Sueurs froides

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Sueurs froides (homonymie).
Sueurs froides
Image associée au film

Titre original Vertigo
Réalisation Alfred Hitchcock
Acteur(s) James Stewart
Kim Novak
Barbara Bel Geddes
Scénario Alec Coppel
Samuel A. Taylor
Pierre Boileau (roman)
Thomas Narcejac (roman)
Musique Bernard Herrmann
Costumes Edith Head
Photographie Robert Burks
Montage George Tomasini
Producteur(s) Herbert Coleman
Alfred Hitchcock (non crédité)
Production Paramount Pictures
Alfred J. Hitchcock Productions
Distribution Paramount Pictures
Durée 128 minutes (2 h 08)
Sortie États-Unis États-Unis 9 mai 1958
Langue originale Anglais
Pays d'origine États-Unis États-Unis

Sueurs froides, souvent mieux connu sous son titre original Vertigo, est un film américain réalisé en 1958 par Alfred Hitchcock. Il est considéré comme le film le plus abouti du réalisateur et est particulièrement apprécié des cinéphiles.

Sommaire

[modifier] Synopsis

A San Francisco, Scottie est un homme qui ne supporte pas l'altitude et a souvent des crises de vertige (titre anglais du film), très gênantes dans sa fonction de policier. Après la mort d'un de ses collègues, accident qui déclenche son acrophobie, il quitte la police. Une de ses connaissances le contacte afin de suivre sa femme, qu'il prétend possédée par son aïeule, Carlotta Valdes. D'abord réticent, Scottie finit par accepter. Après de longues scènes où il file la jeune femme, il se rend compte par lui-même qu'il y a une part de vérité dans ce que disait son ami d'enfance. Lorsque Madeleine, la jeune femme, tente de se suicider en se jetant dans la baie de San Francisco, il la sauve de la noyade in extremis et la ramène chez lui. Il fait sa connaissance et est de plus en plus fasciné par la folie douce qui l'a poussée à tenter de se suicider. Ils tombent amoureux l'un de l'autre, mais Madeleine est la victime d'une nouvelle crise de folie, et se jette du haut de la tour d'une église ; Scottie, terrassé par son acrophobie, n'a pas pu la suivre et la sauver.

Après plus d'une année de dépression et de mutisme, il commence à retourner dans les rues, dans les endroits qu'il a connus avec Madeleine. Il croit la voir partout mais il est déçu. Au détour d'une rue, il rencontre Judy, aussi brune que Madeleine était blonde, mais avec pourtant les même traits, le sosie de la disparue. Après l'avoir suivie, hébété, il l'aborde et ils finissent par sortir ensemble. Il lui colore les cheveux en blond, lui achète le tailleur que portait la défunte, bref, il la remodèle de façon à la transformer en Madeleine. Judy, qui s'en rend compte est désespérée, mais se laisse faire parce qu'elle l'aime. Scottie finit par devenir fou lorsqu'il comprend, en découvrant un bijou ayant appartenu à Madeleine chez Judy, de quelle horrible machination il a été la victime...

[modifier] Éléments d'analyse

[modifier] La technique au service de la mise en scène

Pour illustrer les scènes de vertige, Alfred Hitchcock utilise la caméra subjective, mais d’une façon particulière : alors qu’il filme, vers le bas, la profondeur de la cage d’escalier que James Stewart est censé voir avec angoisse, la caméra opère deux mouvements simultanés : un mouvement d’appareil vers l’arrière (travelling arrière) et un mouvement optique vers l’avant (zoom avant). Le résultat de cet artifice technique appelé travelling compensé, utilisé ici pour la première fois dans un film, est une image qui se déforme, comme si la cage d’escalier s’allongeait.

