Discuter:Parthénon

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C'est fait. Petrusbarbygere 30 avr 2005 à 05:11 (CEST)

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Travail personnel, recoupant probablement l'article, mais peut-être plus approfondi

Phidias et le Parthénon


L’Acropole et le Parthénon sont des bâtiments d’une importance capitale pour le monde grec. Il entraîne de nombreuses questions : Qu’y avait-il avant ? Pourquoi l’a-t-on transformé, comment est-il construit ? Qui est vraiment le sculpteur Phidias et qu’a-t-il fait ?

Histoire du Parthénon

Pour étudier un bâtiment de ce genre, il ne faut pas se contenter des vestiges, mais se demander pourquoi ils sont là. On peut se dire que c’est dû à la dégradation temporelle, mais l’on ne va pas s’arrêter à une conclusion si sommaire.

L’Acropole est une citadelle fortifiée et vaste sanctuaire, qui appartient évidemment à Athéna. Au 5e siècle av. J.-C., la cité s’étendait à ses pieds. Vu l’état actuel du site, on peut remarquer nombre de constructions postérieures à l’époque grecque. Mais un problème se pose : que faut-il faire de ces vestiges ? Faut-il détruire ce qui a été construit après les Grecs, comme la tour franque détruite en 1875 ? Au 19e siècle, beaucoup d’édifices non-grecs ont été détruits. Pour voir l’Acropole telle qu’elle semblait être à l’époque, il faut faire abstraction des objets postérieurs. L’Acropole n’est pas isolée, de nombreux petits édifices l’entourent, comme le relativement petit temple d’Athéna. Le Parthénon a subi de nombreuses restaurations.

Cette Acropole a subi des dégâts déjà dans l’Antiquité, tel un incendie, sûrement au 3e siècle, où Athènes fut envahie par les Hérules (269), une peuplade barbare. Dès le 4e siècle, avec l’avènement du christianisme, son rôle religion fut « redirigé ». Le Parthénon a été transformé en Basilique paléochrétienne aux alentours de 800 ap. J.-C. C’est peut-être cette transformation qui a permis la conservation du temple, car tous les édifices grecs conservés l’ont été grâce à l’Eglise chrétienne. Cette transformation a maintenu en place l’édifice, sa taille a été conservée, mais les architectes ont décidé de permuter le bâtiment d’est en ouest. L’entrée à l’est a été rebouchée, et une nouvelle entrée a été perforée dans le mur ouest. Ces transformations ont malheureusement entraîné des destructions au niveau des frises présentes. Le mur continu qui séparait le Parthénon en deux parties a également été perforé. Le christianisme a donc apporté un point positif et un point négatif au Parthénon. Au Moyen-Age, il n’y eut pas de trop graves dégâts, car le Parthénon était protégé par l’Eglise, et ce malgré les croisés, qui, dans leur mépris habituel des bâtiments antiques, n’ont pu toucher à cet édifice. Il y a donc une certaine stabilité dans cette région au Moyen-Age. On retrouve une mention du Parthénon dans un texte d’un voyageur du 15e siècle, Cyriaque d’Aucone, qui a exécuté des dessins et des commentaires. Certains de ces dessins sont fantaisistes, mais ils ont permis d’analyser certains symboles, dessins et frises sur le Parthénon, qui ont disparu aujourd’hui. Dans les années suivantes, le voyage vers la Grèce devint beaucoup plus dur, car les Turcs conquirent la Grèce et les Balkans, et firent de l’Acropole un bastion de défense, ce qui fermait les portes du site aux voyageurs. Jacob Spon, sous Louis XVI, décrivit également le Parthénon.


En 1687 survint un événement majeur dans l’histoire de l’Acropole. Toujours aux mains des Turcs, le site contient une poudrière. Athènes étant un point commercial stratégique, elle faisait l’objet de nombreuses convoitises, dont celle de Maurossini, un marchand vénitien, qui attaqua Athènes. Une de ses bombardes atteignit le Parthénon, et fit exploser la poudrière. En résulta la destruction d’une grande partie de l’édifice – toute la toiture, les sculptures alentours, colonnes tomberont. Remplaçant la basilique paléochrétienne par une mosquée, les Turcs achevèrent de détruire le site de l’Acropole, du mois de le modifier. Si le Moyen-Age a été favorable au Parthénon, le 17e a eu l’effet inverse. Avant cette explosion, des personnes purent dessiner une grande partie du Parthénon, comme Jacques Carey, un ambassadeur français. Ses dessins ont pu être comparés, car certaines frises qu’il répertoria sont toujours présentes. Pendant tout le 18e, de nombreuses personnes, fortunées pour la plupart, purent observer et dessiner le site, car les Turcs devinrent plus conciliants.

Autre tournant, fin 18e : les relations avec l’empire ottoman se précisèrent et s’améliorèrent, et deux hommes se démarquèrent dans l’histoire du Parthénon : Fauvel, un vice-consul français, vit quelques années à Athènes, dans une maison avec vue sur l’Acropole. Il eut tout le loisir de l’explorer et de la dessiner à sa guise. Il obtint de l’autorité turque la permission de ramener à Paris des blocs de pierre tombés au sol uniquement, qui demeurent encore au Musée du Louvre. Lord Elgin, diplomate lui aussi, profita de la domination anglaise sur les mers et de ses relations avec les Turcs. Il put emporter des frises entières et les ramener en Angleterre. Le démontage s’est fait dans la précipitation, et de grandes destructions sont provoquées. Ces frises sont maintenant au British Museum, et font aujourd’hui encore l’objet de disputes entre les Etats grec et anglais. Mais Lord Elgin avait reçu l’autorisation du Sultan ; et d’une certaine façon, ces marbres ont été protégés, dans un musée, contre des dommages ultérieurs possibles ; et arrivés à Londres, ils suscitèrent des réactions très positives, avivant fortement l’intérêt pour la culture grecque. Ce transport, qu’on peut déplorer malgré tout, fait désormais partie de l’histoire de l’Acropole.

A partir du 19e, c’est le mouvement inverse qui se manifeste, avec la fondation de l’Etat grec, qui développa évidemment un sentiment national. Au début, il y a eu une élimination systématique de toutes les œuvres non-grecques (arabes et paléochrétiennes, entre autres). Des projets de réaménagement de l’Acropole (stade et palais royal), qui n’ont heureusement pas abouti ! Cela aurait détruit le site avant toute étude archéologique ! Il y a eu des oppositions en Allemagne (les premiers rois de Grèce étaient bavarois), et dans la population locale. Des fouilles sont amorcées, et font apparaître un élément essentiel, un énorme massif, base du Parthénon, qui n’est plus visible de nos jours. En 1871, avant cette grande fouille, une monographie de A. Michaelis, en allemand, comprend une collection de tous les témoignages antiques de l’Acropole. Les livres qui suivirent la fouille ne purent s’en dissocier, et, de par les informations nouvellement apportées, sont bien plus intéressants (Collignon, 1914).





La colline de l’Acropole a été aménagée, et elle est certainement très différente de la colline telle qu’elle était dans l’Antiquité.

Après l’explosion de 1687, les musulmans ont reconstruit une mosquée à l’intérieur du Parthénon, sans réutiliser l’espace intérieur initial du monument, utilisant une partie de ses pierres. Elle est construite de travers par rapport à l’ensemble, en rupture totale avec l’harmonie du bâtiment. Elle sera détruite en premier, lors de la création de l’Etat grec.

Sur le site, beaucoup de blocs gisant au sol ne font pas partie du Parthénon, il faut donc être vigilant lorsqu’on cherche à reconstituer le bâtiment. Les chantiers de restauration n’utilisent que très peu de moyens modernes, afin de pouvoir permettre l’archéologie expérimentale. La reconstruction n’est donc foncièrement négative.

Le 20e siècle a été une époque pauvre en événements spectaculaires, mais il y a eu d’autres dégradations, surtout dus à la pollution atmosphérique, à partir de la deuxième moitié du siècle. Cette pollution a fortement motivé les restaurations successives.

Il n’y a pas eu de grandes fouilles au 20e siècle, on s’est contenté de celles de la fin du 19e. Elles ont presque eu lieu trop tôt, car de nombreuses connaissances ont complété notre savoir. Mais il ne faut pas se leurrer, nous n’avons pas trouvé grand-chose de plus. Il aurait fallu, à l’époque, une fouille beaucoup plus assidue, afin de relever tous les détails que nous savons disparus aujourd’hui.

Même s’il y a eu des points de vue intéressants auparavant, c’est au 20e siècle que les études et les synthèses de référence ont été réalisées. En 1914, Maxime Collignon rédige son « encyclopédie » de l’Acropole. Un grand nombre de photographies et de dessins ont également été réalisés durant ces cent dernières années. Dès 1930 se sont opérés de grands travaux sur l’Acropole. On peut les juger sévèrement, mais on ne disposait alors que de moyens passablement vétustes, moyens qui peuvent nous paraître inadéquats (Balanos, archéologue grec).

