Abbaye d'Aurillac

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Abbaye d'Aurillac
Ville Aurillac
Pays France France
Région Auvergne Auvergne
Département Cantal
Culte Catholique romain
Type Abbatiale
Rattaché à Saint-Siège (dépendait directement du pape)
Début de la
construction
898
Fin des travaux 916
Style(s)
dominant(s)
Roman
Classé(e) Monument historique (1920)

L'abbaye Saint-Géraud d'Aurillac (en Auvergne, département actuel du Cantal) a été fondée en 885, par le comte Géraud d'Aurillac. L'abbaye fut un centre intellectuel de premier plan au Moyen Âge classique, tandis que la ville est une des premières sauvetés.

Sommaire

[modifier] Fondation

[modifier] Contexte : la France au début du Xe siècle

(en cours) ... la règle de saint Benoît n'est plus respecté à la lettre. Ecrite au VIe siècle, la règle bénédictine prévoyait que les moines soient dirigés par un abbé et qu'ils partagent leur temps entre la prière et le travail manuel. Au début du IXe siècle, Benoît d'Aniane tente de la diffuser dans tous les monastères de l'empire carolingien. Mais le travail manuel est délaissé au profit de la prière. Les laïcs nomment des abbés qui leur sont fidèles et contrôlent par là même les domaines fonciers des établissements réguliers.

[modifier] Une abbaye bénédictine indépendante du pouvoir séculier

Géraud considérait que son domaine qui s'étendait entre les Monts-d'Auvergne, le Rouergue, Périgueux et Tulle était allodial et il ne voulut jamais rendre hommage à personne pour ses terres, sauf celle de Talizat parce que, nous explique Odon de Cluny, sa situation dans la Planèze hors des Montagnes d'Auvergne ne lui permettait pas d'en défendre lui-même les habitants. Vainement son cousin Guillaume, duc d'Aquitaine et comte d'Auvergne, lui-proposa-t-il de se recommander à lui et de bénéficier de sa protection.

Dès qu'il eut donné tout son domaine à l'abbaye qu'il fondait (vers 865), Géraud se comporta comme s'il était lui-même le premier abbé et il fit hommage au pape: il déclara tenir de lui toutes les terres, châteaux et autres possessions, et, en signe de cela, il s'obligea à payer au Saint-Siège un cens annuel d'une maille d'or.

Géraud obtient aussi une charte de sauvegarde de Charles-le-Simple donnée à Bourges en 914.

Il obtint aussi que son domaine soit libre et exempt de toute juridiction épiscopale et qu'il ne relève que du pape, ainsi qu'un évêque, raison pour laquelle l'abbé d'Aurillac était lui-même mitré et crossé.

Cette franchise et cette immunité seront renouvelés par plusieurs papes et plusieurs rois.

[modifier] Construction de l'abbaye

C'est Géraud d'Aurillac qui, en 898, jette les fondements de la nouvelle abbaye, délimite l'enceinte de son enclos dans la pleine qui est en contrebas du château d'Aurillac et de l'ancienne église Saint-Clément où ses parents étaient enterrés, et qui, pendant dix-huit ans, fait bâtir la première église abbatiale consacrée en 916 sous le vocable de Saint-Pierre et Saint-Paul.

L'église sera reconstruite plus grande par le cinquième abbé, Géraud de Saint-Céré et consacrée en 972 par Étienne, évêque d'Auvergne, assisté des évêques de Périgueux et de Cahors.

[modifier] Une ville indépendante du pouvoir politique

Après la consécration de la première église abbatiale en 916, Géraud d'Aurillac affranchit les cent premiers serfs (nombre maximum que permettait le droit romain), et délimite un vaste territoire entre quatre croix qu'il donne à tous ceux qui voudront s'y établir. Ce franc alleu, qui est à l'origine de la ville d'Aurillac, est une des premières sauvetés connues.

Géraud avait voulu l'affranchissement gracieux de tous les serfs de son domaine. Par la suite on ne trouvera jamais aucune trace de servage dans cette région.

[modifier] Histoire de l'abbaye

Icône de détail Article détaillé : Liste des abbés d'Aurillac.
Icône de détail Article détaillé : Ordre clunisien.

