pour professeur le poète et écrivain Runeberg), mélomane averti, il avait épousé en 1861 Maria Charlotta Borg, fille d'un pasteur luthérien et pianiste amatrice. Terrassé par le typhus lors d'une épidémie, il devait laisser sa femme enceinte et ses deux enfants Linda Maria et Johan Christian criblés des dettes qu'une vie de bohème assez extravagante lui avait fait contracter[1]. Aussi, Sibélius grandit-il chez sa grand-mère Katarina Juliana au bord d'un lac près de Prykikatu. Très mélomanes, son oncle Pehr Ferdinand (1819-1890), négociant à Turku, et sa tante Wilhelma Evelina (1832-1893) devaient également jouer dans son éducation une place prépondérante.

L'écolier Janne Sibelius
L'écolier Janne Sibelius

[modifier] L'education du jeune Janne

A l'automne 1872, le jeune Joahn Christian, surnommé Janne par son entourage, commence sa scolarité dans la classe préparatoire suédophone de Eva Salonius, une amie de famille, puis se dirige dès 1873 pour un établissement où l'enseignement, profitant de réformes engagé dans les années 1870, s'effectue dans la langue finlandaise[2]. Il rentre ensuite au très réputé lycée finlandais de Hämeenlinna, ouvert trois ans auparavant, et y reste jusqu'en 1885. Cette éducation bilingue et sa bonne connaissance des deux langues[3] jouera beaucoup dans sa non-implication dans les luttes linguistiques qui devaient diviser son pays toute sa vie. Il y étudie le latin, l'anglais, le grec, le russe, l'allemand et le français, et lit le Kalevala[4] qui ne l'inspire pas outre mesure[5]. de fait, Janne, enfant sensible mais distrait, est loin d'être un excellent élève, comme en témoignera l'historien Walter Von Konow, un de ses camarades d'alors:

"Janne était un grand rêveur. Il était doué d'une vive imagination, et les impressions reçues de l'exterieur produisaient en lui de violentes réactions. (...) Janne ne pouvait ni rester tranquille durant les heures d'études, ni se concentrer sur quelque chose qui ne l'intéressait pas. Il restait là, perdu dans ses pensées et faisait montre de la plus grande distraction si soudain on lui posait une question[6]."

[modifier] Les premiers pas dans la musique

La relative médiocrité des résultats scolaires du jeune Sibelius n'est pas sans relation avec son intérêt croissant pour la musique. A dix ans, il avait déjà ecrit une petite pièce, Gouttes d'eau, et avait été remarqué par sa tante Evelina pour son rare talent[7] Pourtant, les leçons de piano que sa tante Julia lui avait donné en 1872 n'avaient rien donné.[8] Le 19 avril 1881, il écrit à son oncle Pehr:

"Je souhaite ardemment apprendre le violon et, si vous m'y autorisez, je commencerai mes leçons l'automne prochain avec le directeur de la musique à Tavastehus, Levander; ayez s'il vous plaît la bonté, la prochaine fois que vous viendrez ici, d'apporter le violon dont a parlé ma tante"[9]

Janne, Linda et Christian Sibelius en trio
Janne, Linda et Christian Sibelius en trio

C'est ainsi que Sibelius, encouragé par son entourage, se lance à corps perdu dans l'étude du violon:

"Lorsque j'eus environ 15 ans, la musique avait pris une telle importance à mes yeux qu'elle chassa bientôt tous les autres pôles d'intérêt. (...) Pendant les dix années à venir mon souhait le plus cher, mon ambition la plus orgueilleuse fut de devenir un grand violoniste virtuose[10]"

Malgré ses évidentes dispositions, Sibelius avait débuté le violon trop tard pour devenir jamais un grand violoniste. Néanmoins, une lettre du 18 décembre à l'oncle Pehr mentionne pour la première fois un trio familial et, en avril 1883, il donne sa première représentation. Il s'essaye aussi à la composition et, en août, achève un premier Trio de huit pages[11]

[modifier] Débuts musicaux 1885 - 1889

[modifier] Wegelius
Le pédagogue et compositeur Martin Wegelius
Le pédagogue et compositeur Martin Wegelius

En mai 1885, Janne passe, avec un an de retard et de médiocres résultats, son baccalauréat.[12]. Sa grand mère déclare qu'il n'a "aucune ambition dans la vie"[13]. De fait, Janne est assez désemparé. Il s'inscrit en droit à l'université d'Helsinki, cours qu'il ne suivra jamais, et rentre en violon dans la classe de Mitrofan Vassiliev à l'institut récemment fondé de Martin Wegelius, qui est, avec son rival Robert Kajanus (1856-1933), la principale personnalité de la musique finlandaise d'alors[14]. Il y est rapidement remarqué ainsi qu'en témoigne une lettre de recommandation de Wegelius datant de mars 1886

"L'étudiant Jean Sibelius, inscrit depuis le 15 septembre à l'Institut Musical, y a surtout étudié le violon et la théorie et fait de grands progrès dans les deux matières, il s'est en outre distingué par ses dons remarquables en violon. Les capacités acquises sur ce instrument lui permettent de se produire avec succès comme premier violon de l'Orchestre Académique de cette ville"[15]

Outre le violon, Janne étudie ainsi l'harmonie, mais, l'Institut n'étant doté ni d'orchestre ni de classe d'orchestration, reste cantonné essentiellement à la musique de chambre. Vignal écrit ainsi que:

"En simplifiant quelque peu, on peut dire que la musique de chambre relevait de Wegelius et la musique d'orchestre de Kajanus, et que Sibelius n'entretint à cette époque avec Kajanus que des rapports occasionnels"[16].

De fait, Sibelius ne commencera à composer pour orchestre qu'en 1890. En mars 1884 il écrit à l'oncle Pehr: "Jean est mon nom de musicien". L'idée serait venue d'un paquet de cartes de visite de son oncle paternel Janne Sibelius, mort en mer en 1864, et qui avait internationalisé son nom en Jean.[17]

[modifier] La famille Järnefelt
Sibelius et la famille Järnefelt
Sibelius et la famille Järnefelt

A l'Institut, Sibelius se fait peu à peu un statut spécial; il est invité à passer une partie de l'été 1888 chez Wegelius lui-même, dont il est devenu l'élève favori[18]. C'est pourtant à cette époque que Sibelius, qui a jusque là évolué presque exclusivement dans les cercles suédophones (dont il est de fait issu) se lie petit à petit avec les libéraux, partisans de la langue finnoise. Sont premier contact sera le futur compositeur Armas Järnefelt (1869-1958), alors élève de piano à l'Institut, qui l'introduit à ses frères aînés Arvid (1861-1932) et Erik, dit Eero (1863-1937), qui devaient devenir respectivement écrivain et peintre. Cette famille, l'une des plus extraordinaires de Finlande (Vignal), "aristocratique par ses origines mais démocrate par ses convictions" (Tawastsjerna) unissait, selon Sibelius "un profond sentiment national à un grand attachement aux valeurs culturelles du passé"[19]. Cette rencontre devait marquer le début du glissement de Sibelius du camp suédois vers le camp finnois. Il y rencontrera aussi, au printemps 1889, la jeune Aina, dont le prénom avait été "kalevalisé" en Aino[20], alors âgée de 17 ans, et décrite par Wegelius comme "la plus belle fille de Finlande"[21].

[modifier] Premières oeuvres importantes
Le pianiste et compositeur Ferruccio Busoni
Le pianiste et compositeur Ferruccio Busoni

L'Institut devait s'enrichir en septembre 1881 d'un nouveau professeur, son "talent de plus brillant" selon le musicologue Karl Flodin[22], en la personne du jeune pianiste Ferruccio Busoni, alors âgé de 22 ans seulement. Piètre compositeur mais grand pianiste[23], Busoni forme autour de lui un cercle d'amis comprenant Armas et Eero Järnefelt, Sibelius, le jeune écrivain Adolf Paul, et lui même, qui viennent à s'appeler les Leskovites, du nom de sa chienne Lesko. Pour Sibelius, cette première rencontre avec un grand virtuose a de grandes répercussions, ainsi que l'écrit Tawastsjerna: L'opportunité d'étudier de près le jeu de Busoni et de voir sa technique transcendantale, l'infaillibilité de sa mémoire et l'exhaustivité de son répertoire ne laissa aucun doute a Sibelius quand à son impossibilité d'acquérir un tel degré de maîtrise. S'il n'avait pas abandonné le rêve de devenir un virtuose jusqu'à présent, il dût s'y résoudre à ce moment là[24] Encouragé par son ami[25], Sibelius fait jouer à l'Institut son quatuor en la mineur (JS 183) récemment écrit qui obtient un vif succès[26][27]. Décidé à devenir compositeur[28] et muni d'une bourse d'études du Sénat de 2000 marks, il quitte l'Institut le 31 mai 1889 et décide de poursuivre ses études à l'étranger.

[modifier] Voyages d'études 1889 - 1891

Sibelius à Berlin, en 1890
Sibelius à Berlin, en 1890

[modifier] Berlin

Le 7 septembre 1889, Sibelius quitte donc la Finlande pour le premier de ses quarante et un voyages à l'étranger, et part étudier avec le compositeur et pédagogue Albert Becker, sur recommandation de Wegelius. La grande métropole qu'est en train de devenir Berlin impressionne durablement le jeune finlandais par son cosmopolitisme et la qualité de sa vie culturelle[29]; il y entends les concerts philharmoniques de Hans von Bülow, notament dans la création berlinoise du Don Juan de Richard Strauss et la 7e symphonie de Dvořák , tout deux en présence du compositeur, mais également le quatuor Joachim dans les derniers quatuors de Beethoven. Sibelius fréquente un cercle de musiciens essentiellement scandinaves, parmi lesquels le compositeur Christian Sinding (1856-1941) et le violoniste Ottokar Novacek (1866-1900). Moins concluante est sa rencontre avec son maître Beckert, qui est, selon lui, "une vieille perruque de la tête au pieds"[30] De fait, Beckert, professeur de contrepoint austère de la plus sèche tradition germanique[31] et bien que fort ennuyeux, apporte à Sibelius de solides bases contrapuntiques qu'il exploitera plus tard avec succès[32]. De ces longs mois passés dans une ville qui ne l'inspire pas[33], Sibelius ne réussit à composer qu'un quintette avec piano en cinq mouvements, qui déplaît fortement à Wegelius[34].

En juin, Sibelius rentre en Finlande pour y passer l'été. Il y compose son quatuor à corde en si bémol majeur opus 4, le plus élégant de ses ouvrages de chambre de jeunesse[35]. Sibelius avait quelques raisons d'avoir retrouvé son inspiration: à la fin septembre, Aino Järenefelt avait accepté sa demande en mariage.

[modifier] Vienne: premiers essais orchestraux

Le second voyage d'étude de Sibelius le conduit à Vienne, où il arrive, le 25 octobre 1890, avec une lettre d'introduction fort flatteuse de Busoni pour Brahms.

