Gautier II Tirel

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Gautier Tirel ou Tyrell[1] (en anglais : Walter Tirel) (av. 1068 – ap. 1100), seigneur de Poix, fut un aristocrate franco et anglo-normand. Il est connu pour avoir été le meurtrier accidentel du roi d'Angleterre Guillaume le Roux.

Il était le fils de Gautier I Tirel et d'Alix de Frémontiers[réf. nécessaire]. Il serait né à Tonbridge dans le Kent, vers 1068[réf. nécessaire].

[modifier] Biographie

Mort de Guillaume le Roux. Litographie, 1895.
Mort de Guillaume le Roux. Litographie, 1895.

Gautier Tirel était seigneur de Poix, et châtelain de Pontoise dans le très stratégique Vexin français, qui faisait tampon entre le domaine du duc de Normandie et celui du roi de France. Il épousa Adelise, fille de Richard de Bienfaite, de la très puissante famille de Clare.

Il reçut des terres de Guillaume le Conquérant[2], et fut un ami et un familier de Guillaume le Roux. Le jeudi 2 août 1100, il participait à une partie de chasse au cerf dans la New Forest (comté d’Hampshire en Angleterre) avec le roi et d'autres compagnons[3] quand, en fin d'après-midi, Guillaume le Roux fut tué par une flèche perdue, qui fut dite avoir été tirée par Tirel.

Il s'enfuit certainement de la scène immédiatement ensuite, craignant d'être mis en pièces, la rumeur qu'il était le meurtrier enflant. Certains historiens ont vu ici l'indice de l'existence d'un complot qui aurait été fomenté par les Clare et Henri, le frère du roi[4]. Margaret Murray, anthropologue britannique, a même envisagé la sorcellerie et un sacrifice rituel comme cause de la mort de Guillaume le Roux[5].

Il est vrai qu'Henri était présent à cette partie de chasse. Il profita de l'occasion pour s'emparer du trône, et se faire couronner précipitamment deux jours plus tard à l'abbaye de Westminster. Les circonstances lui étaient favorables, mais probablement fortuites. Il a été prétendu qu'Henri était désespéré, et que c'était sa dernière occasion de s'emparer du trône, son frère aîné Robert Courteheuse étant parti à la première croisade depuis 1096, et les deux frères aînés s'étant désignés héritiers l'un de l'autre en 1091, lors du traité de Caen. En réalité, les termes de ce traité avaient depuis longtemps été bafoués, et le traité répudié par Courteheuse à la Noël 1093. En fait, le moment de la mort de son frère n'était pas particulièrement avantageux. Si la mort était intervenue dans les quatre années précédentes, Henri aurait eu tout le temps de consolider son pouvoir et son administration en Angleterre, puis d'annexer la Normandie. Au lieu de ça, il dut faire face immédiatement à une opposition des barons dans son royaume, et à une invasion de Courteheuse qui était de retour de la croisade[6].

Guillaume le Roux n'était pas le premier à mourir dans la New Forest. Déjà vers 1070, son frère aîné Richard était mort dans cette forêt, et au mois de mai précédent, son neveu Richard, bâtard de Courteheuse, y avait connu une mort étrangement similaire.

Gautier se réfugia dans une des ses forteresses en France, craignant des représailles. Il nia toujours vigoureusement avoir volontairement tué le roi, et il le répéta plusieurs fois sous serment à l'abbé Suger de Saint-Denis, principal ministre de Louis VI de France. Suger rapporta que Tirel avait souvent juré sous serment qu'au moment de la mort du roi, il n'était pas dans le même secteur de la forêt que le roi. Comme l'abbé le fait remarquer, Tirel était en sécurité en France quand il fit ces serments, à l'abri de toutes représailles et de tout espoir, et il n'avait aucun mobile pour assassiner le roi.

Il ne subit aucun châtiment et ne tira aucun bénéfice de cet accident. Il n'y eut pas d'enquête menée, car il était évident pour tous ses contemporains qu'il s'agissait d'un accident et non d'un acte délibéré. C'est pourquoi sa petite possession anglaise[7] ne fut pas saisie.

Guillaume le Roux était un souverain anticlérical, et sa mort fut interprétée par les chroniqueurs du Moyen Âge comme un châtiment divin venant punir un roi méchant et vicieux. Mais tuer un roi, même accidentellement, était une chose très difficile à porter, et Tirel se réfugia définitivement à la cour de France.

Il fit le pèlerinage de Jérusalem et y mourut bien plus tard[8].

[modifier] Descendance

Il épousa Adelise, fille de Richard de Bienfaite, lord de Clare. Ils eurent pour descendance connue :

  • Hugues de Poix

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes et références

  1. ou encore Gaultier, Gauthier ; ou Tyrel.
  2. C. Teyerman, voir sources
  3. Orderic Vital, les appelle « ses parasites ». Guillaume de Breteuil est cité par Vital comme étant présent, voir sources.
  4. Entre autres : F. H. M. Parker, « The Forest Laws and the Death of William Rufus », dans English Historical Review, vol. 27, n° 105 (1912), p. 26-38, et Duncan Grinnell-Milne, The Killing of William Rufus, Éd. Newton Abbot, 1968.
  5. Margaret Murray, God of the Witches, Londres, 1953.
  6. C. W. Hollister, voir sources.
  7. 2,5 hides à Langham, (Essex), qu'il tenait de son beau-père Richard, le lord de Clare.
  8. Orderic Vital, voir source.

[modifier] Sources

  • C. Warren Hollister, « The Strange Death of William Rufus », dans Speculum, vol. 48, n° 4 (1973), p. 637-653.
  • Orderic Vital, Histoire de la Normandie, Éd. Guizot, 1826, tome IV, livre XI, p. 65-75.
  • Christopher Teyerman, « Walter Tirel III », dans Who's Who in Early Medieval England, 1066-1272, Éd. Shepheard-Walwyn, 1996, p. 68-69, (ISBN 0856831328).