[modifier] Vertige et sexualité

Dans le roman de Pierre Boileau et Thomas Narcejac, D'entre les morts, le personnage principal est impuissant. Les auteurs écrivent explicitement, dès le premier chapitre, qu'il n'a jamais connu de femme alors qu'il a plus de 30 ans. Dans l'adaptation cinématographique Alfred Hitchcock s'amuse à multiplier les clins d'œil ironiques sur la sexualité de Scottie, incarné par James Stewart. Ainsi dès la deuxième scène, un dialogue interminable dans l'appartement de Midge, il joue avec une canne pendant que Midge fait allusion à leurs courtes fiançailles rompues parce qu'il ne s'est rien passé. Il la pointe même vers un soutien-gorge car Midge travaille dans la fabrication de lingerie féminine, ce qui contribue à érotiser encore plus la scène. Cette canne est donc un substitut de son sexe dont il ne sait que faire en présence d'une femme qui veut l'aimer charnellement. Midge lui parle comme à un enfant "you are a big boy now !". À la fin de la séquence, Scottie essaie de lutter contre le vertige en grimpant progressivement sur un escabeau. Hitchcock montre, dans un plan très bref, des dessins de femme au pied des marches. C'est une tentative d'érection qui est ainsi suggérée. Elle se termine par un fiasco dans les bras de Midge, éternelle insatisfaite.

L'ironie atteint son comble par l'utilisation de la tour Coit (un tel nom ne s'invente pas) bien connue par tous les habitants de San Francisco et dont l'érection a été financée par une dame qui s'appelait Lillie Hitchcock Coit (aucun lien de famille avec Sir Alfred !). La tour, évident symbole phallique, représente une lance d'incendie car Lillie voulait rendre hommage aux pompiers de la ville. La tour apparaît constamment par la fenêtre de l'appartement de Scottie comme pour se moquer de son manque de vigueur sexuelle. Quand Madeleine, après sa tentative de suicide, vient le remercier de l'avoir sauvée, elle lui dit qu'elle a retrouvé son appartement grâce à elle. Scottie répond que c'est la première fois qu'elle lui est utile à quelque chose.

Quelques plans plus tard, ils finissent par coucher ensemble, scène suggérée et non montrée. Scottie est alors persuadé qu'elle est une réincarnation et c'est avec un fantôme, avec une morte donc, qu'il a une relation. Dans l'interview qu'il a accordée à François Truffaut, Hitchcock parle de nécrophilie du personnage. Scottie est convaincu de la réincarnation de Carlotta après la magnifique séquence dans la forêt de séquoias, arbres sempervirens comme il le souligne lui-même. Dans le plan suivant, ils s'embrassent au pied d'un arbre tortueux (symbole de la sexualité vacillante de Scottie comparé à la vigueur insolente des arbres millénaires) et le déferlement des vagues ne laisse aucun doute sur le fait qu'ils se connaissent au sens biblique du terme.

[modifier] Scottie Pygmalion

Quand Scottie découvre par hasard dans la rue Judy, le sosie de sa regrettée Madeleine, il entreprend de la transformer à l'image de son amour disparu. Il ignore que c'est la même personne et qu'il est victime d'une machination diabolique. Une fois la transformation terminée, il l'aime à nouveau. Or Madeleine n'a jamais existé. Il est donc amoureux d'une image qu'il a créée lui-même. Quand il découvre la vérité la jalousie le submerge et il cause la mort de Judy. C'est aussi un châtiment divin, Hitchcock est très moral, car une religieuse contribue à provoquer l'accident. La question que l'on peut se poser c'est les causes du malaise de Scottie. Est-il malade parce qu'en définitive il a eu des relations avec une femme de chair et de sang ? Ou bien est-ce d'Elster qu'il est jaloux ? Ce que Scottie a fait en créant Madeleine, Elster l'a fait avant lui mais sans tomber amoureux de sa création. Son but machiavélique était qu'un autre succombe à ses charmes et tombe dans son piège maléfique.

[modifier] Fiche technique

[modifier] Distribution

[modifier] Autour du film

  • Caméo : A la 11e minute, Alfred Hitchcock passe devant le portail d'entrée du chantier naval.
  • Une erreur s'est glissée dans le film : à la fin, quand Scottie et Judy vont vers la mission espagnole, la voiture roule à gauche.
  • Hitchcock aurait forcé Kim Novak à faire semblant de se noyer alors qu'il savait qu'elle ne savait pas nager, lors de la scène au Presidio.
  • Tourné en Vistavision, le film a été tiré dans des copies 70mm avec un son stéréophonique à 6 pistes magnétiques. La version sur DVD utilise également une stéréophonie 5.1.

[modifier] Liens externes