Utilisateur:Zunkir/Période paléo-babylonienne

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Le Proche-Orient à l'époque paléo-babylonienne
Le Proche-Orient à l'époque paléo-babylonienne

La période paléo-babylonienne est une période de l'histoire de la Mésopotamie, qui va de 2004 à 1595 av. J.-C. selon la chronologie moyenne. Elle débute et s'achève par la chute de deux grands empires, respectivement la Troisième dynastie d'Ur et la Première dynastie de Babylone.

On trouvera parfois l'expression période amorrite, sans doute plus convenable, dans la mesure où cette période voit l'établissement de nombreuses dynasties royales amorrites dans tout le Proche-Orient, Babylone étant seulement l'une d'elle.

Du point de vue archéologique, cette période correspond à l'âge du bronze moyen.

Sommaire

[modifier] Histoire politique

[modifier] L'établissement des royaumes amorrites

[modifier] La chute d'Ur

Les tribus amorrites deviennent de plus en plus turbulentes durant la période de la IIIè Dynastie d'Ur, au XXIè siècle. Les raisons des mouvements de populations amorrites sont difficiles à évaluer. Sans doute est-ce lié à un phénomène de réchauffement climatique, qui affecte plus rapidement les semi-nomades vivant dans les steppes où la survie dépend de rares points d'eau qui se tarissent rapidement quand les conditions climatiques se durcissent. Les mentions d'amorrites dans les textes se font alors de plus en plus nombreuses, jusque dans le pays de Sumer et d'Akkad. Le roi Shulgi alla jusqu'à construire un mur pour se protéger face à ces incursions, mais ce fut inutile. En Syrie, les sites urbains perdent de leur importance, ce qui semble démontrer que le nomadisme prend de l'importance, et il faut voir un signe de l'établissement massif d'Amorrites dans cette région. C'est sans doute à ce moment que les dynasties amorrites commencent à s'installer en Syrie du Nord. Dans le Sud mésopotamien, la pression exercée par les Amorrites se fait de plus en plus forte à la fin du XXIè siècle. Le roi Ibbi-Sîn perd une grande partie de son territoire septentrional face aux tribus amorrites, alors que son pays est sujet à la disette (ce phénomène étant sans doute en partie lié à ces attaques). C'est à ce moment (vers 2017) que le gouverneur de la cité d'Isin, Ishbi-Erra, fait sécession alors qu'il a été chargé par Ibbi-Sîn d'approvisionner Ur en grain. Le royaume s'en retrouve encore plus affaibli. Le coup de grâce vient finalement d'un raid initié par Kindattu, le roi d'Élam, qui prend Ur et d'autres ville sumériennes vers 2004. Ibbi-Sîn est déporté en Élam, et avec lui s'achève le puissant royaume d'Ur III. Si ce sont les Élamites qui ont achevé ce royaume, il ne fait aucun doute que les Amorrites sont les principaux artisans de sa chute. Ce sont d'ailleurs eux qui en récoltent les fruits : alors que les Élamites repartent vite chez eux, des souverains amorrite sont à la tête de nombreux royaumes dans tout le Moyen Orient.

[modifier] La formation d'un nouveau contexte politique

Sur les ruines du royaume d'Ur s'élèvent tout un ensemble de royaumes dirigés par des dynasties amorrites. Dans le pays de Sumer, Ishbi-Erra a réussi à garder le pouvoir à Isin, et domine encore la région après avoir chassé les Élamites d'Ur. Mais des rois amorrites sont déjà installés dans la cité de Larsa depuis la fin du règne d'Ibbi-Sîn. Les archives du royaume d'Eshnunna mentionnent la présence de tribus amorrites puissantes dans la région de la Diyala. Dans le pays d'Akkad, les royaumes amorrites se fondent plus tardivement, pendant la période de luttes entre Isin et Larsa, dans les cités de Kish, Sippar et Babylone. En Syrie, c'est sans doute dans cette même période que sont fondées les dynasties amorrites dans les royaumes de Mari, d'Alep et de Qatna, ainsi que toutes les principautés de la région du Khabur, du Balikh et de tout le Moyen Euphrate.

