Anacoluthe

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L'anacoluthe (ou anacoluthon) est une figure stylistique de construction qui, par une rupture voulue de la construction syntaxique, conserve non seulement le sens, la facilité de compréhension mais apporte surtout un avantage à l'expression.

Sommaire

[modifier] Étymologie

Le mot anacoluthe vient du grec ancien ἀνακόλουθος (anakólouthos), « qui est sans suite », adjectif composé du préfixe privatif ἀ(ν)- (a(n)-) et d'ἀκόλουθος (akólouthos). Anatole Bailly le trouve chez le rhéteur Denys d'Halicarnasse (Ier siècle av. J.-C.) avec le sens : « inconséquent, sans suite dans le raisonnement » ; avec le sens : « de forme irrégulière » chez le grammairien Apollonius Dyscole (IIe siècle ap. J.-C.) ; enfin chez Diogène Laërce (IIIe ap. J.-C.) comme terme de logique, sous la forme nominative ἀνακόλουθον (anacoluthon) que nous lui connaissons.

Ce terme devrait être normalement du genre masculin, mais il lui a été attribué le genre féminin, sans doute par contamination avec les autres figures majoritairement féminines.

[modifier] Usages

L'anacoluthe sera présentée dans cet article uniquement comme figure classique de style, c'est-à-dire une illustration instantanée d'un texte pour l'éclairer, l'approfondir et en soutenir le style. Ce terme a, semble-t-il, toujours désigné dans les textes anciens une faute de raisonnement ou une infraction aux règles de grammaire. L'emploi de l'anacoluthon comme figure est de ce fait délicat, eu égard à la langue française assez chatouilleuse. Un problème de normativité peut se poser à l'égard d'une figure qui joue aux frontières de la syntaxe, mais l'anacoluthe a été révélée au siècle classique et sera examinée dans cet article d'après les canons de la langue française qui ont toujours cours : le bon goût et la clarté, c'est-à-dire une langue prise en l'état d'être acceptée et comprise par le plus grand nombre.

Dans son dictionnaire de rhétorique, Georges Molinié donne l'exemple « moderne » d'un texte (sans ponctuation et avec des libertés syntaxiques) extrait de La Chevelure de Bérénice de Claude Simon. On ignore encore si l'auteur ne se replie pas sur un univers trop égocentriste qu'il est le seul à pouvoir aisément habiter ou s'il a trouvé un nouveau moyen de communiquer qui va étirer les limites du langage.

« La langue poétique est non seulement étrangère au bon usage, elle en est l'antithèse. Son essence consiste dans la violation des normes du langage. » (Tzvetan Todorov)

C'est la plupart du temps de ces œuvres le plus souvent à visée poétique, soit expérimentales pour lesquelles on n'a pas encore le recul nécessaire et qui n'ont pas eu jusqu'à maintenant un franc accès auprès du grand public, soit élitistes et qui, sans une longue fréquentation, restent trop ardues à l'esprit du lecteur ordinaire. En résumé, la question d'une déstructuration volontaire du langage, souvent érigée en système d'écriture, échappe donc au cadre de cet article centré sur la figure poétique proprement dite.

[modifier] Recension

[modifier] Les différentes ruptures syntaxiques

  • L'anacoluthe selon Pierre Fontanier (un des pionniers de la rhétorique moderne) n'a plus cours aujourd'hui. Elle consistait en une ellipse du « corrélatif d'un mot exprimé », comme dans ce distique de Racine :
« Ma foi, sur l'avenir bien fou qui se fiera : (est bien fou celui qui…)
Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera. » (tel celui qui rit…)

La disparition de cet élément corrélatif, qui vient simplifier la syntaxe sans ternir le sens de la phrase, ne constitue plus une singularité et cette ellipse a été depuis longtemps assimilée par la langue moderne.



