Azouz Begag

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Azouz Begag au Palais omnisports de Paris-Bercy, le 18 avril 2007, lors d'un meeting de François Bayrou.
Azouz Begag au Palais omnisports de Paris-Bercy, le 18 avril 2007, lors d'un meeting de François Bayrou.

Azouz Begag (né le 5 février 1957 à Lyon, Rhône) est un homme politique, écrivain et chercheur français en économie et sociologie au CNRS.

Il a été ministre délégué à la promotion de l'égalité des chances du 2 juin 2005 au 5 avril 2007 sous le gouvernement Dominique de Villepin.

Sommaire

[modifier] Biographie

Azouz Begag est né à Lyon en 1957 de Messaouda et Bouzid Begag. Ses parents sont originaires d'Algérie, ex-ouvriers agricoles à Sétif et émigrés en France en 1949. Azouz Begag est père de deux filles.

Il passe une partie de son enfance, jusqu’à dix ans à Villeurbanne, à proximité de Lyon dans un bidonville.

Entré au collège Saint-Exupéry de la Croix-Rousse en 1967, il déménagera deux ans plus tard, avec sa famille, en HLM à la cité de la Duchère à Lyon. L'enfant Azouz rêve de devenir « président comme Nasser ».

Azouz Begag, alors de nationalité algérienne, n'effectue pas son service national et intégre en 1984, le Laboratoire d’économie des transports de l’université Lyon 2 où il se spécialisera dans la sociologie des transports, en travaillant essentiellement sur « les difficultés des jeunes d’origine maghrébine »[1].

Il confirmera son choix de la nationalité algérienne en 1986.[2] Agnostique, Azouz Begag respecte néanmoins le ramadan. [3].

Azouz Begag obtient un doctorat en économie à l'université Lyon 2 sur le thème "L'Immigré et sa ville". Il combine ensuite des fonctions de chercheur au CNRS et à la Maison des sciences sociales et humaines de Lyon depuis 1980, et d'enseignant à l’École centrale de Lyon. Son travail de chercheur porte largement sur la mobilité des populations immigrées dans les espaces urbains. Il est visiting professor (professeur invité) à l’Université Cornell durant une saison universitaire, chargé d'un cours semestriel sur les immigrations en Europe de l'Ouest. Il est depuis 2000 membre du laboratoire « Espace et culture » (Paris-4 - CNRS).

En 1987, il fait la demande pour obtenir la nationalité française qu'il obtient en 1989. [4]

Il est membre du Conseil économique et social en 2004, au titre des personnalités qualifiées dans le domaine économique, social, scientifique ou culturel, désigné sur proposition du Premier ministre (2004 – 2005) après une mission sur l’égalité des chances (mai 2004).

Du 2 juin 2005 au 5 avril 2007, il est ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de la Promotion de l'égalité des chances, dans le gouvernement Dominique de Villepin.

Il est l'auteur de plus de 20 livres, dont plusieurs romans s'inspirant de son enfance comme Le Gone du Chaâba ou encore l'hommage rendu à son père dans le livre Le Marteau pique-cœur. Le titre du premier cité est un jeu de mot révélateur de son intérêt pour le métissage culturel. Il s'agit en effet d'un mélange entre un terme du dialecte lyonnais, langue de sa région de naissance et d'un terme algérien signifiant tribu.

Il est aussi parolier de chansons et le scénariste du film Camping à la ferme où il expose sa vision d'une France multi-ethnique qui se mélange à une France historiquement et naturellement multiculturelle, que ce soit de par sa construction même et la richesse de ses langues et cultures régionales ou de par les vagues migratoires qu'elle a accueillies avec succès auparavant. Le mélange de ces trois niveaux de richesses culturelles françaises est souvent traité dans son travail.

En octobre 2007, Azouz Begag est le président du 18e Festival international de géographie (FIG) de Saint-Dié-des-Vosges.