[modifier] La période Isin-Larsa

[modifier] La domination d'Isin

Ishbi-Erra a donc réussi a maintenir son pouvoir à Isin après la chute d'Ur. Il reprend cette ville après huit ans de domination élamite. A ce moment-là, il a déjà étendu son pouvoir plus vers le nord, comme à Eshnunna où il installe un nouveau gouverneur qui ne tarde cependant pas à s'émanciper. Au sud, le royaume de Larsa reste indépendant. Ishbi-Erra meurt vers 1985, et est remplacé par Shu-ilishu (1984-1975), qui restaure Ur au cours de son règne, en faisant notamment revenir la statue du dieu Nanna/Sîn emportée en Élam en 2004. Le règne suivant, celui de Iddin-Dagan (1974-1954) est très peu documenté, alors que celui de son successeur Ishme-Dagan (1953-1935) a laissé un grand nombre de sources, dont de nombreux textes littéraires. On sait qu'il a procédé à des constructions ou des reconstructions dans les principales cités sumériennes. C'est alors l'apogée d'Isin : sous le règne suivant, celui de Lipit-Ishtar (1934-1924), connu pour avoir laissé un code de lois, que Larsa commence à devenir une menace sérieuse et à prendre le dessus.

[modifier] L'ascension de Larsa

D'après la Liste royale sumérienne, produit de l'historiographie du royaume de Larsa, cette cité est le siège d'une dynastie amorrite indépendante dès 2025, quand un certain Naplânum, inconnu par ailleurs, prend cette ville au souverain d'Ur. Pour être renseigné de manière certaine sur le royaume de Larsa, on doit cependant attendre les règnes de Samium (1976-1942), qui s'empare de la ville de Lagash, et de Zabaya (1941-1933). A la mort de ce dernier, le trône revient à son frère Gungunnum (1932-1906), qui est l'artisan de la puissance de Larsa. Il s'empare dans un premier temps d'Ur, puis ensuite de Kisurra et d'Uruk, le tout aux dépens d'Isin. Il défait ensuite l'autre grande puissance régionale, l'Élam, en s'emparant momentanément de Suse, et précipite ainsi la chute de la dynastie élamite de Simashki, et ce pays n'est dès lors plus une grande menace pour la Mésopotamie pour plus d'un siècle. A sa mort, Larsa est devenu le royaume le plus puissant du Sud mésopotamien. Isin ne s'avoue cependant pas vaincue, et une nouvelle confrontation entre les deux royaumes sous les souverains suivants, et se solde par la victoire du roi Abî-Sîn de Larsa (1905-1895), et la mort d'Ur-Ninurta d'Isin (1923-1896) au combat. L'affrontement suivant, voit en revanche Bur-Sîn (1894-1874) prendre la revanche pour Isin face à Sûmû-El (1894-1866). Mais cela n'empêche pas ce dernier de prendre de nouvelles cités plus au nord : Kish, Kazallu, et même brièvement Kazallu et surtout Nippur. Il eut aussi une grande activité au niveau des aménagements fluviaux, puisqu'il fit détourner un bras de l'Euphrate coulant en direction du territoire d'Isin au profit de son propre royaume, ce qui eut des conséquences économiques énormes. Son règne semble cependant s'être achevé par une catastrophe dont la nature est inconnue.

[modifier] Fragmentation politique du Sud mésopotamien

A cette même période, la future Babylonie du nord est divisée entre plusieurs petits royaumes amorrites : Kish, qui tombe entre les mains de Larsa sous le règne de Sûmû-El, Sippar, Marad, qui connaît à un moment une grande expansion, Dilbat, Damrum, et Babylone, où une dynastie est fondée par Sûmû-la-El (1880-1845). Encore plus au nord, dans la vallée de la Diyala, le royaume d'Eshnunna s'empare de toutes les principautés voisines à partir du règne d'Ipiq-Adad (c. 1850), et devient une grande puissance politique. Dans le pays de Sumer dominé par Isin et Larsa, une nouvelle dynastie est fondée à Uruk par Sin-kashid vers 1860, qui a une grande activité de bâtisseur dans sa capitale. Il s'allie à Babylone en épousant la fille de Sûmû-la-El.

La situation d'Isin continue à empirer après les défaites infligées par Sûmû-El : une histoire raconte que le roi vaincu, Erra-imitti (1868-1861), ayant appris par des présages sa mort future, se fit remplacer momentanément par un "substitut royal", le jardinier Enlil-bâni, sur lequel la malédiction était sensé s'abattre ; mais le sort avait décidé sa mort, et donc Enlil-bâni (1860-1837) devint roi légitime. Après ce règne, Isin périclita sans cesse, alors que Larsa devenait la puissance dominante de la région. Dans cette cité, Nûr-Adad (1865-1850) a une activité de bâtisseur importante, mais son seul haut fait militaire est la prise de Mashkan-shapir au nord de son royaume, et il doit mater une révolte dans son territoire. Sîn-iddinam (1849-1843) eut un règne court mais prolifique : il vainquit Sûmû-la-El de Babylone, puis Eshnunna, les deux puissances montantes situées au nord de son royaume. Après lui, Sîn-iqisham (1840-1836) défit une coalition formée par Isin, Uruk, Kazallu et l'Élam.

