141 P SNCF

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Les Mikado de la série 141 P sont des locomotives à vapeur unifiées de la SNCF mises en service entre le 25 janvier 1942 et le 21 mars 1952. L'ensemble de la série représente 318 locomotives. Cette série fut commandée en trois marchés en date du 25 Janvier 1941 pour les 141 P 1 à 118, du 3 octobre 1945 pour les 141 P 119 à 288 et du 19 novembre 1946 pour les 141 P 289 à 318. Ces commandes furent passées aux entreprises suivantes :

Sommaire

[modifier] Origines

A la création de la SNCF en 1938, le service Exploitation souhaitait une locomotive à vapeur puissante et apte à tous les services (quête déjà ancienne de la locomotive universelle) pouvant assurer la transition jusqu'à l'apparition des types nouveaux : en l'occurrence les 142, projet qui finalement n'aura pas de suite compte tenu d'un changement de politique de la SNCF. Il était nécessaire d'avoir:

  • 4 essieux moteurs pour la transmission de l'effort de traction,
  • un moteur compound pour l'économie,
  • une chaudière produisant plus de vapeur que nécessaire.

Le type 141 fut retenu.

Dans l'urgence, la division des études des locomotives (DEL) du service Matériel & Traction ne pouvait concevoir une locomotive entièrement nouvelle. La DEL reprit un modèle de 141 déjà existant, considéré comme fiable, et l'améliora fortement. La locomotive de base choisie fut la 141 C de la Compagnie du chemin de fer Paris-Lyon-Méditerranée datant de 1914 et construite à plus de 600 exemplaires, de préférence à la 141 de la Compagnie des chemins de fer de l'État n'existant qu'à 150 exemplaires et à moteur simple expansion. Ces améliorations furent apportées, en partie, par l'ingénieur André Chapelon. Les améliorations portèrent surtout sur un renforcement du châssis, une nouvelle chaudière et le mécanisme. Elles visaient également le moteur, dont les sections de passage et la course des tiroirs furent considérablement majorées.

[modifier] Service

Les locomotives 141 P ont assuré un bon service en tête de tous types de trains (marchandises, messageries, express, ...) à l'exception des trains rapides à marche accélérée et ce, en raison de leur vitesse limitée à 105 km/h. Cette vitesse officielle ne semblait pas correspondre aux réelles capacités de la machine, l'une d'elles ayant roulé à 125 km/h sans difficultés. On estime que leur moteur aurait pu fonctionner jusqu'à 150 km/h ( précision apportée par M.Lucien Maurice Vilain.)

La série fut présente sur 3 régions de la SNCF à savoir l'Est, l'Ouest et le Sud-Est. La première région d'affectation fut le Sud-Est au printemps 1942 et ce fut sur l'Est que la série s'éteignit le 25 février 1969.

Leurs dépôts furent pour :

Le retrait du service a débuté très tôt pour certaines machines. En effet, en 1955, après l'arrivée massive de 141 R, la région Sud-Est mit en réparation différée un lot de 17 machines et envoya le reste de l'effectif aux régions Est et Ouest. Sur l'Ouest la série apparut au printemps 1943 et disparut à la date du 1er octobre 1968 pour cause d'électrification et surtout de diesélisation lourde des lignes. Sur l'Est la série apparut 1943 et disparut en 1969.

[modifier] Description

Le châssis passa ainsi d'une masse de 7,1 tonnes à une masse de 11,2 tonnes, la chaudière fut la reprise de celle des Pacific 5-231 H mais munie d'un stoker de type « HT 1 ». Le foyer était du type « Crampton ». Les 50 premières unités furent équipées d'un échappement double variable de type « Petticoat » qui fut remplacé par un fixe de type « Kylchap » sur les unités suivantes. Le moteur compound eut ses cylindres HP placés à l'extérieur et les BP à l'intérieur, contrairement à la machine du PLM et aux 241 P dans lesquelles les cylindres HP étaient placés à l'intérieur et les cylindres BP à l'extérieur du châssis. Le bogie-bissel avait un déplacement latéral de + ou - 52 mm et était du type « Zara » et le bissel arrière était du type « PLM ».

