Bernard Kolelas

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Bernard Kolelas est un homme politique congolais né en 1933 à Mboliko. Premier ministre de la République du Congo en 1997

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Famille

Bernard Kolelas Bakana naît en 1933 à Mboliko dans la région du Pool, de parents teke. Veuf de son épouse Jacqueline depuis septembre 2005, il est père de plusieurs enfants.

Il fait ses études à Brazzaville et devient infirmier. Il exerce jusqu'en 1960 à Mantaba, petite localité de la région du Pool.

[modifier] La diplomatie (1960-1963)

Proche de Fulbert Youlou, il adhère très tôt à l'Union pour la Défense des Intérêts des Africains (UDDIA). En 1960, il est, avec David-Charles Ganao et Matthieu Wattoula, l'un des 3 congolais sélectionnés pour une formation de deux ans du ministère français des Affaires Étrangères. Il effectue une année d'enseignement théorique au Quai d'Orsay et une année de pratique dans un Consulat Français en Allemagne. A son retour, il est nommé Secrétaire Général des Affaires Étrangères.

[modifier] Les menées subversives (1963-1969)

Après la chute de son mentor Youlou, en août 1963, il adopte une attitude distante vis-à-vis du régime de Massamba-Débat, dont il ne partage pas l'idéologie socialiste. En 1965, il est impliqué dans la destruction d’un pylone de la ligne de haute tension à Moukounzi-Ngouaka. Recherché par les autorités, il rejoint l'ancien Président Youlou, exilé à Kinshasa. Il est condamné à mort par contumace. Ses rélations avec Youlou se dégradent par la suite.

En 1968, à la faveur de l'amnistie générale décrétée par Marien Ngouabi après sa prise de pouvoir, il rentre à Brazzaville et est re-intégrée dans la fonction publique. Le 7 novembre 1969, il est la tête d'une tentative infructueuse de renversement du Président Ngouabi. Arrêté avec certains de ses complices, il est condamné à mort par la Cour martiale. Le Président Ngouabi le gracie publiquement devant la foule réunie au Stade Éboué.

[modifier] Les années d'épreuves (1969-1990)

Il est libéré quelques années plus tard. Radié des effectifs de la fonction publique, il survit en exerçant de modestes activités commerciales.

Le 18 mars 1977, il fait partie des nombreuses personnalités appréhendées après l'assassinat de Marien Ngouabi. Il est relâché peu de temps après.

Le 14 août 1978, accusé de préparer un coup d'état contre le Comité Militaire du Parti que dirige Joachim Yhombi-Opango, il est de nouveau arrêté en compagnie de Félix Mouzabakani, Patrice Mfina-Matsiona, Dieudonné Miakassissa, Alphonse Nzingoula, André Loufoua, Abel Matangou, etc. Leur procès n'aura jamais lieu. Le 8 août 1979, Denis Sassou-Nguesso, qui a renversé Yhombi-Opango quelques mois plus tôt, élargit tous les prisonniers politiques et Kolelas retrouve la liberté.

Par la suite, il est arrêté à diverses reprises, par mesure de sûreté, dans les périodes de troubles politiques.

[modifier] La naissance du MCDDI (1990-1992)

En 1989, il crée clandestinement le Mouvement Congolais pour la démocratie et le développement Intégral (MCDDI). Plusieurs personnalités l'accompagnent dans son action : Sony Labou Tansi, Antoine Letembet-Ambili, Jean-Blaise Kololo, Abel Matangou,le Dr Alphonse Nganga Mungwa etc. Le parti est enregistré en 1990, après la légalisation du multipartisme. Le MCDDI est un des acteurs majeurs de la Conférence Nationale Souveraine de 1991 et l'appui de Kolelas est décisif dans l'élection d'André Milongo au poste de Premier ministre du gouvernement de transition.

Avec l'avènement de la démocratie pluraliste, Kolelas récolte les dividendes de son opposition constante au monopartisme depuis les années soixantes. Le MCDDI s'impose rapide comme un des grands partis. Cependant, son audience se limite aux ressortissants de la région du Pool, dont Kolelas est originaire. Le parti de Kolelas est perçu par les populations comme l'émanation politique de cette région. Le poids démographique de son groupe ethnique permet à Kolelas d'être l'un des hommes politiques les plus importants de la nouvelle donne.

Les élections de 1992 voit le MCDDI obtenir une majorité relative à Brazzaville aux élections locales, et la quasi-totalité des sièges de députés dans la région du Pool. Au premier tour de l'élection présidentielle Kolelas est deuxième, derrière Pascal Lissouba. Au second tour, il est nettement battu, n'obtenant que 38% des voix contre plus de 61% de voix pour Lissouba. Il devient la principale figure d l'opposition.