En 1968, l’Unesco lance un appel mondial pour sauver l’Acropole, et dès ce moment commence le plan des grands travaux et des études : A. Orlandos, également grec, est un spécialiste de l’architecture, et a travaillé sur celle du Parthénon, en laissant quelque peu de côté la partie sculpturale de l’édifice, même s’il n’a pu l’ignorer totalement, puisque le but unique de cet ensemble est justement, semble-t-il, de magnifier une statue sculptée d’Athéna. L’intérêt se porte également sur sa fonction et ses sculptures. Ses sculptures ont été reconstituées par moulage, pour essayer de réunifier les éléments éparpillés du Parthénon, disséminés entre le Louvre et le British Museum, entre autres. Le Suisse Ernst Berger a réuni ces moulages à Bâle, afin de créer une exposition de référence, qui a d’ailleurs été supplantée par une deuxième exposition, dans le nouveau de l’Acropole. A Bâle a également eu lieu un congrès sur la sauvegarde du Parthénon et de ses environs.

La dernière étape, qui est encore en cours, consiste en de nouvelles études, avec de nouvelles restaurations, menées par Manolis Korres, un archéologue grec très compétent. Mais ses travaux ne sont pas très accessibles, car rédigés en grec et très techniques, Korres étant avant tout un ingénieur. Mais c’est un travail utile, qui a le mérite d’avoir été décrit par une personne ayant vécu la restauration : l’archéologue français B. Hoftzmann, qui nous a écrit un résumé, une mise au point.


L’Acropole avant le Parthénon.

Qu’était l’Acropole avant la construction du Parthénon ? Y avait-il d’autres constructions en lieu et place ? Deux sortes de sources se présentent : On entrevoit l’importance de l’Acropole dès le début de l’histoire grecque, à travers la mythologie. On constate que l’Acropole est le théâtre des plus anciens mythes, à commencer par les rois mythiques fondateurs de la civilisation grecque : Du premier roi Cécrops, unificateur et mythifié, à Thésée, trait d’union entre la mythologie et l’histoire, qui possède d’ailleurs une frontière très floue. Les figures mythiques étaient célébrées sur l’Acropole, où l’on plaçait symboliquement leur demeure et leurs exploits. C’est dans la fondation même d’Athènes que l’Acropole joue un rôle majeur. D’une dispute entre Athéna et Poséidon se décide la fondation d’Athènes. Athéna apporte l’olivier sur l’Acropole, et Poséidon y fait jaillir une source d’eau salée. Considérant qu’Athéna a été plus utile, les grecs la choisissent et en font Athéna Polias, qui veillera de tous temps sur Athènes (polias veut dire police) . Dès lors, il y aura toujours sur l’Acropole des oliviers, tradition intemporelle. D’autres divinités mineures accompagnaient Athéna, qui n’était donc pas seule.

Voici donc la source mythologie de cette Acropole antique. Mais quant est-il de la source archéologique ? Les vestiges proprement préhistoriques sont extrêmement rares, aucune structure n’a été définie postérieurement à l’ère grecque. À la fin de l’âge du Bronze, des éléments structuraux apparaissent, appartenant vraisemblablement à l’époque mycénienne. L’Acropole a-t-elle été un site mycénien ? C’est possible, mais les vestiges ne sont pas nombreux. Ialcovidis a mis en évidence une grande muraille dont on ne distingue aujourd’hui que quelques fragments. Cette muraille structure l’ensemble du site, et a surtout été étudié à la fin du 19e siècle. Son architecture et cyclopéenne, typiquement mycénienne, faite d’énormes blocs grossièrement taillés et assemblés. Dès l’époque mycénienne, il y avait une entrée dans cette muraille, là où la pente est la plus faible, qui sera toujours utilisée les millénaires suivants. Ce bastion est donc très ancien et son mur à survécu très longtemps. Un passage a été creusé au bord de la muraille, au flanc de la colline, afin de permettre l’accès à une source d’eau profonde. Cette faille ne semble pas avoir été réutilisée par la suite (on peut le savoir grâce aux poteries retrouvées à l’intérieur, uniquement mycéniennes). On peut certifier qu’une population vivait là-haut, et que ces gens pouvaient tenir un siège. Ce devait être une citadelle, qui normalement devrait contenir un palais royal. Mais a-t-il existé ? On ne retrouve aucun élément concret, et cette idée reste théorique, même si cela cadrait bien avec la mythologie. L’Acropole avait donc une présence importante à l’époque mycénienne.

Une certaine rupture a eu lieu, liée à l’âge obscur de l’histoire grecque. Il y a peut-être eu un abandon des environs pendant cette période, qui est très pauvre archéologiquement. Il est probable que le site n’a pas été totalement abandonné, mais il n’y a aucun vestige de cette époque.

Les choses vers 800 av. J.-C., au début de l’ère géométrique. On trouva de nombreuses petites statuettes en bronze, qui étaient sûrement des offrandes. Nous savons donc qu’il y a eu des activités religieuses, même si les édifices n’ont pas laissé de vestiges, si toutefois il y en avait.

Mais il y a mention d’un épisode, rapporté par Hérodote (livre 5, ch. 76), Thucydide puis Plutarque. Vers 640, un dénommé Kylon, vainqueur du concours olympique (appelé « olympionique »), veut installer une tyrannie suite à sa victoire. Pour cela, il s’empara de l’Acropole, ce qui prouve l’importance de la place, synonyme de pouvoir. On voit que le culte d’Athéna est très vivace, même si l’on n'évoque pas l’existence de temple (naos). On nous parle en revanche de la statue sacrée, ou agalma, d’Athéna, ainsi que l’autel du culte, le bômos. Kylon se voit assiégé dans l’Acropole, il y a donc une muraille, mais se retrouve aculé, car il n’a pas beaucoup de ressource. Il doit se rendre. Il se tient alors entre le bômos et l’agalma, avec ses partisans. Pour quitter l’Acropole, il a attaché un fil à la statue, afin de ne pas rompre le contact. Le fil se rompt alors, selon les dires des historiens, afin de marquer la rupture de la protection d’Athéna sur le traître Kylon, qui serait sommairement exécuté. Cet épisode démontre que l’Acropole, déjà à cette époque, était d’une importance politique et religieuse capitale. Le temple n’existe pas ou du moins plus, mais le culte d’Athéna avait bien lieu. Et nous savons que ce culte ne nécessite pas forcément un temple, du moins à ses débuts.



Lectures conseillées : J.-M. Maffre, Le siècle de Périclès, coll. Que sais-je ?, et M-Ch. Hellmann, L’architecture grecque, in « Art grec », livre de poche.

L’époque mycénienne a donc structuré les abords de la colline, mais il n’y a pas de traces de temple ou de citadelle, voire de palais. La période obscure prend place vers le 11e siècle, et s’achève vers le 8e siècle, et ne nous livre presque aucun indice signifiant.

A partir du 7e siècle débute la période archaïque, où les sources d’informations sont bien plus importantes qu’auparavant. C’est dans le début de cette période qu’a lieu le coup d’état de Kylôn, ou Cylon. De cette époque nous connaissons également l’existence d’une statue en bois, présente jusqu’au 2e siècle de notre ère, mentionnée par Pausanias, appelée xoanôn. Il y a mention dans l’Iliade d’Homère d’un riche temple, ou plutôt naos (néos), et de la manière dont Athéna « installa » le héros Erechtheus dans son temple, héros dont le nom est l’origine du bâtiment Erechthéion.

L’époque archaïque récente, le 6e siècle, est une époque d’essor pour Athènes, avec le législateur Solon, puis les tyrans Pisistrate et ses fils, qui règnent jusqu’en 510. Il est très improbable que Pisistrate ait installé son palais sur l’Acropole, car il voulait être populaire. Mais l’on sait qu’il a fait construire un sanctuaire, ainsi qu’une entrée monumentale, à partir de 565. Il a également construit un mur de soutènement, ainsi qu’une rampe d’accès. Pisistrate va introduire les Panathénées, fêtes de plusieurs jours ayant lieu tous les quatre ans, dédiées à Athéna. La plus grande partie de l’entrée (les propylées) a été construite en même temps que le Parthénon. Mais entre ces propylées et la muraille mycénienne ont été trouvés des éléments plus anciens, en marbre : un trépied, probablement base d’une statue disparue depuis, un banc, ainsi qu’une ante (embout de mur). Il y avait donc des propylées archaïques, avec un axe différent des propylées actuels. On ne sait pas s’il a pu finir ces propylées, mais normalement, les propylées préfigurent un temple. Après les tyrans, on a peut-être continué d’aménager l’Acropole, avec pour but la construction d’un temple. Mais Pisistrate a fait un premier aménagement des propylées, aboutissement du soutènement polygonal.