La puissance de Babylone s'affirmait alors au même moment : après la défaite de Sûmû-la-El face à Larsa, son fils Sabium (1844-1831) s'empare des royaumes voisins : Sippar, Kish, Damrum, Dilbat et Marad. Il semble même qu'il défit une armée de Larsa. Dans cette cité, une nouvelle dynastie s'installe vers 1834, avec un personnage au nom élamite, Kudur-mabun, qui ne devient cependant pas roi de Larsa, contrairement à ses deux fils, Warad-Sîn (1834-1823) et Rîm-Sîn (1822-1763). Il semble que ce changement dynastique se soit fait successivement à une révolte de Mashkan-shapir, puis son alliance avec Kalazzu qui aboutit à une offensive au cœur du royaume de Larsa. Kabur-mabuk rétablit la situation, alors que Warad-Sîn étend son autorité sur la cité sainte de Nippur, et défait le royaume de Malgium. Rîm-Sîn eut un règne très long, de presque soixante ans, dont la première moitié fut marquée par de grands succès militaires. En 1802, il s'empare du royaume voisin d'Uruk, et met définitivement la mais sur la ville de Nippur qui était retournée dans l'orbite d'Isin. Ce premier grand succès ne le met pas à l'abri de l'expansion babylonienne : Sîn-muballit (1812-1793) lance plusieurs offensives vers le sud de son royaume, et s'empare momentanément de Nippur et même d'Isin vers 1797-1796. Rîm-Sîn ne met pas longtemps à contre-attaquer : ses troupes reprennent Nippur, puis il annexe Isin et les restes de son royaume en 1794. C'est l'évènement majeur de son règne, mais aussi sa dernière grande victoire. Sans doute épuisé par les guerres successives qu'il entreprend, le royaume de Larsa cesse son expansion, alors qu'à Babylone monte sur le trône le plus grand souverain de la période : Hammurabi (1792-1750).

[modifier] La situation en Haute-Mésopotamie et en Syrie

Les évènements dans les régions septentrionales de la Mésopotamie et de la Syrie sont mal connus, faute de sources pour cette période. Les grands royaumes de la région sont le Yamkhad, centré autour de sa capitale Alep, Qatna, son rival au sud, Mari sur le Moyen Euphrate, d'où proviennent les principales sources pour cette époque, Karkemish à la bordure de l'Anatolie, Ekallâtum sur le Haut Tigre (le site n'a pas été localisé), et aussi la cité d'Assur, connue pour cette période par les archives des comptoirs assyriens de Cappadoce. Il faut aussi noter le royaume d'Eshnunna, qui a des visées sur la région du Moyen-Euphrate et aussi celle du Khabur, lieu de passage de routes commerciales majeures. Ipiq-Adad II d'Eshnunna s'empare de la cité d'Arrapha dans le courant de la seconde moitié du XIXè siècle. Son fils Narâm-Sîn, continue sur cette lancée : Il lance des offensives dans la région du Tigre, où il défait la puissance locale, Ekallâtum et met en fuite son roi Samsi-Addu, qui se réfugie à Babylone. Puis il continue vers le Triangle du Khabur, où Ekallâtum avait déjà étendu son influence. Il attaque aussi en direction de l'Euphrate : son père avait soumis Râpiqum, et lui place le Suhum sous sa domination. Le roi de Mari Yahdun-Lîm (1810-1794), désormais voisin d'Eshnunna, est amené à accepter la suzeraineté de ce dernier aux dépens de celle de son voisin oriental, le Yamkhad. Le roi de ce pays, Sûmû-epuh, soutient alors une révolte des tribus nomades benyaminites du royaume de Mari, qui est matée par Yahdun-Lîm. Pendant ce temps, Samsi-Addu est revenu d'exil, et a rétabli son pouvoir à Ekallâtum, profitant du recul d'Eshnunna après la mort de Narâm-Sîn.