[modifier] L'opposition à Lissouba (1992-1997)

Après la formation du gouvernement Bongho-Nouarra, l'URD, alliance de partis d'opposition qu'il préside, forme une coallition avec le PCT, dont l'accord de gouvernement avec l'UPADS de Lissouba a avorté. La coallition URD-PCT, devenue majoritaire à l'Assemblée Nationale, censure le gouvernement Bongho-Nouarra le 31 octobre 1992. Le Président Lissouba se refuse à nommer un nouveau Premier ministre dans la nouvelle majorité et dissout l'Assemblée, le 17 novembre 1992. Il s'ensuit une contestation populaire menée par l'URD-PCT, qui est réprimée au prix de 3 morts. Sous l'égide des FAC, un accord est trouvé entre les différentes forces politiques, le 3 décembre 1992. Un gouvernement d'union nationale est formé par Claude-Antoine Da-Costa, et un comité indépendant dirigé par Martin Bemba de l'URD-PCT, la CONOSELA, est chargé d'organiser des élections législatives anticipées.

Le premier tour des élections anticipées, en mai 1993, place le camp présidentiel en ballotage favorable. La coallition URD-PCT dénonce des fraudes et refusent de participer au deuxième tour, exigeant la reprise du premier tour. Il appelle à la désobéissance civile. Un climat de guerre civile, à fort caractère ethinique, s'installe dans le pays, mettant aux prises les Ninjas, milice privée de Kolelas, et les forces gouvernementales (armée et milices). De juin 1993 à janvier 1994, chaque camp exerce pillages, destructions et tueries dans les zones qu'elles contrôle, contre les sympathisants supposés de l'autre partie. Les ninjas sévissent dans la région du Pool et les quartiers de Bacongo et Makelekele; tandis que les aubevillois (milice de l'UPADS) commettent leurs exactions dans les régions du Niari, de la Lekoumou et de la Bouenza et dans les quartiers de Mfilou et Diata, à Brazzaville. En définitive, suite à des accords politiques et un arbitrage juridique international, la camp présidentiel sort vainqueur de la bataille électorale.

A partir de 1994, un rapprochement s'opère entre Kolelas et Lissouba. Il est installé en août 1994, dans son fauteuil de maire de Brazzaville, conquis depuis les élections de 1992, et le Premier ministre Yhombi-Opango nomme 3 ministres MCDDI dans son gouvernement en janvier 1995 : Philippe Bikinkita, Luc Adamo Mateta et Mélanie Ibouritso.

[modifier] La guerre civile (1997)

A l'approche de la fin du mandat présidentiel de Pascal Lissouba, l'alliance Kolelas-Sassou, formellement valide, est en réalité défunte. Au début de la guerre civile du 5 juin 1997, Kolelas joue les médiateurs entre les deux belligérants, Lissouba et Sassou-Nguesso. Il finit par se positionner aux cotés de Pascal Lissouba, qui le nomme Premier ministre en remplacement de David-Charles Ganao, le 13 septembre 1997. Sa milice privée entre dans la guerre aux cotés des forces de Lissouba. Le 15 octobre 1997, la victoire des forces de Sassou-Nguesso, appuyées par des contingents angolais et tchadiens, le contraint à la fuite.

[modifier] L'exil (1997-2005)

Il se rend à Kinshasa dans les premiers temps, puis s'installe en exil au Mali, après un court séjour aux États-Unis. En 2000, il est condamné par contumace pour "crime de guerre, viol et détention arbitraire et séquestration dans des geôles privées" durant la guerre civile.

[modifier] Le retour au Congo

Fin 2005, il est amnistié par le régime de Sassou-Nguesso. Il rentre à Brazzaville pour les obsèques de son épouse, décédée les jours précédents.

il amorce un rapprochement politique avec le régime de Sassou-Nguesso. Les élections législatives de 2007 lui permettent de retrouver une partie de son audience auprès de son électorat. Il est élu député de Goma Tsé-Tsé. Deux de ses fils entrent également l'Assemblée nationale. Quelques personalités du MCDDI sont nommés au gouvernement.

[modifier] Sources

  • R. Bazanguissa-Ganga, Les voies du politique au Congo, Karthala, 1997
  • Ph. MOUKOKO, Dictionnaire général du congo-Brazzaville, L'harmattan, 1999.

[modifier] Parcours politique

[modifier] Chronologie des fonctions principales

Précédé par Bernard Kolelas Suivi par
Rémi Bakou
Maire de Brazaville
1994 - 1997
Aimé-Emmanuel Yoka
David-Charles Ganao
Premier Ministre
1997
Isidore Mvouba
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