Quels sont, sur l’Acropole même, les vestiges de l’époque archaïque finissante ? La plupart de ces vestiges sont des blocs errants, qui n’ont pas été trouvés in situ. La plupart sont des offrandes jetées pêle-mêle dans des fosses construites vers 480, après le passage des envahisseurs perses. Le matériel venant des fosses est par définition antérieur à 480, et il est constitué d’une fameuse série de koraï, dédiées à Athéna, qui ont été trouvées à la fin du 19e siècle. Près d’un siècle d’offrandes s’accumulent dans ces fosses situées près des Arrhéphoroï (femmes prêtresses).

Il y a au moins un temple dont les vestiges sont conservés, situés entre les futurs Erechthéion et Parthénon. Ce temple devait être appelé « Vieux Temple » (Archaïos Neos) par les Athéniens. C’est donc le vieux temple d’Athéna. Le terme vieux signifie seulement qu’il était ancien et vénérable, et non qu’il était obsolète. Nous disposons de nombreux vestiges au sol qui nous permettent de le reconstituer quasi fidèlement. Ce temple n’est pas l’ancêtre du Parthénon, car il est situé de l’autre coté de l’Acropole.

Le bord de l’Erechthéion est posé sur les vestiges de ce temple, au niveau des Caryatides. Nous savons dater à peu près ce temple, puisque l’Erechthéion date de 481, juste après le Parthénon, et qu’il a forcément été construit après ce « vieux » temple. Il était orienté vers l’est, comme le Parthénon et l’Erechthéion. Il y avait 6 colonnes en façade, c’est un temple hexastyle de l’ordre dorique. La fondation extérieure, ou péristasis, portait l’enveloppe de colonnes, le péristyle. Cette fondation en plusieurs éléments est typique de l’époque archaïque. Il y a une entrée double, pronaos et opisthodome, respectivement entrées est et ouest, avec 2 colonnes in antis (encadrées par deux antes). Le temple n’est donc pas constitué d’un seul corps, ou cella (latin), mais est divisé en plusieurs parties, séparées par un mur plein. (Fig. 1)



On a également trouvé des éléments de toiture sur le site, qu’on peut vraisemblablement attribuer au temple, ainsi qu’un certain nombre d’éléments de marbre avec des décors peints, qui ornaient probablement l’encadrement du fronton.

Ce temple est-il le seul temple archaïque de l’Acropole, ou a-t-il des prédécesseurs saisissables ? Cette question a longtemps agité les esprits des archéologues : le problème vient de la découverte d’une célèbre inscription, celle de l’hékatompédos néos . C’est un des premiers textes grecs de cette taille. Même s’il y a beaucoup de lacunes, ce texte est gravé dans deux métopes réutilisées. Le support architectural était peint, et vient donc logiquement d’un autre temple. Cette inscription date de 485 av. J.-C. Donc, cette métope n’était plus utilisée, et l’édifice à laquelle elle appartenait a été détruit. Cette destruction ne peut être liée à l’arrivée des Perses, en 480. C’est une loi d’aménagement de l’Acropole, de savoir-vivre. Il y a mention d’un néos (temple), et d’un édifice appelé hékatompédon, qui n’est pas qualifié de temple. Alors, les deux notions désignent-elles un seul ou deux bâtiments ? Mystère…



Le vieux temple, destiné par excellence pour Athéna Polias, a aussi existé en parallèle au Parthénon, pendant la même période. Il contient deux pièces, on devait y adorer plusieurs dieux. Cet édifice est très clair, au niveau du plan, mais pose problème au niveau de sa datation et de sa hauteur. Nous savons qu’il est fait de tuf, et non de marbre, apparaissant plus tard. On a trouvé des éléments de toiture et de frontons, travaillés en reliefs. Ces nombreux éléments de frontons, qu’on pense appartenir à ce temple, sont en tuf archaïque. Notamment, des lions affrontant des taureaux, ainsi qu’un monstre à plusieurs tête, appelée Barbe-bleue, monstre sans doute combattu par Héraclès. Un archéologue allemand, I. Beyer, a proposé une reconstitution : Sur les mêmes fondations, il y aurait eu succession de trois phases, trois temples, à l’emplacement du vieux temple. La première phase est sujette à caution, car elle suppose qu’au 7e siècle, il aurait pu exister un temple complet dorique, idée architecture difficile à admettre. La deuxième phase est plus sûre, avec la présence certifiée d’un temple dorique, révélé à nous par l’entablement et les frises de son fronton représentant les lions affrontant les taureaux et le monstre à trois têtes, au-dessus des colonnes d’entrée. C’est une idée acceptable pour un temple dorique du 6e siècle. La troisième phase, fin 6e, voit arriver le marbre et une figure monumentale d’Athéna, en marbre également, sa tête ressemblant à celle d’une koraï. Cette statue est en « ronde-bosse », mais avec un rattachement au mur. Athéna est vêtue de l’égide, vêtement la symbolisant, avec des serpents (Athéna est la déesse de la guerre et de l’ordre). Mythologiquement, elle combat les géants qui voulaient s’emparer de l’Olympe (scène de gigantomachie).

Cette statue de marbre témoignerait d’un effort d’embellissement du Parthénon, pendant l’époque de Pisistrate. Le vieux temple a été fortement endommagé par les Perses en 480 et 479. Il est incendié et largement détruit. On sait que l’Erechthéion est bâti sur les ruines du vieux temple ; S’est-il passé quelque chose entre cette destruction et le début de l’édification de l’Erechthéion ? La superposition ne se fait que sur une petite partie du vieux temple, mais l’on pense que le culte s’est déplacé dans l’Erechthéion. Certains archéologues pensent que ce temple ou plutôt ses restes ont survécu et ont été maintenus sous l’appellation « d’Opisthodome de l’Acropole », qui est normalement la partie arrière d’un temple. On retrouve cette mention dans des documents comptables. On a pu admettre que l’on a maintenu la partie centrale du vieux temple, avec l’entrée à colonnes in-antis. La péristasis n’existant plus, il n’en resterait que la plate-forme de soutènement. On pense que l’entrée principale du vieux temple a été murée, et que l’opisthodome a été utilisé comme entrée. Ce temple est antérieur au Parthénon, mais il lui survit par cette partie, reléguée à un rang secondaire. Ce n’est qu’une hypothèse, mais qui reste aujourd’hui encore valide.


Flanc sud de l’Acropole


Qu’y avait-il avant le Parthénon de Périclès ? L’inscription de l’Hékatompédon, gravée sur une métope réutilisée. L’intérêt de cette inscription est la loi qu’elle édicte. Ce sont des prescriptions sur l’utilisation de l’Acropole, sur les manières de se comporter sur le site sacré (comme l’interdiction de manger ou de laisser des excréments de bétails, etc.). Il est fait mention d’un néos, d’un bômos, ainsi que d’un Hékatompédos néos de « cents pieds ». Nous connaissons les deux premiers, la question est de savoir quel est le bâtiment désigné par la troisième expression. En 485, un magistrat nommé Archonte aurait vraisemblablement émis cette loi. C’est une date probable, mais non certifiée. L’archéologue R.Tölle Kastenbein, avec l’aide d’un épigraphiste, fait remonter cette inscription jusqu’aux environs de 500, soit 15 ans plus tôt, période cruciale pour Athènes. Mais la date de 485 est plus prisée. Mais qu’est-ce que l’Hékatompédon néos ? La plupart pense que l’on a affaire à un temple précédant le Parthénon sur le même emplacement (Urparthénon). Voici leur principal argument : L’édifice classique du Parthénon avait une pièce, la cella principale, qui s’appelait Hékatompédos néos, « le temple de 100 pieds ». Cette pièce abritant la statue de culte d’Athéna est certifiée et mentionnée. Il est très tentant de penser que l’ Hékatompédon de l’inscription était un temple primitif ayant été englobé plus tard par le Parthénon. Certains ont voulu placer cet Hékatompédos néos sur le vieux temple, mais il n’y a aucune raison pour cela, car le néos et l’Hékatompédon sont des bâtiments bien différenciés, et que l vieux temple est le néos (Archaïos Néos). Cet Hékatompédon néos était-il un temple ? Le restaurateur et archéologue grec Korres pense que c’est le plus vieux Parthénon, un Parthénon primitif. Korres a proposé une reconstitution très aléatoire de ce premier temple, qui ne repose que sur un seul indice difficile à vérifier ; des traces d’implantation sur le rocher, légèrement obliques par rapport au Parthénon et son soubassement. R. Tölle Kastenbein pense elle que l’Hékatompédon néos n’était pas un bâtiment, mais un espace, une étendue de 100 pieds d’un côté, comprenant au moins trois petits édifices, cités dans l’inscription « Oïkemata ».