[modifier] L'apogée (Xe - XIIIe siècles)

L'abbaye s'enrichit rapidement grâce aux immenses libéralités de Jean, le deuxième abbé qui était de la famille de Géraud, d'une comtesse Aldegarde, de plusieurs comtes de Toulouse et de Poitiers, et de nombreux autres seigneurs. Grâce aussi aux dons des fidèles et des Pèlerins puisqu'elle était un lieu de pèlerinage sur la route de Rome par les Alpes et par Le Puy, et aussi vers la Catalogne et vers Saint-Jacques-de-Compostelle; elle avait bâti le long de ces itinéraires un réseau de prieurés qui servaient de relais aux voyageurs comme l'hôpital Sainte-Marie-du-Mont, au col du Mont-Cébro en Cerdagne.

D'après une bulle de Nicolas IV datée de 1289, l'abbaye d'Aurillac possédait plus de cent prieurés, devenus par la suite autant de paroisses, puis de commune, situées dans dix-sept diocèses différents. Leurs domaines produisant à cette date plus de 80 000 livres de rente. Dans diocèse d'Agen, on trouve les prieurés de Montsempron, de Montalazat, de Lédat, d'Almayrac, de Saint-Front, etc.. Dans celui de diocèse de Toulouse le prieuré de Saint-Sulpice, le château de Soliniac, les églises de Cambiac, de Varennes, Saint-Pierre-et-Saint-Paul-de-Toulouse, etc...

[modifier] Aurillac, un centre majeur de culture

L'abbaye, qui posséda très tôt une bibliothèque et un scriptorum, constitua un foyer intellectuel et culturel important dès le Xe siècle : on sait par la correspondance de Gerbert avec son ancien écolâtre, qu'il procurait des manuscrits antiques à son ancienne abbaye. On le sait aussi par le témoignage de Jean de Saliburry, évêque de Charte qui mourut en 1181 lorsqu'il parle des moines de Luxeuil: "Ils sont les maîtres, non seulement des hommes éloquents, mais de l'éloquence même, car, (ils sont) égaux en plusieurs points aux moines d'Aurillac qui ont acquis une grande habileté et une longue pratique d'un grand nombre de sciences." On trouve aussi dans l'Histoire littéraire de la France, volume VI, p. 23, que "Aurillac, monastère qui avait été fondé à la fin du siècle précédent par saint Géraud, fut le principal berceau du renouvellement des lettres qui se fit au Xe siècle."

[modifier] Hôtes illustres

Ont séjourné à Aurillac :

[modifier] Déclin et destruction des bâtiments

À partir du XVIe siècle, l'abbaye d'Aurillac entre dans un processus de sécularisation: à partir d'une bulle du pape Pie IV datée du 13 mai 1561, sous l'abbatiat de Martin de Beaune, chancelier de la reine Catherine de Médicis qui l'avait nommé contre l'avis des moines. Son frère, qui était un usurier devenu ministre des finances, sera destitué et condamné à mort pour concussion. Les abbés commendataires, cessent d'être élus par le chapitre et de résider dans l'abbaye.

Peu après, sous l'abbatiat du cardinal Aloïsius Pisani, noble vénitien qui ne vint que pour son investiture, la ville d'Aurillac est attaquée et prise le mardi 6 szptembre 1569 par une bande calviniste qui instaure un véritable régime de terreur. Église, couvent, palais abbatial, sculptures, tombes, tout fut impitoyablement détruit et incendié. Tous les métaux précieux sont fondus et emportés vers la Genève, tous les livres, manuscrits, archives de l'abbaye sont entassés sur la place et brûlés. Au nom des princes de Navarre et de Condé, toutes les propriétés de l'abbaye: terres, bâtiments, droits, meubles, sont vendus à l'encan pendant plusieurs jours au cours d'enchère publiques où l'on voit des acheteurs étrangers venir de partout. Pendant quatorze mois, les habitants de la ville sont rançonnés, torturés, voir assassinés, pour leur extorquer leur argent.

Aujourd'hui, il ne reste pas grand chose de l'ancien monastère: quelques pans de l'église Saint-Pierre et Saint Paul incorporés dans l'église Saint-Géraud, la façade romane de l'ancien hôpital, quelques tours carrées qui participaient à son système de défense pour signaler par des feux l'arrivée d'ennemis.

[modifier] Héraldique

Ses armes sont un écu « Mi parti d'or à l'engrêlure de sinople en chef, et de sinople à l'engrêlure d'or tout autour. ». Support: une mitre et une crosse marquant la souveraineté spirituelle des abbayes chef d'ordre. Cri: « Orlhac, Orlhac, per Guiral et per l'abbat ! »

La bannière à ses armes est devenue l'emblême de l'Auvergne.

[modifier] Photographies

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes

[modifier] Sources

[modifier] Bibliographie

[modifier] Articles connexes

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[modifier] Liens externes