Roger Trinquier

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Officier supérieur parachutiste, Roger Trinquier a participé à la guerre d'Indochine, à la crise de Suez et à la guerre d'Algérie. Commandant un des trois régiments de la 10e division parachutiste de Jacques Massu, il participa à la bataille d'Alger de 1957. Commandeur de la légion d’honneur, titulaire de 14 citations dont 10 à l’ordre de l’armée, le colonel Trinquier est l’auteur de plusieurs ouvrages

Auteur de La Guerre moderne (Editions de la Table Ronde, 1961), il est un des théoriciens de la « guerre subversive » et sera abondamment cité dans les écoles de guerre, en particulier à l'École militaire des Amériques, située au Panama ainsi qu'à Fort Benning en Georgie (États-Unis).

Sommaire

[modifier] Parcours

Roger Trinquier est né à La Baume dans les Hautes-Alpes le 20 mars 1908, dans une famille de paysans. Il fait ses études à l’école communale de son village natal où il obtient son certificat d’études en 1920. En 1925, il entre à l’école normale d’Aix en Provence. Pour son service militaire, il est reçu en 1928 éléve-officier de réserve (EOR). A la sortie des EOR, il prend le commandement d’une section de tirailleurs sénégalais à Fréjus dans le Var.

A la fin de son service, Roger Trinquier s'engage dans l’armée et intêgre l’école des officiers d’active de Saint-Maixent d’où il sort sous-lieutenant en 1933. Affecté un temps à Toulon au 4e R.T.S., il embarque le 11 mai 1934 à destination de l’Indochine où il rejoint Kylua, au Tonkin, à proximité immédiate de Langson. Il prend ensuite le commandement du poste de Chi Ma, à la frontière de la Chine. Il prend part à la Deuxième Guerre mondiale puis à la guerre d'Indochine.

Après la défaite de Dien Bien Phu, il rentre en France en janvier 1955. Lieutenant-colonel, il est affecté à Paris à l’état-major du général Gilles, commandant les troupes aéroportées.

En août 1956, il rejoint l’Algérie à la Base Aéroportée d’AFN, puis est l'adjoint du général Jacques Massu, commandant la 10e Divison parachutiste (10e D.P.), pour la bataille d’Alger. Il est à l’origine de la création du « dispositif de protection urbaine » (D.P.U.).

Après un bref séjour en métropole à la tête de l’école des troupes aéroportées, il prend, en mars 1958, le commandement du 3e R.P.C. sur la frontière tunisienne.

Le 13 mai 1958, membre du Comité de salut public d’Alger, il en démissionne le 11 juin 1958 et reprend le combat à la tête de son régiment, dans le sud et en Kabylie où il capture le commandant Azzedine. Au premier semestre de 1959, il prend part aux opérations du plan Challe en Oranie et l’Ouarsenis. En juillet 1959, il prend le commandement du secteur d’El Milia dans le Constantinois avec son chef d’état-major le capitaine Dabezies.

En juillet 1960, Roger Trinquier est rappelé en métropole. Il est affecté en décembre 1960 à l’état-major du général commandant le groupe de subdivisions à Nice.

Il meurt en 11 janvier 1985 de façon accidentelle à Vence.

[modifier] La Guerre moderne

La Guerre moderne de Trinquier a été considéré comme l'un des manuels de la guerre contre-insurrectionnelle, soulignant l'importance du renseignement, de la guerre psychologique et du volet politique des opérations armées [1]. Il a été abondamment cité par le général britannique Frank Kitson, qui a travaillé en Irlande du Nord et est l'auteur de Low Intensity Operations: Subversion, Insurgency and Peacekeeping (1971).

Selon un entretien du colonel américain Carl Bernard avec la journaliste Marie-Monique Robin, Paul Aussaresses, qui travaillait alors à Fort Bragg, centre d'entraînement des forces spéciales américaines, lui a montré un brouillon de ce livre [1]. Aussaresses et Bernard ont alors envoyé un résumé du livre à Robert Komer, un agent de la CIA qui deviendra l'un des conseillers du président Lyndon Johnson pour la guerre du Viêt-nam [1]. Selon C. Bernard, c'est « à partir de ce texte que Komer a conçu l'opération Phénix, qui est en fait une copie de la bataille d'Alger appliquée à tout le Viêt-nam du Sud. (...) Pour cela, on retournait des prisonniers, puis on les mettait dans des commandos, dirigés par des agents de la CIA ou par des bérets verts, qui agissaient exactement comme l'escadron de la mort de Paul Aussaresses. » [1].

[modifier] Ouvrages

  • La Guerre moderne, Editions de La Table ronde, Paris, 1961.
  • Guerre, subversion, révolution, Robert Laffont, Paris, 1968.
  • Le coup d’état du 13 mai, Esprit Nouveau, 1962
  • Notre guerre au Katanga, La Pensée Moderne (en coll.)
  • L’Etat Nouveau, Nouvelles Editions Latines
  • Les Maquis d’Indochine, SPL Albatros
  • La Bataille pour l’élection du président de la république, L'Indépendant, 1965
  • La Guerre, Albin Michel
  • Le 1er bataillon de bérets rouges, Indochine 1947-1949, Plon 1984
  • Le Temps Perdu, Albin Michel, Paris, 1978

[modifier] Citations

  • « les erreurs dues à la bonté d’âme sont (...) la pire des choses. Comme l’usage de la force physique n’exclut nullement la coopération de l’intelligence, celui qui en use sans pitié et ne recule devant aucune effusion de sang prendra l’avantage sur son adversaire. »[2].
  • « Ces exactions systématiques sont l’expression d’une révolution dans l’art de la guerre censée répondre à la « guerre totale » menée par les rebelles par une politique de terreur dont l’enjeu est le ralliement des populations » [citation nécessaire]

[modifier] Notes et Citations

  1. abcd Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l'école française [détail des éditions], 2008, p.254 (entretien de l'auteur avec Carl Bernard)
  2. Roger Trinquier, Guerre, subversion, révolution, Robert Laffont, Paris, 1968

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