Depuis le début des constructions sur l’Acropole, on a pu constater que le Parthénon reposait sur un massif qui ne lui correspondait pas, à l’est et à l’angle nord-ouest. Il y a à plusieurs endroits débordement de la fondation, alors qu’elle normalement censée être assujettie à l’édifice en question. Au nord-ouest, la fondation est trop courte, et il y a manifestement eu un rajout lors de la construction péricléenne. C'est un indice clair que la fondation correspond à un autre édifice plus ancien. Mais ce massif, ce socle, n’était pas forcément complété par un temple, mais était à proprement parler cet Hékatompédon, selon R. Tölle Kastenbein. Cette plate-forme qui dépasse fait exactement cent pieds attiques de long, ce qui renforce cette hypothèse .




Les archéologues s’entendent sur deux points : Le socle a servi secondairement à construire le pré-Parthénon, et il a servi dans un troisième temps à élever le Parthénon de Périclès, mais il est certain qu’il n’a pas été construit pour lui, car il est plus large que la base du bâtiment de Périclès, Sa fonction principale pourrait remonter à la construction du pré-Parthénon, mais on a constaté qu’il y avait déjà un décalage entre le socle et le pré-Parthénon, qui est manifestement plus petit que le socle. Donc, la fonction primitive du socle est différente.

Deux théories s’affrontent à ce sujet : La première théorie, traditionnelle et défendue par la majorité (dont M. Korres), suppose une première phase du pré-Parthénon, avec un temple en tuf qui aurait mieux épousé la surface du socle sur son ensemble. - Dorpfeld, en 1908, propose une 23e assise en tuf, avec des degrés en escaliers sur laquelle aurait reposé le premier temple en tuf, puis en marbre. Dans cette théorie, toute la surface du socle est utilisée, mais elle n’est plus retenue aujourd’hui. - B. H. Hill observe lui une assise encore en place sur la 20e assise du socle, en calcaire de Himette (pierre de kaia), pierre noble. Pour lui, c’est 21e assise représente le premier degré canonique (sur 3), sur lequel il place une colonne qui se trouverait alors encore plus en retrait que la colonne du Parthénon. Mais toute sa théorie n’explique pas le décalage. - Parthénon de Pôros : autre théorie qui suppose une première phase du pré-Parthénon, puis une deuxième phase, où le Parthénon de marbre viendrait épouser exactement la surface du socle allongé ce qui est typique de l’époque archaïque. C'est une solution conjecturale, car il n’y a aucun reste. (Conjecture explicative)

La deuxième théorie, émise par Tölle-Kastenbein, avance que ce socle n’en était pas un, qu’il ne servait pas de base à un temple, mais qu’il était ici pour créer un espace qui agrandissait l’Acropole. Il supportait de petits temples et autres mausolées (oïkémata), et c'est cette plate-forme qui serait appelée Hekatompédon (surface de cent pieds). Sur le socle de 22 assises, il suffirait d’en rajouter une, et la longueur de cette assise mesurerait exactement cent pieds attiques (= 29.43 m). Le Pré-Parthénon ne s’est pas soucié des dimensions du socle, puisqu’il n’avait pas été construit pour lui. - Dès la 18e assise, elles présentent une certaine convexité (à l’image du Parthénon, par correction optique). On estime que cette convexité entraîne l’existence d’un temple, même s'il est possible que cette convexité n’ait servi que pour l’écoulement des eaux. - Une inscription de 485 nous parle d’un socle sans vraie construction, mais l’on pense que le Pré-Parthénon a été construit en 490, et donc, en 485, on ne pouvait plus parler d’Hékatompédon. Mais l’inscription peut également être datée de 500, ce qui concorderait avec cette théorie. - Pour Tölle-Kastenbein, le massif construit vers 508 est à peu près terminé vers 500, car l’inscription prescrit le comportement à adopter sur l’Hékatompédon. En 485 se construit le Pré-Parthénon en marbre. Dès lors on parlera d’un Hékatompédos Néos (temple).



Contexte historique du pré-Parthénon.


On pense que ce temple est le résultat d’une initiative née après la victoire de Marathon en 490. c'est la première victoire sur les Perses, à 40 kilomètres d’Athènes. Les Athéniens sont des personnes très fières, et ils décident de construire un trésor (thesauros) à Delphes. Athènes a de grands moyens, et fait construire un édifice en marbre, ce qui est également la marque d’une avancée technologique. Cet édifice a certainement été mené assez loin dans sa construction, mais n’a jamais été terminé, sûrement à cause de l’invasion de Xerxès et ses Perses qui prirent l’Acropole. Thémistocle a alors utilisé une tactique pour combattre les Perses, qui consista à les attendre, avec une flotte préparée longtemps auparavant. Les Perses vont faire un siège de l’Acropole dans une Athènes presque vide, car les Athéniens se sont barricadés dans l’Acropole, derrière des palissades de bois. Ils firent rouler des pierres contre leurs assaillants, ce qui laisse à penser qu’il y avait un chantier sur l’Acropole. Les Perses menèrent leur attaque principale devant la porte de l’Acropole, mais les Athéniens vont être pris à revers par une petite escouade. Le chantier du temple était bel et bien en construction lors de la prise de contrôle des Perses, car l’on a retrouvé des traces d’incendie sur des colonnes de ce temple. Il y avait aussi des échafaudages pour la mise en place de colonnes, ainsi qu’un certain nombre d’éléments déjà construits : - Trois crépis - L’orthostate - Au moins un tambour pour chaque colonne - Le plan peut déjà être lu (c'est le même que celui du Parthénon, mais dans des dimensions moindres). - Dans le mur nord, il y a réutilisation de tambours de colonnes non-cannelées, sûrement du pré-Parthénon. Ces tambours possèdent des tenons de bardage, pour les soulever. (Fig. 2)


- Le Pré-Parthénon était plus étroit de quelques mètres (6 colonnes pour le Pré-Parthénon, et 8 pour le Parthénon). - Il y a quelques pièces du stylobate, mais il n’y a pas d’empreintes de crampons sur le lit d’attente (surface) - Une pièce a été retrouvée dans le Parthénon, mais elle ne lui appartient pas. On pense que c'est la base de pilastre d’une ante. Elle nous permet une reconstitution du temple dans ses dimensions, mais pas dans son élévation, qui nous est inconnue.

Le temple a été interrompu, mais jamais les travaux n’ont été repris, car le marbre a beaucoup souffert du feu. Les Athéniens ont d’abord entrepris de construire une muraille d’enceinte, et lorsqu’on put reprendre la construction, le temple était « démodé ».




Le Parthénon actuel est une rencontre entre l’architecture de Périclès et la sculpture de Phidias. Il va se superposer sur les bases du Pré-Parthénon, dont on connaît assez bien le plan et les matériaux de ce temple, en se fondant sur l’observation des blocs replacés. Il témoigne de grands moyens financiers et techniques, qui ont probablement été récupéré comme butin lors de la bataille de Marathon. Pendant la guerre contre les Perses, la construction a été interrompue. Mais pourquoi tant d’années sépare cet événement et la reprise effective des travaux ? Lorsque l’on reprit le chantier, on ne put réutiliser les plans et les matériaux tels quels. On a dû repartir à zéro, même si on réutilise évidemment les pierres de cette ébauche de temple. A cette époque (480), Thémistocle va construire les remparts autour d’Athènes, mais il ne participe à l’édification des autres bâtiments de l’Acropole. On peut concevoir que la reconstruction d’Athènes et de ses habitations ait freiné la construction du Parthénon. En plus, il a fallu repousser les Perses jusqu’en Asie Mineure. Les années qui suivent 480 sont assez obscures. Vers 467-6, un changement se produit, avec la fin des guerres médiques, à la bataille d’Eurymédon. Cette victoire des Grecs paraît avoir provoqué la reprise des travaux, grâce à Kimôn, le dirigeant de la flotte des cités grecques. Le butin récupéré permet selon Plutarque de construire un mur d’enceinte sur l’Acropole. La construction de ce mur obéit à des règles militaires, mais également urbanistiques : on veut aménager l’Acropole, nettoyer les gravats et autres destructions. Le mur de Kimôn n’est pas un mur de soutènement, comme les précédents. Cet ouvrage utilitaire et considérablement grand devait retenir une masse de terre permettant un élargissement de la terrasse vers le sud. Les autres petits murs entre le massif et le mur de Kimôn ne sont pas mentionnés. Au nord, dans la partie rocheuse, ce mur n’est pas mentionné dans nos sources. A la fin des années 460, on a rejeté les gravats dans cet interstice, et on a dès lors une colline susceptible d’accueillir des constructions. Alors pourquoi s’est-il passé vingt ans avant le début de la construction du Parthénon que nous connaissons aujourd'hui. (448-7) On a émis l’hypothèse que le Parthénon inachevé n’a pas été entrepris les guerres médiques, mais après, et qu’il aurait été étroitement lié au mur de Kimôn. L’interruption ne serait alors plus due aux Perses, mais à des bouleversements politiques, Kimôn devant s’exiler, remplacé pas Périclès. Dans ce cas, l’interruption aurait été voulue, pour marquer un changement politique. Cette théorie est pratique, car elle remplit ces vingt années où l’on ignorait ce qu’il s’était passé. Mais nous devons y renoncer, car les marques d’incendie sur les pierres ont été indéniablement démontrées, et la cause ne peut être que celui de 480. Nous sommes donc quasi certains que l’interruption des travaux a été causée par l’arrivée des Perses.

