Piste Hô Chi Minh

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La Piste Hô Chi Minh est un ensemble de routes et de sentiers employés pendant la guerre du Viêt Nam. Reliant la République Démocratique du Viêt Nam et la zone Sud du Viêt Nam, en passant par le Laos et le Cambodge, la piste Ho Chi Minh fut utilisée par l’Armée Populaire Vietnamienne et les combattants du Front national pour la libération du Viêt Nam FNL pour le ravitaillement en nourriture et en matériel des miliciens du Sud. Le prototype de la piste Hô Chi Minh a été le réseau de voies de transport pour ravitailler la bataille de Dien Bien Phu en 1954. Aujourd'hui, la piste Hô Chi Minh historique est doublée par l'Autoroute Hô Chi Minh entièrement en territoire vietnamien pour le développement économique de la haute région.

Sommaire

[modifier] Logistique et renseignement

La logistique de l’approvisionnement en matière et le renseignement de la disponibilité des informations pour la connaissance de l’environnement et des états internes sont les deux éléments les plus importants, des activités vitales du corps humain avec le système circulatoire le système nerveux, respectivement, aux activités humaines, de l’agriculture à la zootechnologie. L'intensification des combats dans le Sud a poussé les renseignements militaires américains, à travers la CIA, à chercher en profondeur les sources d'approvisionnement matériel des combattants du Sud.

La “Piste Hô Chi Minh” a été ce système circulatoire durant la Deuxième Guerre d’Indochine de réunification du Viêt Nam ou Guerre du Viêt Nam, dans la langue approximative. Aussi nommée “Piste de Truong Son” par le lieu-dit de son point de départ, la Montagne de "Truong Son" ("Son" pour "montagne" en vietnamien, c'est la "Cordillère annamitique" des géographes français), la Piste Hô Chi Minh a été un réseau élaboré de voies de différentes tailles, à travers la montagne et la jungle, d’une longueur totale d’environ 20 000 km le long de la chaîne montagneuse de "Truong Son", passant au Laos et au Cambodge, le long de la frontière vietnamienne. Elle s’est divisée en deux parties.

  • La deuxième partie, en République du Viêt Nam au Sud, a été nommée "Truong Son- Sud" et débouchait sur le delta du Mékong, la destination finale. Le réseau des tunnels de Củ Chi fût l'un des points d'arrivée les plus connu. Ces tunnels utilisés par les combattants du FNL en tant que caches durant les combats, de voies de communication, d'approvisionnement, d'hôpitaux, de réserves de nourriture, d'armurerie et de véritables quartiers se situaient à 40 km au nord-ouest de Hô-Chi-Minh-Ville (ex Saigon).


Cette voie a été construite et maintenue par environ 300 000 militaires permanents dont une quantité de jeunes femmes volontaires et environ le même nombre de travailleurs locaux à temps partiel, des fermiers, paysans et montagnards. Ils travaillaient tous pour un supplément de nourriture, du riz pur, alors que la ration ordinaire était du riz mélangé avec des haricots. Cette voie a été construite par 5 Régiments, 32 bataillons de 31 795 hommes et femmes du Génie Militaire en plus des 8 548 garçons et filles des “Jeunesses d’Avant-Garde” et des 3 219 civils recrutés parmi les paysans et montagnards, tous travaillaient par patriotisme et pour un supplément alimentaire.

Le livre du Colonel Pham Van Tho “Lich Su Cong Binh 559” (Histoire du Génie 559, Hanoi, 1999) raconte cette épopée.

[modifier] Piste Hô Chi Minh et Autoroute Hô Chi Minh

La Piste Hô Chi Minh en 1967
La Piste Hô Chi Minh en 1967

Artère vitale pour réaliser l’unité du Viêt Nam par la force des armes, la “Piste Hô Chi Minh” peut être symbolisée par cette image forte du portail du Palais Présidentiel (ex Palais Norodom aux joyeux temps des colonies) enfoncé par un char d’assaut[1] venant du Nord et battant pavillon des combattants du Sud, du FNL (Front national pour la libération du Viêt Nam).