Rupture de concordance syntaxique: genre et nombre: (principalement en accompagnement d'une ellipse du verbe)
De leurs troupeaux féconds leurs plaines sont couvertes,
Les guérets de leurs blés, les mers de leurs vaisseaux. (Voltaire, La Henriade)
La foudre est mon canon, les Destins mes soldats. (Corneille, L'Illusion comique)
Tambour et gifles battantes (M. Cassot, Le style et ses techniques) [voir plus loin: tmèse]

L'exemple cité et apprécié par H. Morier est une tentative de renouveler une expression figée: « tambour battant ». Mais si des cas sont réussis, spécialement pour faire naître un sourire, cette façon court le risque de la lourdeur.


rupture de la symétrie syntaxique:


1/ complément d'objet + subordonnée:


Ils savent compter l'heure et que la terre est ronde. (Musset)
J'ai dit mon retour à Combourg et comment je fus accueilli par mon père. (Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe)

. Dans cette phrase, l'auteur aurait pu aussi bien dire: « et la manière dont je fus accueilli »


Ah ! savez-vous le crime et qui vous a trahie ? (Racine, Iphigénie)


Cet exemple est la figure de style de l'anacoluthe: la rupture est motivée par l'élan émotionnel du personnage. (Voir plus loin)


2/ subordonnée conjonctive + infinif:


Elle lui dit qu'il lui fallait faire ses valises et partir

. Cette construction ne heurte plus (sinon dans la langue châtiée) et est devenue si pratique, si courante qu'elle est passée dans la langue.


3/ verbe gérant une idée concrète et une idée abstraite:
Ces larges murs pétris de siècles et de foi. (Lamartine)



disjonction syntaxique:
Les hommes parlent de manière, sur ce qui les regarde, qu'ils n'avouent d'eux-mêmes que de petits défauts. (La Bruyère)


Telles, immenses, que chacune
Ordinairement se para..." (Mallarmé)


disjonction sémantique:
Et ils mangèrent des pommes bien vieilles de terre (cité par Molinié)
Quand la tmèse s'applique à un mot composé ou à une locution, par exemple, l'effet est aléatoire ou prétend à l'humour. Le procédé est bien représenté dans la poésie hermétique.


  • Le solécisme (ou l'anacoluthe sans effet positif)


« J'ai vu et j'ai parlé à mes amis. »

La reprise de cette phrase donne un exemple qui heurte la lecture. La gêne vient de ce qu'elle est maladroite car il est impossible d'en connaître immédiatement le sens. Si on a voulu mettre deux verbes transitifs (l'un direct, l'autre indirect) pour gérer un même complément, c'est bien un solécisme (la figure du zeugma étant constituée par deux compléments pour un seul verbe). Si le verbe « voir » doit être pris dans son sens absolu, il aurait le sens de « constater », mais, dans ce cas, la clarté demanderait au moins un pronom pour le rappel de la chose sous-entendue : « et j'en ai parlé à mes amis. »

« Dans l'attente de votre réponse, veuillez agréer, Monsieur… »

Exemple type connu (et toujours usité) de faute syntaxique dans une correspondance : le sujet sous-entendu de la circonstancielle et le sujet de la principale sont différents.


Cette figure de mots qui impose un changement de l'ordre habituel des termes ou des segments de la phrase est principalement usitée en poésie, mais elle se retrouve parfois en prose. Elle ne doit pas changer le sens des mots. Généralement, un sujet ou une apposition ou un complément d'objet ou une subordonné sont anticipés, c'est-à-dire énoncés bien avant le terme, le verbe, ou la subordonnante concernés.

« Le nez de Cléopâtre, s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé. » Pascal, (Pensées)

On discerne classiquement dans cette pensée de Pascal une bizarrerie. Mais l'entorse syntaxique reste hypothétique : l'anticipation du sujet précède immédiatement la proposition, la connexion par le pronom de rappel se fait naturellement et le sens n'est pas compromis. Tout au contraire, cette « antéposition » apporte une suspension qui retient l'attention et met l'esprit en attente. Ce procédé ne devrait pas étonner puisqu'il est courant dans la langue parlée : « Tu ne sais pas la dernière avec Henri… son professeur de math's lui a demandé… » Ainsi, on peut transcrire : « Le nez de Cléopâtre… [— Oui, qu'est-ce qu'il a ? —] S'il eût été plus court… » [2]

« Toutes les dignités que tu m'as demandées,
Je te les ai sur l'heure et sans peine accordées. » Corneille, (Cinna)

L'exemple ci-dessus est similaire au précédent. Le complément en « antéposition » se rapporte cette fois au complément d'objet direct du verbe de la principale et met naturellement « en avant », face à un ingrat, les faveurs multiples accordées (= « tu te rappelles tout ce que tu m'as demandé… eh bien, je t'ai tout accordé »).