Mais alors que s’est-il passé durant ces vingt années obscures ? Ce dont nous sommes certains, c'est que Périclès est « au pouvoir » dès la fin des années 460, mais qu'il mettra quinze ans pour reprendre les travaux. Nous pouvons penser que c'est à cause des difficultés financières d’Athènes, qui connaît des déboires en Egypte, qui se soldera par un échec. Athènes était probablement en manque d’hommes et de moyens, et les guerres peuvent expliquer l’instabilité du pouvoir, ce qui obligerait Athènes à suspendre les travaux. Cette instabilité provoque un événement particulier : La ligue maritime, craignant pour son trésor situé à Delphes, exige son déplacement sur l’Acropole. Le trésor est donc le point de départ de la construction du Parthénon, car il faudrait un bâtiment digne d’abriter ce trésor. Sous l’impulsion des héllénotames (magistrats du trésor), Périclès aurait initié la construction du Parthénon. Il ne faut pas croire que les Athéniens ont fait main basse sur cette fortune pour s’arroger la construction du Parthénon. On taxe les butins qui arrivent dans le trésor pour donner cet argent à Athènes, qui est chargée de veiller sur le trésor. Ces taxes, élevées, permettent la construction, s’ajoutant à d’autres financements. Ces informations sont irréfutables, car elles proviennent de listes de compte. On récupère ainsi des centaines de talents par année.

On doit dès lors construire une « maison » pour le trésor, sur l’Acropole, qui serait à la fois un bâtiment-offrande et une chambre au trésor (anathema / thesauros). On décide alors d’édifier une immense statue chryséléphantine. L’idée d’établir dans un nouveau temple une gigantesque statue démontable, trésor à elle seule, est donc le résultat d’une situation politique instable. On a donc les moyens et un projet tout à fait original, reste à trouver une personne capable, au niveau technique et artistique, de réaliser cette œuvre grandiose. La fonction première de ce bâtiment étant de protéger cette statue, il devra être construit par rapport à elle. Sa conception va conditionner l’élargissement du temple vers le nord (car le sud, escarpé, représente des travaux bien trop important). Ce manque relatif d’informations pendant ces vingt ans n’est pas étonnant, il faut l’attribuer aux vicissitudes de l’histoire athénienne, qui connaît quelques bas. Vers 448-7, Athènes signe la paix de trente ans avec Sparte, et peut ainsi construire en paix, ce qu’elle fera pendant les quinze premières années de ces trente ans. Pendant les vingt ans précédant la construction, on ne pense pas qu’il y ait eu volonté de garder les ruines telles quelles, pour montrer et démontrer les destructions des Perses aux Athéniens.


Pourquoi Phidias ?

Périclès et les hommes politiques ont dû choisir Phidias (Pheidias) pour sa réputation et le prestige de ses œuvres. Nous avons un témoignage de Plutarque, dans sa Vie de Périclès. Selon Plutarque, Périclès confia à Phidias non pas le travail de sculpture de cette statue, mais un travail de surveillance du chantier (épiskopos), dès 447. mais quelle a été sa réelle activité ? Plutarque ne mentionne pas son rôle de sculpteur. Alors qui est Phidias avant son implication dans la construction du Parthénon ? Sa biographie peut être faite assez précisément, malgré de nombreuses zones d’ombre. Passablement de textes latins mentionnent ce sculpteur très renommé, comme par exemple un texte de Pline l’Ancien (livre 34-35-36) .

Chronologie générale : Naissance : ~500. Sommet de sa renommée : 448-5 (selon Pline l’Ancien), ce qui coïncide avec le début de la construction du Parthénon. Vers 470, Phidias se voit confier des tâches importantes, ce qui nous indique qu’il devait avoir au moins une trentaine d’années. Cette date de naissance est la plus plausible. Son œuvre la plus importante est sans conteste le Zeus d’Olympie, et a été faite à la fin de sa vie.




On trouve sur Phidias de nombreux textes, à partir de partir du No 785, chez Müller-Dufen. Ce recueil a ses défauts ; pas de commentaires, des erreurs de traductions, et les chapeaux introducteurs ne sont pas toujours pertinents. Par Pline, nous connaissons à peu près les années de gloire de Phidias, autour de 450. C'est vers cette époque qu’il construit la Parthénos, cette statue cultuelle d’Athéna. Après cette œuvre, un procès lui sera intenté, puis il se rendra dans le Péloponnèse, où il réalisera le Zeus d’Olympie, sur lequel nous avons beaucoup d’écrits. Pour quelle raison les Athéniens ont-ils appelé Phidias pour la réalisation de cette œuvre sur l’Acropole ? Nous allons le voir avec cinq œuvres antérieures, qui peuvent justifier son « ascension. » La première statue a été faite par Phidias pour une petite cité grecque, Pellène d’Achaïe. C'est déjà une Athéna, mais l’on ignore si c'est le hasard des commandes, ou s'il appréciait particulièrement cette représentation. C'est Pausanias, livre 7 (801 chez Müller-Dufen), qui nous en parle : « C'est une statue en ivoire en en or (donc chryséléphantine). On dit que Phidias l’aurait réalisé avant celle d’Athènes et de Platée. » On ne sait pas comment il a appris cela, mais la statue ne portait pas de signature. Nous ne savons rien de cette statue, excepté la description que nous en fait Pausanias. Nous ne savons même pas où elle a été exposée ! La seconde statue est donc celle de Platée, ville plutôt modeste alors, mais qui jouera un rôle important plus tard. Elle est au nord d’Athènes, et c'est là qu’a eu lieu une victoire sur les Perses. Pausanias (Müller-Dufen : 802), dans son livre 9, il cite une Athéna associée à Arès (Athéna Areia), qui aurait été construite à partir de débris de 479. C'est une xoanôn, une statue de bois. Elle est recouverte d’or et de marbre du panthélique (pour la chair apparente) et a été façonnée au marteau (technique de sphyrélaton). Cet artiste pouvait donc manier plusieurs matériaux conjointement. Ces statues de différents matériaux se nomment acrolithes (acro = extrémités, lith = pierre). Sa taille est semblable au bronze que Pausanias a vu à l’Acropole : il aime faire des comparaisons, et affirme que c'est Phidias qui l’a érigée. Selon toute vraisemblance, cette statue n’a pas été construite après la bataille de Marathon, mais avec les restes de la bataille de Platée. Simplement parce que la bataille de Marathon s’est déroulée en 490, et Pausanias était trop jeune. En temps normal, la ville de Platée n’aurait pas eu assez d’argent pour se l’offrir, mais le butin ramassé sur le champ de bataille change tout. Phidias avait donc déjà des commandes avant celle de l’Acropole. On ne sait où se situait ce temple et cette stature d’Athéna Areia, mais l’on suppose qu’elle n’était pas très éloignée de la Parthénos (dans le temps et dans l’espace). On sait que son style n’était plus archaïque, mais sévère. Phidias était à l’époque dans un style encore sobre. Des copies romaines nous donnent des indications sur cette statue. L’Athéna de Médicis, au Louvre, en est une copie plausible.

La troisième œuvre se trouve à Delphes, et est décrite par Pausanias dans le livre 10 (800 chez Müller-Dufen). Elle se situait dans le sanctuaire de Delphes, ou plus exactement, nous le savons à coup sûr à côté du monument appelé « Lysandre », près du Téménos. Cette œuvre est antérieure au Lysandre, érigé par Sparte, mais il n’en reste pas une pièce, contrairement au Lysandre, dont on a retrouvé des blocs in situ. Pausanias nous indique une inscription qui raconte l’histoire de la bataille de Marathon. Il dit que Phidias aurait réalisé les personnages de cette histoire ; plusieurs héros, deux dieux, et d’autres personnages célèbres. Il n’y pas de doutes sur l’auteur de ce grand monument, Pausanias n’a pas de raison de mentir. Ce qui est étonnant, c'est que le thème de Marathon date de 490, et la construction de ce monument date de 460, trente ans après, et cette œuvre célèbre à coup sûr la bataille de Marathon, mais Phidias n’a pu la construire vers 490-485. Cette œuvre n’a pas été construite par le vainqueur de Marathon, Miltiade (général ?), mais par son fils, Kimôn, en l’honneur de son illustre père, et il a sûrement pris commande chez Phidias. Thésée fait partie de ces personnages, et son insertion ici étonnante est certainement due à la vénération connue de Kimôn pour le fondateur d’Athènes. Nous savons que vers 460, il y a un regain du culte de Thésée, et que Kimôn va aller chercher ses ossements pour les enterrer sous dans l’Agora. Cette œuvre n’est pas une des principales de Phidias, qui, n’étant pas engagé politiquement, on ne lui tiendra pas rigueur à la fin du « règne » de Kimôn. Phidias ne fait qu’exécuter des commandes. On ne trouve aucune trace de ce monument, et on a espéré en trouver des copies, mais étant donné la composition en plusieurs parties de l’œuvre, on peut raisonnablement oublier l’idée de copies de l’ensemble. Ces statues étaient à coup sûr en bronze, justement parce que Pausanias ne le précise pas, tellement cela semble évident pour lui. On a trouvé il y a trente ans des statues de bronze, à Riace (en mer de Calabre), et l’on pense que ces deux statues appartenaient à cet ensemble, et que ce sont des originaux. Retrouvés en Italie, on peut admettre l’idée que ces statues aient été l’objet de la rapine – attestée – des Romains en Grèce. Mais Pausanias les a vues en 170, et elles ont forcément disparu après, alors que les rapines romaines sont certifiées surtout avant 170. Il y a là un mystère, sujet à caution.