Ladite lettre lui sera de peu de secours auprès du grand compositeur allemand: "Brahms refuse obtinément de me voir", écrira-t-il laconiquement un peu plus tard.[36] Sibelius n'obtient pas grand-succès non plus auprès de Bruckner, ni de Hans Richter qui le guidera tout de même amicalement vers Robert Fuchs, compositeur mineur mais orchestrateur et pédagogue renommé. Il reçoit également de Wegelius une lettre d'introduction pour Karl Goldmark. Il présente le 19 novembre à ce dernier son premier essai orchestral, une ouverture contenant, selon celui ci "beaucoup de bonnes choses et beaucoup de mauvaises, pour un début pas mal du tout"[37]. De fait, Fuchs sera un professeur plus consciencieux que Goldmark, qui ne voit son élève qu'à intervals très irréguliers. Le 21 décembre, Sibelius assiste à un concert qui devait le marquer profondément. Il écrit de Bruckner dont on vient de donner la 3e symphonie qu'il est le "plus grand compositeur vivant".[38] Cette révélation se double d'une prise de conscience nationaliste;[39] il lit le Kalevala avec un intérêt croissant et perfectionne sa maîtrise de la langue finlandaise.[40] Le 23 avril, Kajanus programme à Helsinki l'Ouverture et le 28 la "Scène de ballet" que Sibelius vient d'écrire. L'accueil est plutôt tiède; Sibelius parle lui même de son Ouverture comme "de la camelote".[41]

"Ce dont avant tout j'ai besoin est la critique, l'autocritique. Le plus grand des compositeurs, Beethoven, ne possédait pas le plus grand talent naturel, mais il soumettait tout ce qu'il faisait à la plus minutieuse autocritique, et c'est ainsi qu'il a atteint la grandeur"[42]

[modifier] Des acquis et des projets

Le 12 avril, Sibelius entends Hans Richter diriger la 9e symphonie de Beethoven. C'est une révélation. Après ses essais orchestraux plus ou moins réussis, Sibelius rêve maintenant d'une grande symphonie finlandaise, dont les ébauches sont prometteurs et accueillis très favorablement par Fuchs[43]. :

"Je travaille maintenant à une nouvelle symphonie qui respire entièrement la Finlande. Le monde primitif finlandais a pénétré ma chaire et mon coeur. (...) Tout ce qui est finlandais m'est donc sacré. Etant convaincu qu'un finlandais doit sentir et penser en finnois, je m'oppose à Edelfelt[44] si peu finlandais dans ses motifs"[45]

James Hepokoski remarque que le voyage à Vienne marque un tournant décisif dans la vie musicale de Sibelius par conjonction de quatre facteurs: la prise de conscience de son potentiel, son détournement définitif de la musique de chambre académique pour la musique symphonique, le développement d'une esthétique progressiste marquée par quelques chefs d'oeuvres comme la 3e symphonie de Bruckner, et surtout sa prise de conscience nationaliste[46]. Tout ces éléments se retrouveront à son retour en Finlande dans sa première grande oeuvre qu'il est en train d'esquisser: Kullervo.

[modifier] Vers une musique finlandaise 1891 - 1897

[modifier] Kullervo

[modifier] La genèse de Kullervo

Lorsque Sibelius rentre en Finlande, En juin 1891, il a déjà acquis une certaine notoriété, toutefois assez limitée, et surtout locale. En décembre, il part pour Lovisa, afin de travailler à son Kullervo, symphonie avec coeurs inspirée par un épisode du Kalevala. De plus en plus proche des cercles pro-finnois, Sibelius est introduit dans le groupe nationaliste Nuori Suomi[47] par Kajanus, dont l'amitié croissante commence à lui porter préjudice auprès de son rival éternel, Wegelius[48]. La relation que nourrit la Finlande a son histoire est alors à son tournant:

"Avant 1890, les intellectuels finlandais avaient construit une image du passé finlandais basée sur le Kalevala de Lönnrot. Désormais, le grand public se forgea une image du passé finlandais s'appuyant essentiellement sur une interprétation artistique de cette épopée. Et en partie grâce à ces créations allait finalement prendre corps ce qu'en réalité n'avait jamais existé: une Finlande finlandaise."[49]

En décembre 1891, Sibelius rencontre la chanteuse runique Larin Paraske, afin d'entendre les mélodies runiques caréliennes chantées de façon authentique. Marc Vignal souligne que, sans cette influence décisive, "Sibelius n'aurait vraisemblablement pas mené à bien Kullervo tel que nous le connaissons"[50]. De fait, Sibelius est partagé entre sa volonté de créer une musique nationale authentique et son refus de verser dans le folklorisme, sa recherche d'une musique entièrement originale.[51]

[modifier] Kullervo

Le 28 avril 1892, après des semaines plus qu'éprouvantes[52], Sibelius dirige lui même, à guichet fermé, son Kullervo fraîchement terminé dans la salle de cérémonie de l'Université d'Helsinki. Pendant les répétitions, il a dû s'adresser en finlandais aux jeunes recrues de l'académie Wegelius, en suédois aux choeurs composés de la bonne société d'Helsinki, et en allemand aux musiciens de l'orchestre qui, ignorant l'origine mythologique de l'oeuvre, n'ont pas fait grand cas du jeune compositeur. L'oeuvre est pourtant un triomphe, qui place d'emblée le Sibelius comme chef de file incontesté de la musique finlandaise[53]:

"Parmi les créations artistiques suscités par le Kalevala, et grâce auxquelles la Finlande prit conscience de son aptitude à l'indépendance, aucune n'égala Kullervo en impact (...) Kullervo ne naquit pas ex nihilo ni ne tomba dans un vacuum. L'oeuvre arriva à point nommé. Elle fut de celles que, consciemment ou non, l'on attendait."[54]

L'oeuvre que Vignal devait appeler "l'acte de naissance de la musique Finlandaise moderne"[55] sera retirée définitivement de l'affiche par le compositeur lui même après seulement cinq représentation, et ne sera plus donnée en version intégrale avant 1958.

[modifier] Mariage, la Carélie
Aino Järnefelt vers 1895
Aino Järnefelt vers 1895

Le 10 juin 1892, deux mois et demi après la triomphe de Kullervo, Sibelius épouse Aino Järnefelt, avec qui il vivra soixante cinq ans, et devait lui donner six filles (l'une d'entre elles mourra à l'âge de deux ans). Les Sibelius décident de passer leur lune de miel en près du lac Pielsjärvi, en Carélie, voyage qui est pour Sibelius l'occasion de rencontrer Petri Shemeikka, un chanteur runique octogénaire dont il note quelques mélodies. Comme Schumann cinquante ans plus tôt, ses noces sont pour Sibelius le véritable point de départ de sa carrière de compositeur de lieders, qu'il compose alors isolément. Il compose notamment alors "Under strandens granar" ("Sous les sapins du rivage"), future premier lied de l'opus 13. Lors de leur première exécution, le critique Oskar Merikanto devait noter:

"Bien que ces chansons portent la marque du compositeur de Kullervo, l'utilisation originale de rythmes et d'harmonies bizarres produit un effet déroutant et même une impression lassante sur des oreilles non initiées"[56]

Pourtant, le jugement de Brahms, en 1895 à propos de "Se'n har jag ej fragat mera" ("Dès lors je n'ai pas questionné plus longtemps"), composée à la même époque est beaucoup plus favorable: "Aus dem wir was" ("celui là deviendra quelqu'un"), déclarera-t-il alors après avoir accompagné la partition au piano.[57]

[modifier] Le Romantisme kalévalien

[modifier] En Saga
Le Symposium, peint par Gallen-Kallela
Le Symposium, peint par Gallen-Kallela

A l'automne 1894, le peintre Akseli Gallen-Kallela, chef de file d'un Nuori Suomi rebaptisé le "Symposium" expose à Helsinki un tableau intitulée "Le Problème". La toile dépeint assez crûment le peintre lui même, Sibelius et Kajanus, dans une débauche qui fait scandale parmi la bonne société de Helsinki[58]. Les premiers problèmes de Sibelius relatifs à l'alcool devaient commencer à ce moment là, et le poursuivre jusqu'à sa mort. Un an plus tôt, Sibelius avait écrit son premier poème symphonique, sur une recommandation de Kajanus:

"Après le succès de Kullervo, Kajanus me fit remarquer à quel point il était souhaitable d'avoir dans le répertoire régulier une pièce de ma composition destinée au grand public sans trop mettre à l'épreuve ses faculté de concentration et de compréhension."[59]

En fait, En Saga ne sera pas du tout le "morceau piquant de style da Capo"[60] qu'avait suggéré Kajanus, mais une oeuvre complexe, de 20 minutes, proche de Kullervo à bien des égards. Révisée complètement en 1902, En Saga n'est pas directement inspirée du Kalevala comme devait le préciser Sibelius dans les années 40:

"Si l'on tient absolument à chercher pour En Saga une source folklorique, on la trouvera dans l'Edda Islandaise plutôt que dans le Kalevala"[61]

De ces années aussi datent les premières pièces pour piano de Sibelius, notamment les Six Impromptus opus 5 et la sonate en fa majeur opus 12. Les quelques cent cinquante pièces pour piano seul qu'écrira Sibelius durant sa carrière seraient plus alimentaire qu'issues d'une quelconque attirance pour un instrument qui, selon lui "ne sait pas chanter"[62].

[modifier] Karélia
Le triptique "Aino", par Gallen-Kallela (1891)
Le triptique "Aino", par Gallen-Kallela (1891)

En juillet 1893, Sibelius rejoint le poète Juhana Heikki Erkko à Kuopio afin de travailler à un projet d'opéra sur une scène du Kalevala intitulée "Veneen luominen" (La Construction du Bateau.) Le livret "au relents très wagnériens mais manquant singulièrement de tension dramatique"[63] ne sera pas reçu favorablement par Kaarlo Bergom, grand homme de théâtre, dont le jugement défavorable vaut à l'oeuvre d'être mise, provisoirement de côté[64]

Sibelius ne s'était pas rendu en Carélie par hasard lors de son voyage de noce. Province sous industrialisée, la Carélie avait été le principal réservoir de chants populaire dans lequel Lönnrot avait puisé pour rédiger son Kalevala. Ainsi, en 1890, Päivälehti avait publié dans un éditorial:

"Quel succès obtiendrait à coup sûr une oeuvre artistique dont le matériau proviendrait du lieu où le Kalevala a été chanté et où vit le peuple ayant su préserver jusqu'aujourd'hui une dimension "carélienne" qui ailleurs s'est perdue ou s'est trouvée corrompue"[65].

