Robert-Joseph Pothier

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Robert-Joseph Pothier (1699-1772) est un jurisconsulte français.

Robert-Joseph Pothier naquit à Orléans le 9 janvier 1699. Élève au collège des jésuites de sa ville natale, il obtint sa licence en droit dès 1718. S'interrogeant un moment sur sa vocation religieuse, Pothier caressa d'abord l'idée d'entrer dans le clergé en tant que chanoine régulier ; il finit cependant par se laisser tenter par la magistrature, sans doute entretenu par sa mère dans l'admiration de son père magistrat. Deux ans plus tard, à l'âge de 21 ans, ce jeune homme prometteur était nommé conseiller au présidial d'Orléans, fonction qu'occupait déjà son père.

De mœurs austères, Pothier était réputé pour la sobriété de sa mise, si bien que tout changement et renouvellement d'habit était immédiatement attribué par ses élèves à sa gouvernante, Thérèse Javoi, qui régissait sa maison dans les moindres détails.

D'une probité ineffable, il se raconta que Pothier refusa à son notaire qui lui amenait six ans de loyer d'un de ses biens en espèces fiduciaires de les encaisser ; il fallut que celui-ci se fâche pour que Pothier accepte d'encaisser son dû... Comparable par la bonté et la simplicité de ses moeurs au bon La Fontaine, Pothier n'eut pas la chance de ce dernier de recontrer une dame de la Sablière ; il resta « vieux garçon » toute sa vie, peut-être à cause d'un physique qu'on disait fort commun et de moeurs jansénistes qu'on disait fort austères.

En tant qu'auteur, Pothier devint professeur de droit français à l'université d'Orléans en accédant en 1749 à la chaire occupée jusqu'à son décès par Prévôt de la Janès, dont il reprit l'habitude de convier chez lui ses élèves à des conférences, sorte de travaux dirigés avant l'heure, tout à fait gratuits et avec même la demi-pension offerte à sa table pour tous ses étudiants.

Invité à Paris par le chancelier d'Aguesseau, Pothier se rendit dans la capitale s'entretenir avec le grand jurisconsulte aux oreilles duquel la réputation de ce professeur provincial était arrivée ; encouragé par d'Aguesseau à publier ses études, Pothier se lança alors d'abord dans l'étude systématique du droit romain dont il acquit une connaissance inégalée de son temps.

Il mena à bien son ambition qui était de rassembler et de présenter, dans un ordre naturel et méthodique, les maximes et les principes du droit romain, si épars et confus dans les compilations de Justinien publiées jusqu'alors. Encouragé par le chancelier d'Aguesseau avec qui il entretint une intense correspondance, c'est jeune encore que, seul, il s'attaqua au dépoussiérage de cet énorme corpus. Les trois volumes de ses Pandectae Justinianeae in novum ordinem digestae paraîtront à Paris de 1748 à 1752. Après la parution du 1er volume de ses pandectes, Pothier obtiendra de Louis XV une chaire de professeur de droit français dans sa bonne ville d'Orléans.

Par la suite, le professeur Pothier s'intéressa tout particulièrement au droit français, comparant les droits écrits des pays de langue d'oc aux droits coutumiers des pays de langue d'oil, jetant ainsi les bases d'une législation nationale ; c'est ainsi que parurent ses deux tomes du traité consacré à la coutume d'Orléans.

Dans son Traité des obligations, il développa une théorie du droit civil fondée sur le droit moral. Se fondant sur la morale chrétienne, il s'y déclarait notamment hostile à l'usage de la question, mode d'interrogatoire courant alors, consistant en l'usage de diverses tortures d'intensité graduelle : « La torture interroge et la douleur répond » écrivit-il.

Pothier fut par ailleurs échevin d'Orléans de 1747 jusqu'à sa mort.

Il s'étégnit le 2 mars 1772 à Orléans où, depuis 1920, un lycée porte son nom, ainsi que le grand amphithéatre de la faculté de droit d'Orléans.

Son œuvre fondatrice inspira notamment les rédacteurs du code civil des Français dit code Napoléon, ainsi que les juristes américains du XVIIIe siècle. Ainsi Robert-Joseph Pothier est-il le seul Français à être statufié au capitole de Washington.

[modifier] Bibliographie

  • Coutume d'Orléans (Orléans, 1740, puis 1760).
  • Pandectae Justinianeae in novum ordinem digestae (Pandectes de Justinien), en trois volumes, par R. J. Pothier, (Paris, 1748-52).
  • Traité des obligations, par R. J. Pothier, (Orléans, 1761, puis 1764).
  • Traité du contrat de vente, selon les règles tant du for de la conscience que du for extérieur, Paris et Orléans, 1762.
  • Traité des Retraits, pour servir d'Appendice au Traité du Contrat de Vente, 1762.
  • Traité du Contrat de Mariage, à Paris chez de Bure et à Orléans chez la Veuve Rouzeau-Montaut, 1771.
  • Traités sur differentes matières du droit civil (Orléans, 1781).
  • M. Beugnet, Œuvres de Pothier, Cosse et Marchal, Paris, 1861
  • C. Brainne, J. Debarbouiller et Ch.-F. Lapierre, Les hommes illustres de l'Orléanais, Librairie d'Alphonse Gatineau, Orléans, 1852

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