La quatrième œuvre est l’Athéna dite « Promachos », et elle est sans aucun doute née de la main de Phidias. Elle a été trouvée non loin du Parthénon, à l’est de l’entrée, où il y a une grande base, qui doit être celle de la statue. La plupart des sources (Müller-Dufen : 284 et suivantes) attestent que c'était une statue de bronze, ce qui paraît logique, et elle était colossale, de l’ordre d’une dizaine de mètres. Nous le savons grâce à Pausanias, livre 1, champ 28 (804, Müller-Dufen). Il décrit le bouclier de l’Athéna, et nous dit que sa peinture a été faite par une autre personne que Phidias. C'est invérifiable. Il y a sur la statue les attributs d’Athéna. On sait qu’elle est très grande, car Pausanias atteste la voir de loin. La base de 5 mètres sur 5 est un socle considérable qui s’applique bien à une statue monumentale. Des monnaies d’époque impériale représentent des monuments, dont la représentation schématique de l’Acropole, avec une statue. Vraisemblablement, elle a perduré et survécu au moins jusqu’au siège de Sylla.

On a longtemps cru que des inscriptions inscrites près de ce socle étaient la dédicace, mais il semblerait qu’elles soient plus anciennes. Il y a par contre une inscription latine qui s’y réfère : « Simulacrum Minervae Propugnatoris » (promachos). Cette inscription est un compte assez long qui nous dit que la construction de la statue a duré neuf ans, et décrit le nombre quantitatif et qualitatif des matériaux de la statue (texte non-repris par Müller-Dufen). Le terme « promachos » n’est pas attesté dans les textes anciens, ainsi que celui de parthénos. On ne les trouve que dans des œuvres postérieures à cette époque. On peut imaginer que ces termes étaient utilisés populairement ou oralement.

Zosine, un auteur grec tardif, nous parle de l’arrivée d’Alaric, un chef païen barbare, qui aurait vu une statue sur l’Acropole, qui serait la promachos. Mais l’étude du texte révèle qu’il a plutôt eu une vision, car il la voit se déplacer. Il est possible que l’empereur Constantin l’ait déplacée à Constantinople, un texte médiévale nous indique la destruction d’une Athéna géante. En prenant compte ce fait, Alaric n’a pas pu la voir, car elle aurait déjà disparu. Aux alentours de 240, l’empereur Cordien III crée un concours grec appelé Athéna Promachos, qui est attesté par l’épigraphie. Cordien, en lutte avec les Partes (Perses), a invoqué par là Athéna, qui représente la lutte contre les Perses par excellence. La présence de la statue d’Athéna Promachos est donc attestée à Athènes jusqu’au milieu du troisième siècle, puis elle sera déplacée à Constantinople, où elle sera détruite en 1204 par les croisés, qui estiment qu’elle attire trop l’attention par sa grandeur. L’Athéna Promachos était destinée à protéger toute l’Acropole, armée et parée à la bataille. Ce type d’Athéna défensive est attesté dès le sixième siècle, mais on n’est pas certain que celle de l’Acropole soit représentée de la même façon que les autres. Il est possible qu’elle semble moins belliqueuse ; les Athénas guerrières brandissent la lance, mais il est possible que celle-ci ait la lance appuyée contre son flanc, comme l’Athéna Parthénos. On hésite finalement entre le type d’Athéna agressive, ou celui d’une Athéna armée, mais au repos. On ne peut la restituer avec certitude, mais son importance est indéniable, car de nombreuses fois copiées.

La cinquième œuvre est l’Athéna Lemnia (Müller-Dufen : 729-733) est placée vers 450, et elle est également décrite par Pausanias. Elle aurait un intérêt particulier, et ne peut être confondue avec d’autres. Elle serait intéressante par sa dédicace aux dédicants, des colons athéniens situés à Lemnos. Tous les témoignages font de cette Athéna la plus belle, la plus séduisante de toutes celles de Phidias. On ne sait pas vraiment à quoi elle ressemblait, et on a fait des projections plausibles, à partir d’éléments existants, situés dans divers musées. Pausanias décrit également un Apollon fait par Phidias, dont on ne peut que faire une restitution moderne plausible. On l’appelle Apollon Parnopios (sauterelles : Il aurait sauvé Athéna de ce fléau).

Vers 450, quand est construit le Parthénon, on ne s’étonne pas que Périclès ait appelé Phidias, car il avait démontré qu’il était le meilleur « agalmatopoïos », ceux qui construisent des grandes statues (et non des petites). Sa polyvalence était connue, et Périclès a vraisemblablement choisi le meilleur de son temps.



La Parthénos

La Parthénos est à coup sûr une œuvre de Phidias, les sources l’attestent. Elle a complètement disparu, mais de nombreuses copies lui sont attribuées. La statue se trouve, on le sait par l’implantation au sol (au niveau du stylobate (là où l’on marche)), à peu près au centre de la pièce appelée naos (ou néos). De part et d’autre de la porte, deux fenêtres ont été certifiées, servant sûrement à éclairer davantage la statue, car il n’y a pas de fenêtres le long du bâtiment. On a pensé que cette salle s’appelait le Parthénon, donnant plus tard son nom à l’ensemble, mais cette idée se heurte à deux problèmes : le nom de l’Athéna est récent, nous n’avons pas de témoignages antiques de cette appellation. Les inventaires de l’édifice appellent la salle principale « Hékatompédos néos ». Le terme « Parthénon » serait-il un terme populaire ? Nous savons que non, car les inventorialistes utilisent ce terme pour une autre chambre, celle de l’arrière, dont la seule entrée est l’opisthodome (pas de fenêtres). Selon Georges Roux (CRAI, 1984), la salle arrière se nommerait opisthodome, dans son intégralité, et la salle principale aurait deux noms, l’ « Hékatompédos néos » et le « Parthénon ». Mais vraisemblablement, comme le dit Jacques Tréheux (REG,1985), des textes montrent deux pièces différentes, avec des termes côte à côte dans les textes. Il y a là un paradoxe, car si la petite salle s’appelait Parthénon comment se fait-il que le bâtiment en entier ait pris le nom pour sien ? Parthénon veut dire « la chambre des jeunes filles », ce qui nous indique la présence d’un culte, se situant vraisemblablement dans la petite salle du bâtiment. Le culte étant très traditionnel, il est possible que l’on ait fini par désigner l’ensemble de l’édifice par le terme de Parthénon. (voir Fig.3) Dans la petite salle, il y avait une stèle de bronze décrivant la statue, qui ne s’appelait pas alors Parthénos. Les fonctionnaires qui ont fait l’inventaire ont contrôlé la véridicité de la description de cette statue alors appelée « la statue d’or » ou « chrysounagalma ».