La paix revenue dans un Viêt Nam réunifié, la “Piste Hô Chi Minh” s’est métamorphosée en une deuxième vie sous le nom de “Route Nationale 14” (RN14) ou familèrement “Autoroute Hô Chi Minh” pour le développement économique de la “haute région” montagneuse de la "Cordillère annamitique”.

Cette “Piste Hô Chi Minh” est la légende la plus connue de la dite Guerre du Viêt Nam, comme la “Route de Birmanie” pendant la Seconde Guerre mondiale qui reliait l’Inde à la Chine par la Birmanie. Cette piste est un réseau complexe de sentiers pédestres et de voies carossables en terre battue avec des portions importantes sur gravillons. À l’exception des points de départ de quelques dizaines de kilomètres en territoire vietnamien, la majeure partie est en territoire laotien et cambodgien avec des embranchements pour revenir discrètement au Viêt Nam et ravitailler les unités combattantes. Les convois partaient du Nord par les trois routes coloniales construites par l’Administration coloniale d’Indochine en direction du Sud vers les districts de Ngê An, Ha Tinh et Quang Binh au Centre du Viêt Nam avec des ramifications vers le Laos, le long de la ligne frontalière, pour se connecter avec le réseau routier colonial laotien.

L’un des 3 points de départ au Nord du Viêt Nam a été le port fluvial de "Xuan Son" pour l’odyssée vers le Sud jusqu’aux ports cambodgiens de "Sihanoukville" et "Kompon Som", sur le Golfe du Siam ou de Thailande, sans jamais s’éloigner de la frontière vietnamienne de plus d’une centaine de kilomètres, pour des raisons de sécurité et de commodité, la sécurité d’être hors de portée des frappes et la commodité de raccourcir les distances pour revenir au Viêt Nam.

Le long de la piste ont été installées des zones de repos, de ravitaillement et de réparation pour maintenir la voie ouverte malgré des bombardements aériens intensifs et des attaques d’unités légères de commandos. La priorité américano-vietnamienne a été de diminuer ou mieux d’arrêter ce flux vital qui alimentait les combats dans le Sud. À l’arrivée au Cambodge, des dépôts ont été établis dans l’optique de la mobilité dans les concentrations et dispersions pour déjouer les tentatives de l’adversaire à les détruire.

Durant les premières années, le transport s’est fait par portage ou sur des bicyclettes renforcées pour une charge de 500kg et poussées par les “Cong Dan” (travailleurs civils), celles qui ravitaillaient les combattants de Dien Bien Phu en 1954. C’était ces bicyclettes qui ont fait la légende et qui sont devenues le symbole. Mais le transport le plus effectif a été effectué par des camions de 2-3 tonnes de charge utile, des camions capturés récemment ou ceux de la guerre précédente complétés par des camions soviétiques construits en Chine. C’était une configuration complexe de transport, des chemins carossables jusqu’aux sentiers pédestres, à l’image biologique de l’appareil circulatoire d’artères en artérioles, de veines en veinules, pour évacuer les blessés et ceux en période de repos et de retour.

Les convois étaient formés des camions tenus à distance les uns des autres pour limiter les pertes dues aux attaques aériennes.Il y avait aussi des files de bicyclettes conduites à pied, d’une main par une poignée de guidon, et de l’autre par un bâton vertical fixé au niveau de la selle, chargés de sacs qui parfois dépassaient en hauteur l’homme qui menait ce fardeau. Ainsi étaient approvisionnés les combattants du Sud pour ce qu’ils ne trouvaient pas sur place.

Pour diminuer et arrêter ce flux, les États Unis se sont fiés sur la guerre électronique pour le renseignement avec une batterie de “senseurs”, “capteurs” et “détecteurs”. Cette barrière électronique a été nommée de “Ligne McNamara”, déjouée par la roublardise des paysans des plaines et des chasseurs et cueilleurs des montagnes où un troupeau de buffles donnait le même “signal” qu’un convoi, attirant ainsi ailleurs les bombardements pour laisser libre ici le passage des “vrais” convois. Les stratèges américano-vietnamiens comptaient sur ces détections électroniques suivies de bombardements sporadiques et les étendaient pour interdire la circulation sur la piste. D’autres stratèges optaient pour plusieurs divisions d’infanterie disposées en barrière.