[modifier] Vie politique et expérience ministérielle

Azouz Begag croise Jacques Chirac en 1995 et discute avec lui, à Vaulx-en-Velin, lors d’une table ronde sur “le mal des banlieues“, un sujet que le président entendait alors mieux comprendre deux semaines après la mort, en région Lyonnaise, du terroriste islamiste algérien Khaled Kelkal.

Invité à plusieurs reprises à l’hôtel Matignon par Alain Juppé à déjeuner, en compagnie de Philippe Sollers ou d’Alain Touraine, Azouz Begag exprime l'ambition d'être candidat au titre du RPR pour devenir « le premier représentant des banlieues à l’Assemblée nationale ». Matignon donne son aval en 1997, mais la droite lyonnaise renâcle et désignera un élu local, Marc Fraysse. Azouz Begag annonce alors sa candidature comme « divers gauche » lors de l'élection législative qui a eu lieu les 25 mai et 1er juin 1997 dans la 2e circonscription du Rhône et se retrouve aussitôt accusé, par la gauche locale, d’être un «sous-marin de la droite ».

Azouz Begag se retire avant le début du scrutin mais, par décision n° 97-2327 du 29 janvier 1998 parue au JO/LD Numéro 27 du 1er Février 1998 (page 01641), le Conseil Constitutionnel décide que « Considérant que le compte de campagne de M. Begag, candidat dans la 2e circonscription du Rhône, déposé à la préfecture le 7 juillet 1997, ne retrace ni les recettes perçues ni les dépenses engagées par le candidat en vue de son élection (...) M. Azouz Begag est déclaré inéligible, en application de l'article LO 128 du code électoral, pour une durée d'un an à compter du 29 janvier 1998 ».

En 1999, le Parti communiste lui proposera d’être candidat sur sa liste aux élections européennes mais il refusera, n’étant pas en position éligible.

« Militant de la cause des cités », Azouz Begag espère ensuite être candidat aux élections municipales de 2001 mais, à nouveau, la droite locale se méfie de lui.

Dominique de Villepin, Premier Ministre sous Jacques Chirac, dont il avait fait la connaissance au salon du livre de Brive-la-Gaillarde, lui commande en 2004 un rapport intitulé "La République à ciel ouvert" [5]. Azouz Begag y dresse un bilan de vingt années de politique d'intégration et présente un état des lieux au sein des métiers du ministère de l'intérieur. Puis il propose une dizaine de mesures de discrimination positive parmi lesquelles « l'adaptation des méthodes de recrutement en ciblant les jeunes issus de l’immigration visible, d’origine maghrébine et africaine ». Le rapport note ainsi que « des questions tirées des programmes de terminales générales désavantagent à l’évidence les candidats non issus de ces filières. La seconde partie consiste à apporter des réponses courtes à différentes questions portant surtout sur la connaissance des institutions politiques et judiciaires.

Azouz Begag s'intéresse également à l’enquête de moralité pour les concours, qui doit compléter la procédure de recrutement et note que si un candidat a des amis ou sa compagne qui sont connus des services de police pour des activités illicites (la « fréquentation de dealers » dans les cités tel qu’il peut ressortir d’un rapport des Renseignements Généraux), cela peut être un motif de rejet de sa candidature et propose de supprimer cette enquête.

Du 2 juin 2005 au 5 avril 2007, il est ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de la Promotion de l'égalité des chances, dans le gouvernement Dominique de Villepin.

Azouz Begag est au centre d'un incident diplomatique entre la France et les États-Unis en octobre 2005. Bien que citoyen et ministre français, détenteur d'un visa diplomatique A1 et d'une immunité diplomatique, il est contrôlé par les services de douane américains à l'aéroport d'Atlanta pour un interrogatoire qu'Azouz Begag qualifiera de poussé. Coutumier de ce genre de tracas, Azouz Begag parlera de délit de faciès. L'incident dure 15 minutes environ, le quai d'Orsay interviendra et le département d'Etat présentera ses excuses et reconnaitra une faute professionnelle des douanes. [6].

