École militaire (France)

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École militaire
École militaire

Construite sous Louis XV, l'École militaire est un grand ensemble de bâtiments abritant diverses structures d'enseignement militaire situé à Paris dans le VIIe arrondissement et fermant la perspective sud-est du Champ-de-Mars. Ange-Jacques Gabriel en fut l'architecte.

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Sommaire

[modifier] Histoire de l'École Militaire

En 1748, la guerre de Succession d'Autriche s'achève. Si la France est victorieuse, la guerre n'a pourtant pas été facile pour elle et les combats ont montré le manque de préparation des régiments royaux. C'est pourquoi le maréchal de Saxe, qui avait combattu aux côtés des armées françaises, propose au roi Louis XV de fonder une école royale militaire. Dans ses démarches, il obtient le soutien de Madame de Pompadour, maîtresse et conseillère du Roi, et du financier Joseph Paris Duverney, qui réussissent à convaincre le Roi de fonder une institution destinée à l'instruction de cinq cents jeunes gens nobles et nés sans bien.

Pour le Roi, il s'agit également de laisser un témoignage de la grandeur de son règne. Aussi charge-t-il son premier architecte, Ange-Jacques Gabriel, de dessiner les plans d'un édifice plus vaste et plus grandiose que l'Hôtel des Invalides, construit par Louis XIV. C'est la tâche à laquelle s'attache Gabriel, qui présente le 24 juin 1751 son Grand Projet. La surface prévue est immense, les façades magnifiques, et une foule de détails montrent que l'architecte a bien entendu les désirs du Roi. Ainsi, il est prévu de construire des rez-de-chaussées voûtés, de faire venir l'eau courante grâce à un système de puits et de canalisations et de bâtir au centre de l'édifice une immense église, bien plus vaste que celle des Invalides, et précédée d'une colonnade, comme à Saint-Pierre de Rome.

Dès le 13 septembre 1751, les travaux commencent par le creusement du grand puits. Mais, très vite, l'argent vient à manquer. Après les guerres de Louis XV, les caisses de l'État sont vides et l'on peine à réunir les fonds nécessaires. Les travaux avancent si lentement qu'en 1754 seuls ont été commencés les différents bâtiments de service. C'est pourquoi, pour ne pas compromettre l'ouverture de l'institution, il est décidé de n'accueillir dans un premier temps qu'un petit nombre d'élèves, en aménageant les bâtiments de service en dortoirs et salles de classe. C'est chose faite dès 1756 : l'institution ouvre ses portes à deux cent cadets.

Les travaux se poursuivent, mais la situation financière devient de plus en plus préoccupante. Madame de Pompadour et Joseph Paris Duverney ne peuvent pas financer eux-mêmes toute la construction. Finalement, en 1760, le Roi décide que l'institution sera répartie entre l'École Militaire et le Collège Royal de la Flèche, ce qui rend caduc le grand projet.

Gabriel se remet au travail, mais il lui faut désormais voir moins grand. Heureusement, on s'avise en 1766, après avoir débarrassé le Champ-de-Mars des matériaux qui l'encombrent, que la magnifique perspective qu'il offre mérite de s'achever sur une belle façade. Gabriel peut ainsi reprendre, sur une surface réduite, plusieurs éléments du Grand Projet et notamment la magnifique façade du bâtiment principal, que l'on peut toujours admirer aujourd'hui. Le 5 juillet 1768, le Roi vient poser la première pierre de la chapelle et en 1780, les travaux sont achevés.

L'institution fonctionne alors depuis plus de vingt ans et a déjà formé de nombreux cadets. Le plus célèbre d'entre eux est certainement Bonaparte. Entré à l'École Militaire en octobre 1784, il en sort en octobre 1785, peu après avoir reçu la Confirmation dans la chapelle de l'institution. Parmi les élèves, on compte aussi le futur diplomate Jean-François de Bourgoing, entré en 1760. Parmi les professeurs, on compte le géographe Edme Mentelle, ou l'académicien et militaire Louis-Félix Guynement de Kéralio.

Mais le Collège Royal Militaire voulu par Louis XV ne survit pas à la mort de son fondateur. Sept ans après son achèvement, le 9 octobre 1787, l'École Militaire est fermée et on y prévoit le transfert de l'Hôtel-Dieu. Finalement, le déménagement n'aura jamais lieu. Les bâtiments sont laissés à l'abandon puis pillés à la Révolution. L'édifice traverse des années mouvementées pendant lesquelles il sert de dépôt, puis de caserne, notamment pour la Garde impériale. Au fur et à mesure de ses différentes affectations, il est agrandi, pour acquérir l'aspect qu'on lui connaît actuellement.

C'est seulement à la fin du XIXe siècle que l'École Militaire est rendue à sa vocation première : l'enseignement. En 1878 est ouverte dans ses murs l'École supérieure de guerre. Puis, en 1911 s'installe le centre des hautes études militaires. Depuis cette date, elle n'a plus cessé de former des officiers.

Elle a accueilli le collège de défense de l'OTAN (ou NATO college ) de sa création en 1951 à 1966 (sortie de la France du commandement intégré de l'OTAN); celui-ci est maintenant à Rome.

[modifier] L'École Militaire aujourd'hui

L'École Militaire regroupe aujourd'hui l'ensemble des organismes de l'enseignement militaire supérieur : l'institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN), le centre des hautes études militaires (CHEM), le centre des hautes études de l'armement (CHEAr), le collège interarmées de défense (CID) et les centres d'enseignement supérieur des trois armées et de la gendarmerie, l'École supérieure des officiers de réserve spécialistes d'état-major (ESORSEM).

Le bâtiment abrite également plusieurs services de l'administration centrale du Ministère de la Défense, notamment la Délégation à l'information et à la communication de la défense (DICOD), ainsi que la première base de soutien au commandement, créée à partir d'éléments du premier régiment du Train dissous, chargée du soutien logistique de l'ensemble du site. Le reste du premier régiment du Train a formé la deuxième base de soutien au commandement au fort de Vincennes(94300)

Enfin, depuis 1924, c'est à l'École militaire que se trouve le logement de fonction du chef d'état-major des armées (CEMA) et ses salons de réception. Selon le Parisien du 15 janvier 2008, Nicolas Sarkozy songerait à déménager les services de la présidence du palais de l'Elysée à l'Ecole Militaire. Une idée déjà envisagée en leur temps par le général de Gaulle puis Valéry Giscard d'Estaing.

[modifier] Bibliographie

  • Robert Laulan, L’école militaire de Paris, le monument 1751-1788, Paris, A. et J. Picard, 1950.
  • Yoann Brault, Frédéric Jiméno, Daniel Rabreau (dir.), L’école militaire et l’axe Breteuil-Trocadéro, Action artistique de la ville de Paris, 2002, 296 p.

[modifier] Liens externes