Diffusionnisme

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Le diffusionnisme est, en anthropologie, une appréhension des cultures humaines par leur distribution dans l'espace, leur historicité et les dynamiques géographiques associées. Le diffusionnisme va s'institutionnaliser en tant que courant de pensée à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle notamment en Allemagne, en Angleterre et aux États-Unis. Première critique de l'évolutionnisme, le diffusionnisme est considéré comme la deuxième grande théorie anthropologique après celui-ci.

Sommaire

[modifier] Théorie

[modifier] Postulat

Le postulat de base du diffusionnisme en tant que courant de pensée est d'affirmer que l'Homme n'est pas créatif ; ce courant conçoit la rareté des processus d'invention. La culture se développe et se transforme donc par le biais d'emprunts culturels auprès des groupes humains avoisinants, de migrations de population, de processus d'imitation ou d'acculturation.

On peut ainsi reconstituer des cercles culturels (kulturkreis) autour de foyers de diffusion. Les diffusionnistes étudient donc les transmissions de traits culturels qui s'effectuent entre groupes humains, ce qui rompt avec les problématiques évolutionnistes. Il n'est en effet plus possible de se réclamer de la conception du progrès héritée de l'évolutionnisme d'alors qui voit dans les transformations culturelles et sociales des inventions parallèles et convergentes résultant d'une unique loi d'évolution des sociétés humaines.

Cependant, le diffusionnisme n'exclut pas forcément une conception évolutionniste de l'histoire. Il ne fait que remplacer le parallélisme et la loi des évolutions convergentes par une théorie des diffusions des traits culturels. Ainsi, si le diffusionnisme put servir de vecteur critique de toute évolutionnisme postulant une hiérarchie des sociétés (aux États-Unis notamment), il s'en accommoda ailleurs assez facilement.

[modifier] Méthode

Le diffusionnisme insiste donc sur la théorisation des contacts interculturels. Cela donna lieu à un grand nombre d'études comparatives et cartographiques, ayant le plus souvent pour but d'établir la séquence de filiation d'un fait culturel et de circonscrire le « foyer culturel » dans lequel aurait émergé l'élément en question. La constitution de cartes géographiques porteuses d'un savoir anthropologique va tenir une place importante dans les méthodes du diffusionnisme.

[modifier] Histoire et développement du diffusionnisme

[modifier] Origines

[modifier] Précurseurs

Edward Tylor
Edward Tylor

C'est chez des penseurs évolutionnistes que l'on voit apparaître, au milieu du XIXe siècle, les première idées diffusionnistes. En Allemagne, Adolf Bastian, bien que soutenant une unité psychique de l'humanité et des lois de développement universelles, propose les processus de diffusion (associés aux stimulis du milieu) comme l'un des facteurs secondaires expliquant l'évolution des sociétés. En Angleterre, Edward Tylor introduit largement le principe de diffusion dans ses ouvrages. Il applique tout d'abord ces idées à l'étude des techniques préhistoriques avant de les généraliser à une anthropologie générale et aux éléments non matériels de la culture (mythologie, théorie de la maladie,...).[1]

[modifier] L'Anthropogéographie

Icône de détail Article détaillé : Friedrich Ratzel.

[modifier] Principales écoles d'anthropologie diffusionnistes

Les idées diffusionnistes sont reprises par trois écoles :

  • l'école germano-autrichienne dite de Vienne, par Fritz Graebner
  • l'école américaine, notamment dans les premiers travaux de Franz Boas et d'Alfred Louis Kroeber
  • l'école britannique et l'hyper-diffusionnisme, principalement par Grafton Elliot Smith et William James Perry

[modifier] Critiques

Le diffusionnisme sera l'objet d'importantes critiques, d'une part parce qu'il ne peut rendre compte de l'émergence de phénomènes culturels semblables chez des populations n'ayant jamais pu être l'objet d'un contact (par exemple, appartenant à des époques fort éloignées), mais plus encore, parce qu'il négligeait le contexte et la signification des éléments culturels qui auraient été l'objet d'une diffusion, s'en tenant exclusivement à la similitude de leur forme. Il est également reproché aux diffusionnistes leur dogmatisme, leur réductionnisme géographique et leur schématisation excessive de faits sociaux.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Notes et références

  1. Robert Löwie, The history of ethnological theory, 1937