Serpico

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Serpico est un film policier américain de Sidney Lumet sorti en 1973, d'après le livre éponyme de Peter Maas. Il raconte l'histoire vécue de Frank Serpico, policier pour la ville de New York, qui a entrepris de dénoncer la corruption générale qui règnait au sein de ce service de police. Il a notamment témoigné à cet effet devant la commission Knapp qui avait comme mission d'enquêter sur ces allégations.

Sommaire

[modifier] Synopsis

Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue.

Serpico de Sydney Lumet est un film qui raconte l'histoire vécue d'un policier New-Yorkais qui refuse obstinément la corruption de ses pairs jusqu'à ce que ceux-ci finissent par le trahir lors d'une opération de rue où il frôle la mort en recevant un projectile d'arme à feu à la figure. Drôle et fantasque, Serpico est plus à l'aise dans les soirées branchées de la jeunesse contestataire des 70's que parmi ses collègues policiers. Il épouse progressivement le style vestimentaire de la mouvance hippie, convaincu que la police doit ressembler à ceux qu'elle surveille[réf. nécessaire]. Entêté dans son refus d'accepter les pots-de-vin offerts par des criminels ou parfois extorqués par des policiers, Serpico se trouve en butte à la méfiance puis à la franche animosité des policiers de New York. L'intransigeance du héros le hisse au rang de martyr – certains ne manqueront pas de voir une figure christique dans le visage encadré par de longs cheveux et mangé par la barbe [réf. nécessaire]– de la police. Le film s'achève sur la reconnaissance de Serpico. Son intégrité est reconnue et saluée tant par la police que par les médias.

On serait bien aise de laisser Serpico comme parangon de justice et de vertu, qui finit par triompher. Mais Lumet trace une perspective dans laquelle la figure de Don Quichotte apparaît en surimpression. Le professeur pose subrepticement la question : le propre de Don Quichotte n'est-il pas d'être ridicule dans son entêtement à poursuivre sa croisade absurde ? Le panorama « serpicien » se recompose alors radicalement : le juste devient un homme échauffé par ses idéaux qui nie la réalité et persévère jusqu'au grotesque dans des causes factices. Après tout qu'importe si les flics se font quelques billets sur le dos des malfrats ? – C'est là une interprétation, mais on peut aussi penser qu'accepter des pots-de-vin n'est pas la meilleure manière de lutter contre le trafic de drogue et le crime organisé ! Lumet veut faire partager au spectateur la justesse de la cause de Serpico : une police propre et sans compromission avec la pègre, le "ménage" devant d'abord être fait parmi les hauts responsables de la police, car si la police est corrompue à sa base, c'est que l'exemple vient de haut. La scène finale où Serpico, pour une fois tiré à quatre épingles, dépose devant une assemblée solennelle composée manifestement d'élus, de hauts fonctionnaires et de juges, doit être replacée dans le contexte américain de l'époque, l'affaire du Watergate et les premières auditions de la commission Ervin. On retrouve d'ailleurs dans le film le rôle de la presse : l'article retentissant du Times qui dans le film dénonce le scandale des pots-de-vin évoque l'enquête du Washington Post à l'origine du scandale du Watergate. Comme dans Douze hommes en colère, du même Lumet, où le juré vertueux et obstiné arrive à renverser l'opinion toute faite des autres jurés, ce film exalte le rôle de l'individu qui, animé par l'esprit de droiture et prêt au sacrifice de lui-même – ses amours et sa vie même : les blessures du héros à la fin sont de véritables stigmates – peut arriver à bousculer les autorités établies et à ouvrir les yeux des honnêtes gens sur la corruption cachée de la société.

[modifier] Commentaire

L'interprétation reste ouverte. Peut-être que la fascination intacte exercée par Serpico réside dans l'accomplissement du destin de celui qui face à l'alternative de Descartes (il faut changer le monde ou se changer soi même) opte pour la confrontation avec le monde. Le personnage de Serpico peut à la fois être vu comme un Don Quichotte moderne, se battant pour ses idées, contre des géants. Mais il se dégage de ce dernier également une image christique, en effet Frank Serpico va progressivement voir son apparence changer au fur et à mesure du film, passant d'un jeune homme plutôt glabre, à un hippy chevelu et barbu.

[modifier] Fiche technique

[modifier] Distribution

[modifier] Liens externes