La variation des appellations des chambres et de l’édifice ont eu lieu avant Plutarque, car lui en parle avec les termes que l’on utilise aujourd'hui. Au milieu de la grande salle, il y a une surface mesurable, avec on son centre une mortaise, où devait être posée la statue. Cette fondation de poros a un rapport de 4/8, elle est rectangulaire. Les plaques de marbre entourant cette fondation n’ont pas été cassées, cet espace n’est donc pas une détérioration, mais est voulu par l’architecte. La base de la statue reposait sur cet espace, et cela nous paraît évident, car on ne va pas poser une statue si imposante par sa taille et son poids sur un beau dallage de marbre. Cette mortaise servait vraisemblablement à accueillir une immense poutre, sûrement de bois, destinée à amener stabilité et solidité à l’ensemble. Ce serait la colonne vertébrale d’Athéna. (Fig. 4)


Comment reconstituer la Parthénos ? De nombreux textes en parlent, mais aucun ne nous livre une description exhaustive. (voir Müller-Dufen) Strabon cite la Parthénon, construit par Ictinos (architecte certifié du Parthénon), ainsi qu’une œuvre en ivoire. Soit l’or de la statue chryséléphantine aura disparu, soit Strabon applique ici une simplification. Nous savons qu’avant Auguste et Strabon, il y a eu des pillags, et un certain Lacharès a volé des plaques d’or, mais nous ne savons pas dans quelle mesure. Un commentateur de Démosthène (2e siècle après J.-C., auteur tardif donc) explique que le Parthénon contenait une statue qu’il appelle Parthénos (première apparition du terme), construite en ivoire et en or par Phidias. Mais cela ne sous-entend pas que l’or était toujours sur la statue. Philocore, historien dont nous n’avons que des citations par d’autres écrivains antiques, décrit l’installation de la statue en 438, ce qui nous indique un certain état d’avancement du Parthénon. Il dit que Phidias a été alors « jugé d’avoir fraudé sur l’ivoire destiné aux écailles du « serpent » (probablement situé entre Athéna et son bouclier). D’autres auteurs font allusion à ce procès, tel Plutarque : selon lui, le conflit ne tournerait pas autour de l’ivoire, mais de l’or. Mais il est très probable que Philocore ait raison, car il est contemporain à l’affaire, et il est plus facile de peser l’or que l’ivoire, et donc une accusation pour fraude sur l’ivoire est difficilement réfutable. Selon l’auteur qui cite Philocore, Phidias fuit et commencera sont travail sur le Zeus d’Olympie. Son procès est daté vers 438, et ne peut vraisemblablement plu être remis en cause. Certains ont voulu l’avancer de plusieurs années, mais nous savons que pour installer la statue, il fallait d’abord avoir un toit, des murs, etc. En 438, il est certain que les fondations sont quasiment finies, mais les métopes à peine amorcées. L’installation de la statue ayant eu lieu, il est possible que le maître-d’œuvre Phidias n’ait pas assisté à la réalistion des sculptures, à cause de sa fuite.



Le nom de Parthénos qu’on donne aujourd’hui à cette statue est conventionnel et n’est pas attesté, à l’inverse de l’Athéna Polias, par exemple. Le Parthénon au sens strict n’est pas l’ensemble, mais la petite pièce, même si l’on sait que la statue monumentale était à coup sûr dans la grande salle. La statue, dans les inventaires, est désignée sous le terme d’ «agalma chrysoûn », et se compose d’or (chrys-), d’ivoire (-éléphantine), de bronze (armes), et de bois (armature, « squelette »). C'est un bois de très bonne qualité, peut-être du cyprès. C'est une œuvre unique, comme l’on en avait jamais vu auparavant, d’une richesse sans pareille, de par sa profusion de matériaux précieux. Le Zeus d’Olympie est la seule œuvre qui ait dépassé en taille, en grandeur et en richesse la statue d’Athéna. On peut considérer ce Zeus assis comme l’aboutissement de l’art chryséléphantin. Il y a eu un grand débat pour savoir laquelle de ces deux statues était la dernière construite par Phidias, et on admet aujourd’hui que Zeus est le dernier, de part les faits qui ont obligé Phidias à fuir. Vraisemblablement, il aurait fui avant la fin des travaux de finition de la statue, contrairement à ce que pensaient certains archéologues. Cette statue ayant totalement disparu, comment la décrire objectivement ? On peut le faire par comparaison et par les commentaires littéraires. Sa taille était de 26 coudées, ou 11,50 mètres, comprenant le socle, qui a pour base 8.05m sur 4.10m. Nous savons par des comptes qu’elle a au moins coûté 700 talents d’argent, ce qui est une somme énorme. Son poids en or est de 40 talents d’or, selon Thucydide. Le socle comportait probablement une frise sculptée, mais nous n’en connaissons pas la hauteur, mais l’on suppose qu’il faisait environ un mètre (c'est le minimum pour pouvoir supporter une statue de cette taille). Pausanias nous dit qu’il racontait la naissance de Pandore. Cette mention est confirmée par Pline dans son histoire naturelle. La Parthénos est plus un exploit technique qu’une réussite artistique et esthétique. Nous connaissons à peu près son apparence grâce aux copies faites dans l’antiquité, contrairement au Zeus d’Olympie.



Pour de plus amples informations sur les détails de la statue, il faudra se référer aux manuels et autres ouvrages sur le sujet. Pausanias décrit la Parthénos dans son ensemble, mais ne mentionne pas le magnifique décor pourtant célèbre que devait posséder le bouclier. Il décrit par contre la présence de Pandore, sur la base de la statue. Il ne dit rien des éléments sculptés en relief (les métopes), et surtout de la frise ionique, qui est totalement ignorée. La Parthénos est difficile à se représenter, et la copie qui lui ressemble vraisemblablement le plus est l’Athéna Varvakeion, qui possède la plupart des éléments mentionnés appartenant à la Parthénos, excepté la lance et la frise de la base. Les sandales très travaillées comportaient un décor de centauromachie. La péplum (la toge) devait être composé de lames d’or. L’égide comportait le gorgoneion, figure emblématique d’Athéna que l’on retrouve sur de nombreuses copies. Le bouclier latéral est orné aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. On trouve au British Museum une copie du décor extérieur sur un bouclier indépendant, qui montre une amazonomachie. C'est une allégorie à l’attaque des Perses sur l’Acropole. Selon des sources littéraires, Phidias aurait représenté Périclès ainsi que lui-même sur le haut du bouclier, sous la forme d’un homme jetant une pierre, et un vieillard pour lui-même. Il y a dans l’ensemble trois grands combats : l’amazonomachie, la centauromachie, ainsi qu’une scène de gigantomachie, où nous connaissons le rôle important d’Athéna, et qui se trouve à l’intérieur du bouclier. Le casque attique n’est pas corynthien, puisqu’il laisse le visage de la déesse découvert, même si Athéna est souvent représentée avec ce type de casque. Au centre, il y a un sphinx encadré de deux griffons et surmonté d’un panache. Il existe divers médaillons de tête découverts en Russie, ainsi que des monnaies, qui représentent vraisemblablement la Parthénos. On pense qu’elle a été emmenée par Constantin, mais étant donné sa fragilité, elle n’a pas dû survivre longtemps.


La frise ionique

La frise est à la fois fonctionnelle et décorative. Elle se trouve au sommet du sékos (élément bâti qui entoure la statue, fondation), mais n’est pas très apparente, car elle se trouve nichée en haut du mur, hors de portée des regards. Cette frise ionique jure avec le reste du temple, car c'est un temple de facture dorique ! On pense qu’elle a été ajoutée plus tard, mais nous n’en avons aucune preuve. La frise du mur intérieur repose sur des blocs plus gros que ceux du mur, et ces blocs correspondent à ceux du péristyle (voir Fig.5). La frise ionique est continue, alors que la frise extérieure, dorique, est entrecoupée de métopes. La frise a une fonction architectonique, c'est un bloc comme un autre, mais qui a été sculpté avant sa pose, ce qui est assez rare d’ailleurs. Au-dessous de la frise ionique, il y a des gouttes, détail sculptural qui préfigure normalement une frise dorique. On peut donc penser qu’initialement on avait prévu voire construit une frise dorique pour l’intérieur.

La question de l’origine de cette frise ionique est intéressante. C'est une chose remarquable que d’avoir deux styles différents dans un bâtiment. On a un détail ionique, alors que le reste est entièrement dorique. La chose est moins étonnante du point de vue historique. Une théorie propose que les athéniens l’aurait introduite pour rivaliser avec une grande réalisation de l’Empire Perse, que l’on trouvait à Persépolis, dans la cour royale (apadama). C'était une grande colonnade, avec une grande frise à trois niveaux, très différente d’ailleurs par son thème et par son architecture de la frise du Parthénon. On constate qu’il y avait des expériences architecturales intéressantes dans l’Empire Perse, mais l’on sait aujourd'hui que les Athéniens n’avait pas forcément le loisir d’observer et de copier ces frises. Et si l’on n’avait pas trouvé d’autres frises du même genre en Grèce, on aurait pu croire à cette théorie, mais ce n’est pas le cas. Dès l’époque archaïque, on trouve des bandeaux de terre cuite semblables par la forme à celui du Parthénon, qu’on désigne comme dorique par similitude, il ne faut pas oublier que ces deux mouvements sont deux voies différentes mais contemporaines. Il n’y a pas d’évolution formelle entre les deux.

