Quintus Aurelius Symmaque

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Panneau de la Consecratio appartenant à un diptyque des Symmaque, British Museum, 402 ? Selon A. Cameron, le personnage représenté pourrait être Symmaque lui-même.
Panneau de la Consecratio appartenant à un diptyque des Symmaque, British Museum, 402 ? Selon A. Cameron[1], le personnage représenté pourrait être Symmaque lui-même.

Symmaque (Quintus Aurelius Memmius Symmachus), né vers 342 et mort en 402-403, appartenait, comme son nom latin l'indique, à une ancienne famille plébéienne, la gens (= famille) Aurelia. Son père Lucius Aurelius Avianius Symmachus était déjà un homme politique influent étant préfet de Rome en 364 et occupant d'autres postes importants. Son grand-père supposé Aurelius Julianus Symmachus fut proconsul d'Achaea (selon d'autres sources vice-préfet de Macédoine) pendant l'année 319.

Entre autres postes importants, il fut préfet de Rome en 384 et 385, consul en 391 et en remerciement des services rendus à l'État, le Sénat fit ériger une statue dorée à son effigie.

Sommaire

[modifier] Biographie

Symmaque fut élevé en Gaule et, ayant été déchargé de ses fonctions de praetor et de quaestor, s'éleva vers de plus hautes charges. En 373 il est proconsul d'Afrique. Ses titres publics, qui incluent celui d'être pontifex maximus, sa grande richesse et son rôle élevé, ajoutés à une solide réputation d'éloquence, font de lui le champion du Sénat romain païen en lutte vis-à-vis des mesures prises par les empereurs chrétiens dirigées contre la vieille religion d'État. En 382 il est banni de Rome par Gratien pour avoir protesté contre l'enlèvement de la statue et de l'Autel de la Victoire qui se trouvaient dans le Sénat. En 384, alors qu'il est préfet de Rome, il adresse à l'empereur Valentinien II une lettre l'adjurant de restaurer les anciens symboles. Cette lettre est la raison essentielle de sa renommée (bien que nous possédions de lui encore 900 lettres, la plupart sont d'un intérêt relatif), car cette lettre est le symbole de la lutte entre les derniers feux du paganisme romain et le christianisme latin qui, volens nolens, est confronté aux questions temporelles de la vie politique. La demande de Symmaque provoque deux réponse de l'évêque de Milan, Ambroise, ainsi qu'une réfutation sous forme poétique de la part du poète Prudence.

Après cela Symmaque s'implique dans la rébellion de Maxime; puis il obtient sa grâce de l'empereur Théodose Ier. Il semble avoir poursuivi sa vie politique jusqu'à sa mort. En 391 il est consul ordinaire. Son honnêteté, aussi bien dans les affaires publiques qu'en privé et son amabilité firent de lui quelqu'un de très populaire. Le seul reproche que semblent adresser la plupart des commentateurs contre ce vaillant héros du paganisme est un certain aristocratisme conservateur et un amour exagéré pour le passé. Comme ses lettres ne vont pas plus loin après l'année 402, on peut supposer qu'il mourût peu après cette date.

Symmaque est aussi connu pour avoir engagé et envoyé saint Augustin à Milan (alors ville impériale) comme professeur de rhétorique, chargé des panégyriques impériaux. Augustin reconnaît lui-même avoir prononcé un panégéryque de Bauto, ami de Symmaque, dans cette fonction officielle.

[modifier] Famille

Son fils, Quintus Fabius Memmius Symmachus, fut proconsul d'Afrique en 415 et préfet de Rome en 418. Ce fils est probablement le père d'un Symmaque qui est consul en 446. Le fils de celui-ci, Quintus Aurelius Memmius Symmachus (décédé en 525), patricien lui aussi, fut un des nobles les plus cultivés de la Rome du début du VIe siècle. Ce Quintus Memmius Symmaque est l'éditeur en particulier du Commentaire au Songe de Scipion de Macrobe[2]. Historien, il fut spécialement célébré pour ses activités de bâtisseur. Il fut consul de Rome en 485. Théodoric le Grand le chargea de la restauration du théâtre de Pompée. Il était le beau-père de Boèce, célèbre philosophe chrétien auteur de la Consolation de la Philosophie, mis à mort par Théodoric, alors que l'empire de Rome entrait dans les ténèbres de sa chute.

[modifier] Opinion de Ferdinand Lot

Voici le jugement qu'avec sa brutalité habituelle Ferdinand Lot a porté sur Symmaque, un jour de mauvaise humeur sans doute :

« Il a été considéré de son temps comme un fin lettré et révéré des païens, ses coreligionnaires, même des chrétiens. Saint Ambroise, Prudence n'osent s'égaler à son éloquence. Quand on lit ses œuvres, elles nous donnent l'impression que l'auteur était un honnête et digne homme, ami des belles-lettres, très poli dans les discussions, un homme de bonne société, mais d'une nullité intellectuelle affligeante. Il y a peu à tirer de sa correspondance. »

Et on peut lire plus loin : « Symmaque qui n'est qu'un sot »[3].

[modifier] Œuvres

Des écrits de Symmaque nous possédons les œuvres suivantes :

  • Panégyriques, écrits dans sa jeunesse dans un style très artificiel, deux de Valentinien Ier et un du jeune empereur Gratien.
  • 9 livres d'Épîtres, ainsi que deux lettres tirées du dixième livre, publiées juste après sa mort par son fils. Le modèle suivi par l'auteur est celui de Pline le Jeune. Par une référence aux Saturnales de Macrobe (Livre V, 1, 7), dans lequel Symmaque se présente comme un des interlocuteurs, il semble que ses contemporains le jugeaient secondaire, au regard des anciens dont le style était plus riche et plus fleuri.
  • Oraisons. Cinq proviennent d'un palimpseste (qui contient aussi les Panégyriques), dont une partie se trouve à Milan et l'autre au Vatican, découverts par le savant Mai, qui publia les fragments de Milan en 1815, The Roman in his Scriptorum veterum nova collectio, vol. I (1825) et l'ensemble en 1846.
  • Relationes. Cet ouvrage contient un intéressant compte-rendu de la vie publique à Rome, rédigé pour l'empereur. Dans ces écrits officiels (rapports du préfet de Rome), Symmaque n'est pas préoccupé par le style et devient parfois éloquent; spécialement dans son rapport remarquable concernant l'Autel de la Victoire.


Toutes les éditions des œuvres de Symmaque sont procurées dans :

  • O. Seeck in Monumenta Germaniae historica. Auctores antiquis-simi, (1883), VI, I, avec une introduction sur sa vie, ses travaux, sa chronologie et une table généalogique de la famille.
  • L'éditeur français Les Belles Lettres, qui édite la littérature latine et grecque a procuré récemment une édition en français des "Lettres" de Symmaque, en plusieurs volumes.

[modifier] Sources bibliographiques

[modifier] Notes

  1. A. Cameron, « Pagan Ivories », F. Paschoud (éd.), Colloque genevois sur Symmaque : à l'occasion du mille six centième anniversaire du conflit de l'autel de la Victoire, Les Belles Lettres, 1986, 41-71.
  2. Sur ces détails, consulter l'édition française du Commentaire du Songe de Scipion de Macrobe, paru aux éditions "les Belles Lettres", en particulier l'introduction.
  3. La Fin du monde antique et le Début du moyen-âge, Albin Michel, 1927, Paris

[modifier] Voir aussi

| Ambroise | Augustin | Boèce | Théodoric le Grand | Valentinien II | Gratien | Maxime | Macrobe | paganisme | christianisme |