Quena

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Quena
Quena
Différentes quenas
Différentes quenas

La quena, kena, khena ou flûte des Andes, est une flûte droite utilisée dans les pays andins. La quena est apparue au XVIe siècle ; elle dérive à la fois de la quena préhispanique, qui avait 5 trous au maximum, et de la flûte à bec européenne.

Les multiples sortes de flûtes andines dérivent de trois modèles : la flûte à encoche (qui peut être médiane, inférieure ou supérieure, par rapport à l'épaisseur du tube), la flûte à bec (tarkas ou pinquillos, courante à l'époque des Chimus, ce dont témoignent abondamment les "vases siffleurs" précolombiens), et le siku, technologiquement sans doute la plus ancienne. L'ingéniosité des habitants des Andes a fait varier ces modèles au point qu'on en recense (d'après le musicologue Alejandro Vivanco) près de 115 déclinaisons différentes.

[modifier] Facture

Traditionnellement en roseau, en os ou en terre cuite, aujourd'hui, le bois et le plastique, plus robustes, sont parfois utilisés. Généralement, c'est le roseau de la lisière de l'Amazonie (et celui du type « balsa » dans lesquels sont faites les embarcations du lac Titicaca, qui ne sont pas creux mais fibreux à l'intérieur) qui est employé.

Le tuyau de la quena est percé de 6 trous plus un trou au-dessous. Il est muni d’une embouchure à encoche en forme de « U » ou de « V ». D’une longueur de 37,5 cm, elle est en général en sol majeur. Le sixième trou du bas était à l'origine un trou d'accord, et n'était pas utilisé. Il existe deux variantes : la quenilla, plus petite, et le quenacho, plus grand, accordé une quarte plus basse, en ré.

[modifier] Jeu

À l'origine, la gamme de la quena était fondée sur une division de l'octave en 5 ou dix tons égaux (5 trous) qui donnaient une échelle légèrement différente la division de l'octave en six ou douze. À l'arrivée des conquistadors, les instruments se sont un peu modifiés, afin de jouer à la fois les mélodies anciennes et les mélodies que l'on appellera de style mestizo. C'est ce qui explique que les quenas anciennes, démarrant sur le "la 370" du Moyen-Âge (plus proche d'un sol dièse actuel), comportaient deux notes "fausses", le do 1/4 et le fa dièse qui était un fa 3/4, à l'endroit où l'écart entre l'échelle à dix intervalles et l'échelle à 12 intevalles s'écartaient le plus l'une de l'autre. Finalement, aujourd'hui, on a renoncé à cette gamme hybride qui permettait de jouer dans deux systèmes musicaux différents : celui des peuples précolombiens, d'origine asiatique, (la quena est peut-être parente du shakuhachi) et celui venu d'Europe (majeur 2 tons 1/2 ton 3 tons 1/2 ton), qui l'a finalement emporté. Elle dispose d'un registre de près de trois octaves

Aujourd'hui les huaynos, les danzante équatoriens, et autres mélodies indiennnes sont à base de cinq notes, mais empruntées à la gamme dodécaphonique occidentale, ce qui introduit le jeu de la note sensible, et des tonalités, ainsi que l'harmonie occidentale. Les gammes des quenas en os (retrouvées dans les tombes) ne permettent pas naturellement le jeu de nos tonalités, puisque leurs gammes divisent l'octave en 5 ou 10 tons égaux comme celles des lithophones chinois préhistoriques, par exemple.

Les musiciens sud-américains noyent la tonalité dans des accords équivoques, des successions de 7e ou de 9e, qui font passer d'un ton dans un autre sans qu'on sache très bien dans lequel on est. On en trouve des traces dans les enregistrements de Louis Girault pour le Musée de la Parole (Danza des los Khunturis, p. ex.), et dans les enregistrements très anciens de musique des Aymaras de Bolivie.

Les flûtes étaient à l'origine liées à des rituels agricoles (cérémonies de fécondation de la terre), et jusqu'à une période récente, elles étaient réservées à l'usage des hommes (leur utilisation par les femmes étant réputée porter malheur).