On trouve au nord de la Grèce (Asos) un temple avec un épistyle à double frise, avec une frise dorique, et un bandeau ionique. Les habitants des îles, initiant en général les nouveaux mouvements, vont systématiquement insérer, depuis sa création, des éléments du mouvement ionique, notamment à Delphes dans un bâtiment servant aux offrandes, où il y a une frise continue. Tout le temple est d’ailleurs un parfait exemple d’architecture ionique. Le Parthénon est sûrement une expérience architecturale, de même que le temple d’Asos. On estime aujourd'hui que ce fut plus une question d’audace que de compétition avec les Perses. A l’époque, l’on a pas dû trouvé cela si horrible, car l’expérience a été renouvellée, contrairement au temple d’Asos.

Les temples ionique ont toujours une frise ionique, mais certains temples doriques contiennent une plus ou moins grande frise ionique, à divers endroits. Tous les temples doriques ne sont évidemment pas possesseurs d’une telle frise. On assiste donc à une interpénétration des deux styles, mais qui ne va que dans un sens, puisque les temples ioniques n’ont aucun élément dorique. Asos, Parthénon, « Théséion »(temple d’Héphaïstos, non loin de l’agora d’Athènes), Sounion, Phigalie sont divers temples ou expériences mélangeant les deux styles. On voit bien que les architectes cherchent des solutions, des nouvelles voies pour adapter ce nouveau standard qu’est la frise continue.


La frise du Parthénon


Lectures conseillées : Fr. Brommer, Der Parthenonfries, 1974 Ernt Berger, Der Parthenon in Basel, dokumentazion zum frieses


Cette frise était constituée de 111 plaques, réparties sur 160 mètres en tout. Cette longueur est évidemment divisée en 4 parties, 2 de 24 mètres, et 2 de 58 mètres. Au niveau de l’état de la frise, très révélateur de l’histoire du Parthénon, on note que toutes les plaques n’ont pas la même longueur. A l’est, il n’y a que 9 plaques, dont la plus grande fait 4 mètres de long. A l’ouest, pour la même longueur totale, il y a 16 plaques. Il y a 42 et respectivement 44 plaques pour le sud et le nord. Sur ces 111 plaques, 56 sont arrivées au British Museum. 35 plaques sont dispersées dans divers musées du monde. Les plaques encore présentes ne sont plus des originaux, elles ont été déplacées pour les préserver de la pollution. Le musée de Bâle un moulage intégral de cette frise. Une vingtaine d’entre elles ont totalement disparu, même si l’on a trouvé certaines parties de frise dans les environs, mais sans qu’aucun indice ne nous permettent de les relier à un bâtiment particulier. Certaines plaques aujourd'hui disparues nous sont connues par des photos ou des dessins anciens. En fin de compte, une dizaine de plaques nous sont totalement inconnues, et il ne faut surtout pas l’oublier lors de l’interprétation de cette frise.



Façade ouest : La question dans un bandeau continu est de savoir où il commence. Fondamentalement, cette frise comporte deux cortèges qui vont se rencontrer au centre de la partie orientale (est), au-dessus de la porte d’entrée, ce qui paraît logique. Pour ne pas créer un déséquilibre dans la frise, on a fait partir les cortèges de l’angle sud-ouest, car c’est celui que l’on voit le moins, c’est un angle « mort ». Les deux cortèges ne sont donc pas de même longueur, malgré leurs ressemblances. Mais l’auteur a voulu égaliser cette disparité ; il a fait de la façade ouest une sorte de préparation à la procession du côté nord, qui ne commencerait donc réellement qu’à l’angle nord-ouest. Les plaques sont numérotées en chiffres romains, on recommence le compte à zéro pour chaque façade, et on lit les bandeaux de droite à gauche. Il faut faire attention, car ce sens ne correspond pas forcément au sens de lecture de la frise. On a également numéroté les 360 personnages, tout cela par convention. Cette frise est passablement bien conservée, malgré quelques dégâts dus aux intempéries (ces plaques sont restées longtemps en place). On y voit une préparation à la future procession, en série de tableaux plus ou moins individuels, ce qui laisse à penser que ces blocs ont été travaillés à terre et montés par la suite. Des scènes semblent agitées avec des chevaux presque au galop, en alternance avec des scènes statiques. On a l’impression que c'est un désordre organisé avant la mise en route de la procession. Les cavaliers sont vêtus de façon très variée (notamment, certains portent le pétasos, un chapeau à larges bords porté par le cavalier et le voyageur, ou l’himation, un manteau), on note donc une certaine recherche de la diversité. Chaque scène correspond à une plaque précise. Les éphèbes nus dénotent une certaine recherche anatomique. La pièce principale, un cavalier au cheval cabré, a été sculpté par une main de maître, peut-être même Phidias. Le cheval cabré est extrêmement bien rendu, avec des veines et des muscles finement ciselés. Le cavalier est sans doute un des deux Hipparques, chefs de cavalerie. Ce serait une dokimasia, c'est-à-dire une scène de domptage de cheval. Certaines pièces sont très érodées, surtout par le vent du Nord.

Façade est : Sur cette façade, il n’y a plus de cavaliers, il n’y a plus que des personnages. Cette partie a été beaucoup moins bien conservée que l’ouest, et c'est une recomposition qui a été faite avec des éléments de nombreux musées. De chaque côté l’on voit une procession composée de femmes. Ces deux cortèges aboutissent à une assemblée des dieux. Entre elles et les dieux, il y a deux groupes d’hommes : ce sont le héros des dix tribus attiques. Il y en quatre d’un côté, et six de l’autre. A l’intérieur de l’assemblée de dieux, il y a une scène centrale. Cette composition est à première vue symétrique, mais diffère de par quelques petits détails. Les femmes du sud sont moins travaillées que celle du nord, certaines portent des fiales, destinées à une libation. Le groupe de femmes de la partie III est fortement endommagé, mais on peut voir la diversité des drapés des tuniques. Après les femmes viennent des hommes qui discutent, certains étant appuyés sur des bâtons. Ils sont dans la force de l’âge. Du nord viennent également des femmes, dont il ne reste presque rien. Mais l’apparente monotonie de la scène est démentie par la diversité des détails. Les six hommes sont l’exemple même des citoyens grecs, oisifs et barbus. Les dieux sont représentés assis, et très peu individualisés par des attributs, ce qui est une caractéristique de l’art classique, on trouve sur le premier dieu à gauche un chapeau posé sur le genou, attribut d’Hermès. C'est le premier dieu du côté des hommes, car c'est une divinité du passage et du voyage. Il a une position charnière. Du côté nord, après les femmes et les hommes, il y a un jeune homme ailé, Eros, qui est tenu par sa mère Aphrodite, très mutilée. Derrière elle, une autre divinité sans beaucoup d’attributs, mais qui ne peut être qu’Artémis, déesse de la virginité. Il est étonnant de voir Artémis liée à Aphrodite, car elles sont passablement incompatibles. On pense que c'est leur féminité qui les a rapproché. A la gauche d’Artémis c'est forcément Apollon, car l’un ne va pas sans l’autre. Derrière lui, il y a très certainement Poséidon, qui devait tenir un trident, qui a disparu. Apollon tenait probablement quelque chose également, mais nous ne savons pas quoi. A droite du rituel central, il y a certainement Athéna elle-même, bien qu’elle n’ait pas d’attributs, qui discute avec Héphaïstos, qu’on identifie par la cane contre laquelle il s’appuie. Ce ne peut être Zeus, car il apparaît ailleurs. Ces six divinités qui se situent au nord sont celles qui ont le plus de liens avec le Parthénon. Les autres divinités, au sud, ont un lien moindre avec ce lieu. En bordure du rituel il y a évidemment Zeus, le seul qui soit d’ailleurs assis sur un trône, ce qui prouve sa supériorité. Devant lui se trouve sa femme Héra. Après ce couple divin vient un Arès nonchalant, un peu à l’écart, sûrement à cause de son rôle de dieu de la guerre. Le dieu qui s’appuye sur Hermès, assis sur son symbole, un coussin, est Dionysos. Il tenait la thyrse, un autre de ses attributs, mais elle a elle aussi disparu. Entre Arès et Dionysos est assise Démeter, la déesse des céréales, qui se trouve apparemment en lien avec Dionysos, sûrement rapprochés par leur fonction de dieux de la production (céréales et vin). La scène centrale est l’aboutissement de toute la procession. Elle montre, même si les dieux ne regardent pas directement cette scène, une femme amplement vêtue, qui doit certainement être la prêtresse d’Athéna. A sa droite se tient Basileus, roi archonte, qui reçoit ou donne une pièce d’étoffe. Ce tissu est un péplos rituel et brodé, qui est l’offrande à Athéna lors des Panathénées. Deux personnages féminins portent sur la tête une espèce de tabouret, sur lequel sont placés des objets, sûrement le nouveau péplos, destiné à remplacé l’ancien que l’on est en train de replier. C'est du moins ainsi que l’on a interprété cette scène d’offrande.

Les façades nord et sud ne seront pas étudiées, faute de temps. Elles se composent majoritairement de cavaliers en marche, participant évidemment à la procession.


Arbre de Vie


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