Shéhérazade (Ravel)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Shéhérazade (homonymie).

Poèmes pour voix et orchestre de Maurice Ravel sur des vers de Tristan Klingsor.

Dans son autobiographie, Ravel mentionna son attrait au charme profond que l’Orient exerçait sur lui depuis son enfance. Il avait déjà composé en 1898, une ouverture qu’il avait intitulée Shéhérazade destinée à introduire un opéra oriental et féérique. Elle n’eut pourtant pas de succès. En 1903, il choisit trois textes du poète Tristan Klinsor (pseudonyme de Léon Leclère) à mettre en musique pour voix et orchestre. Il réutilisa une partie du matériau musical ainsi que le titre de son ouverture de 1898 à laquelle il ne devait plus attacher d’importance.

L’influence spirituelle de Claude Debussy se fait sentir dès les premières mesures moins dans le coloris orchestral raffiné que dans la déclamation libre et discrète des vers à la rythmique ouverte selon l’exemple de Pelléas et Mélisande.

Ces trois poèmes sont Asie, La flûte enchantée et L’Indifférent. Ravel avait choisit ces textes car il les considérait les moins aptes à mettre en musique. Il voulait des vers difficiles, tout à fait impossibles à chanter. L’œuvre fut créée en 1904 par la mezzo-soprano Jeanne Hatto et depuis elle fut habituellement chantée par une voix de femme. On trouve néanmoins certaines interprétations par des voix d’hommes apportant une couleur homoérotique particulièrment dans les deuxièmes et troisièmes poèmes.

Les trois mélodies qui le composent sont d'inégale longueur — la première étant de loin la plus longue — mais d'une qualité qui touche à la perfection méticuleuse. Comme toujours chez Ravel, l'orchestration est magistrale. La dimension exotique de l'œuvre lui a inspiré des accents et des parfums enivrants qui se déploient particulièrement dans "Asie", une fresque onirique qui ne peut laisser l'auditeur indifférent.

[modifier] Asie

"Asie, Asie, Asie,
vieux pays merveilleux des contes de nourrice ..."

[modifier] La flûte enchantée

"L'ombre est douce et mon maître dort,
coiffé d'un bonnet conique de soie
et son long nez jaune en sa barbe blanche ..."

[modifier] L'indifférent

"Tes yeux sont doux comme ceux d'une fille
Jeune étranger,
et la courbe fine de ton beau visage ..."

Parmi les nombreux enregistrements de cette œuvre, l'interprétation qu'en a donné Régine Crespin est considérée par la critique comme insurpassable.

Autres langues