Azouz Begag est progressivement entré en conflit ouvert avec Nicolas Sarkozy, qui le surnomme « Vidéo Begag », selon Libération. Azouz Begag fut régulièrement pris à parti par Brice Hortefeux, un proche du Président. Le conflit prend de l'ampleur, en octobre 2005 quand Azouz Begag réagit contre l'emploi du terme « racaille » par Nicolas Sarkozy [7].

Concernant l'élection présidentielle française, il déclare en novembre 2006 : « Je voterai Dominique de Villepin, même s'il ne se présentait pas », avant de dire, deux mois plus tard, le 15 janvier 2007 : « Ce sont Dominique de Villepin et Jacques Chirac qui m'ont tendu la main. (...) Nicolas Sarkozy a changé. (...) Moi aussi (...). ». Finalement, le 13 mars 2007, au lendemain du ralliement de Villepin à Sarkozy, il déclare qu'il ne votera pas pour Nicolas Sarkozy et que la candidature de François Bayrou est « salutaire pour la démocratie ». Il précise sa position le 16 mars sur France 2 en étant le premier ministre du gouvernement à soutenir officiellement François Bayrou, « le seul candidat qu'[il] puisse soutenir », qualifiant d'« amalgame indécent » la proposition de Nicolas Sarkozy concernant la création d'un ministère de l'immigration et de l'identité nationale.[8]

Le 5 avril 2007, il démissionne du gouvernement pour, dit-il, « reprendre sa liberté de parole ». Le 11 avril 2007, Azouz Begag fait paraître un nouvel ouvrage intitulé Un mouton dans la baignoire (titre qui reprend des propos de Nicolas Sarkozy fustigeant les pratiques de certains musulmans). Dans ce livre consacré à la politique et aux agissements de Nicolas Sarkozy, Azouz Begag accuse Nicolas Sarkozy de l'avoir insulté et menacé. Il explique aussi comment, selon lui, Dominique de Villepin a cédé devant le candidat de l'UMP. Nicolas Sarkozy nie ces accusation et affirme même qu'il n'a jamais rencontré Azouz Begag, alors que des photos, prises notamment à l'assemblée nationale, démontrent le contraire.

Dans une interview publiée le 18 avril 2007 dans le quotidien espagnol El Pais, Azouz Begag accuse Nicolas Sarkozy « d'insulter les musulmans et les arabes ». Il indique également « Tous les Arabes et tous les Noirs (...) détestent Sarkozy ».[9]

Azouz Begag participe à la campagne présidentielle de François Bayrou. A l'issue du premier tour, le 24 avril 2007, il déclare sur RMC : « Je sais pour qui je ne voterai pas. Je ne voterai pas, je ne voterai jamais pour Nicolas Sarkozy, c'est clair ». Interrogé sur son vote éventuel pour Ségolène Royal le 6 mai 2007, il répond : « Franchement, c'est un truc secret. »[10]

Azouz Begag se présente aux élections législatives françaises de 2007 sous l'étiquette Mouvement démocrate dans la troisième circonscription du Rhône, face notamment à Jean-Michel Dubernard (UMP, sortant) et Jean-Louis Touraine (PS, élu). Il est battu au 1er tour avec 14.74 % des voix et appelle à voter "contre Jean-Michel Dubernard" lors du deuxieme tour.

Suite au forum des démocrates de Seignosse, Azouz Begag est investi pour se présenter aux municipales de Villeurbanne, ville à laquelle il a déclaré être sentimentalement très attaché.

Toutefois, suite au retrait de la vie politique d'Anne-Marie Comparini, Azouz Begag se porte dans un premier temps candidat à l'investiture démocrate pour les municipales à Lyon puis renonce le 6 décembre 2007, ne bénéficiant d'aucun soutien politique[11]. Begag soutient ensuite officiellement Gérard Collomb[12].

[modifier] Littérature

En 1989, le roman de sa jeunesse paraît : Béni ou le Paradis privé (Nagel & Kimche, Zurich 2000). Il y décrit, entre autres, la discrimination que subissait une partie de la population non-blanche au milieu des années soixante-dix.

