Richard de Bienfaite

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Richard de Bienfaite (avant 1035 – avril 1090), dit aussi de Tonbridge ou de Clare ou encore Richard Fitz Gilbert, seigneur de Bienfaite et d'Orbec, puis lord de Clare et de Tonbridge, fut un important baron anglo-normand, probable compagnon de Guillaume le Conquérant dont il était l'un des conseillers[1].

[modifier] Biographie

Il était le fils de Gilbert de Brionne († 1040), comte d'Eu et de Brionne. Son père est le tuteur du duc de Normandie Guillaume le Bâtard (plus tard le Conquérant) lors de sa tumultueuse minorité. Richard trouve refuge avec son frère Baudouin en Flandre quand son père est assassiné par les fils de Giroie en 1040. Le duc lui restaure ses possessions sur intervention de son beau-père Baudouin V, comte de Flandre[2].

Après la conquête de l'Angleterre, il reçoit 176 seigneuries principalement dans le Suffolk, et dans sept autres comtés[3],[4]. 95 d'entre elles, dans le Suffolk, forment l'honneur de Clare, un vaste domaine de terres d'un seul tenant, inhabituel pour l'époque[5]. Dans le Kent, il détient une autre place forte, la motte castrale de Tonbridge[6]. En 1086, il apparaît dans le Domesday Book comme le neuvième baron le plus riche du royaume[7].

En 1075 éclate la révolte des comtes Ralph de Gaël, comte de Norfolk et Suffolk, et Roger de Breteuil, comte d'Hereford. Richard et Guillaume de Warenne, que le roi a établit comme régents (Joint Chief Justiciar) d'Angleterre, convoquent les rebelles à la cour. Ceux-ci ne daignant pas obéir aux ordres, ils lèvent l'armée d'Angleterre aidés des évêques Odon de Bayeux et Geoffroy de Montbray, et livrent aux rebelles un combat sanglant. Orderic Vital précise que les rebelles capturés ont le pied droit tranché afin de pouvoir être reconnus[8].

Il est inhumé à St Neots (Cambridgeshire), dans le prieuré fondé par sa femme. Comme dans la plupart des familles de la première génération anglo-normande, son fils aîné Roger lui succéde dans ses possessions de Normandie, et son cadet Gilbert lui succéde en Angleterre.

Richard de Bienfaite fut le fondateur d'une famille baronniale très puissante d'Angleterre, dont les descendants furent comtes d'Hertford, de Pembroke et de Gloucester.

[modifier] Famille et descendance

Il épousa Rohaise († après 1113), fille de Gautier Ier Giffard, seigneur de Longueville, et d'Ermengarde, fille de Gérard Flaitel, et sœur de Guillaume, l'évêque d'Évreux. Le mariage est dit avoir été arrangé par le roi. Rohaise était la sœur de Walter Giffard, créé comte de Buckingham en 1097. Elle avait une dot comprenant des terres dans le Huntingdonshire et le Hertfordshire[9]. Il eurent dix enfants :

  1. Roger († après 1131), seigneur de Bienfaite et d'Orbec. Il sauva la vie d'Henri Ier à la bataille de Brémule. Son neveu Gilbert lui succéda ;
  2. Rohaise († 1121), épousa Eudes de Rye, sénéchal ;
  3. Gilbert († v. 1114), lord de Clare et de Tonbridge, puis de Cardigan ;
  4. Robert († 1134), lord de Little Dunmow (Essex), épousa Mathilde, fille de Simon Ier de Saint-Lis ;
  5. Gautier († 1138), lord de Netherwent (Galles du sud), épousa Isabelle, fille d'un certain Ralph de Tosny[10] ;
  6. Avice, épousa Raoul de Fougères, un seigneur breton ;
  7. Richard († 1107), moine à l'abbaye Notre-Dame du Bec, puis abbé d'Ely en Angleterre ;
  8. Adèlise († après 1125), épousa Gautier II Tirel, seigneur de Poix, qui tua accidentellement le roi Guillaume II le Roux ;
  9. une fille non nommée, épousa Raoul de Tillières, seigneur de Tillières ;
  10. une fille non nommée, qui épousa un certain Baudry.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Références

  1. Orderic Vital, Histoire de la Normandie, Éd. Guizot, 1826, vol. II, livre III, p. 115
  2. Histoire de la Normandie, vol. III, tome VIII, p. 298
  3. Voir dans la section des liens externes le site domesdaybook.co.uk
  4. Norfolk, Essex, Devon, Surrey, Kent, Cambridgeshire entre autres.
  5. Tradionnellement, les souverains normands donnent à leurs vassaux des terres éparpillées, afin de les dissuader de se révolter, leur domaine étant difficilement défendable.
  6. George Cokayne et autres, The Complete Peerage, vol. III, p. 242
  7. C. Warren Hollister, The Greater Domesday Tenants-in-Chief, Domesday Studies, Éd. J.C. Holt (Woodbridge), 1987, p. 219-248. Un site personnel s'appuyant sur ce travail.
  8. Histoire de la Normandie, vol. II, livre IV p. 253
  9. Michael Altschul, A Baronial Family in Medieval England: The Clares, 1217-1314, The Johns Hopkins press, Baltimore, 1965. La meilleure étude à ce jour sur la famille de Clare.
  10. Issu probablement d'un branche mineure de la famille de Tosny.

[modifier] Sources