[modifier] Connexion logique remplaçant la cohérence syntaxique

[modifier] Anastrophe irrégulière

  • L'exemple suivant: l'antéposition est plus risquée car l'apposition est celle d'un simple pronom complément d'objet indirect du verbe principal. Cependant, la confusion est évitée et le sens maintenu : le sujet est masculin pluriel, et le complément, du féminin singulier.


« Étourdie, ivre d'empyreumes,
Ils m'ont, au murmure des neumes,
Rendu des honneurs souverains. » Valéry (La Pythie)


  • Cette fois, une circonstancielle (« une fois qu'il est exilé… ») précède, mais le participe passé se rattache à la fois au sujet de la phrase précédente (le Poète) et au complément d'objet direct du sujet de la phrase suivante (l'empêche), lequel sujet est différent mais en connexion logique par une synecdoque (les ailes sont celles du Poète comparé à l'oiseau) et une hypallage (l'oiseau remplace le premier sujet, le poète, qui est lui-même l'objet allégorique de la strophe). Il ne peut y avoir de confusion et l'ensemble ne gêne pas la compréhension.


« Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher. » Baudelaire (L'Albatros)


  • cas particulier :


« Moi, mes souliers ont beaucoup voyagé… » (Félix Leclerc)

Le « moi », mot isolé, ou, si l'on veut, mot unique d'une proposition elliptique (« moi, en ce qui me concerne… ») n'a pas de connexion directe sinon par synecdoque avec les souliers. Il s'agit, d'abord, d'une tournure familière pour attirer l'attention sur un propos où l'on en sera le centre (thème annonçant le prédicat) : l'équivalent de « quant à moi ». Qu'on se rappelle le leitmotiv en langage enfantin d'un sketch ancien de Fernand Raynaud : « Moi, mon papa, il a un vélo. » Mais c'est la formulation « mes souliers » qui apporte surtout de l'intérêt au vers du chansonnier. Au lieu d'écrire normalement : « Moi, j'ai des souliers avec lesquels j'ai beaucoup voyagé. », l'hypallage, installée entre la personne et l'objet, caractérise la situation en privilégiant ces accessoires comme des objets intimes faisant corps avec elle et amorce l'illustration du marcheur mûri au cours du long voyage de la vie.


  • Cet extrait de Stendhal (Le Rouge et le Noir) cité par H. Morier (Dictionnaire de poétique et de rhétorique, 1975) est donné par lui comme une faute grossière:


« Une fois par terre, les tilburys vont vous passer sur le corps. »

Pourtant, dans le contexte, le sens est conservé malgré tout car il est difficile de se figurer d'entrée que ce sont les voitures qui sont jetées « par terre ». Le sujet est simplement rappelé par le « complément de nom » suivant. Il s'agit d'un style direct familier comme si l'auteur parlait au lecteur des difficultés de la circulation. C'est une sorte de mise en garde et le raccourci (une fois [que vous êtes] par terre, …) qui exprime la rapidité du danger ne laisse pas le temps à une interprétation différenciée. L'incohérence syntaxique est transcendée par une « logique intuitive ».

[modifier] Anantapodoton

« Les uns, dirait-on, ne songent jamais à la réponse silencieuse de leur lecteur. » (Valéry)

La suite syntaxiquement attendue de l'énoncé qui devrait venir en symétrie est sous-entendue : « mais les autres le font. » Cette ellipse d'une proposition qui n'est pas indispensable à la compréhension est naturellement rétablie par le raisonnement. On considère parfois ce procédé comme une variété d'anacoluthe.

