Utilisateur:Tristan Balguerie/Astre cause ou signe ?

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Sommaire

[modifier] L'effet sans cause : un compromis insatisfaisant

La mise en lumière de la possibilité d'existence d'effets astrologiques pose la question de la cause de ces effets. Si l'on peut aujourd'hui s'accorder sur l'existence d'effet sans cause, la raison reste sur sa faim et l'esprit curieux ne peut s'en satisfaire. Un effet sans cause est un défi à la raison. En demeurant dans le vague sur cette question, l'esprit humain évite de se poser l'autre question sous-jacente, celle du déterminisme qu'engendrerait l'existence d'une causalité astrologique. Si l'on évite cette question, elle demeure au coeur des violentes polémiques sans pour autant être réellement nommée, ni élucidée.

Il existe de nombreuses formes d'effets, non astrologiques, reliés à des causes biologiques, climatiques, géographiques, sociologiques, culturelles, ethnologiques, religieuses..., plus ou moins prouvées, qui affectent la destinée des humains et sous-entendent des déterminismes plus ou moins élevés. Ces effets et ces "causes" existent sans pour autant soulever des polémiques aussi violentes que celles des effets astrologiques. Pourquoi ?

[modifier] Particularité de la causalité astrale

On peut se questionner sur la raison qui rend l'idée de causalité astrale plus insupportable à l'homme que les autres formes de déterminisme. La condition humaine est déterminée en grande partie dès la naissance par l'hérédité, le milieu sociologique, culturel... Naître noir et pauvre dans une société occidentale moderne détermine beaucoup de choses dans une existence. Les statistiques de la délinquance, de l'échec scolaire de l'ascension sociale relève régulièrement les ravages de telles conditions de vie dans un contexte socioculturel qui les rendent défavorables du fait d'une prégnance xénophobe et d'un inégalitarisme de fait de la société. L’accession aux études, malgré tous les progrès sociologiques de nos sociétés, n'est pas égale suivant la situation économique de chacun. Devant l'existence de déterminismes aussi marqués, aussi graves pour la condition humaine, et pour lesquels la manifestation de la volonté de les réduire ne constitue plus une des priorités idéologique de la société, on peut se demander en quoi, l'apparition d'un éventuel déterminisme astrologique constituerait une menace pour la société, alors qu'idéologiquement, la société moderne semble en panne dans sa lutte contre les déterminismes sociaux et ne semble pas s'en émouvoir plus que cela?

La seule différentiation que j'ai pu trouver entre un déterminisme astrale et une autre forme de déterminisme est que le déterminisme astral possède un caractère impérieux qu'aucun autre déterminisme ne peut égaler, et que ce caractère impérieux, si minime soit-il dans ces effets, est une conception insupportable à l'homme moderne. Aussi dramatique que puisse être le destin de cet enfant qui est né avec une séropositivité transmise par sa mère, condition de naissance dramatiquement déterminante pour le reste de son existence, l'espoir n'est pas vain qu'un jour cet enfant puisse être guéri, et que la maladie soit un jour éradiquée. Quel que soit le nombre de victimes entre les ravages d'aujourd'hui et l'espoir de vaincre le déterminisme qui a conduit cet enfant à des conditions de vie inhumaines, ce déterminisme africain est plus acceptable à la société qu'un déterminisme astrale aux effets si indicibles qu'ils ont peine à se dévoiler. Ici, l'idéologie remplace la raison. Le combat prend pour cible un épiphénomène sociétale avec une énergie et une vigueur que l'on aimerait retrouver dans la lutte contre les préjugés sur la contraception, la corruption, la pauvreté, l'an alphabétisation et le sous développement qui ont conduit cet enfant à cette condition de vie inhumaine.

Au regard d'un déterminisme astrale, tel qu'un Effet Mars qui voudrait que l'on ait plus de chance de devenir un champion de sport si Mars, le jour de notre naissance, se trouvait dans un secteur donné du ciel, le déterminisme de l'enfant africain est dramatiquement plus inquiétant. Pourtant, il ne soulève pas dans le monde scientifique de controverses aussi violentes que l'Effet Mars. Pourquoi ?