La grandeur de la Piste Hô Chi Minh ou Piste Truong Son était que le flux ne fût jamais interrompu, au coût élevé subi par ces troupes de génie et de transport et ces travailleurs civils du “Cong Dan” (littéralement “travailleurs”). Une estimation raisonnable portait à quelques dizaines de milliers de tués et blessés sur la piste, parmi les travailleurs civils, des jeunes hommes et jeunes filles qui y ont laissé leur vie et leur jeunesse. Le pire ennemi n’était peut-être pas celui que l’on pouvait penser, mais c’était l’épuisement, le climat et la maladie. http://membres.lycos.fr/gaorang/images/archives/piste-ho-chi-minh-truong-son.gif

L’effort de guerre de la population a été consenti par patriotisme et pour améliorer son sort par un supplément alimentaire et une diminution d’impôt à une période d’extrême pauvreté et de difficultés économiques” Le tout a été enveloppé par la morale confucéenne du devoir et de la dignité et par la culture vietnamienne des paysans de rizière dans des travaux communautaires d’hydrauligue agricole dans la construction et l’entretien des digues et diguettes où la survie et la prospérité des uns dépendent de celles des autres.


  • [..] On ne peut suivre une telle partie sans la replacer sur l’échiquier véritable. Cette expression, en l’espèce, a d’ailleurs une application directe: c’est bien ainsi que s’offre à nous le réseau compartimenté de rizières. À la société vietnamienne – qu’on saisit, avec lui, dans son fondement – il n’a cessé de procurer, au cours de l’histoire, une raison d’être, une structure stable et une discipline pour ses travaux et ses célébrations collectives: contrats avec elle-même, le sol et le ciel. Dans ce cadre de court horizon, peut-être, mais adapté à leur disposition, les Vietnamiens trouvaient leur goût de vivre et l’y gardaient, malgré les privations matérielles.” (Paul Mus, p. 14, 1952).

L’ancienne “Piste Hô Chi Minh” a été construite et maintenue pour l’unité du Viêt Nam, au prix de lourds sacrifices et la nouvelle “Autoroute Hô Chi Minh” est construite avec autant d’ardeur et de détermination pour la prospérité de la politique du “Doï Moï” (littéralement “nouvelle vie”) du Viêt Nam nouveau, membre de l’ASEAN et de l’APEC.

  • “[…] Pour s'affirmer comme puissance régionale, le Viêt Nam peut compter sur trois genres de ressources: le riz, le pétrole et sa population dont l’habileté et l’ingéniosité ont fait leurs preuves durant les guerres d’indépendance et de réunification. Pendant la guerre aérienne d’Hanoï, les missiles sol-air de fabrication soviétique “Sam” très coûteux et rares n’ont fait qu’obliger l’aviation américaine à attaquer à basse altitude pour être cueillie par l’artillerie anti-aérienne classique disponible en grande quantité, peu coûteuse, et quelques carabines russes “Simonova” pour la propagande à l’usage externe et l’émulation à l’usage interne d’un peuple de paysans face à la plus grande puissance économique, miltaire et technologique du moment.” (Thanh H. Vuong, pp. 126-127, 2004).

[modifier] Conclusion

Comme la logistique du ravitaillement de la Bataille de Dien Bien Phu a préfiguré la Piste Hô Chi Minh, cette dernière préfigure le développement économique du Viêt Nam de la vie nouvelle (Doï Moï), avec la même audace, la même détermination et la même ingéniosité de sa principale ressource qui est sa population même. Dans la nouvelle économie libérale dynamique, le “communisme” instrumental pour un nationalisme fondamental est folklorisé dans les imageries symboliques, par devoir de mémoire pour les héros et héroïnes de l’indépendance et de l’unité. Ce devoir de mémoire est aussi une émulation à la nouvelle génération pour ne pas démériter des ancêtres. En Extrême-Orient, toutes religions confondues, le fond commun est encore le culte des ancêtres. Une population sans héros et héroïnes est une population destinée à ne pas se dépasser et surmonter les obstacles.

[modifier] Références bibliographiques

  1. Photo d'un char
  • Paul Mus, “Viêt Nam, sociologie d'une guerre”, Seuil, Paris, 1952.

[modifier] Liens externes