Ces commentaires ne devaient pas tomber dans l'oreille d'un sourd: le 15 novembre 1893, Sibelius dirige sa musique de scène Karelia, écrite pour un festival d'étudiants destiné à venir en aide à la région de Viipuri. L'oeuvre est un grand succès, surtout dû, selon Tawastjerna à la ferveur patriotique du public qu'à la valeur d'une partition qui soutiendrait difficilment la comparaison avec les poèmes symphoniques d'un Strauss à la même époque[66].

[modifier] Richard Wagner

A l'été 1894, Sibelius, décidé à reprendre son projet d'opéra se rend à Bayreuth afin de s'imprégner de la musique de Wagner. Il assiste à une représentation de Parsifal le jour même de son arrivée qui lui fait grande impression[67]. Son admiration pour la musique de Wagner connait des hauts et des bas; dès le lendemain, il juge Lohengrim "démodé et plein d'effets théâtraux"[68]

Son propre opéra n'avance que péniblement; assailli par le doute, il quitte l'athmosphère étouffante d'un Bayreuth où la présence du maître est omniprésente[69], et gagne Munich où il assiste à une représentation de Tristan.

"J'ai été écouter Tristan et Isolde avant hier; rien pas même Parsifal ne m'a fait pareille impression. Il laisse le sentiment que tout est faible et pâle en comparaison."[70]

Comme le résume Jean-Luc Caron, Le sort de l'avenir dramatique de Sibelius s'ecroulait définitivement à ce moment là.[71]. De fait, quinze jours plus tard, Sibelius abandonne, définitivement, son opéra. Le 17 août, il se dans une lettre à Aino lâche et faible d'avoir tenté de se modeller sur les idéaux d'autrui, et le 22, il déclare tout bonnement ne plus être Wagnérien[72]. Dans la même lettre, il déclare en revanche se sentir plus proche des idées musicales de Liszt, dont il étudie la Faust-Symphonie.

Les rapports qu'entretiendra Sibelius à la musique de Wagner seront l'objet de nombreux malentendus. Le compositeur déclarera à son biographe Karl Ekman, en 1935 n'avoir pi ressentir le moindre entousisame pour l'art de Wagner[73]. Cecil Gray devait écrire à la même époque:

"Sibelius est apparamment le seul compositeur moderne ou presque (et certainement le seul de sa génération) à n'avoir pas été influencé par Wagner, et à n'avoir pas non plus, ce qui revient à peu près au même, réagi contre lui. (...) Il est impossible de mettre le doigt, dans toute la production, sur la moindre phrase témoignant de l'influence de Wagner, ou qui n'aurait pas été exactement la même si Wagner n'avait jamais existé"[74]

[modifier] Une musique finnoise

[modifier] Suite de Lemminkäinen Op.22

Après ses déconvenues dramatiques et une fin de voyage en Italie, puis à Berlin, c'est tout naturellement vers le poème symphonique que se tourne Sibelius une fois rentré en Finlande. Jouissant désormais d'une solide notoriété, Sibelius est programmé seize fois à Helsinki pour la seule saison 1894 - 1895, dont deux composés exculsivement de ses dernières oeuvres orchestrales, les 17 et 19 avril. Son second poème symphonique, Skogsraet Op.15 (la Nymphe des Bois), mouvement d'une vingtaine de minutes inspirée bien sûr de Liszt mais au chromatisme également très wagnérien, y est crée avec une nouvelle Sérénade pour baryton et orchestre réduit.

Le temps passé sur la Construction du Bateau ne devait pas rester entièrement perdu. C'est en grande partie sur les ébauches de son opéra avorté que Sibelius écrit son "chef d'oeuvre"; les Quatre légende ou Suite de Lemminkäinen Op.22 qui sont crée le 13 avril 1896. Accueillie avec les éloges habituels par Oskar Merikanto dans Päivälehti[75], l'oeuvre recoit néanmoins de Flodin une critique plus origninale quand à l'évolution du style de Sibelius:

La mère de Lemminkäinen, par Gallen-Kallela

Le ton spécifiquement finlandais n'apparait pas (ici) avec la même netteté (que dans les oeuvres antérieures de Sibelius). C'est incontestablement un gain, car cela montre que Sibelius a echappé à un grand danger: se répéter, travers dans lequel, étant donné sa façon de formuler ses idées et de créer des athmosphères, il avait de fortes chances de tomber. (...) Ses structures mélodiques évioquent de près le style de Liszt, et l'on y décèle aussi l'influence de Wagner et Tchaïkovsky, sans que pour autant Sibelius ne laisse ces maîtres empiéter en quoique ce soit sur son originalité mélodique. (...) Nous n'hésitons pas à placer cette peinture en musique du monde érotique de Lemminkäinen au tout premier rang parmi les oeuvres du jeune compositeur.

La partition devait, comme d'habitude être retirée peu après la première execution et remaniée plusieurs fois. Deux mouvements: Le Retour de Lemminkäinen et surtout Le Cygne de Tuonela allaient néanmoins connaitre une brillante carrière, et ce bien avant la création de la version définitive de la suite, le 29 novembre 1939, à Carnegie Hall.

[modifier] La conférence de Tampere
Robert Kajanus
Robert Kajanus

Le 7 novembre 1896, le premier et dernier opéra de Sibelius, La jeune fille dans la tour est crée au théâtre national Helsinki. Cette oeuvre de circonstance en un acte n'est pas remarqué outre mesure et Sibelius la retire définitivement après la troisième représentation, déclarant non sans humour Elle restera dans sa tour et n'en sortira point[76].

Espérant obtenir un poste de professeur de musique récemment libéré à l'Université d'Helsinki, Sibelius donne, le 25 novembre 1896, une conférence intitulée "Quelques considérations sur la musique populaire et son influence sur l'art des sons". Le manuscrit de 33 pages, seul ouvrage théorique qui nous soit parvenu de Sibelius est, plus qu'un dissertation universitaire un manifeste artistique subjectif[77], résumant ses théories et découvertes sur la musique runique et son exploitation possible dans la musique savante. Plebsicité par le jury vingt-cinq voix sur vingt-huit, Sibelius n'obtient pourtant pas ce poste peu prenant susceptible de le soulager de ses incessants soucis financiers. Son rival d'un jour, Kajanus, fait appel à la décision du jury et va jusqu'à Saint Petersbourg plaider sa cause devant l'administration russe[78]. L'indélicatesse de Kajanus n'aura cependant pas de grandes repercussions sur leur amitié; à propos de Sibelius, il devait déclarer un plus plus tard avec humilité:

Je suis seulement le cocher. Le principal est d'être certain que celui que vous conduisez est un génie[79]

Première page du manuscrit de Kullervo, datant de 1891
Première page du manuscrit de Kullervo, datant de 1891

[modifier] Le nationalisme moderne sibélien

Ce que James Hepokoski a appellé le "nationalisme moderne" de Sibelius, première étape de la maturité de Sibelius a été analysé comme une confluence de divers facteurs. Tout d'abord, l'impact de Liszt après son voyage à Bayreuth dont l'influence libère et radicalise Sibelius des conventions formelles, qui aspire à une musique narrative qu'il exprime au travers d'une série de poèmes symphoniques[80]. Malgré son rejet du wagnérisme, Sibelius est en outre plus influencé que jamais par le grand compositeur allemand, mais aussi par Bruckner; en témoignent une écriture de plus en plus chromatique ou les longs ostinatos d'arrière plan qu'il utilisera toute sa vie, de plus en plus. Ensuite, Sibelius, poussé entre autre par les critiques parfois acerbes de Flodin, change significativement de niveau d'exigence et aspire à une sévérité toute germanique et beethovénienne bien qu'il ne fasse que peu appel au contrepoint. Troisièmement, l'influence des écoles nordiques, Grieg surtout mais aussi Sinding et Svendsen, et de Saint Petersbourg, notamment de Glazounov et Borodine se fait de plus en plus sentir, parallèlement à son traitement original du materiau folklorique finnois, théorisé lors de la conférence de Tampere[81].

Ce premier achèvement du style de Sibelius devait, après en avoir fait le chef de file incopntesté de la musique finlandaise, le propulser en quelques années sur la scène internationale, avec un immense succès.

[modifier] Nouveau Horizons (1897 - 1904)

[modifier] Premiers succès internationaux

[modifier] Le Roi Christian
Le Roi Christian II et sa maîtresse Dyveke, peints par Vilhelm Rosenstrand, 1885
Le Roi Christian II et sa maîtresse Dyveke, peints par Vilhelm Rosenstrand, 1885

Le 20 octobre 1897, le tout jeune Ernst Mielck, âgé de tout juste vingt ans, fait donner à Helsinki une Première Symphonie qui reçoit les éloges de Flodin. Toujours reservé à l'égard de Sibelius, celui-ci n'est guère conquis par la nouvelle version de la Suite de Lemminkäinen qui est donnée en concert le 1er novembre[82]. Pour Sibelius, il est grand temps de consolider à l'étranger sa confortable position de premier compositeur finlandais. Charmé par la pièce de théâtre Le Roi Chritian II récemment achevée par son ami Adolf Paul, Sibelius compose alors la première de ses onzes musiques de scènes. La pièce est un grand succès et est donnée vingt-quatre fois en ce seul printemps 1898[83]

C'est au cours d'un nouveau voyage à Berlin, de fevrier a juin 1898 que Sibelius est introduit par Adolf Paul auprès de l'éditeur Breitkopf & Härtel. Sa rencontre avec O. von Hase, directeur de la vénérable maison devait marquer le début d'une collaboration qui devait durer jusqu'à la toute fin de sa carrière. Outre la publication du Roi Christian II, les contacts noués à l'occasion par Sibelius lui permettent de faire jouer sa musique, pour la première fois hors de Finlande: Hans Winderstein (1856-1925) devait en effet donner trois des pièces du Roi Christian à l'Alberthall de Leipzig en février 1899.

Alors qu'encouragé par ses récents succès, Sibelius pense déjà à écrire une première symphonie, la publication du Manifeste de Février[84], en août et la degradation latente des relations entre Saint Petersbourg et le grand duché amènent Sibelius à écrire deux pièces pour choeur et orchestre. Ce seront Sandels Op.28, oeuvre patriotique qui lui vaut une récompense de 700 marks, et surtout le Chant des Athéniens, sur un texte de Rydberg, commencé quatre jours après la publication du manifeste et qui sera un véritable triomphe[85].

[modifier] La Première Symphonie

Le 26 avril 1899, Sibelius dirige à Helsinki, outre son Chant des Athéniens, sa Première Symphonie en mi mineur Op.39. Les quatre mouvements sont ovationnés par un public acquis depuis déjà plusieurs années. En revanche, Flodin, pour la première fois écrit dans un article paru dans Aftonposten le 1er Septembre intitulé Génie Oblige

"Le plus nationaliste des compositeurs modernes, Grieg, jouit depuis longtemps d'une reconnaissance internationale, et il est grand temps qu'il en soit de même pour Sibelius. Il est vrai qu'il est d'au moins une génération en avance sur son temps"[86]

Pour Sibelius, ce commentaire marque une étape importante: le dernier bastion de résistance à sa musique dans son pays natal vient de tomber.

