Johannes Baader

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Johannes Baader, né le 21 juin 1875 à Stuttgart (Allemagne), mort le 15 janvier 1955 à Adeldorf (Bavière, Allemagne) est un architecte, écrivain dada.

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[modifier] Biographie

Après des études d'architecture à l'École nationale du bâtiment et de la construction de Stuttgart, doublées d'un apprentissage de la maçonnerie, Johannes Baader devient architecte à l'Union des artistes pour la sculpture tombale monumentale de Dresde (1903).

À la visite de conscription, il est déclaré inapte au service militaire pour cause d'une psychose maniaco-dépressive.

En 1914, il écrit et publie Quatorze lettres adressées au Christ dans lesquels il se présente comme sa réincarnation et, à la déclaration de guerre, il adresse une lettre à Guillaume II, lui interdisant de poursuive le conflit, ce qui lui vaut une condamnation de deux ans. Il réalise des dessins utopiques, métaphysiques et messianiques aux dimensions monumentales, qu'il nomme architecture spirituelle.

Installé à Berlin, en 1915, il rencontre Raoul Hausmann. En 1917, ils contribuent à la revue Der Dada et mènent des actions spectaculaires comme celle de fonder une "église-refuge" pour protéger les déserteurs. À la fin de 1918, Baader publie le tract « A.K.12 » dans lequel il établit un parallèle entre les versets de l'Apocalypse et la date de l'armistice qui entérine la défaite de l'Allemagne. S'autoproclamant Oberdada (Chef dada ou Super dada), il provoque le scandale par un spectacle présenté dans la cathédrale de Berlin et intitulé « Christus ist euch Wurst » (Tu te fiches du Christ). Arrêté pour blasphème, Johannes Baader écrit au ministre de la Culture pour revendiquer son droit à la liberté d'expression.

En 1919, toujours avec Hausmann (« Sans Baader, Dada n'aurait pas eu lieu à Berlin »), ils fondent l'ARDUA (Antinationaler Rat der Unbezahlten Arbeiter (Comité anti-national des travailleurs non payés)), le Club der Blauen Milchstrasse (Club de la Voie Lactée) et annoncent la naissance (pour le 1er avril) de la république dadaïste Nikolassee (Tristan Tzara n'a cessé de proclamer que tous les Dadas sont présidents). En juin de la même année, après avoir annoncé la mort puis la résurrection d'"Oberdada", il participe à la première exposition Dada à Berlin avec son installation monumentale Grandeur et déclin de l'Allemagne (Histoire fantastique de la vie d'Oberdada) : assemblage de photos, journaux et divers objets d'une hauteur de près de 3 mètres, dont il ne reste que quelques photographies.

En réaction au traité de Versailles signé le 28 juin 1919, Baader publie Buch des Weltfriedens-Handbuch des Oberdada (Livre de la paix mondiale-Guide de l'Oberdada). Lors de l'instauration de la République de Weimar, il jette des tracts « dadaïstes contre Weimar » dans l'enceinte de l'Assemblée nationale et se proclame président du monde et de l'univers sur sa carte de visite.

Après sa période dada, il s'inscrit aux cours de Walter Gropius au Bauhaus mais sa candidature n'est pas retenue. En 1920, il quitte Berlin pour Hambourg où il travaille comme journaliste. Dans les années 1930, son goût pour la mythologie le font passer, à tort, pour un adepte de l'idéologie nazie.

Johannes Baader est un dadaïste méconnu à cause de la destruction d'une grande partie de ces manuscrits et albums de collages. Au moment de quitter Berlin, il les confie à une amie. En 1939, celle-ci les emporte en Poméranie, mais la maison où elle s'est réfugiée est pillée par l'Armée rouge. Seuls une partie des documents restés à Berlin échappa à la destruction de la capitale.

[modifier] Quelques œuvres

  • Collages (1919-1922) :
    • Portrait de Raoul Hausmann
    • Reklame für mich
    • Der Oberdada Baader, 1921[1]
    • Dada Milchstrasse
    • Je suis Dieu
    • Gedankenbuch
  • Double portrait Baader-Hausmann, photographie

[modifier] Source bibliographique

  • Laurent Le Bon (sous la direction de) « Dada », catalogue de l'exposition présentée au centre Pompidou à Paris (oct. 2005-jan. 2006), éditions du Centre Pompidou, Paris, 2005.
  • Giovanni Lista « Dada libertin & libertaire », l'insolite, Paris, 2005

[modifier] Notes et références

  1. Reproduction in Laurent Le Bon, p.4
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