Organisation de l'aïkido en France

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L'organisation de l'aïkido en France a une structure complexe, découlant d'une part des exigences particulières des pouvoirs publics français relativement à la reconnaissances des diplômes (grades dan) et des brevets d'enseignement, et d'autre part de l'arrivée progressive d'experts japonais puis français reproduisant plus ou moins un système d'écoles (ryū), peu compatible avec la structuration centralisée des fédérations sportives françaises.

Sommaire

[modifier] Principales structures

Hors du Japon, la France est le pays qui compte le plus de pratiquants d'aïkido, avec près de 60 000 licenciés (d'après les fédérations en 1997).

Le pratiquant ayant le grade le plus élevé en France est Nobuyoshi Tamura senseï, 8e dan ; c'est le représentant de l'Aikikai pour l'Europe.

Initialement en France, les clubs d'aïkido étaient affiliés à la fédération de judo, la FFJDA ; l'aïkido s'est séparé de cette fédération en 1982, ce qui a entraîné la création de deux fédérations indépendamment reliées avec l'Aikikai So Hombu japonais, et comprenant de nombreux courants :

  • la FFAB, Fédération française d'aïkido et de budo, qui comprend principalement :
    • L'Aikikai de France, dont le référent technique est Tamura senseï shihan (694 clubs) ;
    • le GHAAN, le Groupe historique d'aïkido André Nocquet (51 clubs) ; d'abord l'élève de Tadashi Abe dès 1952, André Nocquet est parti au Japon en 1958 suivre l'enseignement du créateur de l'aïkido ; son groupe a rejoint la FFAB en 1985. Maître Nocquet est décédé en 1999 ;
    • le groupe Iwama ryu, un des groupes ayant pour but la transmission de l'aïkido de Morihiro Saïto senseï (décédé en 2002)
    • La branche Aikido Shodokan sous la direction technique de Satoru Tsuchiya Senseï, élève de Tetsuro Nariyama Shihan successeur de Kenji Tomiki Shihan.
la fédération regroupe aussi la Fédération kyūdō traditionnel (FKT) et a une relation privilégiée avec le Cercle de iaidō qui est sous la direction technique de Michel Prouvèze, 6e dan aïkido, 4e dan iaïdo ;
  • la FFAAA (ou 2F3A), Fédération française d'aïkido, d'aïkibudo et affinitaires, seule fédération en France reconnue par la Fédération internationale d'Aïkido (I.A.F.) qui comprend aussi :
    • le groupe Aïkido (737 clubs), dont le référent technique est Christian Tissier, seul français s'étant vu décerner le titre de «  Shihan  » (modèle) par l'Aikikai.
    • le groupe Aïkibudo (87 clubs), anciennement Katori shintô ryu, dont le référent technique est Alain Floquet.

Le ministère de la Jeunesse et des sports ne délivre normalement d'agrément que pour une seule fédération par "sport", et fait donc pression sur la FFAB et la FFAAA pour qu'elles fusionnent. Cependant, les différents courants craignent une trop grande uniformisation et donc une perte de la richesse ; il ne faut pas non plus se masquer les yeux, certains techniciens sont jaloux de leur indépendance, voire craignent de voir diminuer leurs revenus en raison d'un regroupement des stages fédéraux.

[modifier] Les passages de grades dan

En France, certaines délivrances de dan sont contrôlés par l'État, qui autorise une fédération à les délivrer, et vise, selon la proposition de loi[1], à « éviter entre autres les dérives sectaires ». Bien que la délivrance « officielle » n'a d'importance que si la personne veut enseigner en étant salariée, puisqu'elle doit alors passer son brevet d'État, cette législation est souvent critiquée par les écoles non attachées aux fédérations désignées par l'État.

Les deux fédérations d'aïkido organisent ainsi les passages de dan en commun sous l'autorité de l'UFA, Union des fédérations d'Aïkido. C'est l'UFA qui est reconnue par le ministère de la Jeunesse et des Sports. De ce fait, les dan délivrés par l'UFA constituent des diplômes d'État. Cette exigence de l'État français, et de nombreux autres États européens, repose sur la collation des grades par un jury ne connaissant en général pas le pratiquant avant l'examen.