[modifier] L'enjeu idéologique

On peut retourner cette question dans tous les sens, il n'y a donc aucune justification raisonnablement soutenable à la débauche d'énergie qui a été mise dans le combat contre le "danger" que représenterait la reconnaissance de l'Effet Mars, sauf à considérer qu'il n'est plus utile d'ajuster les moyens de nos luttes à la mesure des dangers que l'on combat. On ne combat pas ici un danger, mais un enjeu, et cet enjeu, de nature purement idéologique craint de reconnaître l'existence d'une causalité astrale impérieuse qui s'impose du ciel sans que l'homme n'ait aucune possibilité d'en modifier le cours. En effet, l'homme n'a aucune prise sur la course des astres et n'est pas près d'en avoir.

L'idée de la potentialité de l'existence d'un déterminisme sur lequel l'homme n'aurait aucune prise constitue un paradigme inacceptable du point de vue idéologique, qui renvoie la conception de la condition humaine à l'idée qu'une puissance proprement "sur-humaine" puisse avoir un effet, fut-il minime, sur elle. Idéologiquement, cette idée revient à concevoir un retour en arrière de 200 ans dans une société ou la destinée humaine était soumise à l'arbitraire d'une « sur-puissance » royale et religieuse.

L'enjeu est de taille, car il s'agit ni plus ni moins de la conception d'un nouveau paradigme de la condition humaine qui réarticulerait la relation entre libre arbitre et déterminisme vers une régression du libre arbitre au profit d’une nouvelle forme de déterminisme. L’homme qui se croit libéré après s’être affranchi du despotisme, de l’emprise religieuse et de la puissance de la Nature réfute l’apparition d’un nouveau maître venu du ciel.

[modifier] Du dénie de l’effet…

D’un sain scepticisme initial qui permet régulièrement de débusquer les biais des études scientifiques en astrologie, la posture des réfutations de l’astrologie a dérivé vers une forme de dénie à mesure que les études scientifiques astrologiques ont corrigé leurs biais sans faire disparaître pour autant les corrélations entre astre et événements terrestres. Petit à petit un refus idéologique se met en place. Significativement, il consiste, sur l’Effet Mars par exemple, à s’en tenir aux conclusions négatives du CFEPP, organisme depuis dissout et dont les calculs d’espérances de distribution de Mars dans les secteurs clés de Gauquelin se sont avérés faux.

Ce refus idéologique engendre une attitude de dénie à l’égard d’un faisceaux de preuves croissant qui se développe autour d’études scientifiques de plus en plus nombreuses et de plus en plus massives. Il n’est aujourd’hui plus possible d’évincer rationnellement l’hypothèse d’une corrélation entre les astres et les événements terrestres. Le développement de l’astrologie scientifique devient alors une vraie menace pour l’illusion de libération dans laquelle l’homme moderne baigne depuis 200 ans.

La logique rationnelle ne permettant plus de réfuter cette poussée de l’astrologie scientifique, le dénie prend sa place dans le discours et pousse un Jean Rostand à déclarer contre lui-même « Si la statistique démontre l’astrologie, alors je ne crois plus en la statistique ». Le scientifique jette son tablier sur la table, piétine ses propres outils quand leurs mesures viennent ébranler ses fondements idéologiques. Cette déclaration malheureuse nous rappelant que la qualité d’homme de science, quelle que soit sa grandeur, n’est pas une garantie contre les raisons irrationnels, quand bien même ce même homme se déclarerait-il ennemi des causes irrationnelles.