[modifier] Concentration politique

[modifier] Le Royaume de Haute-Mésopotamie

Samsi-Addu entame une série de conquêtes dès son retour à Ekallâtum. Il commence par soumettre Assur, qui lui ouvre la route vers le Triangle du Khabur. S'il s'empare de la partie orientale de cette région, il est arrêté par Yakhdun-Lîm à Nagar, et sa progression vers l'ouest est momentanément bloquée. Cependant son adversaire est juste après évincé par son fils, et le royaume de Mari se retrouve déstabilisé. Samsi-Addu profite de l'opportunité et s'en empare. Mari tombe en 1793. Il s'est ainsi taillé un royaume très puissant, entre le Tigre et l'Euphrate, avec au centre la région du Triangle du Khabur, maîtrisant ainsi d'importantes routes commerciales. Ce royaume, autrefois considéré à tort comme Assyrien (parce que Samsi-Addu dominait Assur), est généralement appelé Royaume de Haute-Mésopotamie. Samsi-Addu établit une nouvelle capitale au centre de son royaume, à Shekhna, qu'il rebaptise Shubat-Enlil. Pour faciliter le contrôle de ses territoires, il place ses deux fils à la tête des régions frontalières les plus dangereuses : l'aîné Ishme-Dagan à Ekallâtum, face à Eshnunna, et le benjamin Yasmakh-Addu à Mari, face à Alep. Mais Samsi-Addu garde la primauté, et se pare du titre de "Grand Roi", alors que ses deux fils se nomment simplement "Roi". C'est lui qui décide de l'orientation générale de la politique extérieure de son royaume. Il scelle ainsi une alliance avec le roi Ishkhi-Addu de Qatna face à Alep, avec en prime le mariage de Yasmakh-Addu avec Dam-hurasi, la fille du nouvel allié. En raison de cette alliance, Samsi-Addu doit plusieurs fois envoyer des troupes à Qatna pour soutenir sa guerre face à Alep, et pour l'aider face à des révoltes de vassaux dans la région du Liban. Une alliance est aussi contractée avec l'ennemi d'hier, Eshnunna. Les deux fils de Samsi-Addu ont deux tempéraments différents. Ishme-Dagan remplit ses obligations militaires, et remporte plusieurs victoires dans la région du Tigre au cours d'une campagne menée conjointement avec Eshnunna, au cours de laquelle il s'empare notamment de Ninive et d'Arbeles. A l'inverse, Yasmakh-Addu, connu par les archives de Mari (parmi lesquelles figure sa correspondance avec son père et son frère, ce qui permet de bien connaître l'histoire de ce royaume) apparaît moins porté vers ses obligations de roi, et ne part quasiment jamais au combat.

Les dernières années du règne de Samsi-Addu sont assez troublées. Une épidémie de peste sévit dans la région de Mari, alors que des révoltes éclatent dans plusieurs endroits. A la mort du roi, en 1775, les voisins du Royaume de Haute-Mésopotamie sentent le vent tourner, et se jettent à l'assaut contre lui. Le roi Ibal-pi-El II d'Eshnunna vient secouer l'autorité de Ishme-Dagan dans le région du Tigre. Celui-ci parvient à se maintenir à Ekallâtum, mais il s'avère incapable de récupérer l'héritage laissé par son père. Son frère Yasmakh-Addu disparaît face à une révolte menée par les souverains de la région du Moyen-Euphrate chassés par Samsi-Addu. A Mari, c'est Zimri-Lîm, un descendant de Yakhdun-Lîm, qui monte sur le trône.