Qualifiée par Hepokoski de magistral résumé-énoncé vers lequel sa production des années 1890 avait tendu[87] cette première symphonie "karélianiste" répond au défi auquel se voit confronté Sbelius à la fin de sa première grande période créatrice, à savoir, comment concilier le style neo-primitiviste qu'il a forgé pendant une décennie et qui lui a valu une consecration magistrale en Finlande, et les attentes des institutions musicales traditionelles européennes, celles d'une symphonie post-Brahmsienne et post-Tchaikovskienne, avec toutes les conventions qu'une telle oeuvre implique[88].

[modifier] Finlandia
Première édition pour piano à quatre mains de Finlandia, 1902
Première édition pour piano à quatre mains de Finlandia, 1902

La fin de l'année 1899 voit se durcir encore la repression tsariste. Au concert de protestations de la presse finlandaise, Saint-Petersbourg répond par l'interdiction définitive de quatre journaux, et celle de Päivälehti pour une durée de trrois mois. Cette censure provoque, du 3 au 5 novembre l'organisation d'une série de "célébrations pour la presse". Jean Sibelius compose pour l'occasion sept pièces servant d'introduction à autant de tableaux vivants figurant les grandes étapes de l'histoire du peuple finlandais. Remaniés, il devait en rester les trois Scènes Historiques Op.25 (1911) et surtout le fameux poème symphonique Finlandia Op.26. En mars, un anonyme l'avait en effet pressé d'écrire une pièce appellée Finlandia pour l'exposition universelle de 1900, en echo à l'oeuvre de Rubinstein Russia, composée pour celle de 1889.[89] Cet inconnu était Axel Carpelan, qui, comme nous le verrons, devait jouer un grand rôle dans la carrière future de Sibelius.

Pourtant, sous la pression de la censure, cette oeuvre nationaliste, souvent considéré comme une sorte de second hymne finlandais[90] devait sous la pression de la censure et des autoritées russes débuter sa carrière sous les noms de La Patrie, Suomi, Scandinavia ou même Impromptu lors de concerts en Russie en 1904.

[modifier] Voyages

[modifier] Tournée à l'étranger
Robert Kajanus et son orchestre lors de la tournée de 1900
Robert Kajanus et son orchestre lors de la tournée de 1900

Au tournant du siècle, alors que la situation politique n'a jamais été aussi dégradée entre le grand-duché et son oppressant voisin Russe, la Finlande peut se targuer d'avoir su, en à peine deux décénnies, se forger une identité culturelle et artistique propre et indépendante. Aussi, le Sénat devait il accorder 350 000 marks pour que la Finlande participe de facon autonome à la grande exposition universelle de 1900, à Paris. Bien qu'officiellement incluse dans la section Russie, la Finlande dispose ainsi de son propre pavillon, et d'un orchestre dirigé par Kajanus qui, au cours d'une longue tournée doit faire entendre au européens la toute jeune musique finlandaise, avec, évidemment, les dernières grands succès de Sibelius comme oeuvres de résistance. Celles ci remportent un véritable triomphe dans une Scandinavie acquise à la cause finlandaise, à Kristiana, Göteborg, Malmö et Copenhague, mais aussi un succès certain à Berlin et, bien sur, à Paris, par un publique malheureusement restreint par la chaleur de l'été. [91] Toutefois, l'excellent accueil de la critique parisienne[92] devait valoir à Sibelius deux ans plus tard de recevoir la légion d'honneur.

[modifier] L'Italie et composition de la Deuxième Symphonie
Richard Strauss, peinture de Max Liebermann (1918)
Richard Strauss, peinture de Max Liebermann (1918)

Le 20 octobre 1900, lors de la création de Snofrid Op.29, sa dernière oeuvre pour choeur et orchestre, Sibelius rencontre enfin Axel Carpellan qui lui permet de financer un nouveau voyage, à Berlin d'abord, et en Italie, a Rapallo ou il s'installe avec sa famille en février 1901. De Rapallo datent les premières esquisses de la seconde symphonie. Il la poursuit ensuite à Rome ou il s'isole de sa famille pour travailler. Sur le voyage du retour, il rencontre à Prague le compositeur Tchèque Anton Dvorak mais aussi Josef Suk. Plus significative est sa rencontre avec Richard Strauss fin mai 1901 au festival de Heidelberg, ou il dirige Le Cygne de Tuonela et le Retour de Lemminkäinen avec succès[93] Strauss se montre franchement amical envers Sibelius:

"Il s'est montré très aimable et m'a parlé de ses propres oeuvres avec la plus grande franchise. J'ai pu constater avec plaisir que nos divergences d'opinion ne contraecarraient en rien nos relations personnelles, quans à elles excellentes."[94]

Quoiqu'il en soit, le festival de Heidelbourg devait marquer une étape décisive dans la conquête du public allemand par Sibelius. C'est tout naturellement que Le Cygne de Tuonela et le Retour de Lemminkäinen devaient s'imposer au cours des mois et des années qui suivirent dans les salles de concerts d'Allemagne et d'Autriche.

A l'été 1901, Sibelius se retire à Lohja pour travailler sérieusement à sa Deuxième Symphonie. En outre, il est entendu pour la première fois au cours de l'automne en Angleterre, et outre atlantique, par l'orchestre symphonique de Chicago.

[modifier] La Seconde Symphonie

Le 8 mars 1902, Sibelius dirige la première audition à Helsinki de sa monumentale Deuxième Symphonie. L'oeuvre, dédiée naturellement à Axel Carpelan, remporte lors de sa création et des trois concerts qui suivent, les 10, 14, 16 mars, un véritable triomphe. Particulièrement, Flodin, désormais définitivement acquis à la cause de Sibelius écrit après le concert:

"Une oeuvre comme la Deuxième Symphonie de Sibelius n'avait encore jamais résonnée chez nous, c'est tout juste si nous avons entendu dans le domaine de la symphonie moderne quelque chose de comparable!"[95]

Bien que plus agressivement moderniste que toutes ses oeuvres précédantes, la Deuxième Symphonie n'en appartient pas moins au romantisme kalevalien, et marque l'apogée de la première grande période créatrice de Sibelius, avec peut être le Concerto pour violon. En 1935, Walter Legge devait écrire dans le Manchester Guardian après une audition de la Deuxième Symphonie dirigée par Serge Koussevitsky que "de toutes les grandes oeuvres du repertoire, aucune n'est mieux calculée pour enflammer un auditoire".[96]

[modifier] Fin d'une période créatrice

[modifier] En Saga, deuxième version. Les Euterpistes
Sibelius, peint par Albert Edelfeldt (1904)
Sibelius, peint par Albert Edelfeldt (1904)

Après le succès formidable de la Deuxième Symphonie, Sibelius devait passer deux années difficile. Sa cantate inspirée du kalevala L'Origine du Feu, composée pour l'inauguration du nouveau théâtre finlandais connait un succès mitigé. Il a de nouveaux problèmes d'excès de boisson. Cette période douloureuse d'introspection et d'instabilité[97] ne voit paraitre aucune oeuvre d'envergure, mais plutôt quelques lieders. Il fréquente un cercle artistique, "les Euterpistes", grâce à qui il découvre notamment Anatole France ou Oscar Wilde. En juin 1902, il voyage à Berlin où Busoni lui propose de programmer En Saga lors d'un concert de l'orchestre philharmonique. Sibelius révise alors complètement la partition écrite huit années plus tôt. La nouvelle version, beaucoup plus statique harmoniquement, composée de longues pédales et ostinatos harmoniques, mélodiques et rythmiques, allie l'inspiration kalevalique du Sibelius du début des années 1890 avec la maitrise formelle du symphoniste aguerri de la Deuxième Symphonie. Après le concert du 15 novembre 1902, Sibelius ecrit à Aino:

"De toutes ces nouveautés, En Saga était à mon avis la meilleure. J'étais très calme et j'ai bien dirigé. Ils ne comprennent pas vraiment ma Saga. C'est trop bien pour eux. (...) Le principal est que je suis capable de diriger un orchestre de réputation mondiale. Et comme il faut."[98]

Le 22 janvier, Sibelius annonce fièrment a Axel Carpelan que la Deuxième Symphonie est entre les mains de Richard Strauss qui doit la diriger le 16 février. Ses espoirs seront cependant décus: Richard Strauss devait annuler la représentation quelques jours plus tard.[99] En août de la même année, cependant, Axel Carpelan recoit la part de Sibelius la partition fraichement imprimée de la Deuxième Symphonie nouvellement éditée. L'édition chez la prestigieuse maison Breitkopf und Härtel des deux premières symphonies du jeune compositeur ne fait qu'accroitre son prestige en Allemagne.

[modifier] Kuolema. La première version du Concerto pour violon.
Helsinki vers 1900

Le 18 septembre 1902, dans une lettre à Aino, Sibelius avait declaré avoir trouvé des thèmes merveilleux pour un concerto pour violon commandé deux mois plus tôt par le violoniste Willy Burmester[100]. Toutefois, ses difficultés terribles avec la composition de l'oeuvre, ses séjours prolongés au Kamp et au König, ses restaurants préférés et ses problèmes de boissons de plus en plus graves affectent sa vie de couple, sa santé et ses dettes désormais ecrasantes. Inquiet, Carpelan fait part à Aino de son idée de pousser Sibelius, "enfant gâté grandi trop vite" à s'éloigner de Helsinki s'installer définitivement à la campagne.[101]

Alors que Sibelius se débat avec son concerto, son beau frère Arvid Järnefelt lui propose d'écrire une musique de scène sur Kuolema (la Mort), un drame symboliste qu'il vient d'achever. Sans doute en grande partie grâce à la musique de Sibelius, les six représentations de 1903 sont un grand succès. Toutefois en cédant le premier numéro, appellé Valse Triste, à l'éditeur Fazer & Westerlund, Sibelius réalise ce que Vignal a appellé l'une des plus malheureuses transactions à laquelle un artiste consetit jamais[102]. Les quelques deux cent marks qu'il touche à l'occasion seront tout le bénéfice d'un oeuvre qui devait connaitre un immense succès et être arrangée et réarrangée de multiples fois[103].

Le 8 février 1904, devant une salle remplie à craquer, Sibelius dirige enfin son concerto avec au violon un Victor Novacek dépassé par la partition[104]. Si l'accueil du public est plutôt chaleureux, la critique de Flodin est dévastatrice[105]. Devant le peu de succès remporté lors des executions du 10 et 14 février, Sibelius décida de retirer la partition "pour une durée de deux ans" afin de réviser le concerto.