[modifier] …au dénie de la cause

Chez les astrologues, humainiste particulièrement, il ne faut pas croire que les a priori pour l’astrologie rendent l’analyse beaucoup plus rationnelle. La causalité astrale, même chez les plus convaincus de l’astrologie, pose le même problème existentiel. Ne trouvant pas plus de réponses que les scientifiques, et se refusant tout aussi catégoriquement à envisager une régression du libre arbitre, l’astrologue, d’une manière assez subtile à inventer le concept de « signe » fortement développé par Dane Rudhyard. Ce concept s’articule en deux points : 1- Il n’y a pas de causalité astrale. Autrement dit , les effets de corrélation entre astres et événements terrestres n’ont pas de cause que l’on pourrait relier à une hypothèse de phénomène explicable. 2- L’astre par sa position dans le ciel est un signe de l’événement. Mais est un signe de quoi, on se le demande ? Le concept du signe peut être entendu de deux manières. Un signe peut être une manifestation visible d’une réalité invisible ou intangible, ou bien, une manifestation visible d’une réalité visible et tangible dont elle indique ou annonce l’existence ou la venue. Ce deuxième cas est celui de l’hirondelle qui annonce le printemps. L’adage à beau dire qu’une hirondelle n’annonce pas le printemps, il est rare de les voir s’installer dans nos contrées en plein mois de décembre. Si les astrologues concevaient le concept de signe ainsi pour expliquer les corrélations entre astre et événements terrestres, ils devraient en même temps nous livrer des explications, ou au moins des hypothèses d’explications. Elles sont rarissimes, et la littérature astrologique se singularise sur ce point par son absence de réflexion. De ce fait, elle laisse place à la consécration du signe « manifestation visible d’une réalité invisible ou intangible » ce qui laisse les plus convaincus et honnêtes chercheurs sur leur faim et enfonce la discipline dans un obscurantisme béant que ne manque pas de critiquer les scientifiques matérialistes et humanistes.

D’une certaine manière l’astrologue qui vit plus sur une conviction et une force de conviction semble se satisfaire de cette situation ambiguë. Le subtile dénie de l’astrologue et son refus d’envisager une causalité lui permet de se soustraire à toute forme de mise à l’épreuve et de vérification scientifique. Il demeure dans l’immatériel, l’inconcevable et l’impalpable et, à l’image de Dane Rudhyard qui déclarait à Michel Gauquelin qu’il ne faisait pas de l’astrologie, s’arroge le savoir dans un total arbitraire. La porte est alors grande ouverte aux élucubration les plus folles et l’astrologue, interprète des signes se pare de son statut d’oracle divin, incontrôlable et incontrôlé, soumis à la seule appréciation de lui-même par lui-même, sujet-objet de sa propre subjectivité expérimentale, évoluant dans sa sphère d’influence en tant que gourou inspiré, sachant et inspiré, détenteur d’un pouvoir d’influence qu’aucune autorité ne saurait refreiner. Il réinvente Dieu et s’en fait le prophète.

[modifier] Le besoin de reformuler le libre arbitre

L’effet astrologique sans cause est donc un compromis impossible dans lequel les scientifiques ont choisi le dénie de l’effet, tandis que les astrologues eux, préfèrent le dénie de la cause. L’un et l’autre refusant d’accepter de réviser le paradigme du libre arbitre et du déterminisme par peur de voir régresser le champ du libre arbitre, valeur universelle chèrement acquise par l’accumulation historique des guerres de libération qui ont permis à l’homme de soulever péniblement le joug des oppressions. Or il n’est pas nécessaire de faire régresser le libre arbitre pour le rendre compatible avec un effet astrologique. Il faut au contraire faire évoluer le libre arbitre vers une condition de l’homme rendu encore plus responsable de sa destinée.

[modifier] La philosophie orientale comme source de résolution

C'est dans la philosophie orientale que se trouve la porte de sortie de se cauchemar moderne. Car en fait, notre conception occidentale de la vie nous obstrue la vue en nous limitant à une hypothèse de l'existence limitée au passage de notre vie sur terre, en l'état, c'est à dire, dans la forme unique que nous nous connaissons dans cette vie là. Avec cette vision réduite de l'existence, c'est à dire d'une vie sur terre et de rien d'autre, nous limitons acception du libre arbritre à une possibilité de changement contenue dans la distance que nous parcourrons de la vie à la mort. Et c'est à la mesure de ce laps de temps très court que nous aimerions comprendre ce que signifie la notion de libre arbitre? Or les inerties pesantes de la vie telles que les conditions de naissance et les conditionnements socio-culturels sont porteurs d'une inertie pèsent sur toute ou partie de la vie. Comment donc concevoir que nous avons l'usage d'un réel libre arbitre s'il est évident pour tous que nous sommes, dés la naissance, conditionnés de si forte manière qu'une grande partie de notre vie est tracée d'avance? Nous pouvons choisir certes. Celui qui est dans la fosse de l'humanité peut choisir de tout faire pour s'en sortir, d'élever un de ses enfants hors de la fosse, ou encore de s'y vautrer. Mais le pouvoir de son libre arbitre n'est-il pas, dans ces conditions là, si dérisoire au regard de celui qui, se trouvant hors de la fosse, à tout le loisir de tracer sa route ou bon lui semble?

