Vol 236 Air Transat

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L'Airbus A330 C-GITS de la compagnie Air Transat.
L'Airbus A330 C-GITS de la compagnie Air Transat.

Transat 236 est un vol de la compagnie canadienne Air Transat entre Toronto et Lisbonne assuré par un Airbus A330 le 24 août 2001 qui s'est retrouvé en panne de kérosène au-dessus de l'océan Atlantique avec 306 personnes à bord.

Le pilote Robert Piché, aidé de son copilote Dirk de Jager, a réussi à poser l'appareil sur une piste d'atterrissage aux Açores avec les deux moteurs arrêtés et après un vol plané de plus de 20 minutes. Aucun des 293 passagers et des 13 membres d'équipage n'a été sérieusement blessé.

Sommaire

[modifier] Nature de la panne

En vol, pendant la nuit, alors que l'avion a parcouru plus des 2/3 de son trajet, le commandant de bord et l'officier pilote sont avertis d'un problème de pression d'huile et d'une température d'huile trop basse sur l'un des moteurs. Panne inattendue en vol (un avion peut plutôt rencontrer le problème inverse, une température trop forte). Le manuel d'instruction du bord ne répertorie pas cette panne et le centre technique d'Air Transat, contacté par radio, n'est pas non plus capable de fournir une explication.

Ce problème d'huile ne mettant pas en danger l'avion, les pilotes décident de continuer le vol normalement, pensant à un bug informatique. Un peu plus tard, une deuxième alarme se déclenche. Elle avertit d'un problème de déséquilibre des quantités de kérosène entre les réservoirs des deux ailes.

Sans le savoir, ils sont en train de subir une fuite de kérosène sur un des réservoirs. Obéissant au manuel de l'appareil, le commandant demande à l'officier pilote d'ouvrir la vanne de transfert entre les réservoirs, pour rééquilibrer les niveaux de kérosène. Le manuel spécifie que ce transfert ne doit pas se faire si les pilotes suspectent une fuite de carburant mais comme le co-pilote a fait un contrôle, habituel, des quantités restantes de carburant un quart d'heure auparavant et que tout était normal, les pilotes ouvrent la vanne de transfert.

Ce faisant, ils vont provoquer la perte de la majeure partie de carburant restant, à cause de cette fuite, dont ils ignorent l'existence. Le problème de déséquilibre persistant, le commandant commence a suspecter un possible problème de fuite. Il va demander à la chef de cabine d'aller voir par un de hublots de l'arrière si elle ne voit pas de traînée sur le derrière de l'aile, mais avec la nuit, cette dernière ne voit rien. Il coupe néanmoins la vanne de transfert et le co-pilote contrôle à nouveau le niveau de carburant. Il s'avère qu'il ne reste presque plus de kérosène. Rapidement, un moteur s'arrête, bientôt suivi du deuxième.

[modifier] Origine de la panne

Un des moteurs de l'avion avait été changé. Le nouveau moteur n'avait pas été livré avec certaines pièces annexes. Suite à une erreur de maintenance sur ce moteur, une pièce de séparation des tuyaux d'une taille non adaptée avait été montée, laissant un jeu de quelques millimètres sur le tuyau du circuit hydraulique.

Au cours du vol, ce tuyau, à l'intérieur d'un des moteurs Rolls-Royce et en raison des vibrations a frotté contre un tuyau d'approvisionnement de kérosène, qu'il a percé entraînant le départ de la fuite. Ce tuyau s'est ensuite rompu, aggravant brutalement la perte de carburant.

Le kérosène extrêmement froid en se déversant sur le tuyau d'huile provoqua la première alerte de température d'huile trop froide, celle qui induisit en erreur les pilotes.

[modifier] Réaction du poste de pilotage

Après avoir peut-être échoué à reconnaître la nature du problème, l'équipage a réagi avec sang-froid et habileté. Il a entrepris un déroutement vers une piste d'atterrissage alternative, sur une la base aérienne de Lajes dans les Açores. Un mayday (déclaration d'urgence à bord) a été lancé.

Les pilotes ont renoncé à tenter un amerrissage, trop dangereux. Dotée d'un radar primaire militaire, la base de Lajes a pu repérer l'avion, dont le transpondeur était tombé en panne et rendait donc l'avion indétectable sur un radar secondaire. Le vol s'est dérouté vers le sud, rejoignant en vol plané la piste d'atterrissage de Lajes.

La plupart des systèmes de pilotage étaient tombés en panne, faute d'électricité. L'avion arrivait trop vite et trop haut. Le pilote a effectué des manœuvres en "S" (succession de virages serrés permettant de perdre de l'altitude et de la vitesse), pendant que l'aéroport se préparait à un atterrissage catastrophe.

Touchant la piste à une vitesse excessive (environ 370 km/h), l'Airbus a pu freiner à temps, grâce aux freins d'urgence et surtout a la longueur de la piste (4km) due au fait que c'est une base militaire. S'il n'y était pas parvenu, l'Airbus aurait probablement effectué une chute mortelle pour ses passagers, la piste se finissant par une falaise. Huit des dix pneus ont éclaté, l'atterrissage a été brutal, mais personne n'a été blessé et l'avion n'a pas pris feu. Tous les passagers et membres d'équipage ont pu sortir sur les toboggans d'urgence. Les pilotes ont été traités en héros.

Il faut toutefois noter que si la panne s'était déclarée plus tôt, ou si les vents avaient été défavorables, l'avion n'aurait peut-être pas pu atteindre en plané cette piste d'atterrissage de secours et aurait été contraint d'amerrir, dans des conditions très dangereuses.

[modifier] Conséquences

Airbus considère les pilotes responsables d'avoir mal interprété les signaux d'alerte et d'avoir provoqué l'accélération de la perte d'essence. Mais Air Transat estime que le problème est dû à Airbus. Le problème technique qui avait provoqué le percement d'un tuyau a été corrigé sur tous les appareils. Une enquête a été menée. Les deux pilotes sont toujours employés d'Air Transat. Les passagers considèrent pour la plupart qu'ils leur doivent la vie. Le pilote et son copilote ont été récompensés en 2002 pour avoir effectué le "plus long vol plané de l'histoire aéronautique" (21 minutes) avec un avion de ligne de cette taille.

Cet événement a été présenté dans le 6e épisode de la première saison de la série télévisée Mayday.

[modifier] Voir aussi


[modifier] Liens et documents externes