Richard Huelsenbeck

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Richard Huelsenbeck, né Carl Wilhelm Richard Hülsenbeck, le 23 avril 1892 à Frankenau (Allemagne) et mort le 30 avril 1974 à Minusio (Suisse), est un écrivain et poète allemand et l'un des fondateurs de Dada.

Sommaire

[modifier] Biographie

Richard Huelsenbeck grandit à Dortmund, en Westphalie, où son père exerce la profession de pharmacien.

Appréciant l'ironie et la satire des œuvres de Heinrich Heine, il aspire à devenir écrivain.

À dix-neuf ans, en 1907, à Munich, il s'inscrit à la faculté de médecine. Un an après, il commence des études de littérature allemande et d'histoire de l'art. Il rencontre Hugo Ball. Avec lui, il fréquente les cafés où se réunissent des artistes et des écrivains liés à l'expressionnisme, et grâce à lui, ces premiers écrits sont publiés.

En 1912, il s'inscrit à la Sorbonne, à Paris, pour étudier la philosophie. Il est également le correspondant de "Révolution", un périodique "moderne et extrêmement polémique"[1] créé par Ball et Hans Leybold.[2]

En 1914, Huelsenbeck retrouve Ball à Berlin. Il publie poèmes, essais et critiques de livres dans "Die Aktion", revue d'art et de littérature, à la tonalité radicale, créée par Franz Pfemfert.[3]

En août 1914, dès le début de la Première guerre mondiale, il s'engage dans l'armée. Il est affecté dans une unité d'artillerie mais, pour cause de névralgies, il est réfomé avant d'avoir combattu au front. Il revient à Berlin définitivement hostile à la guerre et au nationalisme allemand.

Au printemps 1915, avec Ball, ils organisent des réunions de protestations contre l'effort de guerre et aussi pour rendre hommage aux poètes tués au combat. Mais ces réunions ne se déroulent pas dans une atmosphère de recueillement. Au contraire, on y entend des poèmes « nègres » et des vindictes de Huelsenbeck volontairement agressives destinées à choquer le public.

Le Cabaret Voltaire de Zurich (2006)
Le Cabaret Voltaire de Zurich (2006)

Début 1916, il rejoint Ball à Zurich, ils investissent une petite taverne de la Spiegelstrasse qu'ils appellent "Cabaret Voltaire", la transforme en café littéraire et artistique, et le 5 février, avec Tristan Tzara, Jean Arp, Marcel Janco, Sophie Taeuber et une page de dictionnaire prise au hasard, ils donnent naissance à Dada.[4]
Dans ce minuscule endroit dont les murs sont couverts de tableaux, créant une ambiance à la fois intime et oppressante, Huelsenbeck brandit sa canne face au public, dans une attitude arrogante et agressive et déclame ses poèmes comme des injures. Ses attaques visent l'Église, la mère patrie et la littérature allemande canonique (Schiller et Goethe), qu'il accompagne de martèlements à la grosse caisse, de rugissements, sifflements et rires stridents. Hugo Ball : « [Huelsenbeck] plaide pour un renforcement du rythme (le rythme nègre). Il aimerait battre du tambour jusqu'à faire disparaître la littérature sous terre. »[5]

Quand Ball rompt avec Dada en juin 1916, Huelsenbeck pense à retourner en Allemagne. En janvier 1917, il est de nouveau à Berlin avec l'intention de continuer l'aventure Dada.

Le 22 janvier 1918, probablement pour déjouer la censure, il annonce une soirée-lecture expressionniste. En réalité, il y proclame la naissance du "Club Dada de Berlin" et prononce la « Erste Dada-Rede in Deutschland » (Premier discours dada en Allemagne). Après cette soirée, il est rejoint par les artistes berlinois Johannes Baader, George Grosz, Raoul Hausmann, John Heartfield et Hannah Höch.
Il rédige le manifeste du Groupe intitulé « Le Dadaïsme dans la vie et dans l'art » [6] dans lequel il tente de concilier la vision courante d'un dadaïsme nihiliste et destructeur et la formulation d'une nouvelle esthétique positive qu'il appelle « neue Realität » (nouvelle réalité). Ce manifeste se termine, toutefois, par la proclamation qu'« être dadaïste, c'est être contre ce manifeste ! »

Le 5 juin 1920, il organise la première Foire internationale Dada à Berlin. En même temps, il commence à retracer l'histoire de Dada et publie la première anthologie du mouvement le « Dada Almanach », ainsi que « En avant Dada », sous-titré « Une histoire du dadaïsme » : « Le dadaïste aime la vie parce qu'il peut s'en débarrasser à tout moment, la mort étant pour lui une affaire dadaïste. Le dadaïste envisage sa journée, sachant qu'un pot de fleurs peut lui tomber sur la tête. »

Ayant poursuivi ses études de médecine, parallèlement à ses activités artistiques, Huelsenbeck commence à exercer. Il est engagé comme chirurgien de marine et correspond régulièrement avec plusieurs quotidiens berlinois auxquels il envoie ses récits de voyage.

Interdit de publication par les nazis à partir de 1933, Huelsenbeck obtient l'autorisation de quitter l'Allemagne pour les États-Unis en 1936.

Il s'installe à Long Island, New York, en 1939 et ouvre un cabinet de médecin-psychiatre[7] sous le nom de Charles R. Hulbeck.

En 1969, paraissent ses « Mémoires d'un batteur Dada »[8]

En 1970, il s'installe dans la région du Tessin, en Suisse.

[modifier] Œuvres

  • « Dada Almanach », Berlin, 1920
  • « En avant Dada », Hanovre, Leipzig, Vienne, Zurich, 1920
  • « Deutschland muss untergehen ! », Berlin, 1920
  • « Dada siegt ! », Berlin, 1920
  • « Mémoires d'un batteur Dada », 1969

[modifier] Bibliographie

  • Laurent Lebon (sous la direction de) « Dada », catalogue de l'exposition présentée au Centre Pompidou du 5 octobre 2005 au 9 janvier 2006, Centre Pompidou, Paris, 2005, pages 504 à 507.

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. Le Bon
  2. Ami d'Hugo Ball, ce jeune poète sera tué au début de la Première guerre mondiale.
  3. Proche de Rosa Luxemburg
  4. Le Bon, page 219
  5. Extrait de son journal publié en 1946, cité dans Le Bon
  6. « Der Dadaïsmus im Leben und in der Kunst »
  7. Tendance Carl Gustav Jung
  8. Memoirs of a Dada Drummer.