Tibor Szamuely

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Tibor Szamuely ( 27 décembre 1890 - 2 août 1919 ) était un révolutionnaire communiste hongrois qui joua un rôle important dans la république soviétique de Hongrie, en 1919.

[modifier] Biographie

Né dans une famille de commerçants aisés, polyglotte, Tibor Szamuely devint journaliste social-démocrate après ses études. Mobilisé dans l'armée austro-hongroise avec le grade de lieutenant, il fut fait prisonnier par les Russes en 1915. Comme d'autres prisonniers de guerre hongrois, tels Bela Kun, il fut gagné au bolchévisme en 1917. Avec l'aide des communistes russes, Tibor Szamuely organisa au printemps 1918 un bataillon international de gardes rouges issus des camps de prisonnier. Il contribua à étouffer le soulèvement des SR de gauche à Moscou en juillet 1918.[1] Les dirigeants soviétiques, voyant en lui un militant de valeur, l'envoyèrent ensuite avec Karl Radek assister au premier congrès des conseils ouvriers allemands à Berlin. Il était encore à Berlin au moment de l'insurrection spartakiste de janvier 1919. Il retourna ensuite en Hongrie où le vieil empire des Habsbourg venait de s'effondrer.

Les tensions sociales étaient vives en Hongrie au début de 1919. Les manifestations ouvrières et communistes faisaient monter la pression sur le gouvernement du comte Karolyi. Le 21 février, Bela Kun et d'autres dirigeants communistes furent arrêtés. Tibor Szamuely, resté en liberté, constitua ouvertement un second comité central, organisa une armée ouvrière et menaça de prendre des "mesures militaires" contre le gouvernement. Les social-démocrates décidèrent finalement de lâcher Karolyi et de constituer un gouvernement avec les dirigeants communistes emprisonnés qui entra en fonction le 22 mars 1919. La "Commune hongroise" bénéficia au départ d'un fort soutien populaire, mais les difficultés s'accumulèrent rapidement.

Tibor Szamuely fut chargé de la répression des activités contre-révolutionnaires. À ce titre il fut présenté par la propagande anti-communiste comme un bourreau couvert de sang. L'historien Pierre Broué écrit à ce sujet : « En fait, le nombre total des victimes de la "terreur rouge" est inférieur à celui des victimes de la répression, la plupart du temps jugée "modérée", menée au sein de l'armée française par Pétain après les mutineries de 1917. »[2] Des dissensions éclatèrent au sein du conseil des commissaires du peuple. Les ministres social-démocrates condamnaient la répression et Tibor Szamuely se montrait critique envers Bela Kun. Après avoir réprimé un soulèvement paysan dans l'ouest du pays, il fut envoyé en juin au front comme commissaire politique de l'armée rouge hongroise qui combattait alors les troupes roumaines soutenues par le général français Franchet d'Esperey. Mais la résistance fut vaine. À l'approche des armées roumaines, Bela Kun et d'autres dirigeants communistes hongrois purent s'enfuir en Autriche. Tibor Szamuely fut arrêté à la frontière et, selon les sources, se suicida ou fut assassiné.

[modifier] Notes

  1. Pierre Broué, Histoire de l'Internationale communiste, Fayard, ISBN 2-213-02659-9, p. 55
  2. Pierre Broué, Histoire de l'Internationale communiste, Fayard, ISBN 2-213-02659-9, p. 105