Abraham Bosse

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Gravure de la série des Métiers (1635) : le valet.
Gravure de la série des Métiers (1635) : le valet.

Abraham Bosse, né à Tours en 1604 et mort à Paris en 1676, membre de l'Académie royale de peinture et de sculpture, fut l'un des meilleurs graveurs français du XVIIe siècle. Théoricien de la gravure, prosélyte des méthodes projectives de Girard Desargues, son œuvre est un emblème de l'art baroque français.

Sommaire

[modifier] Biographie

Abraham Bosse est le fils de Louis Bosse, tailleur d'origine allemande ayant immigré à Tours, et de Marie Martinet. Il fait son apprentissage auprès du graveur Melchior Tavernier, sans doute à partir de 1620. Ses premières gravures d'interprétation, d'après les Jardinières du lorrain Jacques Bellange, datent de 1622. En 1629, il rencontre l'aquafortiste Jacques Callot, de passage à Paris, dont il devient le collaborateur et l'ami, et subit sans aucun doute son influence (emploi du vernis dur, plus exigeant techniquement, mais permettant des tracés plus nets). Il épouse Catherine Sarrabat à Tours en 1632.

[modifier] La rencontre avec Desargues

L'architecte Girard Desargues avait ouvert à Paris un cours privé pour enseigner aux artisans (tailleurs de pierre, charpentiers, graveurs, fabricants d'instruments) les applications de sa technique de perspective linéaire, qui introduit implicitement (par le fait que les fuyantes parallèles concourent à l'infini) et pour la première fois l'idée d'un point à l'infini. Bosse fréquente cette institution à partir de 1641, et devient dès lors le propagandiste le plus actif et le plus influent de l'architecte lyonnais. Non content d'utiliser la perspective arguésienne dans ses gravures, il publie une série complète de traités sur cette technique et ses applications multiformes : La manière universelle de M. des Argues Lyonnois pour poser l'essieu & placer les heures & autres choses aux cadrans au Soleil, La pratique du trait à preuve de M. des Argues Lyonnois pour la coupe des pierres en Architecture (1643), Manière universelle de M. des Argues pour pratiquer la perspective par petit-pied comme le géométral (1648), Moyen universel de pratiquer la perspective sur les tableaux ou surfaces irrégulières. (1653). Parmi les superbes planches qui illustrent ces traités, celle intitulée Les Perspecteurs est à ce point suggestive de la démarche géométrique qu'elle est aujourd'hui une illustration « classique » des éditions de Descartes, ou des livres de géométrie.

Le bal, tiré de la série Le Mariage à la ville (1633)
Le bal, tiré de la série Le Mariage à la ville (1633)

[modifier] La lutte académique

Desargues avait dû lutter durement pour faire admettre ses méthodes auprès des corporations et des architectes, et Bosse, en le relayant sur le champ du dessin et de la peinture, va lui-même devenir cible d'une polémique. Lorsqu'en 1648 Mazarin fonde une Académie royale de peinture et de sculpture, le théoricien Abraham Bosse y a tout naturellement sa place. Mais à partir de 1651, une opposition de méthode sur la finalité de la perspective avec Charles Le Brun et ses séides l'entraîne dans une polémique acerbe, qui aboutit finalement à son exclusion de l'institution royale en 1661. Bosse fonde alors une école privée pour y poursuivre l'enseignement des méthodes arguésiennes.

Le Brun et Huret défendaient l'idée d'un « beau idéal » qui ne peut être l'œuvre que du « génie » propre et de l'imagination de l'artiste ; idée à laquelle Bosse, plus naturaliste et plus technicien, n'adhèrait pas.

[modifier] Le graveur scientifique

Pendant la première partie de sa carrière, Bosse traitait surtout de scènes de genre, voire de thèmes religieux à l'occasion. Fils de tailleur, il était aussi passionné par les costumes, et l'on peut regarder sa production graphique à cette époque comme une forme de « réclame » avant l'heure pour la production familiale.

Le travail qu'il avait effectué auprès de Desargues l'avait toutefois fait connaître d'un nombre croissant d'auteurs et, après la mort de Desargues, sa production graphique concerne essentiellement l'illustration d'ouvrages scientifiques. Il poursuivit aussi son travail didactique sur les arts graphiques et la perspective.

[modifier] Œuvres

  • Le jardin de la Noblesse françoise (1629)
  • Les Cris de Paris (ca. 1630)
  • Les gardes françoises (1632)
  • Le mariage à la ville, le mariage à la campagne (1633)
  • Les métiers (1635?)
  • Série de planches pour L'Ariane (1639)
  • La manière universelle de M. des Argues Lyonnois pour poser l'essieu & placer les heures & autres choses aux cadrans au Soleil (1643)
  • La pratique du trait à preuve de M. des Argues Lyonnois pour la coupe des pierres en Architecture pratiquer la perspective (1643)
  • Traité des manières de graver en taille douce sur l'airin par le moyen des eaux-fortes... (1645)
  • Manière universelle de M. des Argues pour pratiquer la perspective par petit-pied comme le géométral... (1648)
  • Moyen universel de pratiquer la perspective sur les tableaux ou surfaces irrégulières... (1653)
  • Le très célèbre frontispice du Léviathan de Thomas Hobbes (1651) est l'œuvre d'Abraham Bosse
  • Série de planches pour La Pucelle ou la France délivrée (1656)
  • Des ordres des colonnes (1664)
  • Traité des pratiques géométrales et de perspective (1665)

[modifier] Références

  • S. Join-Lambert, J.-P. Manceau, Abraham Bosse, graveur et sçavant (1995), CRDP de la région Centre, (ISBN 2-903-769-15-X)
  • S. Join-Lambert, M. Préaud et al., Abraham Bosse, savant graveur (2004), BNF-Musée des Beaux-arts de Tours, diffusion éd. du Seuil. (ISBN 2-7177-2283-1)
  • Dhombres, Sakharovitch et al., Desargues en son temps (1994), libr. Albert Blanchard, Paris
  • J. Lieure, L'école française de gravure. XVIIe siècle, La Renaissance du Livre, Paris, ill., index, 201p.

[modifier] Liens externes