[modifier] Ainola

En juin de la même année, le gouverneur général du grand duché de Finlande, Bobrikov, disposant depuis avril 1903 de pouvoir quasi dictatoriaux, est assassiné à Helsinki par Eugène Schauman, jeune homme de vingt sept ans, qui se suicide immédiatement après. Sibelius ecrira plus tard une marche funèbre pour orchestre, In memoriam, opus 59, influencée par une récente audition de la Cinquième Symphonie de Mahler, et dont le thème est conçu en mémoire de Schauman[106].

La famille Sibelius à Ainola, photographie de 1915
La famille Sibelius à Ainola, photographie de 1915

Suivant l'idée de Carpelan, Sibelius achète en 1903, un terrain à Järvenpää, à trente-huit kilomètres au nord de Helsinki, où il fait construire une magnifique villa qu'il baptise Ainola, du nom de sa femme Aino, par l'un des meilleurs architectes de Finlande, Lars Sonck[107] qui lui offre gracieusement et gratuitement ses services. Il déclarera plus tard à Karl Ekman: "Mon art exigeait un environnement différent. A Helsinki, toute mélodie mourait en moi"[108]. Il s'y établi définitivement avec sa famille le 24 septembre 1904. Ainola lui permettra de lutter contre les tentations de la société d'Helsinki et de rompre avec une vie chroniquement dissipée.

De fait, Sibelius, qui vient de commencer une nouvelle symphonie, a conscience d'être à un tournant de sa vie et de sa carrière, ainsi qu'il l'écrit à Carpelan, le 1er juin 1904:

"Au plus profond de moi-même, je change. Je l'ai observé avec mélancolie et inquiétude. Pourvu que je ne devienne ni froid ni dur, ce serait la fin du bonheur."[109]

De fait, il est à la veille d'une nouvelle ère créatrice, plus austère, plus néo-classique que la période romantique kalevalienne de sa carrière, à laquelle il vient de tourner le dos vient de tourner le dos, défintivement.

[modifier] Un classicisme moderne

[modifier] Nouveaux succès, nouvelles rencontres

[modifier] Rencontres et influences
Claude Debussy en 1908
Claude Debussy en 1908

Le 12 janvier 1905, Sibelius dirige une nouvelle fois à Berlin sa Deuxième Symphonie lors d'un concert de Busoni, avec un succès inédit. Du jour au lendemain, il devient l'une des figures les plus commentées et controversées du monde musical en Allemagne. La critique berlioise loue tantôt une oeuvre "grandiose"[110] "dépassant Strauss en invention"[111] et source de renouveau[112], tantôt déplore "un art lisse et froid"[113] ou "une maitrise seulement partielle des grandes formes"[114]. Le critique Ernst Eduard Taubert écrit nénanmoins que Sibelius fait montre "d'une richesse et d'une originalité de pensée, d'une clarté formelle et surtout d'une individualité dans le traitement de l'orchestre qui [m']obligent à voir en lui un des esprits créatuers les plus importants du moment." Et d'ajouter: "Dans chacun des quatre mouvements se manifeste une nature élémentaire d'artiste"[115]. Sibelius résume dans une lettre à Kajanus:

"Je suis au centre de la guerre. Injures et louanges! Plutôt les secondes que les premières."[116]

Sibelius étudie en outre la Cinquième Symphonie de Mahler decouvre par l'intermédiaire de Busoni, l'art de Debussy, mais aussi le Pelleas et Melisande de Schoenberg. Enfin, il assiste le 7 janvier à un concert de Strauss qui l'enthousiasme au plus haut point[117]

En outre, insatisfait de sa collaboration avec son éditeur, Fazer & Westerlund, Sibelius profite de son séjour berlinois pour signer avec Lienau, une maison rivale, un contrat de quatre ans.[118] De retour à Helsinki, Sibelius dirige, le 17 mars 1905, au théâtre suédois, son propre Pelléas et Mélisande, musique de scène sur la pièce de Maurice Maeterlinck[119]. C'est un tel succès que la pièce est représentée quinze fois la même saison. Flodin devait declarer plus tard que c'était "l'oeuvre la plus poétique jamais écrite par Sibelius"[120]

[modifier] La version définitive du Concerto pour violon

En novembre 1905, Sibelius repart en voyage, pour l'Angleterre cette fois. La cause sibelienne y est alors défendue par le compositeur et chef d'orchestre Granville Bantock, et par des journalistes comme Ernest Newman.[121] Toutefois, et malgré le succès de son voyage [122] il a conscience d'être considéré par le public anglais comme germanique comme un compositeur local et périphérique. Angoissé par l'approche de la quarantaine[123], il avait écrit plus tôt dans l'année à Aino:

L'heure cruciale est arrivée, la dernière chance de réussir à faire de grandes choses.[124]

Le 19 octobre 1905, en l'absence du compositeur, le violoniste Carl Halir (1859 - 1909), violon solo de l'Orchestre royal de Berlin interprète en première mondiale le Concerto pour violon en Ré mineur Op.49 de Jean Sibelius, avec, à la baguette, Richard Strauss.[125] La critique est plutôt favorable ainsi qu'en témoigne l'article de Wilhelm Altmann paru dans Die Musik de novembre 1905:

"Le premier mouvement m'a paru assez recherché; l'Adadgio comprenait de nombreuses beauté, mais le mouvement le plus interessant était le finale: très finlandais par ses harmonies et ses rythmes, il permet au soliste de se mettre en valeur de facon extrêmement gratifiante."[126]

Le Concerto pour violon sera toutefois recut assez froidement en Finlande, y compris par un Flodin décidemment peu convaincu par la première experience concertante du jeune compositeur. Il devait néanmoins connaitre un destin exceptionnel, et demeure le concerto le plus enregistré du siècle passé.[127]

Armas Jarnefelt au tout début du XXème siècle.
Armas Jarnefelt au tout début du XXème siècle.

[modifier] La Fille de Pohjola

Après un nouveau voyage en France relativement infructueux[128] Sibelius effectue son premier séjour en Russie, qui est couronné de succès[129], en grande partie dû à la nouvelle pièce qu'il vient de composer: La Fille de Pohjola, Op.49. Inspiré du chant VIII du Kalevala, le poème symphonique relate l'histoire du barde du barde Väinämöinen et de la belle Louhi, Maitresse du Nord, déployant à cet effet toute la maitrise orchestrale et formelle de Sibelius[130]. En février 1907, Armas jarnefelt dirige l'oeuvre à Stockholm avec un égal succès. Le critique Peterson-Berger, ardent pourfendeur de Sibelius[131] vantera la "beauté radieuse et neuve d'[une] musique ouvrant sur l'avenir de puissantes perspectives."[132] Le 1er mars 1906, il avait pourtant annoncé dans une lettre à Carpellan l'arrivée d'une Troisième Symphonie qui, de fait ne sera pas achevé avant un an.

Le 22 mars 1906 s'éteint Martin Wegelius. Celui qui avait été le maitre et mentor de Sibelius pendant ses années de formations avait fini par se réconcilier avec son grand rival Kajanus au festival de Basle en 1903. Mais lorsqu'était paru son ouvrage Histoire de la Musique occidentale, en 1904, son dernier chapitre "Nouveaux développements musicaux" placait Strauss et Malher sur un piedestal tel qu'il avait écrit qu'"aucun compositeur en vie ne pouvait atteindre [leur] degré d'universalité et de maitrise". Sibelius quand à lui avait été expedié d'une phrase[133]. Et d'achever, assassin:

"En Finlande, nous nous devons de créer une musique avant que son histoire ne puisse être écrite"[134]

[modifier] Une musique plus radicale

[modifier] La Troisième Symphonie

Après avoir plusieurs fois promis à Lienau l'imminente arrivée de sa tant attendue Troisième Symphonie, Sibelius finit enfin, le 25 septembre 1907, par la diriger à Helsinki, en création mondiale. Résolument classique, cette nouvelle symphonie en ut majeur, durant à peine une demi-heure pour trois mouvements et non quatre, est écrite pour un orchestre réduit, quasi-beethovénien[135]. Complètement à contre-courant de son époque, elle tourne le dos au monumentalisme de Strauss et Malher en le compensant par une discipline compositionelle accrue[136]. Si le succès auprès du public, qui lui préfère La Fille de Pohjola, est plutôt modeste, Flodin est littéralement enchanté par le tournant classique qu'a pris Sibelius:

"Sibelius est un maitre classique. Jamais ne n'avais réalisé pleinement que Sibelius appartenait aux cinq continents avant d'avoir l'heureuse fortune d'avoir sa Troisième Symphonie sous les yeux. Elle pourra, et sera, assurément, comprise partout ou est appréciée la musique sous sa forme la plus sublime et novatrice. Elle satisfait à toutes les exigences de la symphonie moderne, mais elle est également, en un sens plus profond, nouvelle, révolutionnaire et totallement sibelienne. J'estime qu'à l'avenir, notre maitre finlandais devra s'efforcer de ne jamais depasser ses frontières stylistiques."[137]

Tawastjerna écrira qu'ironiquement, c'est, des sept, la symphonie que Sibelius écrivit qui remporta le moins de succès. Et que, ayant posé les bases sur lesquelles il devait développer sa musique, il allait dépasser les "frontières stylistiques" vantées par Flodin de facon flagrante dès sa Quatrième Symphonie.[138]

[modifier] Gustav Mahler

Fin octobre 1907, Gustav Mahler, encore ebranlé par les trois "coups du destin" qui viennent de le frapper[139] passe, entre deux concerts, à Helsinki. Après avoir entendu la Valse Triste et Tristesse du Printemps, il écrit à sa femme qu'il trouve la musique juste "ordinairement kitsch avec un petit gout orchestral Nordique, comme une sorte de sauce nationale"[140]. Toutefois, l'entrevue entre Mahler et Sibelius, raconté par ce dernier trente ans plus tard reste célèbre:

"Quand nous en vînmes à parler de l'essence de la symphonie, je fis remarquer que j'admirais sa sévérité de style et la logique profonde qui unissait qui créait entre les motifs une unité interne. C'est ec que j'avais appris en composant. L'opinion de Malher était juste à l'opposé: "Nein, die Symphonie muss sein wie die Welt. Sie muss alles umfassen" (Non, la Symphonie doit être comme le monde. Elle doit tout embrasser). [...] Lorsqu'il m'a demandé de sa manière abrupte: "Was wollen Sie dass ich von Ihnen dirigiere?" (Que voulez vous que je dirige de vous?), j'ai répondu par un simple "Nichts" (Rien)."[141]

De fait, les deux dernières symphonies de Malher et Sibelius, respectivement la Huitième et la Troisième illustrent à elle seules les positions diametrallement des deux compositeurs[142]. A la cosmique symphonie Des Milles[143] répond l'ascétique Troisième Symphonie de Sibelius, près de trois fois moins longue et nécessitant quinze fois moins d'interprètes. Mahler ne dirigera en fin de compte jamais une note de Sibelius.

