Armée de la République nationale ukrainienne

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Le Président de la Rada, M Hrouchevsky, passe en revue les troupes de l'Armée de la République nationale ukrainienne
Le Président de la Rada, M Hrouchevsky, passe en revue les troupes de l'Armée de la République nationale ukrainienne

L'Armée de la République nationale ukrainienne désigne les forces armées nationales ukrainiennes de 1917 à 1920 sous le commandement de Simon Petlioura. Parfois accompagnée de formations partisanes, l'armée de la République nationale ukrainienne (UNR) va combattre plusieurs protagonistes se disputant le territoire ukrainien, parmi lesquels les bolchéviks, les troupes allemandes, les armées de Denikine, et dans une autre mesure les anarchistes de Nestor Makhno ainsi que les troupes polonaises. Par opposition à la Makhnovchtchina, on utilise parfois le terme Pétliourovtchina (Петлюровщина).

Sommaire

[modifier] Contexte historique

Après leur victoire assurée en Russie, les bolchéviks tentent de s'emparer du pouvoir en Ukraine, malgré l'indépendance de cette dernière reconnue par la communauté internationale. L'indépendance totale de l'Ukraine est proclamée le 22 janvier 1918 et va permettre un renouveau de la culture ukrainienne autrefois interdite. Cette indépendance est précédée en 1917 d'une autonomie où s'organise alors la vie politique et démocratique autour de la Rada centrale.

[modifier] Création

Au cours de l'année 1917, dans le cadre d'un congrès, un comité général militaire est élu avec à sa tête Simon Petlioura. La Révolution russe n'épargne pas l'Ukraine qui va connaître avec son nouveau gouvernement l'un des premier affrontement à Kiev en Novembre 1917 entre l'état major de la région militaire de Kiev, des unités militaires bolchéviks et un régiment ukrainien soutenant la Rada Centrale. L'issue du combat se termine par la défaite de l'état major et l'écrasement des unités militaires bolchéviks. Ne pouvant s'imposer par la démocratie, les unités bolchéviks préparent une insurrection en Décembre 1917 pour s'emparer du pouvoir. Elles sont désarmées et envoyées hors du pays par le gouvernement ukrainien. Commence alors une guerre contre les troupes bolchéviks mais aussi contre les troupes de Denikine.

[modifier] Fin

Le 11 février 1919, Simon Petlioura est nommé à la présidence de la République nationale ukrainienne. Ce dernier conduit une politique extérieure favorable aux pays de l'ouest, issus de la Triple-Entente dont il espère le soutien. Les armées ukrainiennes mal équipées mènent des combats acharnés, les bolchéviks quittent pour un temps la capitale. Ailleurs, l'occupation par Denikine mène à des révoltes massives notamment celles de Makhno que soutien Simon Petlioura. Ce dernier déclare la guerre à Denikine en Septembre 1919. À la fin de l'année 1919 l'armée ukrainienne est encerclée en Volhynie par les bolchéviks, l'armée de Denikine et les polonais. La lutte en tant qu'armée devenant caduque, il est décidé de passer à la guerre des partisans. Après une brève alliance conclue avec la Pologne, les dirigeants de la République nationale ukrainienne finissent par partir en exil. L'Ukraine est partagée entre la Pologne et la Russie communiste, seul perdure un temps une lutte armée constituée de partisans et de francs tireurs.

[modifier] Rôle de Petlioura

Dans le chaos de la guerre civile, l'autorité et l'encadrement nécessaire des armées s'avèrent difficiles. L'armée de Petlioura n'échappe pas à cette règle. Une partie de cette dernière, soustrait à son autorité est responsable de pogromes que condamne Petlioura. Les travaux de chercheurs juifs et ukrainiens portant sur cette période n'ont jusqu'à maintenant relevés aucune participation de sa part aux pogromes ni de tendances antisémites dans les propos et les publications de ce dernier au contraire[1]. Pour stopper les éléments incontrôlables au sein de son armée, Petlioura prend plusieurs mesures y compris la peine de mort. Il lance par ailleurs le 12 octobre 1919 son appel Contre les pogromes:

« Officiers et Cosaques de l'armée ukrainienne! les masses travailleuses ukrainiennes et juives vous considèrent comme des libérateurs, les générations à venir n'oublieront pas vos mérites envers ces peuples...Évitez les provocations, et soyez sans pitié avec les provocateurs qui commettent eux-mêmes des pogromes et abattent plus faible que nous. La peine de mort doit s'abattre sur la tête des pogromistes et des provocateurs. J'exige de vous plus de dureté et de sévérité disciplinée à cet égard, pour que pas un cheveu ne tombe de la tête de l'innocent...(les bolchéviks) en soudoyant des éléments criminels qui excitent nos Cosaques à divers scandales et à des pogromes contre la population juive innocente, veulent ainsi imprimer la marque du pogromiste sur le front des chevaliers qui apportent la liberté à tous les peuples sur le territoire de l'Ukraine. »

En août 1921, Petlioura prend contact avec Jabotinsky et lui propose une gendarmerie pour protéger les Juifs lors d'une prochaine reconquête de l'Ukraine, un accord s'en suit en septembre 1921. Néanmoins le projet ne se réalisera pas. L'assassinat de Petlioura le 25 mai 1926 à Paris par un anarchiste juif ayant servi d'agent aux autorités soviétiques[2][3]mettra un terme définitif aux espoirs d'une République nationale ukrainienne.

[modifier] Références bibliographiques

  • Arkady Joukovsky, Histoire de l'Ukraine, Éditions du Dauphin, 2005 (chapitre VI: « La renaissance de l'état ukrainien », p. 70 à 80) ;
  • Mykola Riabtchouk, De la "Petite-Russie" à l'Ukraine, Éditions de l'Harmattan, 2003 (chapitre 2: « La terre classique des persécutions antisémites, ou l'expiation des fautes métaphysiques », p.39 à 51).

[modifier] Notes et références

  1. Rapports entre ukrainiens et juifs: comment la mythologie remplace la réalité [1]
  2. Makhno did not allow Schwartzbard to Shoot Petlura (in Ukrainian)
  3. Un puissant arsenal contre Simon Petlioura [2]