Réunification de la Normandie

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Blason de la Normandie
Blason de la Normandie

La réunification de la Normandie est l'objectif poursuivi par un courant de pensée, qui aboutirait à regrouper en une seule région Normandie les deux régions administratives françaises de Basse-Normandie et de Haute-Normandie. Cette action, née dès la partition de la Normandie, en 1956, connaît des hauts et des bas. Elle n'a jamais pu être tranchée en un demi-siècle à cause de réticences des hommes politiques en place, de droite comme de gauche.

Sommaire

[modifier] Histoire

La Normandie est la seule région historique française, à forte identité collective, à avoir été partitionnée, en 1956, lors de la création des régions administratives, par Serge Antoine, alors commissaire du gouvernement pour le découpage des régions administratives françaises. On trouve, d’un côté, la Basse-Normandie, qui réunit les départements du Calvados, de la Manche et de l’Orne, et de l’autre, la Haute-Normandie, qui rassemble les départements de la Seine-Maritime et de l’Eure.

Plusieurs arguments ont été avancés pour justifier cette partition. La taille de la Normandie (29 907 km², c’est-à-dire environ 5,4 % de la superficie de la France) a joué en sa défaveur lors du découpage de la France en régions administratives : l'objectif était de créer des régions de taille à peu près analogue les unes aux autres. Une fois cette scission entérinée, l’apparente impossibilité de donner à la Normandie une capitale, Rouen et Caen se disputant cet honneur, a été arguée pour servir à la justifier a posteriori. Des justifications économiques et politiques ont été également avancées : dans les années 1950, l'économie de la Haute-Normandie était essentiellement industrielle et l'électorat haut-normand très marqué à gauche, tandis que la Basse-Normandie était plutôt agricole et politiquement conservatrice. Ces différences ne sont quasiment plus marquées aujourd'hui.

Le drapeau normand à croix de saint Olaf élaboré par Jean Adigard des Gautries en 1937 et popularisé par le Mouvement normand dans les années 1970
Le drapeau normand à croix de saint Olaf élaboré par Jean Adigard des Gautries en 1937 et popularisé par le Mouvement normand dans les années 1970

Depuis cette partition, la question de la réunification de la Normandie, passionnant une partie de l’opinion normande, ne cesse de se poser, revenant à intervalles réguliers. En janvier 2000, un sondage BVA pour Ouest-France, le groupe Méaulle et France-Antilles, avait montré un fort engagement des Normands pour la réunification : 65 % des personnes interrogées étaient pour et seulement 15% contre[1]. Les Hauts-Normands s’étaient révélés un peu plus favorables à la réunification : 67% contre 62% pour les Bas-Normands.

Question éminemment politique, au sens noble du terme, la réunification de la Normandie ne recoupe pas le traditionnel clivage droite-gauche. On trouve des partisans aussi bien que des adversaires de la réunification dans les deux camps politiques. Le sujet n’en a pas moins été l’un des principaux thèmes de campagne des élections régionales de 2004. Actuellement, seuls l'UDF, le PRG et le Front national ont un engagement clairement pro-réunification.

Les défis qui attendent l’Europe démontrent le paradoxe de la partition de la Normandie. Les deux régions administratives actuelles manquent cruellement, à l’échelle européenne, de la « masse critique » nécessaire à leur succès économique.

Différents groupes, issus d'élus ou de citoyens, militent pour une réunification de la Normandie. Parmi eux, le Mouvement normand, créé en 1969, Une seule Normandie, Demain la Normandie, créée le 10 août 2000, l’Union pour la région normande, créée à Caen le 15 décembre 2003 par des élus de l'UMP, et L’Étoile de Normandie.

Une nouvelle étape en direction de la réunification a été prise le 26 novembre 2006 à Épaignes, avec la prestation du serment d'Épaignes, à l’initiative d’Hervé Morin.

Toutefois, l'extrême division du mouvement ne laisse pas prévoir un aboutissement prochain de l'unification.

[modifier] Citations

  • « Si c’était à refaire, je ne ferais qu’une seule Normandie. (…) Ma seule erreur a été de croire que je mettais en place un système évolutif. J’étais convaincu, naïvement, que l’on assisterait peu à peu à des fusions de régions. Hélas, j’attends encore. » (Serge Antoine, entretien accordé à l'Express publié le 15 mars 2004).
  • « La Normandie connaît une crise de l'image, qui tient, en partie, à la partition Basse et Haute-Normandie. Les politiques ont une part de responsabilité. Malgré quelques tentatives en matière de tourisme, ils n'arrivent pas à utiliser ce nom extraordinaire de Normandie. Prenez seulement le domaine des arts, du patrimoine. Que de richesses mal connues ! Il faut aller beaucoup plus loin. L'unification de la Normandie, grand projet, devrait permettre de rompre avec cet état d'esprit. Cela serait un accélérateur. » (Armand Frémont, géographe ; entretien accordé à Ouest-France, publié le 30 septembre 2006).
  • « En supprimant les doublons, elle (la réunification) garantirait une augmentation et une rationalisation des moyens administratifs et financiers. Elle permettrait de tirer le meilleur parti des complémentarités et des solidarités normandes. » (Jean-Pierre Godefroy, sénateur PS de la Manche ; intervention au Sénat le 7 mars 2003).
  • « Je veux être pragmatique, transparent et à l'écoute de tous sur ce dossier. Je veux une démarche robuste avec des éléments extrêmement précis pour un débat participatif. Cela me semble donc difficile d'organiser une consultation des Normands avant 2010. J'ai cru cela possible. En fait, reste à écrire en amont un énorme travail juridique, politique, économique, sociétal. Il ne s'agit surtout pas de réaliser un coup politique : tout le monde serait perdant. » (Philippe Duron, président du Conseil régional de Basse-Normandie ; entretien accordé à Ouest-France, publié le 19 juin 2007).

[modifier] Notes

  1. Sondage effectué du 6 au 15 novembre 1999 par téléphone auprès de 2 000 personnes majeures composant un échantillon représentatif de la population normande, selon la méthode des quotas.

[modifier] Articles connexes

[modifier] Lien externe