[modifier] Nouveaux voyages

Les deux années suivantes sont pour Sibelius l'occasion de voyager à nouveau. En Russie, à Saint-Petersbourg notamment, il donne sa troisième symphonie qui déplait à la critique[144], mais aussi à l'establishment musical[145]. Dans la salle se trouve un jeune musicien de seize ans du nom de Sergei Prokofiev. L'année 1908 apporte aussi son lot de soucis. Après treize tentatives infructueuse, Sibelius est, en juin opéré avec succès d'une tumeur benigne à la gorge. Cette expérience traumatisante le laisse dans un état morbide. Craignant une récidive ou même sa mort prochaine, il ne fumera ni ne buvera plus jusqu'en 1915. Malgré des dettes s'élevant maintenant à 53000 marks, il voyage à Londres par deux fois et une nouvelles fois à Paris, voyages au cours desquels il a l'occasion de rencontrer Debussy. Si son retard vis à vis de Lienau est maintenant chronique et ne va pas sans créer de tension vis à vis de son éditeur, il compose de nombreuses mélodies, un nouveau poème symphonique Chevauchée Nocturne et Lever du soleil, et une musique de scène: Le Cygne Blanc.

[modifier] Des années difficiles

[modifier] Voces Intimae

Après des mois de labeur et avec un retard de plus de quatre mois, Sibelius finit par achever, en avril 1909, son quatuor intitulé Voces Intimae. L'ouvrage, qui parait chez Lienau en septembre, s'écarte volontairement de la tradition germanique de Haydn, Beethoven et Brahms, incarnée à ce moment par les dernières oeuvres du genre de Schöenberg ou Reger dont l'écriture par essence polyphonique voir contrapuntale et à voix nettement differenciées contraste avec la texture verticale, homorythmique, homophone et compacte[146] de Voces Intimae. Malgré une première plutôt médiocre à Helsinki le 25 avril 1910, le quatuor est chaleureusement accueilli par le public et la critique, aussi bien en Finlande que à Berlin ou Leipzig, où il est donné la même année[147]. Comme le fait remarquer Marc Vignal[148], la référence autobiographique suggérée par le titre est nettement déchiffrable que dans les quatuors De ma vie de Smetana (1874-1976) ou Lettres Intimes de Janáček (1928). Le ton noir de la partition laisse nénamoins apercevoir les difficultées et les questionnements du compositeur en ces temps difficiles. Voces Intimae sera le dernier ouvrage de musique de chambre de Sibelius et le seul de maturité qu'il écrira jamais.

[modifier] Vers une nouvelle Symphonie
Wilhelm Stenhammar 1871 - 1927, compositeur suédois et grand admirateur de Sibelius
Wilhelm Stenhammar 1871 - 1927, compositeur suédois et grand admirateur de Sibelius

De cette époque datent plusieurs séries d'oeuvres de moindre importance, notamment les Huit Lieders de l'Opus 57, sur des textes du peintre et poète d'Ernst Josephson, mais aussi Dix Pièces pour Piano, Op.58, commandées par son éditeur Lienau. Toujours réticent à écrire pour piano seul, Sibelius vit assez mal l'expérience d'écrire des pièces alimentaires. "Ecrire pour le piano m'est étranger", écrit-il alors dans son journal.[149] Son offre de 5000 marks à son éditeur est laconiquement repoussée par Lienau, ce qui contribue à jeter Sibelius dans les bras de Breitkopf & Härtel, qui lui achète finallement la partition 3000 marks, et avec qui il signe un contrat d'exclusivité à long terme le 28 septembre 1910. Deux partitions plus significatives, In Memoriam Op.59 et La Dryade Op.45 n°1 sont achevées respectivement les 14 décembre 1909 et 5 février 1910.

Relativement détaché des luttes politiques qui déchirent la Finlande[150] Sibelius travaille par intermittances pendant près de quinze mois, et ce dès la fin de l'hiver 1910 à une nouvelle symphonie. Il voyage en outre à Göteborg en février 1911, où il est chaleureusement reçu par son collègue Wilhelm Stenhammar. Il y dirige les 6 et 8 février entre autres La Fille de Pohjola et les Deuxième et Troisième Symphonies dans deux concerts qui sont de véritables triomphes.

[modifier] La Quatrième Symphonie

Le 3 avril 1911, Sibelius dirige à Helsinki, devant un auditoire médusé, sa fraichement terminée Quatrième Symphonie, Op.63, laissant un public ordinairement acquis à la cause sibelienne perplexe et interloqué[151]. La quatrième symphonie est classée par Marc Vignal aux côtés de Pierrot Lunaire de Schoenberg (1912) ou du Sacre du Printemps de Stravinsky (1913) comme une des oeuvres les plus radicales du début du XXème siècle[152], mais aussi comme un "manifestation d'originalité et d'indépendance absolue[153]. "C'est comme si un cyclone avait ravagé le paysage sibelien, laissant l'artiste dans un univers anéanti"[154] devait, en 1953 declarer le chef finlandais Simon Parmet.

Hepokoski a souligné le caractère contradictoire de la Quatrième Symphonie, l'oeuvre "la plus moderne, la plus harmoniquement et techniquement avancée de ses compositions"[155] mais, en même temps, en réaction violente contre la musique moderniste de son temps. Lorsque Walter Legge demandera à Sibelius, dans les années 30, pourquoi celui ci n'avait pas continuée dans la voie de la Quatrième, celui-ci répondra simplement: "Au-delà, c'est la folie ou le chaos"[156].

Comme on peut le supposer, l'oeuvre, jouée en octobre 1912 au festival de Birmingham, en Angleterre, mais aussi à Copenhague, Göteborg et Amsterdam remportent au mieux un succès très mitigé. Le 2 mars 1913, lors de la création américaine de l'oeuvre à l'Aeolian Hall de New York, une grande partie du public quitte la salle après le premier mouvement. Pire: programmée à Vienne le 15 décembre 1912, la symphonie est déprogrammée in extremis sous un pretexte fallacieux. L'orchestre, après la première répetition aurait purement et simplement refusé de jouer l'ouvrage[157]. La Quatrième ne sera donnée en création viennoise qu'en 1971, sous la direction de Lorin Maazel. Quoiqu'il en soit, Sibelius est désormais catalogué par la critique parmis les compositeurs avant-gardistes aux cotés de Stravinsky, Schoënberg, Berg et Webern, dont les oeuvres devaient aussi provoquer des scandales mémorables en cette année 1913.

[modifier] Les années de maturité

[modifier] Titre

[modifier] Luonnotar

[modifier] La longue genèse de la Cinquième Symphonie

[modifier] La Cinquième Symphonie

[modifier] Titre

[modifier] La Sixième Symhonie

[modifier] Les trois derniers chefs d'oeuvres

[modifier] La Septième Symphonie

[modifier] La Tempête

[modifier] Tapiola

[modifier] La musique de Sibélius

[modifier] Une musique finlandaise

[modifier] L'influence du chant runique

[modifier] Histoire: pendant l'ecriture de Kullervo
  • p150/312

[modifier] Caractéristiques techniques

[modifier] Nuance: musique originale p153

[modifier] Sibelius, symbole de la Finlande?

