Schlitte

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La schlitte, encore appelée zlitte ou hhlite selon certaines variétés dialectales, est une sorte de traîneau, à l'armature légère et assez souple en bois, réservée à de multiples usages traditionnels dans la montagne vosgienne. La partie frottant sur le sol que sont les patins peut être en bois, parfois à semelle renforcée en métal ou uniquement en métal.

Schlitte vosgienne
Schlitte vosgienne

Ce mot très ancien d'origine celto-germanique, utilisé de part et d'autre de la frontière linguistique, correspond à ce que le français nomme communément, dans son petit format, une luge.

Sommaire

[modifier] Schlittes domestiques

Chaque maisonnée montagnarde, house ou moho suffisamment cossue, possédait une gamme de schlittes en bois, que ses occupants savaient confectionner et réparer. En été comme en hiver, sur les prés fragiles, les chemins de terre et les versants en pente, la grande schlitte sur laquelle se plaçaient différents supports en bois adaptables permettait de faire glisser des charges, telles des cendriers de fourrages ou des charges de terre, de fumier, de menu bois ou de gros bois[1]. La petite schlitte permettait aux enfants ou à l'adulte de dévaler rapidement les pentes verglacées.

La principale condition d'utilisation était un dénivellement entre les points de charge en haut et de décharge en bas. La remontée traditionnelle s'effectuait en portant la schlitte plus ou moins relevée, les arquebouts de devant dans les mains et les épaules supportant le premier plat ou barreau, le dispositif de support inversé étant plaqué dans le dos.

Certaines schlittes étaient conçues en deux ou trois parties pour transporter des corps allongés, un tronc ou plusieurs poteaux ficelés par exemple. Une partie avant ou chèvre, éventuellement une partie médiane, et enfin le bouc ou fin de traîne surélevaient la charge et la faisaient glisser sur leurs patins.

Enfin, sans nécessiter de dénivellement, des schlittes de tailles moyennes, parfois aussi en deux parties, pouvaient servir de traîneau afin qu'un homme ou un animal, fréquemment un chien si la charge était faible, puisse tirer une charge sur un parcours boueux, enneigé ou verglacé. Les montagnards amenaient par ce moyen en temps hivernaux leur mort à la cérémonie d'enterrement.

[modifier] L'instrument de travail des schlitteurs forestiers

De longues schlittes à patins renforcés, parfois ferrés, supportaient des empilements de rondins impressionnants afin de permettre leur évacuation des hauteurs forestières depuis la coupe jusqu'en bas de la vallée. Ce bois de chauffage découpé anciennement à des longueurs standardisées et empilé sur des rôles empruntait le plus souvent des chemins de schlittage aménagés encore au début du XXe siècle.

Alors que les plus beaux chemins de schlittage, véritables œuvres d'art en bois, avec petits ponts et sculptures, étaient réalisés dans une nature grandiose pour faire glisser et effrayer les touristes du Second Empire, la plupart des installations sommaires, formées de rondins à moitié enterrés dans la croûte d'humus forestier et espacés en fonction de la pente, étaient appelés chemins de raftons. Le schlitteur se cambrait à l'avant, le haut du dos collé à la charge, ses pieds prenant appui sur les plots de bois transversaux, et retenait ou tirait sa charge sur ce chemin à rail de bois. La taille du lot de bois à transporter avoisinait deux cordes, soit environ huit stères !

Les schlitteurs forestiers, qui se caractérisaient par leur bonnet et leur longue pipe, utilisaient aussi des schlittes en deux parties pour transporter des grumes de 10 à 13 mètres. Dans ce cas, ils étaient deux à retenir la charge : un à la chèvre, l'autre au bouc.

Ces professionnels forestiers, saisonniers, intervenant après les bûcherons, les scieurs de long, les cogneurs et les ébrancheurs et avant les flotteurs ou voituriers, les scieurs marnageurs ou sagards, étaient recrutés essentiellement parmi les hommes pauvres, en tout cas les plus démunis des vallées des Vosges. La préservation de l'expression populaire : « La schlitte tue l'homme en montant, et l'achève en descendant », témoigne du caractère harassant de la tâche réputée peu noble. Pour ce travailleur, si le mouvement de ces charges pouvait être périlleux en cas de glissade, la tâche la plus intense était la charge équilibrée et la décharge rapide qui étaient exigées par l'employeur ou le marchand de bois.

D'après les statistiques forestières de la fin du XIXe siècle, ce métier de force malfamé, rude et difficile, rendu dangereux par le temps humide et froid, possédaient le taux le plus élevé d'accidents graves et mortels[2].

[modifier] Commémoration du schlittage forestier

Dans une ambiance plus festive, caractérisée par une foule et d'un battage folklorique joyeux et animé qui aurait paru étrange aux hommes de la montagne vosgienne du XIXe siècle, se perpétue depuis plusieurs décennies une fête du schlittage à Menaurupt à proximité de Gérardmer, et des démonstrations lors de la fête de la forêt à La Bresse. On peut visiter, à Muhlbach-sur-Munster dans le Haut-Rhin, un Musée de la Schlitte et des Métiers du bois.

Vantées par la littérature touristique sur le haut massif vosgien, les techniques de schlittage étaient aussi connues dans les Vosges gréseuses, dans les Vosges du Nord forestières, dans le Jura et en Forêt-Noire.

[modifier] Notes et références

  1. Une grande schlitte est au minimum de la taille d'un homme. Un cendrier est une toile pour transporter des matières divisées, poudreuses ou fibreuses plus ou moins fines.
  2. La saison traditionnelle des travaux dans les bois commençait en novembre et finissait en mars

[modifier] Voir aussi