Soupe identitaire

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Soupe identitaire, soupe au cochon, et soupe "gauloise" sont des noms employés pour désigner une soupe populaire composée avec de la viande de porc, que certains désignent comme visant à exclure les personnes qui ne veulent consommer cette viande pour des raisons religieuses.

Sommaire

[modifier] Historique

En 2004, dans le quartier de la gare de l'Est à Paris, une soupe identitaire est organisée à l'instigation du Bloc identitaire.[1]

L'idée est reprise à Nice le 28 décembre 2005 par une association proche du Bloc identitaire.[2] Le concept a ensuite été diffusé en Belgique[3]. Ces soupes furent l'objet de critiques car le porc représente un interdit alimentaire dans les religions juives et musulmanes : ainsi, sauf à manquer à leur foi, les juifs et musulmans pratiquants ne veulent profiter de ce type de soupe.

En 2006, Solidarité alsacienne organise une action qui engendre l'hostilité de nombreux partis de gauche et d'associations strasbourgeoises, également de gauche, qui en obtinrent l'interdiction. Leur action de lobbying poussa également le tribunal à faire traduire la présidente de Solidarité alsacienne devant la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité.

Selon le quotidien communiste l'Humanité[1], des initiatives de distribution de nourriture aux démunis avec discrimination avaient été menées par le NSDAP dans l'Allemagne des années 1930 avec des soupes destinées uniquement aux « aryens » puis en France par le Parti populaire français (PPF), organisation fasciste de Jacques Doriot.

[modifier] Polémique en France

Suite aux nombreuses actions de lobbying menées par la gauche,[2] la préfecture de police de Paris a décidé d'interdire les soupes identitaires à partir du 28 décembre 2006, une décision aussitôt suspendue par le Tribunal administratif.[4] Le Ministre de l'Intérieur de l'époque, Nicolas Sarkozy, soutenu par le maire de Paris de l'époque, Bertrand Delanoë, saisit alors le Conseil d'État qui par une ordonnance du juge des référés du 5 janvier 2007[5],[6] lui donne raison en annulant l'ordonnance rendue en première instance. Le Conseil estime qu'une telle action est de nature "discriminatoire" et risque de troubler l'ordre public, étant donné que la religion de certaines personnes les empêche de manger de la soupe.[5],[7]. Dans un entretien au Financial Times la présidente de Solidarité des Français, Odile Bonnivard, anciennement membre du MNR, revendique son affiliation au Bloc identitaire ; elle estime que la France a tendance à privilégier certains étrangers au détriment des français de souche, et ajoute que les SDF musulmans ou juifs ne sont pas obligés de manger sa soupe, car qu'il y a d'autres organisations qui ne s'occupent que d'eux, alors qu'aucune association ne s'occupe exclusivement des français de souche[8].

Odile Bonnivard présenta son action au journal Minute en indiquant: « Nous avons décidé d’aider les nôtres avant les autres », à l'instar des groupes communautaristes musulmans ou juif, sauf que le sien s'applique aux français de souche[1].

[modifier] Anecdotes

La distribution de soupes au cochon a été le thème d'un épisode de la série télévisée policière P.J..

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

[modifier] Références

  1. abc l’extrême-droite remet le couvert, L'Humanité, 19 janvier 2006
  2. ab (fr) Paul Barelli, Une soupe au porc pour les sans-abri crée la polémique à Nice, dans Le Monde du 31 décembre 2005
  3. (fr) Paul Hermant, La Première, RTBF, 8 janvier 2007
  4. (en) French court bans right wing soup, publié le 6 janvier 2007 par Al Jazeera English [lire en ligne]
  5. ab CE, ord. réf., 5 janvier 2007, n°300311, MINISTRE D’ETAT, MINISTRE DE L’INTERIEUR ET DE L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE c/ l’association « Solidarité des français »
  6. Bertrand Pauvert, « A propos de l'interdiction de distribution d'une soupe populaire contenant du porc », AJDA 2007, p. 601. L'auteur s'interroge quant à la présence des éléments juridiques permettant d'identifier une discrimination effective et note que l'ordonnance est en rupture avec la jurisprudence Benjamin (CE 19 mai 1933, N° 17413 17520: « l'éventualité de troubles, alléguée par le maire de Nevers, ne présentait pas un degré de gravité tel qu'il n'ait pu, sans interdire la conférence, maintenir l'ordre en édictant les mesures de police qu'il lui appartenait de prendre ; que, dès lors, sans qu'il y ait lieu de statuer sur le moyen tiré du détournement de pouvoir, les requérants sont fondés à soutenir que les arrêtés attaqués sont entachés d'excès de pouvoir »).
  7. (fr) Catherine Coroller, Le Conseil d'État ne goûte pas la «soupe au cochon», dans Libération du 6 janvier 2007 [lire en ligne]
  8. (en) Adam Jones, Pig soup off menu for Paris homeless, dans le Financial Times du 6 janvier 2007 [lire en ligne]