[modifier] Des origines de Sibelius

[modifier] Références

  1. Mon père aimait trop les plaisirs et le jeu. Nous, les Sibelius, fûmes riches et sommes maintenant pauvres. Sibelius, cité par ET, 1 p6
  2. Jusqu'à l'instauration du protectorat russe sur la Finlande, en 1809, celle ci avait été sous domination suédoise. Aussi, les élites et la bourgeoisie étaient jusqu'à un stade avancé du XIXe siècle, exclusivement suédophone.
  3. Sibelius ne maîtrisera néanmoins jamais le finnois parfaitement. Vignal 65
  4. Rédigé par Elias Lönnrot (1802-1884) en 1836 et complété en 1849, le Kalevala est une oeuvre de synthèse de 22785 vers généralement octosyllabiques réunissant des textes de tradition orale en langue finnoise. L'un des "plus grands poèmes épiques de l'humanité" (Vignal) est commémoré en Finlande par la journée du Kalevala et de la culture finlandaise, le 28 février.
  5. ET1 p17 Comme on va le voir, Sibelius reviendra en 1891 sur cette première impression de la grande épopée finlandaise.
  6. Vignal p66
  7. L'aîné, Janne garçon si doué pour la musique, prends soin de moi comme un adulte. Vignal, p63
  8. ET p15
  9. cit Vignal p 68
  10. JS in RINGBOM Niels-Eric, Sibelius, a master and his work, trad. G.I.C de Courcy, Normand, University of Oklohama Press, 1954, p.6
  11. "Je me suis livré à une petite tentative de composition. Un trio en sol majeur de huit pages est déjà prêt. (...) Ces oeuvres sont évidemment très mauvaises mais c'est amusant d'avoir quelque chose à faire quand il pleut". JS cit par Vignal p70
  12. Les résultats de Janne sont cependant loin d'être infamants: il est dix neuvième sur vingt-huit. Vignal p71
  13. cit par ET p27
  14. de fait, Wegelius s'opposait en tout à son "ennemi". Il était russophobe, suédophone, et versé dans la théorie et l'enseignement alors Kajanus parlait exclusivement finlandais, était un musicien plus versé dans la pratique et s'occupait de sa Société orchestrale, le seul orchestre professionnel d'alors. Vignal, p77
  15. Vignal p76
  16. Vignal p77
  17. Il s'appropria les cartes et entra dans le monde sous le nom de Jean Sibelius.Vignal p77
  18. Vignal p85
  19. JS cit par Vignal p88
  20. Vignal, p88
  21. Vignal p90
  22. Karl Flodin (1856-1925), cit par Vignal p93
  23. Vignal, p94
  24. ETp38 trad originale
  25. Selon Tawastsjerna, Busoni sera la seule des trois figures dominantes de la vie musicale finlandaise à qui le talent de Sibelius évoquera simplement une "apollinienne joie de vivre". Wegelius aurait gardé une affection paternelle et quelque peu despotique sur son élève, alors que l'admiration de Kajanus restera mêlée de jalousie. ET p53
  26. D'un seul coup, Mr Sibelius s'est placé au opremier rang de ceux à qui est confié la tâche de porter l'étendard de la musique finlandaise, écrit Karl Flodin, à l'issu de la création du quatuor (Flodin, cit par Vignal, p97)
  27. En 1916, Busoni écrivit un article, présentant Sibelius comme le Schubert finlandais, racontant l'exécution de la suite en la majeur (JS186) donnée en avril 1989 à l'Institut: Quand cet ouvrage commencé, nous comprîmes immédiatement qu'il s'agissait de quelque chose de plus important qu'un simple devoir d'étudiant. cit. par Vignal p95
  28. Il semblerait que Sibelius ait glissé progressivement du violon à la composition, comme en témoigne son importante production d'oeuvres de musique de chambre tout au long de ses études à l'institut Wegelius. Flodin avait, dès mai 1888, trouvé le compositeur plus intéressant que le violoniste (Vignal p84)
  29. La chose la plus importante de mon séjour à Berlin fut sans doute d'avoir pu entendre beaucoup de musique, à la fois orchestrale et de chambre. Au pays, j'avais dû me contenter de ce qui était joué aux concerts de l'Académie musicale et dans les maisons privées. Comparé à celle des capitales européennes, la vie culturelle d'Helsinki était, comme il a été dit, bien provinciale. JS in KE p76
  30. Lettre de JS à MW, cit par ET p55
  31. Beckert avait pour devise Lieber langweilig aber im Stil (ennuyeux si vous voulez mais ds le style)
  32. Sibelius avait maitrisé avec succès la polyphonie vocale et poursuivait avec ardeur et énergie sa formation artistique: MW cit par Vignal p107
  33. Jusqu'à présent il m'a été impossible de composer quoique ce soit ici; les garçons berlinois apparaissent comme des siffleurs virtuoses et il est impossible d'échapper au bruits qu'ils font. JS par ET. Tawastsjerna fait remarquer que les sifflements des berlinois ne furent sans doute pas la seule et unique raison de l'activité de Sibelius dans la métropole bruyante et agitée qu'était alors Berlin et après l'atmosphère reposante et calme de Helsinki.
  34. Je vous avais dis dès le début que j'avais des doutes quand au quintette -avec raison... Qu'un quintette était une entreprise hasardeuse pour un mauvais pianiste comme vous fut quelque chose que vous avez refusé d'admettre Wegelius à JS, cit par ET p 65
  35. Karl Flodin dira du quatuor que "Chaque mesure témoigne de la personnalité de l'auteur". Le Sibelius de 1890 n'en est déjà plus à des travaux d'étudiant. Vignal p117
  36. Caron, p45. Comme le fait très justement remarquer Tawastsjerna, il était sans doute peu judicieux de présenter Sibelius, dont la production était encore extrêmemnt limitée, en des termes aussi flatteur à Brahms qui, à vingt ans, avait déjà écrit trois sonates pour piano, son concerto en ré mineur pour piano et orchestre, et bien d'autres grandes oeuvres. ET p73
  37. Goldmark cit par Vignal p 121
  38. JS cit par ET p77 Sibelius restera marqué par Bruckner toute sa vie. Le grand symphoniste devait rester un de ses modèle lors de l'écriture de ses sept symphonies.
  39. Tawastsjerna souligne le paradoxe d'une Vienne cosmopolite où se côtoient Hongrois, Autrichiens, Italiens, Croates, Tchèques et autres et qui est pourtant un haut lieu de prise de conscience nationale. ET p77
  40. JS cit par ET p76
  41. JS cit par Vignal p130
  42. JS à Aino Järnefelt, 18 décembre 1890, cité par Vignal p131
  43. Lorsqu'il montra le début de sa symphonie à Fuchs, ses compliments le firent rougir. Vignal p133
  44. Albert Ederfelt était un peintre finlandais qui vécut à Paris, célèbre pour ses portraits, et sa volonté de faire connaitre son pays natal par ses tableaux historiques. On lui doit notamment Funérailles d'un enfant (1879) Vignal op cit p132
  45. JS à Aino, lettre du 15 avril 1891 Vignal, idem
  46. Grove dictionary of music, article Sibelius
  47. Fondé en 1885 par l'écrivain Eero Erkko (1860-1927), Nuori Suomi avait en 1889 fondé le journal Päivälehti afin de proumouvoir ses idées. Destiné à promouvoir les formes d'art finlandaise et lutter contre l'hégémonie russe, le journal sera interdit en 1904, mais jouera un rôle très important dans la diffusion du Kalevala son introduction dans l'univers artistique finlandais naissant.
  48. "Lorsque je lui ai dis que je mettais en musique un texte tiré du kalevala, son visage est devenu tout rouge et il a crié "Ciel!" (...) Impossible d'avaler ce genre de choses. La faction du théâtre suédois, tous ces gens importés de Stockholm, je les vomis aussi. Un de ces jours, je leur montrerais ce que je pense d'eux!" JS cit par EV, p 153
  49. Wilson cité et traduit par Vignal p155
  50. Vignal p152
  51. "Mon travail avance, quoique très lentement. Je ne tiens pas à frapper en art une note fausse ou artificielle, et c'est pourquoi j'écris et déchire beaucoup en réfléchissant à ce que je veux produire. Je pense être maintenant sur la bonne voie. je perçois en musique les éléments purement finlandais de facon moins réaliste, mais plus véridique qu'auparavant."JS cit par ET p97
  52. Le 7 mars, Sibelius écrit à Aino que Wegelius et Kajanus pensaient qu'il ne terminerait pas à temps, le 12, qu'il avait des problèmes avec ses créanciers, le 23 qu'il avait songé au suicide et le 27 qu'il ne dormait que deux heures par nuit. JS cit par ET, p104
  53. Ce fut un tel succès que sa position dans la vie musicale finlandaise ne fut jamais sérieusement remise en question à partir de ce moment là. R. Layton cit par Caron p333
  54. Vignal p156
  55. MV p 174
  56. OM cir par Caron p291
  57. La scène est racontée dans une lettre de la chanteuse Ida Ekman à Sibelius, le 9 février 1942. cit par Vignal p279
  58. Une dizaine d'années plus tard, en 1903, Sibelius, à la recherche d'un terrain à Järvenpää devait se voir opposer un refus de vente: l'ayant reconnue comme un de ceux représentés dans Symposium, elle refusa obstinément de traiter avec un individu aussi peu recommandable (Vignal p199)
  59. Sibelius rapporté par K Ekman p120-122
  60. Furuhjelm, cit par Vignal, 191
  61. JS cit par Vignal p193
  62. "Je n'aime pas le piano, c'est un instrument ingrat et insatisfaisant pour lequel un seul compositeur, Chopin, a su écrire à la perfection et avec lequel deux seulement, Schumann et Debussy, ont gardé d'étroites affinités." JS à Walter Legge, cit par Vignal p200
  63. Vignal p 203
  64. "Quand à l'automne, je retournais à Helsinki, j'appelais Kaarvo Bergbom, le créateur de la scène finlandaise afin de lui demander son avis sur le livret. Il le trouva efficace mais trop lyrique. En cela il avait raison. Cela scella le destin de l'opéra" JS cit par Caron, p59. Sibelius devait pourtant revenir à la "Construction du Bateau", l'année suivante.
  65. Si comme on le croyait, le monde ressucité grâce au Kalevala existait toujours en Carélie, et s'il est vrai que pour réussir les artistes finlandais devaient situer leurs descriptions de l'épopée dans cet univers, en savoir autant que possible sur la Carélie devenait pour eux d'une importance vitale. Pour connaître et comprendre le Kalevala, il fallait d'abord connaître et comprendre la Carélie, son lieu de naissance Wilson cit par Vignal, p205
  66. ET p149
  67. J'ai entendu Parsifal. Rien au monde ne m'a jamais fait pareille impression. Je commencais à me considérer comme une vieille branche désechée mais ce n'est pas le cas. (...) Je ne puis exprimer combien combien Parsifal m'a transporté. (...) C'est vraiment quelque chose. S à Aino, 19 juillet 94, cit par ET. p153 trad orig.
  68. J.S à Aino, 20 juillet 94, ibid
  69. Chaque voiture dans laquelle est montée Wagner est historisch. Toute la ville est comme ca! S. cit par ET, p154
  70. S. ET p157
  71. Caron p61
  72. S, cit par Vignal p217
  73. Vignal, p217
  74. De fait, Sibelius cherchera toute sa vie à se démarquer des influences qui auraient pu, d'une facon ou d'une autre, remettre en cause son originalité. S'il s'est bien détourné de Wagner après son voyage à Bayreuth, Sibelius restera toute sa vie marquée par le géant germanique. Cecil Gray cit par Vignal, p 218.
  75. Merikanto écrira ainsi que la Suite de Lemminkäinen avait trouvé le "ton finlandais" qui est "une partie de nous même" Vignal, p237
  76. JS cit par Caron p63. Sibelius restera sourd aux demandes des chanteuses Emmy puis Aino Achté qui lui réclamèrent plusieurs fois la partition pour monter l'oeuvre à Savonlinna. La réponse sera invariablement que l'oeuvre avait besoin d'être révisée, ce qui, bien entendu, n'arriva jamais.
  77. Salmenhaara cit par Vignal, p245
  78. Le jury aura pour Sibelius une apprécisation des plus flatteuses: En la personne de Jean Sibelius a été donné à notre pays un musicien dont le riche talent surclasse tout ce que notre musique a pu produire jusqu'ici. (...) Nous sommes convaincu qu'un artiste de l'envergure de Sibelius serait pour l'université un précieux atout. cit par Vignal p 248
  79. Kajanus cit par Caron p64
