Renaissance nationale tchèque

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La Renaissance nationale tchèque (České národní obrození[1] en tchèque) est un mouvement culturel né dans les pays tchèques aux XVIIIe et XIXe siècles. Le but du mouvement est de faire renaître la langue, la culture et l'identité nationale tchèques. Les personnalités les plus proéminentes du mouvement sont Josef Dobrovský et Josef Jungmann.

Sommaire

[modifier] Contexte

À la suite de la bataille de la Montagne Blanche en 1620, les pays tchèques subissent la politique de germanisation des Habsbourg. Le tchèque est plus ou moins éliminé de l'administration, de la littérature, des écoles, de l'université de Prague et au sein des classes supérieures. Les livres écrits en tchèque sont brûlés et toute publication en tchèque est considérée comme hérétique par les Jésuites. La langue tchèque est réduite à un moyen de communication entre les paysans, le plus souvent illettrés. C'est pourquoi le mouvement de Renaissance puise son inspiration parmi les Tchèques ordinaires de la campagne.

[modifier] Événements marquants

Josef Dobrovský publie sa Grammaire tchèque en 1809. Josef Jungmann publie son Dictionnaire tchèco-allemand en cinq volumes entre 1834 et 1839.

Ces œuvres lexicographiques exercent une influence importante sur l'évolution de la langue tchèque. Jungmann combine le vocabulaire de la période de la Bible de Kralice (1579-1613) avec la langue utilisée par ses contemporains. Il emprunte à d'autres langues slaves des mots qui n'existent pas (ou plus) en tchèque et crée un certain nombre de néologismes. Jungman inspire également le développement d'un langage scientifique tchèque, ce qui rend possible le développement d'une recherche tchèque originale.

Épisode moins glorieux, mais révélateur de ce retour aux sources de la langue, la découverte fortuite des manuscrits de Dvůr Kralové et Zelená Hora, en 1817, alimente un débat intellectuel durant tout le XIXe siècle. S'agit-il des plus anciens manuscrits connus en langue tchèque ? Ou de faux brillants ? Emblématiques du mouvement de la Renaissance nationale tchèque, il n'est pas fortuit que la polémique s'éteigne avec celle-ci, la fin du siècle et l'avènement de la bourgeoisie tchèque aux postes clés de l'administration du pays.

1862 voit, sous l'impulsion de Miroslav Tyrš, la naissance de l'association gymnique nationaliste Sokol.

Avec la renaissance de la langue, la culture tchèque refleurit. Des institutions tchèques sont établies pour célébrer l'histoire et la culture tchèques. Le Théâtre national ouvre ses portes en 1883, et le Musée national en 1890.

La lutte culturelle ne saurait éviter le terrain éducatif. Un professorat tchèque est progressivement mis en place au sein de l'Université Charles de Prague : en 1863, sur les 187 cours donnés, 22 le sont en tchèque, le reste l'étant en allemand. En 1882, suivant la pression de la bourgeoisie tchèque montante et du renforcement du sentiment national, l'université (alors appelée Carolo-Ferdinandea) est divisée en deux entités, l'une tchèque, l'autre allemande, totalement indépendantes l'une de l'autre. En 1909, le nombre des étudiants de la Karlo-Ferdinandova univerzita atteint 4 300 alors que ceux de la Karl-Ferdinand Universität est de 1 800.

[modifier] Conséquences

En conséquence de ces efforts patriotiques, le tchèque a retrouvé un usage officiel dans les pays tchèques, et est maintenant utilisée par la majorité des tchèques. Elle est aujourd'hui langue officielle en République tchèque et dans l'Union européenne. Avant la Renaissance nationale tchèque, cette langue risquait de disparaitre à cause de l'allemand.

[modifier] Notes et références

  1. Pour illustrer le contenu de l'article, mentionnons ici que le tchèque possédait et possède le mot renesance (« renaissance »), obrození de od (préfixe qui donne une idée de point de départ) et rození (« naissance ») fait partie de ces mots créés ou recréés par Jungmann et ses élèves. En l'occurrence obrození ne s'utilise guère, en tchèque, que pour parler de cette renaissance linguistique.