[modifier] Le tournant : l'invasion élamite

Les années suivant la mort de Samsi-Addu sont marquées par une recherche d'un nouvel équilibre dans les anciens territoires du Royaume de Haute-Mésopotamie. Mari se trouve au centre du problème. Zimri-Lîm doit asseoir son autorité en matant plusieurs révoltes, puis il peut étendre sa domination vers la région du Khabur. Il doit aussi normaliser ses relations avec ses voisins. Il s'allie ainsi avec Alep, car le roi Sûmû-epuh l'a aidé à monter sur le trône. A l'est, la situation est plus dangereuse. Une guerre est éclate entre Mari et Eshnunna, avant que les deux royaumes ne fassent la paix. Les relations entre Mari et Babylone sont perturbées par des querelles autour de la région du Suhûm, et notamment de la ville frontière de Hît. Un nouvel intervenant surgit alors dans le concert des royaumes amorrites, le roi élamite Siwe-palar-huhpak. Celui-ci exerçait une domination de principe sur tous les autres rois, mais celle-ci ne s'exerçait pas dans les faits, puisqu'il n'intervenait que rarement en Mésopotamie. Il choisit cependant de s'attaquer à Eshnunna, et sollicite pour cela l'aide de Mari et de Babylone. Zimri-Lîm et Hammurabi sautent alors sur l'occasion, et aux côtés des Élamites leurs troupes prennent Eshnunna en 1765. Mais Siwe-palar-huhpak ne s'arrête pas là, et s'empare des territoires d'Eshnunna, reprenant les ambitions territoriales de ceux-ci vers la région du Khabur, où ses troupes prennent Shubat-Enlil. Il se brouille dans le même temps avec Hammurabi, qui s'est emparé de villes appartenant à Eshnunna et qui refuse de lui restituer. Un conflit s'engage alors entre les deux. Hammurabi est vite mis en difficulté, mais il bénéficie du soutien du roi de Mari (avec lequel il contracte une alliance), qui est craint pour ses possessions dans le Triangle du Khabur, et aussi de la plupart des autres rois amorrites qui s'opposent à cette invasion "étrangère" (l'Élam étant le seul grand royaume non dirigé par une dynastie amorrite), exception faite de Qatna et de Larsa. Face à cette opposition, Siwe-palar-huhpak rebrousse finalement chemin. Après cette offensive arrêtée in extremis, Hammurabi sort grand vainqueur. Cet évènement constitue un tournant pour la période, car c'est à partir de ce moment que Babylone enchaîne les conquêtes en Mésopotamie.

[modifier] L'irrésistible ascension de Babylone

Bénéficiant de l'aide des troupes de Mari, Hammurabi peut se tourner vers son vieil ennemi Rîm-Sîn de Larsa, qu'il réussit enfin à vaincre en 1764. Cette victoire fait de lui le maître incontesté du sud de la Mésopotamie, ce que personne n'avait réussit à faire depuis la chute d'Ur. Il peut alors se tourner vers le nord, et il intervient dans la région du Jebel Sinjar en direction des possessions de Mari, avant de s'emparer d'Eshnunna où un souverain s'était établi après le départ des Élamites. On ne sait pas dans quelles conditions se déclenche la guerre entre Babylone et Mari. Quoiqu'il en soit, cette dernière tombe en 1760, avant d'être détruite en 1759. Puis Hammurabi se lance dans une série de conquêtes dans la Vallée du Tigre, sans doute jusque dans la région d'Assur.

En quelques années, Hammurabi s'est ainsi constitué un royaume très puissant, éliminant ses adversaires les plus redoutables les uns après les autres. Il ne porte cependant pas les armes contre Alep, ni contre l'Élam, qui restent les deux autres grandes puissance du Moyen-Orient de cette période. Le royaume d'Alep réussit plus tard à s'emparer de Qatna, et étend sa domination sur l'ancienne région du royaume de Mari, jusque dans la partie occidentale du Triangle du Khabur, où de nouveaux petits royaumes se sont formés. Babylone étend sa domination sur la partie orientale, puisque Samsu-iluna, successeurs de Hammurabi, prend la ville de Shekhna (Shubat-Enlil qui a repris son ancien nom). Celui-ci connaît quelques difficultés dans le pays de Sumer, qui se révolte plusieurs fois. Le roi élamite Kutir-Nahhunte I en profite même pour mener un raid jusqu'à Uruk.


[modifier] Le monde amorrite

[modifier] Les cadres politiques

[modifier] Royaumes, cités et tribus

[modifier] Pratiques diplomatiques

La fragmentation politique du Moyen-Orient à la période amorrite voit se mettre en place un système de relations internationales élaboré entre les différents royaumes qui le constituent. Un groupe de royaumes plus puissants établit sa domination sur un ensemble de royaumes de second rang. Les relations entre les cours amorrites et les codes qui les régissaient sont bien connus pas les archives de Mari.