Ce fonctionnement s'oppose à la collation traditionnelle des grades au Japon, où le dan est décerné par l'enseignant puis par le maître de celui-ci sur recommandation de l'enseignant, et implique une longue période d'observation du pratiquant. De ce fait, l'État français ne reconnaît pas les grades décernés par l'Aikikai, sauf à partir du 5e dan, et réciproquement, l'Aikikai ne reconnaît pas les grades français. Il existe ainsi en France des examens spécifiques de grades Aikikai, organisés au sein de chaque fédération, dont les jury sont présidés par Nobuyoshi Tamura ou Christian Tissier, seules personnes ayant la possibilité de décerner des grades Aikikai au sein de l'UFA (Gérard Blaize y est aussi habilité, mais hors des fédérations). La coutume veut qu'on ne se présente à un examen Aikikai qu'une fois titulaire du grade français de niveau correspondant. On peut enfin noter que cette situation est assez générale. Les élèves de Kazuo Chiba, au sein du Birankai peuvent choisir au moment de leur passage si leur grade sera valable au sein de leur seul groupe ou si Me Chiba doit demander leur homologation à l'Aikikai.

Au-delà du 4e dan, il n'existe plus d'examen. La promotion repose sur la qualité de la pratique et de l'enseignement (facteur déjà pris en compte au 4e dan). Elle se fait sur proposition à l'Aikikai par C. Tissier ou N. Tamura et homologation du grade par l'État français. Plusieurs hauts gradés se rendent également au Japon pour pratiquer de manière intensive et passer leurs grades supérieurs directement à l'Aikikai Hombu Dojo.

Pour les écoles hors du regroupement de l'UFA, les passages de grades se font sur proposition de l'enseignant ou d'un collège d'enseignants, parfois confirmé par un responsable technique. Évidemment le sens et la valeur des grades (UFA et hors UFA, voire d'autres "branches" que celle de l'Aikikai) sont difficilement comparables et sont sources de multiples conflits d'autorité.

[modifier] Autres lieux d'enseignements

Toujours à propos de la France, il existe de très, très nombreux groupes et sous-groupes (voir une courte sélection en liens externes) où des différences sont d'ordres pédagogique, techniques, spirituels, personnels, hiérarchiques, sportifs, etc.

On peut citer parmi ces autres groupes la KIIA, qui organise au niveau international le Kinomichi fondé par Maître Masamichi Noro 7e dan d'Aïkido et ancien uchi deshi de Maître Morihei Ueshiba, la FAAGE (Fédération d'aïkiryu et arts du geste), l'AFATJ, Association française d'aïkido traditionnel du Japon, creé par Gérard Blaize également habilité à délivrer des grades Aikikai, groupe rattaché à la FFST (Federation française du sport travailliste), L'ARA, Aïkido ryu Abe, créée par Jean-Pierre Le Pierres, la FAT, Fédération d'aïkido traditionnel fondée par Daniel André Brun.

Des enseignants se sont regroupés avec Alain Peyrache pour fonder l'ISTA, l'International School of Traditional Aïkido. Lieu d'échange, l'ISTA est un endroit où il n'y a aucune autorité administrative au-dessus du professeur. Présents en Europe, en Israel et au Québec.

La branche Iwama est également représentée en France par trois élèves de Morihiro Saito :

  • Philippe Voarino (6e dan Iwama ryu, 5 mokuroku d'armes) au sein de TAI, Takemusu Aiki Intercontinental ;
  • Patricia Guerri (6e dan, 5 mokuroku d'armes) au sein de l'école Aikibukikai ;
  • Daniel Toutain (6e dan, 5 mokuroku d'armes) au sein de Iwama Ryu France - International Aiki Shuren Dojo.

Citons également le groupe Birankaï, dont le référent technique est Chiba sensei, installé aux États-Unis.

Mais aussi : l'Académie Shingitaï Ryu dont le Soke est Patrick Dimayuga 7e dan DNBK (Dai Nippon Butokukai {dirigé par S.A le Prince Impérial Higashi Jigo Fushimi[2])

[modifier] Notes et références

  1. Proposition de loi relative à la délivrance des grades dans les disciplines relevant des arts martiaux
  2. Dai Nippon Butokukai