Le libre arbitre accepté dans ces conditions entérinerait l'idée que l'existence est avant-tout une injustice. Et il ne s'appliquerait pas à l'humainté dans son ensemble mais uniquement, par comparaison, à de petits groupes de gens nés et éduqués dans des conditions similaires. On ne peut comparer le libre arbitre d'un occidental bien nourri dans son choix de manger de manger bio ou pas avec celui d'un africain qui subit la famine. Le libre arbitre de l'un n'est pas égal à celui de l'autre. Vue dans la limite d'une existence, le libre arbitre ne serait donc plus un concept associable à la condition humaine, mais une sous mesure du conditionnement socio culturel.

De cette conception d'un libre arbitre s'exerçant sur la durée d'une vie, et donc révélant une puissance limitée, et qui révèle sont impuissance à offrir à chacun des choix égaux pour détermine son existence, naissent le fatalisme, forme pathologique du déterminisme. Aujourd'hui le fatalisme, qui est une forme de démission et d'aveu d'impuissance se développe sous le nom de dépression, suicide, déprime, dans la société moderne. Et finalement, ces formes de démission devant la vie semble bien avoir leurs origines dans une incompréhension du sens de la vie et dans un sentiment d'incapacité d'évouler et d'impuissance du libre arbitre à faire évouler le monde et les situations individuelles vers un mieux vivre.

Or ce qui nous condamne à de pareil attitude est de croire que le libre arbitre, c'est à dire, notre vraie puissance à faire nous progresser et évoluer se comprends et s'évalue dans une courte existence. Maintenant si on change d'hypothèse que trouve-t-on. Essayons d'examiner le libre arbitre avec une vue différente de l'existence. Postulons que l'existence n'est pas réduite à notre vie, mais qu'elle puisse s'étendre sur plusieurs vies. La condition de naissance et son inertie, qu'elle soit source de joie ou d'épreuves peuvent maintenant être imaginées, non plus comme un déterminisme, c'est à dire une condition terminale de l'existence, mais comme un épisode. Et le libre arbitre s'étendant plus largement au-delà d'une simple vie peut être compris comme une faculté de choix permettant de faire évoluer sa condition de vie en vie. Avec le concept de réincarnation, de vies sucessives, les orientaux ont introduit dans leur culture, la possibilité de s'améliorer sur une échelle plus grande. Le point de départ de cette philosophie redonne toute sa cohérence à la notion de libre arbitre. Les conditions de naissance peuvent être alors être comprise dans un schéma beaucoup plus vaste d'expérience sucésive permettant à l'être de cheminer sur un temps beaucoup plus long pour s'élever.

Je ne dis pas que les orientaux ont raisons, d'autant plus qu'en Inde, le système de castes à complètement fagocité cette ouverture initiale d'esprit pour contraindre l'existence des millions à des conditions de vie inhumaines institutionnalisée. Mais à la base le concept de réincarnation fonde un espoir, là où la conception occidentale scelle un désespoir.

Le libre arbitre n'a donc de sens, sauf à considérer que l'injustice et le desespoir soient la finalité de la condition et de l'expérience humaine, que dans une compréhension plus large de l'existence acceptant que l'évolution porte sur plusieurs vies. Comme le disait mon ami Bernard : "Il y a beaucoup d'orgueil à vouloir devenir parfait en une vie"

--Tristan Balguerie 5 octobre 2006 à 23:52 (CEST)Tristan Balguerie 28 février 2006 à 23:48 (CET)