Théâtre libre de Minsk

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Le «Théâtre libre» de Minsk a été crée en mars 2005 par le journaliste et dramaturge biélorusse Nikolaï Khalézine et la productrice de théâtre Natalia Koliada, en marge de l’esthétique officielle imposée par le régime du dictateur Alexandre Loukachenko en Biélorussie. En mai 2005, les deux fondateurs ont été rejoints par le metteur en scène Vladimir Scherban qui a mis en scène la plupart des spectacles du «Théâtre libre». Aujourd’hui, la compagnie regroupe huit comédiens professionnels, quatre managers et deux techniciens. Sans moyens et sans salle, le Théâtre libre de Minsk a créé en 3 ans neuf spectacles dans la quasi-clandestinité.

Le premier pays ayant exprimé sa solidarité avec le «Théâtre libre» a été la Lettonie. La toute première tournée étrangère de la compagnie a eu lieu en novembre 2005 sur la scène du «Nouveau théâtre de Riga» dirigé par Alvis Hermanis, lauréat de la XIe édition du Prix Europe pour le théâtre.

Remarqué en mai 2006 au Festival de théâtre de Berlin, le «Théâtre libre» a débuté sur la scène française le même mois à la Maison d’Europe et d’Orient. Par la suite, entre novembre 2006 et mai 2007, la troupe a été invitée au Festival "Passages" du CDN de Nancy, au festival "Backstage" de la Comédie de Saint-Étienne, et à une résidence artistique au Théâtre-Studio de Christian Benedetti.

Dans les conditions du système politique biélorusse actuel, le «Théâtre libre» n’a pas d’enregistrement officiel (personnalité juridique), ni de lieu permanent. Les représentations, l’entrée auxquelles est toujours libre, sont conduites de manière secrète, sous couvert d'un mariage ou un anniversaire, dans des appartements privés, des clubs, des cafés, ainsi qu’en plein air, à la campagne. L’endroit précis où elles ont lieu est soigneusement dissimulé par précaution. Les membres de la compagnie subissent des pressions permanentes de la part des autorités et sont poursuivis pour les rapports qu’ils entretiennent avec le «Théâtre libre». En corolaire, le metteur en scène du «TL» et tous ses comédiens, à l’exception de Yana Roussakevitch, ont aujourd’hui perdu leur travail dans les théâtres d’Etat.

La troupe est parrainée par le dramaturge britannique Sir Tom Stoppard et l’ex-président de la République tchèque Vaclav Havel. Leur soutien au « Théâtre libre » ont également proclamé le dramaturge américain Arthur Kopit, le Lark Play Development Centre américain, l’Union des dramaturges écossaise, les compagnies et les organisations membres de l’IETM (Réseau International des Arts du Spectacle), du TEH (Réseau européen des centres culturels indépendants) et de la Convention théâtrale européenne, dont le «Théâtre libre» est devenu membre à part entière en avril 2007.

En décembre 2007, la troupe biélorusse a été récompensée par le Prix des Droits de l’Homme de la République française dans la nomination «liberté d’expression».

En avril 2008, sur proposition de Tom Stoppard, Vaclav Havel et Harold Pinter, le collectif a reçu des mains de Georges Banu et sous la présidence de Jack Lang une mention spéciale de la XIIe édition du Prix Europe pour le théâtre.

L’action du « Théâtre libre » s’inscrit dans le cadre d’un conflit esthétique avec le système symbolique d’inspiration soviétique, au service des autorités biélorusses; elle vise à promouvoir un théâtre contemporain et un théâtre d’actualité, pour susciter des prises de position citoyenne, une interrogation poussée sur la société biélorusse, ainsi qu’une prise en compte de la réalité des problèmes sérieux du monde et des sociétés humaines en général; elle se propose également d’inscrire le théâtre biélorusse dans le mouvement théâtral européen, ainsi que de promouvoir les idées de société ouverte, de diversité culturelle et d’identité européenne; elle s’inspire des exemples tchécoslovaque et polonais où les mouvements de protestation étaient partis des milieux artistiques indépendants et où la contre-culture avait constitué un levier important dans les processus de transition démocratique.


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