Théorie proto-ionienne

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La théorie proto-ionienne est une théorie essentiellement linguistique (avec toutefois d'importantes répercussions sur l'archéologie et l'histoire ancienne) dont le but est de remplacer la « théorie de Risch-Chadwick » proposée dans les années 1950 par le linguiste suisse Ernst Risch et principalement défendue par John Chadwick, un philologue qui participa au déchiffrement de l'écriture dite linéaire B.[citation nécessaire]

La théorie de Risch-Chadwick suppose que lors de la période du Bronze Moyen, les dialectes grecs étaient partagés en deux groupes seulement : le « groupe proto-dorien » (ou « Groupe de l'Ouest »), et le « Groupe de l'Est » (ou « Groupe du Sud ») de la Grèce, ancêtre de tous les autres dialectes grecs.

Une importante conséquence de cette théorie est qu'à l'intérieur du Groupe de l'Est, la séparation entre le dialecte ionien-attique et les autres dialectes (arcado-chypriote, éolien, etc.) ne se produisit qu'après 1200 av. J.-C., à la fin de l'époque mycénienne.

La théorie proto-ionienne reprend, au contraire, l'idée ancienne du linguiste Paul Kretschmer, dite « théorie des trois vagues », laquelle suppose une séparation des dialectes grecs en trois groupes (et non en deux seulement), qui se serait produite dès 3000 av. J.-C., les trois groupes en question étant, dans l'ordre chronologique, le groupe proto-ionien-attique, le groupe proto-achéen (comprenant notamment le mycénien) et le groupe proto-dorien.[citation nécessaire]

La différence essentielle entre les deux théories porte donc sur l'existence, dans la seconde, de Proto-Ioniens lors de la période de l'âge du Bronze Ancien. La différence entre la théorie des trois vagues de Paul Kretschmer et la théorie proto-ionienne concerne simplement l'arrivée de ces Proto-Ioniens en Égée : au lieu d'être venus par voie terrestre, comme les autres vagues, la théorie proto-ionienne les fait venir par voie maritime à travers le Bosphore. Dans cette dernière théorie, des peuples marins de dialecte proto-ionien-attique se seraient donc établis à Troie, dans les Cyclades, en Eubée et en Attique, pendant l'âge du Bronze Ancien, soit entre 2900 et 2200 av. J.-C., plusieurs siècles avant l'arrivée des Achéens/Mycéniens, puis des Doriens en Grèce continentale.