Auguste Mercier

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Le général Auguste Mercier
Le général Auguste Mercier

Auguste Mercier (né à Arras le 8 décembre 1833, mort à Paris le 3 mars 1921) était un général français et un ministre de la Guerre.

Sommaire

[modifier] Carrière militaire

Il entre à l'École polytechnique à 19 ans, en 1852, 4e sur 106, et en sort second en 1854. Il choisit l'artillerie.
Il sert au Mexique pendant la guerre de 1863-1867. Il prend part ensuite aux batailles contre les Prussiens sous Metz en 1870. Il est nommé général de brigade en 1884, directeur des services administratifs à la Guerre en 1888, général de division en 1889 puis commandant du 17e Corps en 1893.
On le retrouve directeur de l'École pyrotechnique de Bourges où il se spécialise en projectiles, dont les obus à mitraille.

[modifier] Carrière politique

Mercier est chargé du portefeuille de la Guerre en décembre 1893 dans le cabinet Casimir-Perier après la démission de Charles de Freycinet. Sa réputation est celle d'un officier intelligent et réfléchi, qui passe pour républicain. C'est un catholique, qui a épousé une anglaise protestante, qui ne va pas à la messe, mais aussi ouvert aux idées libérales. Il est courtois, peu bavard, très énergique, doué d'une étonnante mémoire.
Il conserve son poste en mai 1894 dans le cabinet Dupuy, ce qui lui donne probablement le sentiment d'être indispensable : « Il tranchait de tout, sec, hautain, d'une infatuation provocante, infaillible et sûr de son étoile[1]. »
En août 1894, Mercier fait libérer par anticipation une partie du contingent ce qui lui vaut une campagne de presse de droite injurieuse qui l'accuse de couvrir « les Juifs et les espions ».

En janvier 1900, Mercier sera élu sénateur nationaliste de Loire-Inférieure, siège qu'il conserva jusqu'en 1920.

[modifier] Mercier dans l'affaire Dreyfus

A l'été 1894, Mercier est avisé que la « section de statistique »[2] avait intercepté ce qui allait devenir le « Bordereau ». Il ordonne une enquête interne afin de découvrir le traître et, semble-t-il aussi, pour redorer son blason auprès de la droite[1]. Il est alors nommé commandant de la 4e Région et passe dans la réserve en 1898.

Dans J'accuse, Émile Zola n'a pas compris l'importance de son rôle et l'accusa simplement « de s'être rendu complice, tout au moins par faiblesse d'esprit, d'une des plus grandes iniquités du siècle[3]. » Cité au procès Zola en février, « hautain, flegmatique, précis, dédaigneusement retranché dans la conscience de son infaillibilité, il déclara que Dreyfus était un traître qui avait été justement et légalement condamné[4] » et refusa de répondre sur l'existence de pièces secrètes.

Auditionné en novembre 1898 par la Chambre criminelle de la Cour de cassation, dans le cadre de la procédure de révision du procès de 1894, Mercier réaffirme la culpabilité de Dreyfus. Il déclare à cet égard que la Chambre criminelle était achetée par le « Syndicat » dreyfusard. En juin 1899, l'arrêt de la Cour de cassation place Mercier au bord de la mise en accusation par la Chambre (228 voix contre 277) mais il ne renonce pas : « Je ne suis pas un accusé, je reste un accusateur... [5]»

Au procès de Rennes, il se présente comme chef de file des antidreyfusards. Il annonce des révélations décisives à venir dans la presse nationaliste, comme l'existence d'un original du bordereau annoté par le Kaiser (Guillaume II d'Allemagne). Sa déposition devant le Conseil de guerre n'apporte aucun élément nouveau et il déclare :

« Ma conviction depuis 1894 n'a pas subi la plus légère atteinte ; elle s'est approfondie par une étude plus complète de la cause ; elle s'est fortifiée enfin par l'inanité des résultats obtenus pour démontrer l'innocence du condamné, malgré le chiffre énorme des millions follement dépensés »

Un incident grave l'oppose 14 août à Casimir-Perier, qui était président de la République à l'époque du premier Conseil de guerre. Il traite le président de menteur en soutenant la thèse de l'implication personnelle du Kaiser et de l'imminence d'une guerre avec l'Allemagne en janvier 1895.

Fin 1899, une loi d'amnistie est votée par le Parlement, contre les oppositions farouches de Clemenceau et de Jaurès. « Le premier des criminels » est désormais à l'abri de toute poursuite.

En mars 1904, devant la Chambre criminelle de la Cour de cassation, Mercier accuse encore Dreyfus. À la veille de l'arrêt sans renvoi de la Cour de cassation, il est incapable d'apporter la moindre preuve « irréfutable » malgré les supplications de la presse antisémite et nationaliste.

Le 13 juillet 1906, au Sénat, il vote contre la réintégration de Dreyfus et du colonel Picquart dans l'armée. Il accuse en outre la Cour de cassation d'irrégularités. Le 29 juin 1907, devant 6 000 personnes à la salle Wagram, L'Action française lui offre une médaille d'or en souvenir de cette séance dans laquelle il avait « tenu tête aux parlementaires affolés ».

Mercier meurt à Paris le 3 mars 1921. Jusqu'à son dernier souffle, droit dans ses bottes, il ne cessera jamais de clamer la culpabilité de Dreyfus.

[modifier] Notes et références

  1. ab Bredin, L'Affaire, Fayard 1985
  2. Contre-espionnage
  3. Emile Zola, J'accuse, L'Aurore du 13 janvier 1898
  4. v. Procès Zola
  5. Le temps du 7 juillet 1899

[modifier] Bibliographie

[modifier] Voir aussi

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