[modifier] Une grande famille

Les rois amorrites se présentent comme faisant partie d'une grande famille. Pour s'appeler entre eux, ils utilisent le vocabulaire familial : les rois de même rang se nomment "frère" (ahum), alors que les rois de rang inférieur nomment les rois de rang supérieur "père" (abum), et ne l'appellent pas par leur nom (privilège réservé aux souverains de rang supérieur). Ces bases ont déjà été posées aux époques précédentes. Le premier groupe de rois est constitué d'un ensemble de souverains de rang identique. Il s'agit des rois d'Alep, de Mari, de Qatna, de Babylone, d'Eshnunna, d'Ekallâtum, de Larsa, etc. Les liens familiaux théoriques sont renforcés par des mariages interdynastiques. Le cas de Mari est encore une fois une bonne illustration. Yashmakh-Addu épouse la fille du roi de Qatna dans le cadre d'une alliance avec ce dernier. Quand Zimri-Lîm le chasse, il garde son épouse pour s'assurer de bonnes relations avec Qatna, puis il épouse ensuite la fille de son meilleur allié, le roi d'Alep, Sûmû-epuh. Les relations matrimoniales existent aussi entre un suzerain et son vassal. Les liens tribaux sont très forts : les cours de Babylone et d'Ekallâtum disposaient d'ancêtres communs, ce qui explique pourquoi Sîn-muballit et Hammurabi ont hébergé tour à tour Samsi-Addu et Ishme-Dagan dans leurs périodes de difficultés.

Seul le souverain élamite semble bénéficier d'un rang supérieur aux autres, puisque Hammurabi de Babylone et Zimri-Lîm de Mari le nomment "mon père" dans leur correspondance, et qu'ils font appel à lui pour régler un litige frontalier au sujet de la ville de Hît. Le rang d'un souverain ou d'une dynastie peut varier dans le temps, selon les aléas de la politique internationale. Ainsi Ishme-Dagan d'Ekallâtum est considéré comme un roi de premier rang du temps du Royaume de Haute-Mésopotamie, alors qu'après la chute de celui-ci il a tendance à devenir un souverain de second rang, en dépit de ses efforts pour garder de l'influence. Les liens familiaux réels peuvent aussi jouer sur le rang d'un roi. Ainsi, au début de son règne, Zimri-Lîm appelle son beau-père Sûmû-epuh "mon père". Quand ce dernier est remplacé par son fils Hammurabi, et que Zimri-Lîm a pris de l'importance sur la scène internationale, les deux rois s'appellent "frère" (ils sont d'ailleurs beau-frères).

Chacun des grands souverains dispose d'un ensemble de vassaux, qui ont une autonomie restreinte. Leurs relations avec leurs voisins sont contrôlées par leur suzerain, qui lève sur eux un tribut, et peut leur demander des troupes. Le nombre de vassaux par roi devait tourner entre 15 et 20 (c'est le roi d'Alep qui en a le plus avant les grandes conquêtes de Hammurabi de Babylone).

Pour renforcer leur alliance, les souverains peuvent conclure des traités. Ceux-ci ne sont que d'ordre personnel : ils n'engagent que les deux rois, et non leurs successeurs, ce qui fait qu'ils doivent être renouvelés par la suite si l'alliance perdure. Les négociations précédent la conclusion d'une alliance sont bien connues par les archives de Mari au moment de la conclusion de la paix entre Zimri-Lîm et Ibal-pi-El d'Eshnunna, et quand ce même roi s'allie avec Hammurabi de Babylone contre l'Élam.

[modifier] Les échanges de messagers et de biens

Les rois entretiennent une correspondance diplomatique entre eux. La lingua franca de la période est l'akkadien sous sa forme dite paléo-babylonienne, écrit en cunéiforme sur des tablettes d'argile. Les souverains s'échangeaient des messagers, porteurs de missives mais aussi de présents. Tout cela répondait à un protocole très codifié. Les envoyés pouvaient avoir des prérogatives différentes selon leur mission. Cela allait du statut de simple messager porteur d'un message jusqu'à l'envoi d'un ministre plénipotentiaire. Durant leur séjour, les messagers et ambassadeurs sont sous la protection du souverain qui les héberge. Un protocole strict réglait la manière avec laquelle les émissaires étrangers étaient reçus. Celui-ci doit aussi assurer le transit de messagers se rendant d'une cour à une autre en passant par son territoire sans s'y arrêter. Les diplomates envoyées par un roi ennemi sont considérés comme inattaquables. Les messagers étaient souvent porteurs de présents destinés au roi qu'ils visitent. On trouve là un exemple d'échange dons/contre-dons, car le roi recevant un cadeau devait en renvoyer un de même valeur pour prouver toute la considération qu'il porte à son homologue (et envoyer un cadeau de moindre valeur est considéré comme un affront). Il s'agit avant tout d'un échange de biens de prestige, par lesquels les souverains se témoignent leur intérêt, mais aussi montrent leur richesse, donc leur puissance, à leurs homologues. Les biens échangés varient selon les lieux. Certains royaumes ont des produits dans lesquels elles sont spécialisées, comme pour le commerce. Ainsi l'Élam envoie de l'étain à Mari, qui le redistribue vers Alep et Qatna, Karkemish donne du vin et du bois du Taurus, Alep de l'huile et des cèdres de l'Amanus, etc. Il ne s'agit cependant pas d'un commerce à proprement parler, car il n'y a pas de recherche du profit, ni des échanges réguliers d'un même bien sur un même parcours. Il arrive cependant que le bien serve à couvrir un besoin précis. Les rois ne se privent d'ailleurs pas de demander comme cadeau un bien précis dont ils ont besoin à un de leurs homologues (ou à un vassal à qui ils n'auront pas à donner quelque chose en échange).