[modifier] Cas particulier

« Et pleurés du vieillard, il grava sur leur marbre
Ce que je viens de raconter. » (Le vieillard et les trois jeunes hommes)

Voilà un distique singulier de La Fontaine que l'on prend habituellement comme un exemple d'anacoluthe. La logique syntaxique aurait en effet exigé que le sujet pronominal de la principale ne soit pas le complément d'agent nominatif de la subordonnée précédente. Pourtant, cette expression n'a jamais été vraiment taxée de solécisme. Il est vrai que le vieillard (sujet singulier) ne peut être confondu avec les trois jeunes hommes (complément pluriel), et le nom « vieillard » précède immédiatement le pronom « il » (latin « ille », celui-là !) qui le représente dans la proposition suivante et cela sauve l'essentiel. Le poète a tenté une expression audacieuse dont a priori le seul avantage est la concision, à la limite toutefois de l'obscurité. [3]

[modifier] notes

  1. les exemples ci-après sont donnés sans les caractériser car leurs définitions sont trop souvent contradictoires d'un ouvrage à l'autre. Ces articles pourront être refaits car le rôle d'une encyclopédie est d'abord de faire le point des différentes acceptions historiques, plutôt que d'entériner trop vite les récentes "marques déposées" imposées par certains auteurs.
  2. L'exemple a été présenté comme une phrase complète. Pascal a multiplié des notes éparses, non destinées à être publiées en l'état. Les éditeurs ont donc chacun livré les Pensées avec la ponctuation qu'ils jugeaient la plus adaptée. Ainsi, l'édition de la Pléiade (1976) présente le segment initial de la phrase comme un intitulé : « Le nez de Cléopâtre : » Reprendre cette ponctuation (probablement arbitraire) aurait interdit toute discussion.
  3. Certains y verront un clin d'œil du fabuliste, volontiers archaïsant, qui s'essaie à une sorte d'« ablatif absolu » inversé, à la française (le latin excluant justement le sujet et le complément de la subordonnante). On trouve d'ailleurs dans le vers un latinisme authentique (d'ailleurs répété au cours de la fable): « il grava » pour « il fit graver ».

[modifier] Cohérence psychologique remplaçant la cohérence syntaxique

« Ô ciel ! plus j'examine, et plus je le regarde,
C'est lui. D'horreur encor tous mes sens sont saisis. »

Cet exemple de Racine (Athalie) est complexe. D'abord, on y constate l'absence du complément du premier verbe qui casse la symétrie (exemple parfois donné comme un anantapodoton). En fait, il faut replacer le vers dans le contexte de la pièce. Dans la scène, Athalie est en train d'examiner attentivement les traits d'Eliacin, alias Joas, son petit-fils disparu. Le complément est sous-entendu car absorbée par son examen elle ne se donne pas le temps de terminer, et, prenant subitement du recul sur l'enfant : « et, plus je le regarde », elle peut le reconnaître : « c'est lui. » En termes cinématographiques, d'abord un « gros plan » rapide puis par un travelling-arrière un « plan américain », plus lent. Il s'agit d'un magnifique mouvement décrit par Racine : la cohérence psychologique a remplacé la cohérence syntaxique. Le vers a atteint l'expression parfaite.

[modifier] Enthymémisme

Pierre Fontanier a tenté de définir une nouvelle figure : l'enthymémisme. Le raisonnement du syllogisme (enthymème) y cède la place à la logique expresse d'un fort sentiment (amour, indignation, mépris, inquiétude, etc.) puis assortie d'une conclusion jaillissante (exclamation ou interrogation exclamative). Cette figure accompagne la plupart des exemples d'anacoluthe de cette catégorie. Mais il semble que sa définition, si elle est intéressante et détermine bien ce procédé, n'ait pas été reprise.

« Je t'aimais inconstant, qu'aurais-je fait fidèle ? »

Cet autre exemple du même auteur (in Andromaque) comporte une abruption de construction (asyndète) et le vers est construit sur une double ellipse, une sur chaque hémistiche.

