Patrocle d'Arles

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Patrocle (???-†426)

Archevêque d’Arles (412-†426)

[modifier] Biographie

Jeune et de grande qualité quoiqu'en disent ses biographes[1] (Jean-Maurice Rouquette), il est intronisé en 412 évêque d'Arles par un mouvement populaire qui renverse l'évêque Heros, à l’occasion des luttes entre Constance et Constantin; cette élection cause dans tout l'épiscopat de Provence des troubles prolongés notamment entre Proculus, l’évêque de Marseille, et Patrocle.
En effet en 417, Proculus, décide, avec la complicité de l'évêque d'Aix, Lazarus, de nommer un évêque à la Ciotat et à St Jean, cités proches de Marseille mais se trouvant sur le territoire du diocèse d'Arles, alors très étendu. S’agissant manifestement d’une provocation par rapport au compromis de Turin, Patrocle, homme de Cour, va directement à Rome plaider sa cause en rappelant les décisions de ce concile. Le pape Zosime (417-†418) donne entière satisfaction aux revendications des arlésiens[2]. Il rend les droits sur les évêchés disputés, excommunie Lazarus et Proculus, donne à Patrocle autorité sur l'ancienne province de Narbonnaise et fait de Patrocle son vicaire en Gaule. Il lui accorde ainsi le privilège de délivrer les litterae formatae à tous les clercs gaulois, et fait d'Arles l'intermédiaire obligé pour toutes les relations avec le Saint-Siège puisque ces lettres sont indispensables pour être reçu à Rome (ce qui d'ailleurs est contraire au concile de Turin). La hiérarchie ecclésiastique n'est plus calquée sur l'organigramme de l'administration civile, mais sur une tradition arlésienne : le souvenir de saint Trophime, fondateur de l'Église d'Arles.

Par ailleurs à cette même époque –simple coïncidence ?- la ville d’Arles voit grandir son rôle politique. Par édit du 17 avril 418, reçu à Arles le 23 mai, cette cité est choisie comme lieu d'assemblée annuelle des sept-provinces du diocèse de Viennoise, laquelle assemblée doit se tenir chaque année entre le 13 août et le 13 septembre, en présence du préfet du prétoire, des gouverneurs des provinces, des nobles revêtus de dignités officielles et des députés des curies.

Toutefois, dès 419, le successeur du pape Zosime, Boniface Ier (419 à 422), revenant sur la décision de son prédécesseur, bouleverse les données du problème en reconnaissant les évêques de Narbonne et de Vienne comme métropolitains, laissant cependant à Arles la tutelle religieuse sur les deux provinces de Narbonnaise Seconde et des Alpes-Maritimes.

Patrocle est un personnage important. C’est à lui et à Amatus le préfet des Gaules qu’en 425, l'empereur Valentinien III fait parvenir un décret dans lequel il stipule l’interdiction faites aux Juifs d’occuper des fonctions judiciaires, de servir dans l’armée et de posséder des serviteurs chrétiens. La même année, le vicariat pontifical lui est confirmé par la régente Galla Placidia.

Patrocle meurt assassiné au début de l'année 426 victime de la haine du nouveau patrice et maître de la milice romaine (Magister Militum), Félix. On soupçonne aussi Proculus, l’évêque de Marseille, avec qui Patrocle s’est souvent disputé d’avoir trempé dans le meurtre de son rival. D’après l'historienne Émilienne Demougeot, ce meurtre pourrait également avoir pour origine les sympathies pro-barbares de l’évêque [3].

[modifier] Notes

  1. Notamment Louis Duchesne dans son ouvrage Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule
  2. Cf. Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule de Louis Duchesne, pages 86-87 Accessible sur Gallica ici
    Le jeudi saint 22 mars 417, le pape Zozime ordonné quatre jours auparavant, délivra à l'évêque d'Arles Patrocle (NDLR - Patrocle se trouvait alors à Rome où il avait probablement participé à l'élection du pape) une lettre qui lui attribuait ou les reconnaissait, à lui et à ses successeurs, des pouvoirs considérables. L'évêque d'Arles devenait métropolitain, non seulement de la province Viennoise, mais encore des deux provinces de Narbonnaise Iere et de Narbonnaise IIeme. De plus le pape faisait de lui une sorte d'intermédiaire entre l'épiscopat des Gaules et le siège apostolique.
  3. En outre le préfet du prétoire des Gaules Exsuperantius, nommé en 421 par Constance III, avait si peu réagi à l’attaque des fédérés wisigoths qu’en 424 la garnison romaine d’Arles s’était mutinée et l’avait tué. Aetius eut donc à ménager tant les assiégés que les assiégeants de la capitale des Gaules. Négocia-t-il le départ des Wisigoths en faisant espérer à leur roi que la régente consentirait à un renouvellement avantageux du foedus de 418 ? Cette négociation exaspéra-t-elle les Gallo-romains d’Arles qui firent massacrer par des soldats en 426 l’évêque Patrocle, autre représentant de la politique pro-barbare de Constance III, mais dont la régente avait confirmé le vicariat pontifical en 425 ?
    Cf. L’évolution politique de Galla Placida - Emilienne Demougeot, page 16, accessible ici

[modifier] Voir aussi