Valentin (gnostique)

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Valentin (en latin Valentinius), né à Phrébon en Égypte au IIe siècle, est un chrétien gnostique, déclaré hérétique comme tous les gnostiques par l’Église catholique.

Sommaire

[modifier] Biographie

Valentin (Valentinius) fut le plus important des maîtres gnostiques. Il naquit en Égypte et fut éduqué à Alexandrie. Il enseigna à Rome entre 135 et 160. Il était candidat pour être évêque de Rome en 143. Ses conceptions ésotériques le firent excomunier. L’Évangile de Vérité, ainsi que d’autres textes découvert à Nag Hammadi, se rattachent à l’école valentinienne.

D’entre les grands gnostiques, il n’y a guère que les valentiniens qui, lorsqu’ils se réfèrent aux enseignements chrétiens, le fassent d’après les évangiles canoniques.

[modifier] Doctrine

Comme pour tous les gnostiques, ses thèses n'ont durant des siècles été connues que par les écrits de certains Pères de l'Eglises qui les ont combattu, dont Irénée de Lyon, donc de façon parcellaire. On a pu penser que ces réfutations déformaient intentionnellement la pensée des maîtres gnostiques. Les découvertes de Nag Hammadi (en 1945) ont permis de mieux connaître cette pensée, et de constater que, dans l'ensemble, les réfutation s'appuyaient bien sur l'enseignement des gnostiques.

Le Père, Premier principe absolu et transcendant, est invisible et incompréhensible. Il s’unit à sa compagne, la Pensée (Ennoia) et engendre les 15 couples des éons, formant le Plérôme. Le dernier des éons, Sophia, veut connaître le Père et provoque une crise qui entraînera l’apparition du mal et des passions. Sophia et ses créations sont rejetées, produisant une sagesse inférieure.

En haut, un nouveau couple est créé, le Christ et son partenaire féminin le Saint-Esprit. Le Plérôme, de nouveau pur, engendre le Sauveur Jésus. En descendant dans les régions inférieures, le Sauveur mélange la matière, provenant de la sagesse inférieure (hylique), avec les éléments psychiques, engendrant le Démiurge, le dieu de la Genèse, qui se croit seul Dieu. Celui-ci crée le monde et le peuple de deux catégories d’hommes, les hyliques et les psychiques. Mais des éléments venant de la Sophia supérieure s’introduisent dans le souffle du Démiurge, donnant naissance aux pneumatiques. Le Christ descend alors sur Terre pour révéler la connaissance libératrice. Les pneumatiques, réveillés par la gnose, remonteront vers le Père.

La rédemption du dernier pneumatique sera accompagnée par l’anéantissement du Monde, de la Matière.

La Matière a une origine spirituelle, c’est un état, une « expression externe solidifiée » de l’Être absolu. L’ignorance (l’aveuglement de Sophia) est la cause première de l’existence du Monde. La connaissance constitue la condition originelle de l’Absolu.


Comme les autres gnostiques, Valentin croît à l’âme, à son immortalité et à la transmigration des âmes, ce qui en fait un platonicien. Il considère que le libre arbitre n’existe pas, et donc que faire le Bien ou le Mal est indifférent. La destinée de l’homme est inscrite dans les astres, et que (selon ses termes) même dans la fange, une beauté reste belle. Il propose néanmoins de purifier l’âme par la consommation de la matière terrestre, jusqu’à épuisement (selon Onfray). La mesure dans la sexualité est proscrite, l’inceste permis.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Article connexe

[modifier] Sources

  • Michel Onfray, Contre-histoire de la philosophie, vol. 2 : Le christianisme hédoniste, Grasset, Paris, 2006, 342 p., p 59-62
  • Bart Ehrman, Les christianismes disparus, La bataille pour les Ecritures, apocryphes, faux et censures, Bayard Culture, 2007, p 204-207