Otto von Stülpnagel

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Otto von Stülpnagel (né à Berlin, le 16 juin 1878 - mort à Paris, le 6 février 1948) est un officier allemand pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale.

[modifier] Biographie

Dès 1898, il sert dans le régiment prussien de la garde à pied. Il prend part à la Première Guerre mondiale. À la suite de celle-ci, il fait partie d'un groupe d'officiers cherchant à détruire la République de Weimar. À partir de 1933, il devient un partisan de Hitler.

Avis du général von Stülpnagel, Paris, 21 octobre 1941
Avis du général von Stülpnagel, Paris, 21 octobre 1941

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est rappelé sous les drapeaux alors qu'il était à la retraite. En octobre 1940, il est nommé chef des forces d'occupation allemandes en France, et gouverneur militaire de Paris.

Il exerce une répression féroce contre la Résistance intérieure française en particulier à la suite d'attentats contre des soldats allemands. Il ordonne en particulier l'exécution d'otages, des français de confession juive en les faisant extraire du camp d'internement de Drancy ainsi que des militants communistes comme le jeune Guy Môquet, à la suite de l'attentat de Fabien le 21 août 1941 contre l'aspirant Moser, celui de Nantes contre le lieutenant-colonel Karl Hotz, ou celui de Bordeaux contre le conseiller de l'administration militaire Hans Reimers.

Le 12  décembre 1941 il fait arrêter chez eux, au petit matin, 743 français de confession israelite : un notaire, un président de Chambre à la cour de d'Appel, un conseiller à la cour de Cassation, plus de la moitié d'anciens combattants, des industriels, commerçants, hommes de lettres, hommes de sciences, hommes de loi. On compte parmi eux René Blum, frère de Léon Blum. Le quota de 1000 arrestations n'étant pas atteind, une rafle organisée à Paris permet aux Allemands de joindre 300 autres Juifs pour la plupart étrangers. Après avoir été regroupés dans la manège à chevaux de l'École militaire, il sont transférés au camp de Royallieu en périphérie de Compiègne dans la section « Représailles »[1].

Le Matin du 15  décembre 1941 fait paraitre cet avis signé par Otto von Stülpnagel :

«  Ces dernières semaines, des attentats à la dynamite et au révolver ont été commis contre les soldats de l'Armée allemande.
Ces attentats ont pour auteurs des éléments, parfois même jeunes, à la solde des Anglo-Saxons, des Juifs et des Bolcheviks, et agissant selon des mots d'ordre infâmes de ceux-ci.
Des soldats allemands ont été assassinés dans le dos et blessés. En aucun cas les assassins n'ont pu être arrêtés. Pour frapper les véritables auteurs de ces lâches attentats, j'ai ordonné l'exécution des mesures suivantes :
1) Une amende de un milliard de Francs est imposée aux juifs des territoires français occupés.
2) Un grand nombre d'éléments criminels judéo-bolchevicks seront déportés aux travaux forcés à l'Est.
Outre les mesures qui me paraissent nécessaires selon les cas, d'autres déportations seront envisagées sur une grande échelle, si de nouveaux attentats venaient à être commis.
3) 100 juifs, communistes et anarchistes, qui ont des rapports certains avec les auteurs de ces attentats seront fusillés.
Ces mesures ne frappent point le peuple français, mais uniquement des individus à la solde des ennemis de l'Allemagne, qui veulent précipiter la France dans le malheur et qui ont pour but de saboter la réconciliation entre l'Allemagne et la France.

Paris, le 14 décembre 1941
der Militärbefelshaber
Von Stülpnagel
Général de l'Infanterie  »

Prenant conscience que la politique d'exécution d'otages contribuait à dresser la population contre les autorités d'occupation[2],[3], Von Stülpnagel demande à être relevé de ses fonctions en février 1942, et est remplacé par son cousin Carl Heinrich von Stülpnagel. À l'issue de la guerre, il est arrêté en Allemagne et conduit à Paris pour y être jugé. Il se suicide par pendaison en février 1948 dans la prison du Cherche-midi.

[modifier] Notes et références

  1. Jean-Jacques Bernard, Le camp de la mort lente, Compiègne 1941-1942, Édition Albin Michel, Paris, 1945, (ISBN 2748169301). Réédition Le Manuscrit, 2006.
  2. Dictionnaire historique de la France sous l'occupation, sous la direction de Michèle et Jean-Paul Cointet, Tallandier, 2000, p. 658
  3. Henri Amouroux, La grande histoire des Français sous l'occupation, le peuple réveillé, juin 1940-avril 1942, t.IV, Robert Laffont, 1979, p. 382