[modifier] Œuvres

  • La guerre des moutons, Fayard, (2008)
  • Un mouton dans la baignoire, Fayard, (2007)
  • Le Marteau pique-coeur, Éditions du Seuil, (2004)
  • Ahmed de Bourgogne, (avec Ahmed Beneddif), Seuil, 2001
  • Un train pour chez nous, Magnier, 2001
  • Le Passeport, Seuil, 2000
  • Tranches de vie, Stuttgart, Klett Verlag, (1998)
  • Dis Oualla, Éditions Fayard, Collection Libres, (1997)
  • Zenzela, Éditions du Seuil, (1997)
  • Les Chiens aussi, Éditions du Seuil, Collection Points Virgule, (1995)
  • L'Ilet-aux-vents, Éditions du Seuil, Collection Points Virgule, (1992)
  • Béni ou le Paradis privé, Éditions du Seuil, Collection Points Virgule, (1989)
  • Le Gone du Chaâba, Éditions du Seuil, Collection Points Virgule, (1986)
Pour la jeunesse
  • Les Voleurs d'écriture, Éditions du Seuil, Collection Points, (1990)
  • La Force du berger, La Joie de lire, (1991)
  • Jordi et le rayon perdu, La Joie de lire, (1992)
  • Les Tireurs d'étoiles, Éditions du Seuil, Collection Points, (1993)
  • Le Temps des villages, La Joie de lire, (1993)
  • Une semaine de vacances à Cap maudit, Éditions du Seuil, Collection Points, (1993)
  • Mona ou le bateau-livre, Chardon Bleu, (1994)
  • Quand on est mort, c'est pour toute la vie, Gallimard, (1995)
  • Ma maman est devenue une étoile, La Joie de lire, (1996)
  • Le théorème de Mamadou, Ill. Jean Claverie, Éditions du Seuil, (2002)
Publications scientifiques
  • L'Immigré et sa ville, Presses universitaires de Lyon, (1984)
  • La banque mondiale et le financement des transports dans les pays en voie de développement, Al Mayadine - revue universitaire des études juridiques, économiques, économiques et politiques Faculté d'Oujda Maroc, (1990)
  • Écarts d'identité, Seuil, (1990)
  • « The Beurs, Children of North-African Immigrants in France. The issue of Integration », The Journal of Ethnic Studies, Washington, (1990)
  • The French-Born Youths Originating in North African Immigration : From Socio-Spacial Relagation to Political Participation, International Migrations, Belgique, (1990)
  • North-African Immigrants in France : The Socio-Spacial Representation of "here" and "there", Loughborough University of Technology, England, (1990)
  • La Révolte des lascars contre l'oubli à Vaux en Velin, Les Annales de la recherche urbaine, (1990)
  • La Ville des autres. La Famille immigrée et l’espace urbain, Presses universitaires de Lyon, (1991)
  • Voyage dans les quartiers chauds, Les Temps Modernes, (1991)
  • La pauvreté comme terrain, Métropolis, (1991)
  • Rites sacrificiels des jeunes dans les quartiers en difficulté, Les Annales de la Recherche Urbaine, (1991)
  • Entre rouiller et s'arracher, réapprendre à flâner, Les Annales de la recherche Urbaine, (1993)
  • Quartiers sensibles (en collaboration avec Christian Delorme), Seuil, (1994)
  • Éléments de discrimination positive en France, revue Esprit libre, (1995)
  • Place du Pont ou la médina de Lyon, Autrement, (1997)
  • Espace et exclusion. Mobilités dans les quartiers périphériques d'Avignon, L'Harmattan, (1998)
  • Du bon usage de la distance chez les sauvageons (en collaboration avec Reynald Rossini), Seuil, (1999)
  • Les Dérouilleurs : ces Français de banlieue qui ont réussi, Mille et une nuits, (2002)
  • L’Intégration, Le Cavalier Bleu, (2003)

[modifier] Distinctions

[modifier] Voir aussi

Troisième circonscription du Rhône

[modifier] Liens externes

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Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Azouz Begag.

[modifier] Notes et références