Théodoros II d'Éthiopie

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Théodoros II fut Négus d’Éthiopie de 1855 à 1868.

[modifier] L'ascension au trône

Théodoros supervisant la traversée du Nil Bleu H. Rassam, Narrative of British Mission to Theodore (1869)
Théodoros supervisant la traversée du Nil Bleu H. Rassam, Narrative of British Mission to Theodore (1869)

Kassa Haïlu est né dans le Qouara (vers 1818-1821). Il réclame le poste de gouverneur du Qouara que son père occupait à sa naissance. Il est contraint de fuir et devient le chef d’une bande de pillards (shifta) qu’il conduit avec succès contre les Takrouri et les Chanqalla, du côté de Métemma. Son prestige lui permet de gagner la faveur des foules. L’impératrice Ménén envoie contre lui une expédition qui est vaincue, et doit lui céder le gouvernement du Démbéya et lui accorder pour femme Téouabéch, fille du Masâfént Ras Ali.

En 1838, les Egyptiens font un raid depuis Gallabat et profanent les églises. La population de Gondar est effrayée. Ras Oubié et Kénfou, l’oncle de Cassa, ripostent. Cassa, qui veut chasser les Egyptiens de Métemma, est vaincu. Kénfou a plus de succès. Ras Oubié obtient que la France et la Grande-Bretagne interviennent auprès de Mohamed Ali pour le faire renoncer à toute nouvelle entreprise vers l’Ethiopie. Cassa, insulté par la reine Ménén à la suite de son échec, est excité à la vengeance par son épouse. Il occupe Gondar en l’absence du Ras Ali et fait prisonnière l’impératrice. Il obtient qu’Ali lui reconnaisse la suzeraineté sur les terres de son oncle Kénfou.

L’Éthiopie est alors regroupée en quatre Etats : le Choa, le Tigré, le Godjam et le Bégameder.

En 1852, Cassa établi à Gondar, somme Ras Gochou, du Godjam, de lui payer tribut. Ras Gochou, indigné, part en campagne, mais est vaincu et tué près de Gorgora en novembre. Le Masâfént Ras Ali est vaincu à son tour et se réfugie à Ouollo. La victoire de Cassa met définitivement un terme au pouvoir des Galla en Ethiopie. Cassa obtient l’appui de l’Abouna Salama, le primat de l’Eglise copte, en échange de l’expulsion des missionnaires catholiques, en particulier des lazaristes français.

En 1855, Cassa fait prisonnier Oubié, gouverneur du Tigré, près de Dérachguié. Dans l’Est, les Ouollo Galla sont écrasés. Le Choa sera conquis en octobre. Le 5 mai, Cassa, s’appuyant sur l’ancienne prophétie du Fekkaré-Yasous, se fait proclamer Empereur et prend le nom de Théodoros. Il emmène en captivité avec lui Ménélik II, le fils de Haïlé-Malakot, le roi de Choa qui vient de mourir (1856).

[modifier] Le règne

L'empereur donnant audience, Stanley and the White Heroes in Africa (etc.) (H. B. Scammel, 1890).
L'empereur donnant audience, Stanley and the White Heroes in Africa (etc.) (H. B. Scammel, 1890).

L’avènement de Théodoros II scelle l’unité politique de l’Ethiopie, divisée en en plusieurs provinces ennemies depuis le XVIIIe siècle. Le négus réorganise l’administration, la justice et la police, nomme des gouverneurs de province à la place des ras ou des dejazmach héréditaires. Il lutte contre les grands, abat les envahisseurs Galla Ouollo et Yédjou, convertit ou chasse les musulmans. Il lutte contre l’esclavage et intéresse les Européens, notamment les Britanniques, à la culture éthiopienne. Pour rompre avec la cour dissolue de Gondar, il transfère sa résidence à Magdala, en pays Amhara. Mais une dizaine d’années plus tard, il présentera des signes de démence, deviendra un tyran sanguinaire et finira par se suicider.

Théodoros II forme une armée régulière composée de 70 000 à 80 000 hommes payés au frais de l’Etat. Il interdit aux soldats les pillages, les razzias et les destructions de récolte et de bétails perpétrées contre les paysans. Il crée des régiments et organise les grades. L’armée brasse des populations d’origines diverses, ce qui permet à l’empereur de lutter contre les particularismes et les survivances féodales. Malgré l’embargo des Turcs et des arabes sur la mer Rouge, il réussit à se procurer des armes à feu par la contrebande, notamment par le Soudan.

En 1856, Théodoros II propose une réforme de l’Eglise comportant une réduction du nombre de clerc et la sécularisation d’une partie de ses biens. Devant la résistance des prêtres, il décide unilatéralement de confisquer les terres de l’Eglise en 1860. Les événements et sa mort l’empêchent de mettre sa réforme en application.

La Question abyssinienne vue par une caricature de 1867. Britannia. "Now, then, King Theodore! How about those prisoners?"
La Question abyssinienne vue par une caricature de 1867. Britannia. "Now, then, King Theodore! How about those prisoners?"

En 1862, Le négus Théodoros écrit à la reine Victoria du Royaume-Uni pour lui proposer une alliance totale contre les Ottomans. Le refus du Foreign office irrite l’empereur, qui retient, puis emprisonne le consul britannique Cameron et quelques autres Européens (1866). La diplomatie occidentale, menée par Hormuzd Rassam, envoyé lui-même emprisonné par la suite, ne parvient pas obtenir leur libération. L’Egypte occupe Métemma.

En 1866, Théodoros II décide le dépouillement total de l’ancienne capitale Gondar, déjà délabrée. Il fait retirer leurs trésors de 44 églises. Neuf cent manuscrits précieux sont emportés à Magdala, et la ville est livrée à l’incendie.

En décembre 1867, l’expédition militaire britannique de Sir Robert Napier débarque à Massaoua, en Ethiopie, avec 32 000 hommes et une quarantaine d’éléphants venus des Indes, pour libérer les diplomates anglais emprisonnés en 1866. L’avance de Napier est favorisé par l’attitude du ras du Tigré, Cassa, qui est en lutte ouverte contre le négus. L’expédition de Sir Rober Napier marche vers l’Amhara, et le 13 avril 1868, Magdala est prise d’assaut. Le négus Théodoros II se suicide d’une balle d’un pistolet offert par la reine Victoria. La ville est incendiée. En quittant l’Ethiopie, Napier laisse des armes et des munitions au ras du Tigré Cassa, qui peut ainsi imposer son autorité. Il est couronné à Aksoum en 1872 après quatre années de querelles de succession sous le nom de Yohannès IV.


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(1868-1872)