Adolf Bastian

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Adolf Bastian (26 juin 1826, Brême2 février 1905, Port-d'Espagne) est un polymathe allemand du XIXe siècle plus connu pour sa contribution au développement et à la reconnaissance de l'ethnographie et de l'anthropologie comme disciplines scientifiques. Médecin, voyageur, écrivain prolifique, muséographe, Adolf Bastian est considéré en Allemagne comme le père de la Volkerkünde.

[modifier] Biographie

Bastian nait à Brême, dans la Confédération germanique, dans un milieu aisé de marchands. Son cursus universitaire peut être qualifié d'excentrique. Il étudie le droit à l'université d'Heidelberg et les sciences naturelles dans l'actuelle université Humboldt de Berlin, l'université de Jena et l'université de Würzburg. Il assiste dans cette dernière aux conférences de Rudolf Virchow. Il opte finalement pour la médecine et décroche son diplôme à Prague en 1850.

Bastian devient médecin dans la marine et commence un voyage de huit ans autour du monde : Australie, Pérou, Mexique, Californie ainsi que différentes régions d'Asie et d'Afrique. C'était le premier d'un quart de siècle de voyages passé hors d'Allemagne. Rentré en 1859, il écrit le récit de ses voyages dans un ambitieux livre en trois tomes Der Mensch in der Geschichte (L'Homme dans l'Histoire), qui devient une de ces plus célèbres œuvres.

En 1861, il entreprend un voyage de quatre ans en Asie du Sud-Est et y étudie en particulier le boudhisme. De ce voyage il tire la matière pour Die Völker des östlichen Asien (Les Peuples de l'Asie orientale) qu'il publie en six volumes dès 1866.

Les six années suivantes, il reste en Allemagne où il s'engage pour la création d'institutions ethnologiques à Berlin. En 1868, il devient conservateur. Sa collection d'artefacts ethnologiques devient l'une des plus grandes au monde dans les décennies suivantes. En 1869, Il collabore avec Rudolf Virchow pour organiser la Société berlinoise d'Anthropologie, d'Ethnologie et de Préhistoire (Berliner Gesellschaft für Anthropologie, Ethnologie und Ungerschichte) et coédite le journal de la société, le Zeitschrift für Ethnologie. À cette date, il est aussi à la tête de la Société royale géographique d'Allemagne.

Dans les années 1870, Bastian quitte l'Empire allemand et réalise des voyages considérables en Afrique et au Nouveau Monde.

En 1886, il fonde le Königliches Museum für VölkerKunde (musée royal d'ethnologie) qui devient alors un des plus grand musée ethnographique et lieu de formation à l'ethnologie au monde. Parmi ses collaborateurs qui travaillent avec lui dans ce musée il y a notamment le jeune Franz Boas qui fondera plus tard l'anthropologie culturelle américaine.

Il meurt à Port-d'Espagne, à Trinidad-et-Tobago durant un de ces voyages en 1905.

[modifier] Travaux

On reproche souvent à Bastian un style prolixe et confus, s'accompagnant de phrases interminables, de métaphores obscures et de notes en grec, latin ou polynésien, en particulier dans la deuxième partie de sa vie et dans ses écrits les plus théoriques. Ceux-ci révèlent une vision très originale pour son temps. Bien que son oeuvre anthropologique relève d'un certain évolutionnisme et bien qu'il fut formé aux sciences naturelles, Bastian fut toujours fondamentalement anti-darwiniste et même opposé à toutes idées de transformisme en biologie. Cependant, cette position n'est pas due à un attachement aux dogmes théologiques mais à un empirisme affirmé l'empêchant de croire ce qui ne pouvait être prouvé autrement que par l'observation directe ou l'expérimentation.

Bastian soutenait une "unité psychique de l'humanité". Les cultures humaines sont alors partout compréhensibles par des lois de développement universelles mais indépedantes produisant des Elementargedanken (idées élémentaires). Ce n'est que secondairement que des stimulis externes, contraintes écologiques à un premier niveau, puis processus de diffusion entre civilisation, viennent provoquer des "développements historiques et culturels particuliers" (Geschichte und eigentliche Kulturentwicklung) s'exprimant à travers les Volkergedanken (idées des Peuples).