[modifier] Société et économie

[modifier] Le cadre socio-économique

[modifier] Sédentaires et nomades

[modifier] Commerce

[modifier] La culture de l'époque paléo-babylonienne

[modifier] Lettres

[modifier] Religion

[modifier] Art

[modifier] Architecture

[modifier] Fin des dynasties amorrites

La domination de Babylone et d'Alep sur le Proche-Orient atteint son apogée dans la seconde moitié du XVIIIè siècle. La suite n'est qu'un lent déclin, que l'on connaît bien pour Babylone. Les souverains font face à des révoltes, à des attaques de nomades (dont les Kassites, futurs maîtres du royaume), et aussi à une terrible crise économique. Dans ces conditions, l'histoire politique des règnes des successeurs de Hammurabi se résume à la dislocation de leur royaume. La situation d'Alep n'est sans doute guère meilleure, car ce royaume doit faire face à l'expansion de deux nouvelles puissances venues du nord : les royaumes hurrites de la région du Khabur, et le royaume hittite qui s'est constitué en Anatolie. C'est ce dernier qui vient porter le coup de grâce aux royaumes amorrites à la fin du XVIIè siècle. Les rois hittites Hattushili I et Mursili I lancent une série de raids en direction de la Syrie et de la Haute-Mésopotamie. Au cours d'une offensive, le second réussit à prendre successivement Alep et Babylone, où il met fin à la dynastie amorrite. Le recul rapide du royaume hittite après cette victoire n'empêche en rien la chute de l'ordre ancien. Alors que les Kassites s'établissent à Babylone, les Hurrites fondent un grand royaume, le Mitanni, qui va dominer la Syrie et la Haute Mésopotamie.


Le Proche-Orient à l'époque paléo-babylonienne
Le Proche-Orient à l'époque paléo-babylonienne

La période paléo-babylonienne est une période de l'histoire de la Mésopotamie, qui va de 2004 à 1595 av. J.-C. selon la chronologie moyenne. Elle débute et s'achève par la chute de deux grands empires, respectivement la Troisième dynastie d'Ur et la Première dynastie de Babylone.

La dénomination "paléo-babylonienne" est la plus courante. Elle est reprise à partir du découpage en périodes du dialecte babylonien (de la langue akkadienne). Elle est impropre, dans la mesure où Babylone ne devient une puisssance notable qu'au milieu de cette période, et n'a jamais le poids prépondérant tel qu'elle connaît plus tard dans le Proche-Orient. Mais cette dénomination est toujours utilisée, par convention. D. Charpin a proposé de parler de période amorrite, dans la mesure où cette période voit l'établissement de nombreuses dynasties royales amorrites dans tout le Proche-Orient, Babylone étant seulement l'une d'elle. Cet notion d'âge des Amorrites était d'ailleurs présente dans l'historiographie mésopotamienne des périodes suivantes.

Du point de vue archéologique, cette période correspond à l'âge du bronze moyen.

[modifier] Le monde amorrite

Les dynasties amorrites dominent dès le XIXe siècle un vaste espace allant du Levant au sud de la Mésopotamie. Là se forme une véritable koinè qui, malgré des particularismes régionaux, présente une évidente unité autour de divers traits culturels, notamment linguistiques, religieux, fortement marqués par les traditions antérieures (surtout celle de la Mésopotamie des Sumériens et premiers Akkadiens), mais aussi avec quelques particularités dues en partie aux pratiques propres aux Amorrites, qui gardent des traces de la vie nomade, de l'organisation en tribu, même chez ceux qui se sont sédentarisés et ont pris le pouvoir dans les anciennes cités proche-orientales. Au contact de ce monde se situent plusieurs régions ayant leurs propres particularités, peuplées par des populations non-sémitiques, comme les Élamites, Hittites, Hourrites, Gutis.

On peut tenter une division de cet espace en plusieurs régions présentant une certaine unité : la basse Mésopotamie, très marquée par la tradition sumérienne et akkadienne ; la haute Mésopotamie, entre le Tigre et l'Euphrate, avec en son milieu le "Triangle du Khabur", d'une importance géopolitique cruciale ; la Syrie, entre l'Euphrate et la Méditerranée ;

et le plateau iranien, dominé pr le royaume élamite, l'Anatolie, où les Hittites émergent, et la Palestine, avec plus loin l'Égypte.

[modifier] Basse Mésopotamie

La basse Mésopotamie est couramment appelée "Pays de Sumer et d'Akkad". C'est le centre de l'ancien royaume d'Ur III, dont l'effondrement a laissé la place à plusieurs royaumes amorrites se partageant la région.

Les deux premiers royaumes à occuper une place importante sont Isin et Larsa (on parle d'ailleurs de "Période Isin-Larsa" pour le XIXe siècle). La tradition sumérienne héritée du royaume d'Ur reste encore forte, surtout au début de la période, où le sumérien est encore la langue des inscriptions royales, de la littérature et aussi des documents de la vie quotidienne. La forte lutte entre Isin et Larsa ne doit pas masquer la division politique de cette région, surtout au nord, l'ancien pays d'Akkad, partagé entre plusieurs royaumes, comme Kish, Sippar, Malgium, Rapiqum, et surtout Babylone, qui prend plus de poids et s'empare des royaumes voisins dans le courant de la seconde moitié du XIXe siècle, tandis qu'au sud Larsa finit par prendre l'ascendant sur Isin, et aussi un éphémère royaume d'Uruk, sous le long règne de Rim-Sin (1822-1763). Plus au nord, dans la vélle de la Diyala, le royaume d'Eshnunna connaît un grand essor à cette même période, mais ses visées sont plutôt vers le nord de la Mésopotamie.

Le tournant de l'histoire politique de la région est l'avènement de Hammurabi de Babylone (1792-1750). Après un début de règne assez calme, il entame sa première grande campagne militaire en aidant le roi élamite Siwe-palar-huhpak à vaincre le roi Ibal-pi-El II d'Eshnunna, avec également l'aide de Zimri-Lim de Mari. cette campagne se termine par un grand succès, mais les alliés se brouillent vite, et le roi élamite entend faire valoir sa domination sur le roi de Babylone, qu'il juge comme son vassal. Hammurabi réussit à monter une coalition, avec surtout l'appui de Zimri-Lim, ce qui lui permet de repousser les Élamites en 1764. Cette victoire est un tournant : dans la foulée, Hammurabi s'empare de Larsa, Eshnunna, du nord de la Mésopotamie puis de Mari. Son fils Samsu-iluna réussit à conserver ces acquis tant bien que mal, mais le royaume se désagrège vite au nord, tandis qu'au sud les anciennes villes sumériennes sont désertées après une grande révolte, durement réprimée. Ces difficultés politiques s'effectuent dans un contexte de crise économique, qui voit s'affaiblir le royaume babylonien au cours du XVIIe siècle, jusqu'à la prise de Babylone par un raid hittite en 1595, qui marque la fin de la période.

[modifier] Haute Mésopotamie

[modifier] Bibliographie

  • (de) D.Charpin, D.O. Edzard, M. Stol, Mesopotamien : die altbabylonische Zeit, Academic Press Fribourg ou Vandenhoeck & Ruprecht, OBO 160-4, 2004
  • (en) D. Frayne, A. K. Grayson, The Royal Inscriptions of Mesopotamia: Old Babylonian Period, to 2003-1595 BC, University of Toronto Press, 1990
  • D. Charpin, Hammu-rabi de Babylone, PUF, 2003 (ISBN 2130539637)

[modifier] Sites archéologiques

  • J.-C. Margueron, Mari : métropole de l'Euphrate au IIIe et au début du IIe millénaire av. J.-C., ERC, 2004
  • (en) S. Dalley, Mari and Karana : two old Babylonian cities, Longman, Londres-New York, 1984
  • (en) E. C. Stone, P Zimansky, The anatomy of a Mesopotamian city : survey and soundings at Mashkan-shapir, Eisenbraums, Wynona Lake, 2004