Zápara

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Les Zápara sont un peuple indigène d'Amazonie (Pérou et Équateur), appartenant à l'ensemble linguistique záparo ou zaparoan (anglais) (langues zaparoan)

[modifier] Localisation

Ils vivent le long des fleuves Conambo et Pindoyacu et sur le haut Curaray en Équateur (province de Pastaza), et le long du Tigre au Pérou (province de Loreto). Ils possédaient autrefois un territoire beaucoup plus vaste qui s’étendait (du XVIII et XIXe siècle) des ríos Pastaza à Curaray et du piémont andin à la frontière péruvienne.

Jeune mère Zápara et son bébé
Jeune mère Zápara et son bébé

Le nom « Záparo » vient du panier fait de lianes bejuco fendues en deux et deux fois tressées, entre lesquelles des feuilles imperméables sont placées, et d’un couvercle travaillé de la même façon, dont les Zápara se servent pour mettre leurs vêtements et autres biens au sec (Simson). Eux-mêmes s’autodésignent káyapwö.

Aujourd'hui ils se désignent comme "Zápara". Ils sont estimés à 250 personnes en Équateur et une centaine au Pérou.

En Équateur, ils sont reconnus comme formant l’une des treize nationalités indigènes (voir : Confédération des nationalités indigènes de l’Équateur - CONAIE).

Les Zápara sont considérés comme les premiers occupants de la région amazonienne qu’ils occupent toujours aujourd’hui. Avec d’autres populations disparues du même groupe ethno linguistique, ils formaient l’un des peuples les plus nombreux de l’ouest du bassin amazonien. A la fin du XVIIe siècle, époque des premiers contacts avec les descendants des colons venus d’Europe, on estime leur nombre à plus de cent mille personnes. Un siècle plus tard au début de la « fièvre du caoutchouc » il n’étaient plus que vingt mille. Décimés par les épidémies apportées par les nouveaux arrivants, l’esclavagisme et le travail forcé, les guerres et les conflits avec d’autres peuples délogés de leurs propres territoires, assimilés, jusqu’à ce que, pour finir les derniers survivants soient séparés par le conflit territorial entre l’Équateur et le Pérou en 1941 (ce dernier pays annexant la plus grande part de l’Amazonie équatorienne). Au point qu'au début des années 1990, un texte publié en Équateur affirme : «Dans ce pays, les Zápara ont officiellement disparu».

[modifier] Langue et culture

En 2001, leurs manifestations culturelles et orales ont été inscrites sur la liste du "Patrimoine Oral et Immatériel de l’Humanité" par l’Unesco. Cette reconnaissance, a permis la mise en place par les indigènes, soutenus par des associations et parcimonieusement par les gouvernements de l’Équateur et du Pérou, de programmes de renaissance de la langue et de la culture.
On compte aujourd'hui en Équateur moins de 5 locuteurs "fluides" (et âgés) de la langue. Au Pérou, il n'y a plus aucun locuteur. Pour pallier cette situation, de façon volontaire, les Zápara ont choisi de mettre en place un système éducatif trilingue (zápara, kichwa, espagnol), où les derniers locuteurs enseignent aux enfants la langue : vocabulaire, chants. Un dictionnaire a été réalisé (par Andrade) et distribué aux familles. Malgré de grandes difficultés et le manque de moyens, cet apprentissage produit déjà des résultats parmi la jeune génération. Les premiers futurs professeurs zápara sont en formation, ce qui représente un espoir supplémentaire face à la grande difficulté de trouver des enseignants, les métis s'adaptant mal aux conditions de vie amazoniennes. L’Unesco a également commandé une étude linguistique complète de la langue záparo dont les résultats doivent être remis en juin 2007.

Les langues usuelles actuelles sont principalement celles des populations voisines qui se sont installées sur le territoire traditionnel Zápara et mêlées à eux: le kichwa (quechua) en premier lieu, et l'espagnol dans une moindre mesure puisque l'on remarque que les femmes le maitrisent peu ou pas.

Bartolo Ushigua représentant Zápara au IIe congrès de la CONAIE 23 Décembre 2004
Bartolo Ushigua représentant Zápara au IIe congrès de la CONAIE 23 Décembre 2004

Autrefois semi-nomades, les Zápara ont développé une culture orale riche de connaissances sur leur environnement naturel, comme l'attestent le vocabulaire sur la faune et la flore, les pratiques thérapeutiques associées à la connaissance des plantes médicinales de la forêt. Ce patrimoine culturel s’exprime à travers leur cosmologie et leur mythologie ainsi qu’à travers leurs rituels, leurs pratiques artistiques et leur langue, dépositaire des mythes et légendes qui retracent l’histoire de leur peuple, mais aussi celle de toute la région.

Actuellement, comme les autres populations voisines, les Zápara tentent de s’opposer à l’exploitation des ressources minières, forestières et principalement pétrolières de leur territoire. La construction par des compagnies pétrolières, sous concession octroyées par l’état équatorien, de puits de pétrole, oléoducs, et routes, met gravement en danger l’intégrité du territoire et de l’écosystème, le mode de vie et la renaissance culturelle du peuple Zápara.

En Équateur, depuis quelques années, les Zápara ont créé leur organisation, qui leur permet de se faire entendre au niveau régional à travers de la CONFENIAE – (Confédération des Nationalités Indigènes de l’Amazonie Équatorienne), et au niveau national, au travers de la CONAIE (Confédération des nationalités indigènes de l’Équateur).

Voir: Nationalités indigènes de l'Équateur

[modifier] Liens externes