Par rapport à la machine initiale, il y avait donc sur les 141 P inversion de la position des cylindres : HP extérieurs et BP intérieurs, avec en plus des tiroirs de type « Willoteaux » aux cylindres BP. En outre André Chapelon avait simplifié la distribution à marches liées puisque les tiroirs intérieur (BP) étaient actionnés par un simple renvoi, contrairement à la distribution de type « Von Borries » de la locomotive PLM, qui avait des leviers d'avance intérieurs. En raison de l'excellence du moteur, et notamment des grandes ouvertures même aux petits crans, les 141 P pouvaient être menées à grande vitesse avec le régulateur complètement ouvert et des marches très relevées (moins de 10 pour cent!). Enfin, les 141 P possédaient un appareil de démarrage complet (èchappement direct HP et régulateur BP) alors que les machines PLM n'avaient qu'une vanne permettant de "gonfler" le réservoir intermédiaire. Au total, les 141 P avaient probablement, à l'exception de la 242 A 1, le meilleur moteur compound à distribution par tiroirs qui ait jamais été installé sur une locomotive.

[modifier] Tenders

C'était une locomotive à tender séparé. Celui-ci toujours à bogies pouvait être de trois types différents :

  • type 34 P contenant 34 m³ d'eau et 12 tonnes de charbon,
  • type 36 P contenant 36 m³ d'eau et 9 tonnes de charbon,
  • type 36 Q contenant 36 m³ d'eau et 9 tonnes de charbon.

Cependant l'immense majorité fut attelée aux 34 P.

[modifier] Caractéristiques

  • Pression de la chaudière : 20 kg/cm²
  • Diamètre des cylindres HP : 410 mm
  • Diamètre des cylindres BP : 640 mm
  • Diamètre des roues motrices : 1650 mm
  • Diamètre des roues du bogie-bissel : 1010 mm
  • Diamètre des roues du bissel : 1370 mm
  • Masse en ordre de marche : 112 t
  • Masse adhérente : 76 t
  • Longueur hors-tout : 13,775 m
  • Masse du tender en ordre de marche : 83 t
  • Masse totale : 195 t
  • Longueur totale : 23,73 m
  • Vitesse maxi en service : 105 km/h
  • Effort de traction maximum théorique : FFFFF daN
  • Puissance maximum possible au crochet du tender : PPPP kW à VVV km/h (soit PPPP Ch)

[modifier] Commentaires

Les performances des 141 P étaient comparables ( bien que selon l'avis des anciens tractionnaires de la région Est et de la région Ouest, et notamment de M.Jean Gillot, qui fut chef du dépôt à Châlons sur Marne, qui la trouvaient à tous égards largement supérieure à la locomotive américaine ) à celles des 141 R avec l'avantage d'une économie dans la consommation de l'ordre de 30 à 34 % pour le charbon et de l'ordre de 35 à 43 % pour l'eau. Par contre, les frais d'entretien et d'exploitation étaient plus élevés à cause de la plus grande complexité et fragilité du mécanisme de compoundage et parce qu'elles n'étaient pas utilisées en régime de banalité.

Aucune de ces locomotives n'a été préservées puisque la dernière 141 P qui subsistait encore, la 141 P 82, fut démolie en mars 1975 au dépôt de Mézidon, et que seul son bogie-bissel a été conservé pour la Cité du train de Mulhouse. Selon des personnes bien intentionnées, sans doute, ce fut la pièce qui fut jugée la plus représentative des 141 P. La non-préservation d'un exemplaire de cette excellente machine est un crèvecoeur pour tous les amateurs de vapeur à la française!

D'après l'encyclopédie « Quillet », la puissance était de 3.000 CV et l'effort théorique au crochet à 100% d'admission de 22,4t. M.Vilain, précité, rapporte que la 141 P 75 a pu développer en régime continu 3.330 CV au crochet du tender, à la vitesse de 80km/h. En fin de compte, la 141 P se révéla deux fois plus puissante que la 141 C, son aïeule.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Article connexe