Robert Byrd

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Robert Byrd
Robert Byrd
Byrd prétant serment pour son neuvième mandat
Byrd prétant serment pour son neuvième mandat

Robert Carlyle Byrd, né en 1917, est un homme politique américain, membre du Parti démocrate et sénateur de Virginie-Occidentale au Congrès des États-Unis depuis janvier 1959. Il est le sénateur qui est resté le plus longtemps en fonction de toute l'histoire du Sénat américain et le membre du congrès le plus âgé depuis le départ de Strom Thurmond en 2006.


Sommaire

[modifier] Carrière politique

Né le 20 novembre 1917 à North Wilkesboro, Caroline du Nord, Robert Byrd fut élevé en Virginie-Occidentale par sa tante et son oncle après la mort de sa mère alors qu'il n'avait qu'un an.

En 1937, à l'âge de 20 ans, il se marie à Erma Ora, qui décèdera en 2006 à l'âge de 68 ans, et dont il aura deux filles. Il lui fallut attendre 12 ans avant de pouvoir se payer des études supérieures.

Il fit divers petits métiers, de boucher à gérant de station service avant de se faire élire à la Chambre des représentants de Virginie-Occidentale en 1946.

En 1950, il est élu au Sénat de l'État.

En 1953, Byrd est élu à la Chambre des représentants des États-Unis avant d'être élu sénateur des États-Unis en janvier 1959.

Robert Byrd est enfin diplômé en droit en 1963. Il était un membre notoire de la franc-maçonnerie. [1]

En 1965, il fait voter la création d'une bourse pour les adultes désireux de reprendre des études supérieures.

Le nom de Byrd est accolé à de nombreuses propositions de lois progressistes en matière sociale.

Durant les années 90, il est très critique envers l'administration de Bill Clinton et n'hésite pas en 1998 à demander le renvoi du président devant le Sénat pour entamer la procédure d'impeachment. C'est cependant sa propre motion qui mettra fin à cette même procédure .

Byrd connaitra en 2002-2003 une notoriété internationale en s'opposant à la guerre en Irak de George W. Bush.

Déjà opposé à la création du Homeland Security Department, le Département de la Sécurité intérieure, par crainte d'une trop grande centralisation du pouvoir entre les mains de l'exécutif, il mène une opposition frontale contre le président Bush et le principe de guerre préventive. Il échoue cependant à rallier une majorité des membres de son parti derrière lui. Il mène la même opposition contre la guerre en Irak et le choix de l'unilatéralisme.

Le 19 mars 2003, au premier jour de l'invasion de l'Irak, Byrd fait un discours dans le Sénat contre la guerre:

« Aujourd'hui, je pleure pour mon pays. C'est avec un cœur très lourd que j'ai regardé se dérouler les événements des derniers mois. L'image de l'Amérique n'est plus celle d'un gardien de la paix, fort mais bienveillant. L'image de l'Amérique a changé. Partout dans le monde, nos amis se méfient de nous, nos paroles sont contestées, nos intentions sont mises en doute. Au lieu de raisonner avec ceux avec qui nous ne sommes pas d'accord, nous exigeons leur obéissance ou les menaçons. »

(« Today I weep for my country. I have watched the events of recent months with a heavy, heavy heart. No more is the image of America one of strong, yet benevolent peacekeeper. The image of America has changed. Around the globe, our friends mistrust us, our word is disputed, our intentions are questioned. Instead of reasoning with those with whom we disagree, we demand obedience or threaten recrimination. »)

Par la suite, il dénonça inlassablement la politique internationale suivie par George W. Bush, n'hésitant pas à faire des références au procès de Nuremberg.

En novembre 2006, il est réélu sénateur avec 64% des voix contre 34% au républicain John Raese. Le 2 juin 2008, il est hospitalisé d'urgence.

[modifier] La part d'ombre : le Ku Klux Klan et le racisme

Dans les années 40, Byrd était un chef local du Ku Klux Klan opposé à toute idée d'intégration raciale au sein de l'armée. Les soupçons de racisme le suivront durant toute sa carrière politique.

En 1952, il reconnaît ses errements de jeunesse mais annonce avoir quitté l'organisation et payé ses dettes à ce sujet. Cependant, en 1964, il s'oppose à la loi sur les droits civiques dans un discours de 14 heures en continu.

Il s'oppose ensuite à la nomination en 1967 de Thurgood Marshall, premier noir à être pressenti comme juge à la Cour suprême des États-Unis et prend la tête des sénateurs pro-ségrégationnistes contre cette nomination.

En 1991, il s'oppose de nouveau à la nomination à cette même cour de Clarence Thomas, le second noir pressenti pour être juge de la plus haute instance juridique du pays, à la place justement de Thurgood Marshall. En 2004, il s'oppose à plusieurs nominations de noirs notamment celles de Janice Rogers Brown à la Cour d'appel fédérale et de Condoleezza Rice à la tête du Département d'État. Plusieurs autres démocrates se sont cependant aussi opposés à ces nominations à cause des avis conservateurs de ces derniers juges; il n'a donc pas pu être prouvé que ce soit le racisme qui ai motivé Byrd dans ces cas. Pour se défendre de ces accusations, Byrd rappelle qu'il a approuvé dans le passé la nomination d'autres personnalités noires comme Rod Paige comme secrétaire à l'Éducation ou Colin Powell comme secrétaire d'État.

En 2005, dans ses Mémoires, Robert Byrd affronte son passé de militant du KKK et s'excuse pour cette « extraordinaire idiotie » de jeunesse qui, dit-il, « n'a cessé de [le] hanter ».

En 2008, Robert Byrd a donné son appui au sénateur noir Barack Obama plutôt qu'à Hillary Clinton[1].

Déclarations controversées
  • « Je souhaite de ne jamais me battre aux côtés d'un nègre. Plutôt mourir mille fois, et voir le drapeau américain piétiné dans la boue au point qu'il ne puisse plus être encore hissé, que voir ce pays bien-aimé se degrader par une race de bâtards, une survivance du spécimen le plus noir des terres sauvages. » ( « [I wish I'll] never fight with a Negro by my side. Rather I should die a thousand times, and see Old Glory trampled in the dirt never to rise again, than to see this beloved land of ours become degraded by race mongrels, a throwback to the blackest specimen from the wilds. »)
Lettre de Robert Byrd au sénateur Theodore Bilbo du Mississippi (1945)
  • « On a besoin du Klan aujourd'hui plus que jamais, et je désire voir sa renaissance ici en Virginie-Occidentale. » (« The Klan is needed today as never before and I am anxious to see its rebirth here in West Virginia. »)
Autre lettre de Robert Byrd (1946)
  • « Il y a des niggers blancs. J'ai vu beaucoup de niggers blancs dans ma vie ; je vais utiliser ce mot. » (« There are white niggers. I've seen a lot of white niggers in my time; I'm going to use that word. »)
Interview à Fox News Channel, le 4 mars 2001. (Il est impossible à traduire parfaitement le mot anglais nigger mais il équivaut à "nègre" ; aux États-Unis, ce terme, autrefois courant, est aujourd'hui considéré comme péjoratif et particulièrement injurieux pour désigner un Noir. Byrd s'est excusé plus tard, et dit qu'il n'a pas voulu offenser personne.)

[modifier] Voir aussi

Précédé par Robert Byrd Suivi par
William Revercomb

Sénateur US de Virginie Occidentale
depuis 1959
en cours de mandat

[modifier] Notes et références

  1. (en)Byrd endorses Obama for president, the CHarleston Gazette, 19 mai 2008