« [Puisque] je t'aimais [quand tu étais] inconstant, [imagine combien] je t'aurais aimé [si tu avais été] fidèle ! »

Les deux procédés, assortis d'un enthymémisme, s'unissent pour créer un raccourci saisissant de la passion exaltée d'Hermione. Cependant, il n'y a pas offense à la syntaxe et le sens est conservé.

« Captive, toujours triste, importune à moi-même,
Pouvez-vous souhaitez qu'Andromaque vous aime ? »

Là encore : interrogation brusque du second vers. On trouve aussi une sorte d'anastrophe dans le premier vers mais avec une apposition qui se rattache au sujet d'une subordonnée très lointaine. Racine aurait pu inverser facilement les deux vers. Pourtant, il aurait manqué un trait psychologique. Une enallage accentue l'expression. Le pronom dans le premier segment est à la première personne et, dans le vers suivant, le sujet qui s'y rattache est à la troisième personne. Lors de son entretien avec Pyrrhus, Andromaque s'épanche d'abord, puis se voyant trop intimiste (« à moi-même ») devant le vainqueur qui la retient prisonnière, elle coupe court avec une interrogation « enthymémique » afin de reprendre son personnage officiel : Andromaque, princesse otage de guerre, veuve d'Hector, héros mort pour la patrie.

« Vous voulez que ce Dieu vous comble de bienfaits
Et ne l'aimer jamais ? » Racine, (Athalie)

Un mouvement d'indignation illustrée encore par un enthymémisme (où l'on note aussi un report expressif de l'adverbe « jamais » en fin de phrase). De ce fait, la rupture syntaxique passe bien. Ce procédé est surtout employé en poésie où la concision est souvent recherchée. D'ailleurs, on imagine volontiers que le poète ait préféré cette construction à : « Voulez-vous que ce Dieu vous comble de bienfaits/Et voulez-vous] ne jamais l'aimer ? ». Le mélange d'une conjonction et d'une infinitive est généralement proscrit, surtout en prose, à cause d'une dissymétrie souvent inélégante, quoiqu'il devienne fréquent sans vraiment offusquer dans la langue familière.

[modifier] Aposiopèse (enthymémique)

« La douceur de sa voix, son enfance, sa grâce,
Font insensiblement à mon inimitié
Succéder… Je serais sensible à la pitié ? » Racine (Athalie)

Cette fois, il s'agit comme d'un monologue intérieur et la ponctuation indique clairement que le propos n'est pas continué (aposiopèse) à cause d'un sentiment soudain qui envahit le personnage et que ce dernier va exprimer avec davantage d'émotion par un enthymémisme.

[modifier] Conclusion

L'anacoluthe est donc une figure, ou encore un ensemble de figures, qui prend des libertés avec la syntaxe pour sortir des constructions routinières. Comme les exemples ci-dessus le démontrent, on peut obtenir sans trahir la clarté une expression beaucoup plus stimulante. Ce procédé sera surtout l'apanage de la poésie ou d'un ouvrage à prétention poétique, qui s'arrogent classiquement des licences. Il y a aussi des limites à la compréhension comme au bon goût. Si l'on se réfère aux anciens ouvrages d'érudition rhétorique, la conception de l'anacoluthe a été, au cours du temps, loin de faire l'unanimité et d'avoir une « appellation contrôlée ». Certains exemples font référence à des termes de figure admis par les uns ou omis par les autres. On peut opter pour une seule anacoluthe à substance psychologique. Par ailleurs, la prépondérance des exemples de Racine illustrant la cohérence psychologique est compréhensible à l'égard d'un poète essentiellement dramatique qui a été fréquemment imité et qui a su traduire dans sa langue la plupart des tournures gréco-latines avec un rare degré de perfection.


[modifier] Bibliographie de référence

  • Henri Morier, Dictionnairede poétique et de rhétorique" PUF, 1975
  • Pierre Fontanier, "Les figures du discours", Flammarion, 1977.
  • Georges Molinié, "Dictionnaire de rhétorique, LGF, 1992.
  • Michèle Aquien, "Dictionnaire de poétique, LGF, 1993.


[modifier] Culture populaire

« Anacoluthe » est un des jurons favoris du capitaine Haddock.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes