Zone neutralisée de Savoie

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La Zone neutralisée Savoie est une zone neutre s'étendant sur tout le département de la Haute-Savoie et sur une partie du département de la Savoie, décidée par le Congrès de Vienne et le Traité de Paris de 1815. Cette zone devait à l'origine être mise sous la défense militaire suisse.

Sommaire

[modifier] Présentation

Le Congrès de Vienne et le Traité de Paris de 1815 avaient fixé le statut international de la Suisse et garanti la neutralité et l'inviolabilité de son territoire. Cependant, il avait été plus sûr pour les parties en présence de créer au passage une zone neutralisée qui comprenait une large partie des actuels départements de la Haute-Savoie et de la Savoie. Sa définition se terminait par : « une ligne droite d'Ugine à Faverges, une ligne droite de Faverges à Lescheraines, une ligne droite de Lescheraines au sud du Lac du Bourget, suivant la ligne est du Lac du Bourget et rejoignant le Rhône vers Culoz[1] ». Cette zone était avant tout une précaution pour notamment les Suisses, qui voyaient là une formidable zone tampon avec la France entre autres.

[modifier] Durant la première Guerre mondiale

Cette zone neutralisée fut utilisée durant la Première Guerre mondiale de 1914 à 1918. Durant cette période, les zones neutralisées de la Savoie ne sont pas respectées par la France ni par certains Savoyards qui partaient selon l'expression consacrée "La fleur au fusil" pensant mener une guerre de quelques semaines tout au plus. Les Savoyards vont en réalité payer un lourd tribut. Le 28 août 1914, la préfecture de Savoie se voie recevoir un message du gouverneur militaire de la 14ème région indiquant : "Veuillez surseoir pour motifs diplomatiques à organisation hospitalisation blessés dans Zone Savoie neutralisée." suivi 3 jours plus tard par une nouvelle dépêche précisant : "Hospitalisation blessés, même allemands à Aix-les-Bains, zone neutralisée, impossible sans instructions ministérielles.". Ces messages imposèrent donc une impossibilité d'admission de blessés militaires que se soit dans la Haute-Savoie mais aussi dans la partie de la Savoie mentionnée dans le Traité de Paris de 1815, là où la ville d'Aix-les-Bains se situe. Cependant le 2 septembre la préfecture transcrivait une conversation téléphonique avec le Ministère des affaires étrangères indiquant : "Le Ministre des affaires étrangères déclare de la façon la plus formelle que nous ne devons pas mettre à Aix-les-Bains des blessés français susceptibles de retourner aux Armées. Toutefois, il ne paraît y avoir aucun inconvénient à ce que des blessés français ou allemands, très gravement atteints dont la vie serait en danger ou qui seraient présumés ne pas devoir guérir avant la fin des hostilités , soient placés en zone neutre.". Enfin le 4 septembre, ce même ministère télégraphiera à la préfecture : "Au point de vue de l'interprétation française des traités , Aix-les-Bains semble devoir être considéré comme étant en dehors de la zone neutre; par suite, il n'y a pas de motif pour n'y pas hospitaliser les blessés.". Aix-les-Bains ne faisant subitement plus partie de cette zone neutre, vestiges du rattachement de la Savoie à la France, il n'en demeure pas moins que la Haute-Savoie quant à elle demeure encore dans cette zone. Ainsi les comités de la Croix rouge de ce département s'installèrent dans le département voisin de la Savoie. Les comités d'Annecy, d'Annemasse et d'Évian exerceront tous au sein de la ville d'Aix-les-Bains. En septembre 1914, le service de santé eut à sa disposition 1 135 lits dans la ville thermale aixoise.

[modifier] L'affaire des zones

En 1919, à la sortie de la guerre, la France choisit de dénoncer le traité de Turin par l'article 435 du traité de Versailles qui supprime la zone neutralisée en Savoie et la grande zone franche pourtant établies lors de l'Annexion (édition de bulletins "oui et zone" dans la partie Nord du duché). La Confédération helvétique, qui s'était mise d'accord avec le Gouvernement français, ne s'est pas opposée à ce processus, dans la mesure où ses droits militaires ne se justifiaient plus. En échange, elle reçu l'appui français pour son entrée dans la Société des Nations, ainsi que l'installation sur son territoire des bureaux de cette nouvelle organisation internationale. L'article 435 du traité de Versailles abroge la zone neutralisée militairement[2]. Cet article visa aussi les zones franches douanières de la Haute-Savoie et de Gex. Ainsi l'article précise : "(ces zones) ne correspondaient plus aux circonstances actuelles, déclarant qu'il appartenait à la France et à la Suisse de régler entre elles, et d'un commun accord, le régime des territoires dans les conditions jugées opportunes par les deux pays."

Plus tard en 1932, la Cour internationale de justice de La Haye condamne la France et l'invite à remettre en place la zone franche (liée directement aux conditions d'annexion), conformément aux traités antérieurs alors caducs de 1815, 1816 et 1829, soit 650 km², contre 4 000 km² dans le traité d'annexion de 1860.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

[modifier] Articles connexes

[modifier] Lien externe

[modifier] Notes et références

  1. [pdf] La Commission Départementale de l'information Historique pour la Paix (C.D.I.H.P)
  2. "La question des zones et le traité de Versailles", p. 380 in Henri Ménabréa, 1933, Histoire de Savoie, Ed. Bernard Grasset