Édouard Drumont

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Édouard Drumont, 1844-1917
Édouard Drumont, 1844-1917

Édouard Drumont, né à Paris le 3 mai 1844 et décédé dans la même ville le 3 février 1917, était un journaliste et écrivain catholique, antisémite et nationaliste français. Charles Maurras, dans son Dictionnaire politique et critique, dit que « la formule nationaliste est ainsi née presque toute entière de lui ; et Daudet, Barrès, nous tous, avons commencé notre ouvrage dans sa lumière. » Plus loin, Charles Maurras ajoute : « Chroniqueur merveilleux, historien voyant et prophète, cet esprit original et libre s'échappait aussi à lui-même. Il ne vit point tout son succès. » Édouard Drumont a été classé par certains comme anarchiste de droite[1], bien que son attitude vis-à-vis de l'anarchisme ait été ambivalente[2].

Sommaire

[modifier] Biographie

Né en 1844 d’une famille paysanne originaire des Flandres, Drumont doit, très jeune, subvenir aux besoins des siens car son père est gravement malade. Ce dernier est expéditionnaire à l’Hôtel de ville de Paris :

« Moins qu’un autre, le père de Drumont n’était homme à souffrir qu’on mît une chemise de force à l’esprit humain : c’était un de ces rêveurs sages et circonspects, moins têtus, comme on en voit dans nos vieux pays du Nord, avec leurs yeux bleus tranquilles enfantins, et leurs colossales épaules. D’ailleurs ancien élève de l’École des chartes, ami des livres et fort érudit[réf. nécessaire]. »

Drumont entre à dix-sept ans, dès la mort de son père, à l’Hôtel de ville où il travaille six mois. Le rêve de Drumont est de devenir homme de lettres. Il se lance dans le journalisme et entre au Moniteur du bâtiment puis collabore au Diable à quatre un journal d'Hippolyte de Villemessant (journaliste qui ressuscita, en avril 1854, Le Figaro). Il travaille parallèlement à L’inflexible, où il dévoile les secrets de Villemessant qui le congédie. Il publie des articles dans divers journaux comme La Liberté (il y est polyvalent puisqu’il s’occupe à la fois de reportage, des chroniques littéraires, des études d’art et même la dernière heure au Corps législatif. Drumont reste chroniqueur d’art à La Liberté de 1874 à 1886) où il a pu être engagé grâce à un article qu’il avait écrit sur Émile de Girardin directeur de ce journal.

En 1898
En 1898
En 1898
En 1898

Au sein de La Liberté, il n'expose pas ses idées politiques. Il révéle ses talents d'historien dans la Revue de la Révolution. Il écrit dans Le Bien Public mais aussi dans L'Univers, Le Nain jaune, La Presse théâtrale, la Chronique Illustrée, Le Contemporain, La Revue de France, Le Gaulois, Le Petit Journal (critique d'art), etc. Édouard Drumont compose les oraisons funèbres d'Émile Pereire - qu'il compare à Napoléon – et de son frère Isaac. Il se fait d'abord connaître par la publication de plusieurs ouvrages non politiques. Si sa première oeuvre littéraire est une pièce de théâtre en un acte, co-signée avec Aimé Dollfus, Je déjeune à midi (1875)[3], son premier livre publié est Mon Vieux Paris, paru en 1878. L'ouvrage est un parcours commenté de la capitale, émaillé de réflexions empreintes de nostalgie et de regret. Suivent Les Fêtes nationales à Paris (1878) et Le Dernier des Trémolin (1879).

En 1880, Drumont rédige l’introduction d’un ouvrage inédit intitulé La mort de Louis XIV. Cet ouvrage est conçu par les frères Anthoine (garçons de la chambre de Louis XIV). L’introduction que rédige Drumont prouve, selon ses détracteurs, qu'il est un ferme partisan du monarchisme : "Louis XIV mourant, comme Louis XIV vivant, représente le XVIIe siècle dans sa manifestation la plus admirable et la plus élevée." [réf. nécessaire]

Drumont est converti par le Père jésuite du Lac, qui l'a engagé à écrire La France juive et lui a fourni des fonds pour créer la Libre Parole.

En 1885, Drumont publie un opuscule de quarante-trois pages intitulé Le vol des diamants de la couronne au garde meuble. Appelé à la direction du Monde en 1886, il publie, en avril de la même année, La France juive, qui atteint vite la 150e édition, et vaut à son auteur, en même temps que la notoriété, une condamnation à une forte amende et deux duels. Drumont publie ensuite, La France Juive devant l'opinion (1886), La Fin d'un monde (1889), La Dernière Bataille (1890), Le Testament d'un antisémite (1891), Le Secret de Fourmies (1892). En 1890, Drumont fonde la Ligue Nationale Antisémitique de France.

Icône de détail Article détaillé : La Libre Parole.

Pour donner plus d'ampleur à sa campagne, il lance le 20 avril 1892 La Libre Parole, avec comme sous-titre : « La France aux Français ». Ce journal La libre parole révéle au grand jour le scandale de Panama. Dans ses colonnes, il qualifie le système politico-financier de « presque tout entier tenu par des mains juives ». Les articles, écrits à cette occasion, sont ensuite réunis en un volume : De l'or, de la boue, du sang, en 1896. Drumont lit L'État Juif manifeste du sionisme de Théodore Herzl en 1897.

En mai 1898, à la faveur des émeutes antisémites d'Alger, Drumont est élu député de cette ville. À la Chambre, il se proclama chef du parti anti-juif. Il s'oppose vivement à la révision du procès de Dreyfus (1897-1898); il réclame des poursuites contre Zola; il réclame l'abrogation du décret Crémieux (1899).

Battu aux élections générales du 27 avril 1902, il reprend son métier de journaliste et d'écrivain. Le 22 février 1915, il prend la direction du journal Le Peuple français. Il meurt en 1917.

[modifier] Son héritage

Georges Bernanos lui a consacré le livre La Grande peur des bien-pensants. Il appelle Édouard Drumont avec affection « mon vieux maître» ou le « vieux Drumont ».

Dans les années 1930, Henry Coston se réclama de Drumont en relançant La Libre parole.

[modifier] Les amis d'Édouard Drumont

Les amis d'Édouard Drumont, association française fondée en 1963 par Maurice Bardèche en collaboration avec Xavier Vallat, Jacques Ploncard d’Assac, Abel Manouvriez, Hubert Biucchi et Henry Coston (qui se présentaient comme disciples de Drumont). L'association regroupait des écrivains et des journalistes (issus des milieux nationalistes, de l'Action française ou de l'extrême droite), comme Emmanuel Beau de Loménie, Robert Coiplet, P.E. Cadelhoc, Pierre Dominique, Jean-André Faucher, Georges Gaudy, Philippe Roussel, Saint-Paulien. Le groupe comprenait environ une centaine d'adhérents.

Ce groupe avait pour but de perpétuer la mémoire et l'oeuvre d'Édouard Drumont.

Afin de rééditer ses ouvrages et, en particulier, ses analyses sur les Protocoles des sages de Sion, l'association fonda une « Société des amis d’Édouard Drumont » qui se chargea de ce travail éditorial. Elle devait décerner un prix annuel pour récompenser l'auteur de la meilleure publication sur Drumont et son oeuvre.

Le décès, durant les années 1990, de la plupart des membres actifs de l'association, laissa l'association en sommeil.

Le 20 avril 2005, l'association se reconstitue avec les mêmes objectifs que l'équipe précédente. Son siège est situé à Paris, à la Librairie La Licorne bleue[4]. En 2006, elle réagit à l'effacement de l'épitaphe « à l’auteur immortel de la France Juive » sur la pierre tombale de Drumont au cimetière du Père-Lachaise, qu'ils estiment être une profanation [5].

[modifier] Membres actuels

Le bureau de l'association[6] se compose de :

  • Président : Yves Bruno
  • Secrétaire : Olivier Mathieu [7]
  • Trésorier : Thierry Dreschmann

[modifier] Son tombeau

Tombeau d'Édouard Drumont au Père Lachaise à Paris
Tombeau d'Édouard Drumont au Père Lachaise à Paris

En mai 2006[8], la Ville de Paris a fait buriner l'épitaphe du tombeau d'Édouard Drumont au Cimetière du Père-Lachaise, considérée comme constituant « un trouble à l'ordre public ». On pouvait y lire : « Édouard Drumont homme de Lettres auteur de l'œuvre immortelle de La France juive ». D'autre part, sur une plaque fixée sur la maison où a habité Edouard Drumont était écrit Ici a vécu Edouard DRUMONT, l'immortel auteur de la France Juive, qui avait, dès 1886, prévu le mal dont la France a failli mourir. En reconnaissance et en réparation. (source : documentaire Le Chagrin et la pitié)

[modifier] Drumont vu par ses contemporains

Le style outrancier et les techniques d'écriture de Drumont n'ont pas manqué d'être abondamment caricaturés.

Georges Darien dans son roman les Pharisiens (1891) pastiche le style de Drumont pour créer le personnage transparent de l'Ogre, auteur de la Gaule sémitique. Extrait :

« L'Ogre était un drôle. C'était, au moral et au physique, le plus grandiose échantillon de crétinisme illuminé qu'il fût possible de rencontrer. On avait le droit de se figurer un masque aussi vil, une conscience aussi abjecte ; mais il était absolument interdit à l'imagination la plus ardente de rêver une telle âme habitant un tel corps. Pour peu qu'on eût le cœur assez solide pour contempler sa hideur et l'esprit assez ferme pour sonder sa bassesse, il devenait évident que l'Ogre était, entre tous, un prédestiné. »

[modifier] Bibliographie

[modifier] Notes et références

  1. François Richard, Les anarchistes de droite, Que sais-je ? Puf.
  2. Cf. La Fin d'un Monde.
  3. Koninklijke Bibliotheek van België : Belgische Bobliografie
  4. Association des Amis d'Édouard Drumont
  5. « Profanation légale de la pierre tombale d’Édouard Drumont », Communiqué de l’Association Les Amis d’Edouard Drumont, sur Altermedia.
  6. Association des Amis d'Édouard Drumont
  7. Il s'agirait d'un homonyme de l'écrivain Olivier Mathieu, qui a démenti pour sa part être membre de l'association. Cf : « Olivier Mathieu n'est pas, et ne veut pas être secrétaire de quelque association que ce soit »)
  8. « Profanation légale de la pierre tombale d'Édouard Drumont », Altermedia.info, 5 mai 2006.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes