Xavier de Maistre

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Xavier de MaistreGravure de Cyprien Jacquemin.
Xavier de Maistre
Gravure de Cyprien Jacquemin.

Xavier de Maistre, né à Chambéry le 8 novembre 1763 et mort à Saint-Pétersbourg le 12 juin 1852, est un écrivain savoisien de langue française.

Sommaire

[modifier] Biographie

Né dans une famille de l'aristocratie savoisienne, Xavier de Maistre est le frère du philosophe contre-révolutionnaire Joseph de Maistre. Il émigre en Russie lorsque la France occupe la Savoie en 1792, et s'installe à Saint-Pétersbourg. Il vit d'abord sous la protection du général Souvorov, mais ce dernier ayant été disgracié, il survit grâce à la peinture, et ses paysages connaissent un certain succès.

Sa situation change avec l'arrivée à Saint-Pétersbourg de son frère, envoyé extraordinaire du roi de Sardaigne : Xavier est nommé directeur de la bibliothèque et du musée de l'Amirauté en 1805. Par la suite, il sert dans l'armée, parvient au grade de général, et combat notamment lors de la guerre du Caucase.

À l'occasion de l'édition française de son livre La Jeune Sibérienne (1825) il fait un long voyage à Paris et en Savoie, lors duquel il découvre qu'il était plus connu qu'il ne le pensait. Le poète Alphonse de Lamartine lui dédie en 1826, Le Retour, une épître en vers qui lui est entièrement consacrée. Il y évoque au passage son lien de parenté avec lui, par sa sœur Césarine, morte en 1824 et qui avait épousé Xavier de Vignet, neveu de Xavier de Maistre. Faisant l'éloge de son parent, il assure que son génie lui vaudra une gloire durable de génération en génération.

« Ils renaîtront pour toi jusqu'à tes derniers jours ;
Que dis-je ? Quand la mort, sous un vert mausolée,
Rendant un peu de terre à ton ombre exilée,
Couvrira de gazon le fils de la vallée,
Des amis ? ta mémoire en gardera toujours :
Ils y viendront pleurer et cette grâce attique,
Et cet accent naïf, tendre, mélancolique,
Qui sans les demander fait ruisseler nos pleurs ;
De leurs jeunes vertus tu nourriras la flamme ;
Et se sentant meilleurs, ils diront : C'est son âme
Qui de ses doux écrits a passé dans nos cœurs ! »
    — Alphonse de Lamartine, Le Retour

Après quelques autres voyages en Europe, il finit sa vie à Saint-Pétersbourg.


Mémorial de Joseph et Xavier de Maistre au Château des ducs de Savoie à Chambéry.
Mémorial de Joseph et Xavier de Maistre au Château des ducs de Savoie à Chambéry.

[modifier] Œuvre littéraire

Son œuvre la plus connue reste le Voyage autour de ma chambre, écrit en 1794, récit de forme autobiographique qui raconte les arrêts d'un jeune officier, contraint à rester dans sa chambre pendant quarante-deux jours, et que son frère fait publier, alors que lui-même n'en voyait pas l'intérêt. Il détourne le genre du récit de voyage, ce qui donne à ce roman une dimension clairement parodique, mais annonce aussi les bouleversements du romantisme, avec l'intérêt constant apporté au moi. Le Voyage est remarquable de par sa légèreté, et la fantaisie avec laquelle l'auteur s'y joue de son lecteur, dans la lignée de Laurence Sterne.

En 1811, il écrit Le Lépreux de la cité d'Aoste, un petit ouvrage d'une trentaine de pages, d'une grande simplicité stylistique, où est exposé un dialogue entre un lépreux et un soldat. Plus tard, il écrit deux autres romans, La Jeune Sibérienne en 1825 et Les Prisonniers du Caucase.

  • Voyage autour de ma chambre (1794). Réédition : Mille et une Nuits, Paris, 2002 (postface de Joël Gayraud).
  • Expédition nocturne autour de ma chambre
  • Le Lépreux de la cité d'Aoste (1811). L'histoire d'un lépreux reclus dans une tour et qui se souvient des temps heureux de sa jeunesse. Son seul bonheur est la vision des Alpes.
  • La Jeune Sibérienne (1825)
  • Les Prisonniers du Caucase (1825)

[modifier] Citation

Pages sur ce thème sur les projets Wikimedia :

  • « A force d'être malheureux on finit par devenir ridicule. »
        — Xavier de Maistre, Expédition nocturne autour de ma chambre

  • « Les souvenirs du bonheur passé sont les rides de l'âme. »
        — Xavier de Maistre, Expédition nocturne autour de ma chambre

  • « Une bonne imitation est une nouvelle invention. »
        — Xavier de Maistre

  • « Quoique la puissance de Dieu soit aussi visible dans la création d'une fourmi que dans celle de l'univers entier, le grand spectacle des montagnes en impose davantage à mes sens : je ne puis voir ces masses énormes, recouvertes de glaces éternelles, sans éprouver un étonnement religieux. [...] J'aime surtout à contempler les montagnes éloignées qui se confondent avec le ciel dans l'horizon. Ainsi que de l'avenir, l'éloignement fait naître en moi le sentiment de l'espérance. [...] il existe peut-être une terre éloignée où, à une époque d'avenir, je pourrai goûter enfin ce bonheur pour lequel je soupire, et qu'un instinct secret me présente sans cesse comme possible. »
        — Xavier de Maistre, Le Lépreux de la cité d'Aoste

[modifier] Bibliographie

[modifier] Voir aussi

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