Subprime

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Au sens le plus large, un « subprime » (subprime loan ou subprime mortgage en anglais) est un crédit à risque, offert à un emprunteur qui n'offre pas les garanties suffisantes pour bénéficier du taux d'intérêt le plus avantageux (prime rate). Le terme est employé plus particulièrement pour désigner une forme de crédit hypothécaire (mortgage), apparue aux États-Unis et destinée aux emprunteurs à risque. Ce crédit immobilier est gagé sur le logement de l'emprunteur.

Le terme est un dérivé de prime lending rate, qui est le taux d'intérêt accordé aux emprunteurs les plus fiables. Prime lending désigne ainsi le crédit accordé aux emprunteurs fiables, et subprime lending le crédit accordé aux emprunteurs à risque. L'écart de taux, c'est-à-dire la différence entre le subprime lending rate et le prime lending rate sert à payer le risque supplémentaire pris par les investisseurs quand ils décident de prêter de l'argent aux emprunteurs à faibles garanties. Par ailleurs, de nombreux crédits sont à taux variable ; dans le cas des crédits subprime le taux initial peut être alléchant (teaser rate), en dessous du taux fixe d'un emprunt normal. Ainsi, aux États-Unis, certains emprunteurs qui avaient les moyens de s'en passer ont tout de même opté pour ce crédit facile d'accès et bon marché en période de taux faibles.[réf. souhaitée]

Pour les créanciers, les prêts subprime étaient considérés comme individuellement risqués mais collectivement sûrs et rentables. L'estimation de rentabilité reposait sur une hausse régulière du prix de l'immobilier, justifiée par l'absence de baisse à l'échelle nationale depuis 1945. Ainsi, si un emprunteur venait à défaillir, il était toujours possible de revendre la propriété avec une plus-value. Cependant, la conjonction de l'augmentation des taux d'intérêt à court terme (de 1 % à plus de 5 %) et de la baisse des prix dans l'immobilier a mis en faillite certains des clients les plus fragiles, puis certaines banques elles-mêmes.[réf. souhaitée] En 2007, près de trois millions[1] de foyers américains étaient en situation de défaut de paiement.

Sommaire

[modifier] Caractéristiques de ces crédits

Emprunteurs. Ce type de prêt est consenti à des ménages, souvent à faible revenu, qui ont eu des retards de paiement (voire des défauts de paiement) par le passé. Il s'avère plus risqué pour le prêteur : la probabilité de défaut plus élevée des emprunteurs implique un plus grand risque de perte de la mise.

Taux. En contrepartie de critères d'attributions plus souples que les prêts classiques, le taux d'intérêt est plus élevé, tout en étant variable dans le temps (le taux est indexé sur le taux directeur de la banque centrale américaine, après un taux promotionnel initial très bas, sur une durée de 2 ou 3 ans, avant d'être refixé pour une durée de 27 ou 28 ans), ce qui rend ce type de prêt plus rentable pour l'investisseur.

Objets, garanties. Ce type de prêt peut répondre à divers objets allant de la consommation au logement. Il est cependant apparu aux États-Unis dans une période de croissance du marché immobilier, en s'appuyant souvent sur des garanties hypothécaires (y compris des secondes hypothèques sur des logements déjà hypothéqués à l'achat). Il s'est avéré, dans ce contexte de hausse des prix de l'immobilier, apparemment sûr et particulièrement lucratif, ce qui l'a fait largement promouvoir et adopter. En effet, tant que la valeur moyenne des logements augmentait, la défaillance d'un emprunteur permettait au prêteur de se rembourser assez facilement sur la revente du bien immobilier, ce qui rendait le risque pris très acceptable.

Organismes et marché. Les organismes prêteurs, banques ou organismes de crédit spécialisés, ont financé eux-mêmes une partie de ces crédits, mais en ont aussi titrisé une autre partie qu'ils ont replacée sur le marché financier notamment auprès de fonds de placement divers (hedge funds en particulier mais pas seulement), eux-mêmes pouvant être constitués et/ou financés en partie par des banques.

[modifier] Les difficultés rencontrées

Icône de détail Article détaillé : Crise des subprimes.

Entre 2004 et 2007, la Réserve fédérale a relevé son principal taux directeur de 1 % en 2004 à plus de 5 % en 2007. Une hausse des taux longs s'en est suivie. Cette hausse des taux a entraîné une augmentation des montants des remboursements des emprunts à taux variable, et des ménages fortement endettés à taux variable se sont révélés dans l'incapacité de respecter leurs échéances de remboursement.

Ensuite, à partir de 2006, le marché immobilier américain est entré dans une crise, faisant baisser les prix des logements. Dans ce contexte, en cas de défaillance de l'emprunteur, le prêteur n'arrive donc plus à recouvrer la totalité de sa créance en revendant le bien immobilier. À la faillite personnelle des emprunteurs s'est donc ajoutée une série de graves difficultés financières pour les prêteurs et certains de leurs banquiers.

La combinaison des deux facteurs conduisit, à l'été 2007, à une crise financière internationale, la crise des subprimes, entraînant une baisse des indices des principales places boursières mondiales. En effet, la rentabilité de ce type de prêt a amené de nombreux organismes de prêt à les proposer. En même temps, des titres représentatifs de ces subprimes se négocient sur le marché des prêts hypothécaires. La crise connue par les prêteurs s'est donc répercutée sur les marchés financiers, en raison de l'explosion des créances douteuses révélées par les organismes prêteurs, conduisant ceux-ci à durcir leurs conditions de crédits dans les autres secteurs, notamment le financement du capital-investissement.

Un des problèmes liés à la titrisation est le suivi des créances, le recours à cette technique a brouillé les pistes et on ne savait plus où se trouvaient certaines créances. Cette ignorance a créé le doute dans les différentes banques qui ne savaient plus où se trouvait le risque, les taux interbancaires ont donc augmenté significativement à l'été 2007 car les banques ne se faisaient plus confiance entre elles. La cession des créances au marché devait permettre d'assainir le bilan des banques et a permis de respecter les ratios de solvabilité, mais les banques sont rentrées sur le marché et ont acquis certains dérivés de crédit, le risque est donc resté dans le milieu bancaire.

Il convient aussi de noter le rôle qu'ont tenu, dans cette crise, les agences de notation (Standard and Poors, Fitch...) en acceptant pour argent comptant les données communiquées par les créateurs des titres financiers dérivés des subprimes, et en notant certains dérivés AAA (le meilleur niveau !) ces produits gangrénés. Il sera nécessaire à l'avenir que celles-ci soient plus critiques à l'égard de leurs sources et circonspectes quant à la nature de chaque composant de titres financiers.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes et références

[modifier] Article connexe