  80. Caron p151 "Je suis réellement un peintre et un poète des notes. L'opinion de Liszt sur la musique est celle dont je me raproche le plus. De là mon intérêt pour le poème symphonique"
  81. Hepokoski, James: Sibelius, Jean, §3: 1891–8: Forging a Finnish National Music, Grove Music Dictionary
  82. Franchement, une musique telle que ces peintures de Lemminkäinen me me décourage, ma chagrine, me fatigue et m'indiffère. Est ec bien le rôle de la musique que d'évoquer ed telles athmosphères? Flodin dans la revue Nya Pressen, le 3 novembre 1897, cité par Vignal, p252
  83. Caron p65.
  84. Le 29 août 1898, le tsar Nicolas II avait publié le fameux Manifeste de Fécrier qui, rompant avec la politique et la parole donné par ses prédecesseurs Alexandre I et surtout Alexandre II, privait de facto la Finlande de toute autonomie politique. Malgré une mobilisation internationale à laquelle participèrent notamment Emile Zola et Anatole France, le tsar devait demeurer inflexible et poursuivre sa politique panslaviste jusqu'à la Révolution
  85. Le parallèle entre la grèce antique, civilisée, luttant contre les barbares perses de l'est, et la situation du petit peuple finlandais vis à vis de son oppressant voisin était courant chez les artistes nati.onalistes finlandais. Le succès de l'oeuvre est sans doute plus dû à sa charge nationaliste qu'à ses qualités purement musicales. Vignalp265
  86. Flodin cit par Vignal, p.279
  87. AMES HEPOKOSKI: Sibelius, Jean, §4: 1898–1904: first international successes and local politics, Oxford University Press, 2007
  88. Hepokoski op cit
  89. Vignal, Marc, op cit p 287
  90. Caron, Jean Luc, op. cit. p 68: Finlandia deviendra vite un point de ralliement des finlandais atteignant lm'enviable position de deuxième hymne national. L'hymne finlandais est une composition de Pacius.
  91. Tous le parisiens sont partis au bord de la mer. Les étrangers sont les seules personnes ici. Lettre à aino du 27 juillet 1900. Sibelius cit. par Tawastjerna Carob p338
  92. Entre autres articles en faveur de Sibelius, citons celui de Théodore Massiac paru dans Le Petit Bleu: Voila un musicien original, le Gried de la Finlande, sans d'ailleurs ressembler en rien au maitre norvégien. [...] Sibelius est un orchestrateur de premier ordre. Il a une facon d'employer les bois qui n'est qu'à lui. Sur les larges ondes des cordes, il les fait voltiger comme des vifs et légers oiseaux, passant et repassant au soleil. C'est délicieux. Massiac cit par Vignal p 301
  93. Comme l'écrit alors dans une lettre Richard Faltin à son épouse, le fait que les pièces Sibelius, coincées dans un programme fleuve de trois heures entre Wagner et Richard Strauss lui aient valu d'être par deux fois rappellé par le public était déjà un grand succès. Vignal p315
  94. Sibelius à Ekman, cit par Vignal p313
  95. Karl Flodin cit par Caron p128 op.cit
  96. Legge cit par Vignal p335
  97. "Bien des choses en moi sont faible. Quand je suis en face d'un grand orchestre après avoir bu une demi bouteille de champagne, je dirige comme un jeune dieu. Autrement, je tremble, je suis nerveux et peu sur de moi et tout est perdu. Pareil quand je vais à la banque. (...) Tu vois que mon penchant pour la boisson a des racines très profondes et très dangereuses". Sibelius à Christian Sibelius, 1903. Cit par Vignal p350
  98. JS a Aino, cit par Vignal p 340.
  99. Georg Boldemann, homme d'affaire et ami de Sibelius lui rapportera les propos du violoncelliste neerlandais Willem Willeke dans une lettre du 17 mars 1903: "Si Strauss ne joue pas Sibelius, c'est pour Sibelius un bon signe, car Strauss, c'est bien connu, n'aime pas favoriser ceux qui pourraient se révéler plus grands que lui même" GB à JS, cit par Vignal p341
  100. Burmester, brillant violoniste et admirateur de Sibelius, avait été entre 1892 et 1895 violon solo de l'orchestre de Helsinki. Caron p340
  101. Ce n'est que par le sefforts conjugués de ceux qui lui sont proches que J. peut être sauvé, abandonné à lui même il se perdra lettre de Carpelan à un mécène inconnu de Sibelius. cit par Vignal p.351
  102. Vignal p358
  103. Vignal souligne en outre que la Valse Triste fut un tel succès qu'elle enferma Sibelius pour beaucoup de mélomanes dans d'etroites limites. Ce petit chef d'oeuvre reste de petite envergure comparé aux oeuvres majeures de Sibelius.
  104. Burmester étant à ce moment absent et Sibelius ayant desespérement besoin de recouvrir ses dettes, la partie soliste confia la partie soliste à Novacek, violoniste de bien moindre talent. A Burmester, irrité, il envoie la partition violon piano qui met celui ci aux anges: "Prodigieux! Solide comme un roc! (...) Je ne me suis qu'une seule fois de ma vie adressé en ces termes à un compositeur: à Tchaikovsky quand il m'a montré son concerto." Burmester à Sibelius le 28 décembre 1903, cit par Vignal, p 355
  105. Qualifiant l'ouvrage d'ennuyeux, Flodin regretta notamment n'avoir pas entendu un concerto finlandias, sibelien, nouveau dans sa forme et dans son traitement des aspects techniques et de l'essence même du genre. Un comble pour celui qui avait reproché à Sibelius d'être trop nationnaliste et pas assez classique pendant une décennie! Flodin cit par Vignal p 364
  106. Sibelius aurait eu le projet d'écrire un requiem à le mémoire de Schauman, qui ne verra jamais le jour. Tawastjerna Erik Sibelius, vol.II 1904-1914, ed. Faber and Faber, 1986, London, p.19
  107. On compte, parmis les réalisations de Lars Sonck la cathédrale de Tampere, ou Kultaranta, résidence d'été officielle des présidents de la République. Vignal, p.367
  108. JS cité par Tawastjerna, op. cit, p.18
  109. JS à Carpelan, cit par Vignal p 367
  110. Wilhelm Altmann dans la National-Zeitung du 14 février cit. par Vignal, p378
  111. la Staatsbürger Zeitung cit. par Vignal, ibid
  112. La Tägliche Rundschau, cit par Vignal, ibid
  113. Rudolf Buck dans l'Allgemeine Musik-Zeitung du 20, cit. par Vignal, ibid
  114. Paul Schmidt dans le Berliner Tageblatt cit. par Vignal, ibid
  115. Taubert dans Die Musik, deuxième quinzaine de février, cit. par Vignal, ibid
  116. Sibelius à Kajanus, cachet postal du 21 janvier, cit par Vignal, ibid
  117. "J'en suis sorti véritablement enchanté. J'y ai beaucoup appris, et entendre de telles choses fait du bien" Sibelius à Aino, le 8 janvier 1905, cit par Vignal, p.377
  118. Sibelius ne respectera pas sa part du contrat, consistant à livrer quatre grandes oeuvres par an à Lienau contre un minimum de 8000 reichmarks. Vignal p.383
  119. La musique de scène de Sibelius était en fait le quatrième chef d'oeuvre inspiré par l'ouvrage de Maeterlick, après la musique de scène de Fauré, l'opéra de Debussy et le poème symphonique de Schoenberg.
  120. Flodin, cit par Vignal p.401
  121. L'admiration de Newman pour Sibelius ne l'empêchait pas de voir en lui un compositeur local et exotique, et plus curieusement, trouvait que ses symphonies manquaient d'unité formelle, de structure organique et de logique interne. Vignal p.375
  122. Outre Henry Wood Sibelius gagnera l'admiration de Fritz Kreisler à l'occasion d'une représentation de Ein Saga. Caron, p.78
  123. "Il est difficile d'admettre que j'ai quarante ans à présent". Sibelius, le 8 décembre 1905, cit par Caron, p.79
  124. Sibelius à Aino le 19 janvier 1905, Hepokoski, James, Grove
  125. Imposé par Lienau, la création du concerto à Berlin devait laisser une nouvelle fois Burmester de côté. celui ci se fâcha pour de bon et mis à execution sa menace de ne jamais jouer le concerto. Vignal p.393
  126. Altmann cité par Vignal p.395
  127. Caron p.220
  128. Plus tard, il devait déplorer [...] que tant de compositeurs de cinquième (sic) zone remportent tant de succès à Paris. Tawastjerna II p.44
  129. La Gazette musicale Russe (n°1 de 1907) écrivit ce compte rendu très favorable et particulièrement clairvoyant: "Au plan formel, l'éventail du jeune Sibelius est plus vaste [que celui des compositeurs russes], et sa démarche plus moderne. La plupart des compositeurs russes qui s'adonnent à la musique à programme [...] prennent modèle sur Liszt. Sibelius est plus proche de Strauss. [...] Cette musique a quelque chose du sens de la nature du nomade, elle respire une hardiesse et une joie primitives." La Gazette musicale Russe cit. par Vignal p.423
  130. "Comme specimen, de musique à programme, l'oeuvre n'a rien à envier aux meilleurs poèmes symphoniques de Strauss, tels Don Juan ou Till Eulenspiegel, alors qu'en tant que musique pure, elle atteint un degré de cohésion et d'intégration supérieure même à ce qu'on trouve chez Strauss" Layton, 1992, p.106
  131. Flodin, pourtant pas toujours tendre avec Jean Sibelius, avait qualifié de "méthodes de boucher" la critique de Peterson-Berger. En outre, en octobre 1903, à Stockholm, Burmester avait pris la parole avant un concert pour dénoncer les attaques de Burmester contre Sibelius, et l'avait forcé à quitter la salle! Vignal p.412
  132. Peterson Berger, cit par Vignal, p.429
  133. la nouvelle musique finnoise peut déjà inclure un nom fameux en Europe en la personne de Jean Sibelius Wegelius cit par Tawastjerna, II, p.50
  134. ibid
  135. La symphonie est écrite avec bois par deux, quatre cors, trois trombonnes, deux trombonnes, timbales, et, selon le voeux de Sibelius, 12 premiers violons, 10 seconds, 8 altos, 8 violoncelles et 8 contrebasses.
  136. Hepokoski, Grove Dictionary
  137. Flodin, cit par Tawastjerna, II, p.66
  138. Erik Tawastjerna, II, p.66
  139. La mort de sa fille aînée, la perte de son poste suite à des attaques antisémites et la découverte d'une maladie mortelle ebranlèrent durablement Gustav Mahler durant l'année 1907.
  140. Le moins que l'on puisse dire est que le compositeur de la Troisième Symphonie n'était guère avantagé en guise d'entrée en matière par le programme, dû au hasard. Malher, cit. par Tawastjerna II p.76
  141. Sibelius cité par Vignal, p.451
  142. Mahler avait déclaré plus tôt, en 1895 à la violoniste Natalie Bauer-Lechner: "Le terme Symphonie signifie pour moi: avec tous les moyens techniques à ma disposition, bâtir un monde". Vignal note que Sibelius n'en était pas moins, lui aussi, un "bâtsseur de monde. Vignal, p.451
  143. La Huitième de Mahler est surnommée Symphonie des Milles en référence au nombre d'interprètes nécessaires sur scène pour la jouer.
  144. Le St Petersbourger Zeitung affirma que Sibelius n'avait rien compris aux exigences de la forme symphonique! Vignal, p.454
  145. Rimsky Korsakov aurait secoué la tête à l'issu de la représentation et déclaré: "Pourquoi ne pas faire les choses comme elles doivent l'être, pour qu'un auditoire puisse suivre et comprendre?". Et Sibelius de noter, vingt deux ans plus tard que ses symphonies étaient désormais beaucoup plus jouées que celles du maitre russe. Vignal p.453
  146. KRUMMACHER, Friedhelm, Voces Intimae. Das streichquartett Opus 56 und die Gattungstradition, Finnish Musical Quartely, 1990, p.38
  147. Caron, p.91
  148. Vignal, p.485
  149. Tawasterna, II, p.129
  150. Alors que la situation politique n'avait jamais été à ce point critique et que les nationalistes russes s'écriaient sur les bancs de la Douma le fameux "Finis Finlandiae", Sibelius écrivait à Carpellan que la politique pouvait le rendre "fou furieux" mais qu'elle ne le dérangeait pas dans son travail. JS cit par Vignal p.511
  151. Caron p.135
  152. Vignal, p.522
  153. ibid, p.550
  154. Parmet cit par Vignal, p.522
  155. Hepokoski, grove, §5
  156. Vignal, p.546
  157. Richard Specht dans la revue Der Merker de janvier-mars 1913, rapporté par Vignal, op cité p.575