Ordre de Cincinnatus

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Décoration de l'Ordre de Cincinnati

L’Ordre de Cincinnatus (General Society of the Cincinnati), société patriotique formée aux États-Unis le 13 mai 1783, était composée de tous ceux qui s'étaient distingués pendant la guerre d'indépendance. Ses membres se proposaient pour modèle Cincinnatus : ils portaient une médaille où ce grand citoyen était représenté quittant sa charrue pour servir l'État. Cette société, admettant l'hérédité, fut considérée comme incompatible avec l'esprit républicain et supprimée.

Sommaire

[modifier] Statut juridique

Juridiquement, l'Ordre de Cincinnatus ne peut pas être considéré comme un ordre national américain (Washington n'étant pas chef d'État lorsqu'il le fonda), mais comme une association héréditaire se prévalant d'un insigne distinctif qui ne peut être considéré comme une décoration. Cependant, Louis XVI par ces lettres du 8 août 1784 et du 12 décembre 1789, reconnait en France l'ordre américain comme « 1er ordre étranger ». L'insigne se portait après la croix de Saint-Louis.

[modifier] Insigne

L'insigne fut dessiné par le major Pierre L'Enfant (1754-1825), qui fut le 1er secrétaire français. Il s'agit d'un aigle à tête blanche (bald eagle) d'or avec ruban bleu clair bordé de blanc. Il porte un médaillon à fond bleu avec Cincinnatus à sa charrue.


[modifier] Création

Quelques mois avant la signature, le 3 septembre 1783, du traité de Versailles consacrant l'indépendance des États-Unis, le général Henry Knox et un prussien, le baron Von Steuben, qui avait pris une part importante à la formation de l'armée américaine, eurent l'idée de fonder une association d'anciens officiers. L'objet en était d'entretenir les liens d'amitié établis entre camarades de combat sur le point d'être démobilisés et ensuite dispersés sur le territoire américain, déjà vaste; maintenir le culte du souvenir, défendre les intérêts de ses officiers face à un congrès peu généreux à leur égard et, enfin, de se montrer des patriotes exemplaires, notamment en encourageant l'unification des treize états d'origine dont certains ne tenaient pas à perdre leur indépendance au profit d'un état fédéral gourmand.

L'organisation des Cincinnati comporta, dès sa création, treize sociétés, une par État d'origine, à savoir : New Hampshire, Massachusetts, Rhode Island, Connecticut, New York, New Jersey, Pennsylvanie, Delaware, Maryland, Virginie, Caroline du Nord, Caroline du Sud et Georgie. Le général George Washington se préoccupa rapidement de maintenir les liens avec les camarades de combat français et la France sans laquelle la victoire sur les Anglais n'aurait pas été pensable, du moins à l'époque. C'est à son initiative que fut créée la branche française; le nombre des branches coiffées par The Society of the Cincinnati s'éleva à quatorze. Pourquoi ce nom ? Il fut choisi en pensant au beau symbole du héros romain, Cincinnatus, qui, après avoir servi son pays, fondit son épée pour la transformer en socle de charrue et continuer à le servir par son travail.

Washington, premier président de la société
Washington, premier président de la société

The Society of the Cincinnati vit le jour le 13 mai 1783, et se donna pour premier président le général George Washington le 19 juin de la même année; il le demeura jusqu'à sa mort en 1799.

[modifier] Réglements

La raison d'être de cette nouvelle institution était définie en ces termes: « Il a plu au Souverain Maître de l'Univers, pour le règlement des affaires humaines, de soustraire les colonies d'Amérique du Nord à la domination de la Grande Bretagne et, après un sanglant conflit qui dura huit ans, de les constituer en états libres, indépendants et souverains, unis par des alliances fondées sur les avantages réciproques avec quelques uns des plus grands princes et puissances de la Terre.
En conséquence, pour perpétuer aussi bien le souvenir de ce grand événement que celui de l'amitié formée au milieu des dangers courus en commun, et, en bien des cas, cimentée par le sang versé sur les mêmes champs de bataille, les officiers de l'armée américaine, par le présent acte et de la façon la plus solennelle, s'associent et se constituent en une société d'amis qui vivra aussi longtemps qu'eux-mêmes, ou que l'aîné de leur postérité mâle ou, à défaut de celle-ci, des branches collatérales, qui sera jugé digne d'en devenir le représentant et le membre »
.

Les principes suivants seront immuables et formeront la base de la Société des Cincinnati :

  • Un soin incessant de conserver intacts les droits éminents et les libertés de la personne humaine pour lesquels ils ont combattu et donné leur vie et sans lesquels la haute dignité de l'être doué de raison serait une malédiction au lieu d'être une bénédiction.
  • Une volonté inébranlable de maintenir entre les différents états l'union et l'honneur national, si nécessaire à leur bonheur et à la future dignité de l'Empire Américain.
  • Rendre permanents les liens de camaraderie cordiale entre les officiers. Cet esprit inspirera en toutes circonstances des sentiments fraternels et s'étendra particulièrement et pratiquement aux actes de bienfaisance que les ressources de la Société permettront d'accomplir en faveur des officiers qui se trouveraient malheureusement dans la nécessité d'y recourir.

[modifier] Histoire des Sociétés

Le marquis de Lafayette
Le marquis de Lafayette

Bien que la plupart des sociétés d'états aient négligé de tenir des archives au début de leur existence, on s'accorde aujourd'hui à penser qu'en 1790, ils étaient 2.400 membres alors que 5.300 anciens officiers ayant pris part à la guerre d'indépendance auraient été admis s'ils avaient fait acte de candidature.

Manifestement, Knox voulait que la Société Générale fut une clé de voûte, un facteur de coordination et de sauvegarde des principes énoncées plus haut, de même qu'un ciment entre états. Dans un premier projet, Knox avait prévu que la Société ne se réunirait en assemblée générale que tous les trois ans, cette dernière comportant le Président Général et les représentants de toutes les sociétés d'états. Cependant, cette disposition fut annulée rapidement et l'Assemblée Générale devint annuelle.

Ils demeurèrent influents jusqu'au début des années 1790. Par exemple, lorsqu'ils fut question de réformer la Constitution américaine dans le sens du renforcement du pouvoir exécutif au détriment de celui du Congrès, vingt-et-un sur les cinquante membres de la Convention, chargée de cette réforme étaient des Cincinnati; de plus George Washington leur fit une grande place dans le gouvernement formé après l'adoption de cet amendement.

Mais, peu après, les Cincinnati perdirent insensiblement leur dynamisme; seules sept sur les treize sociétés d'État se firent représenter à l'assemblée annuelle en 1790. Elles ne furent que cinq en 1796 et deux seulement en 1799 alors que Washington se mourait.

À partir de ce moment, la Société tomba en léthargie. Il en fut de même pour la plupart des sociétés d'État.

Sept d'entre elles se réveillèrent de temps à autre, mais au moins une d'entre elles se saborda tout à fait en 1802: celle du Delaware. La Société disparut pendant un demi-siècle si on excepte trois tentatives dont celle de 1838 à laquelle ne participèrent que le Président Général, le Secrétaire Général et le délégué de Pennsylvannie.

On n'en continuait pas moins à désigner, certes d'une manière bien artificielle, des Présidents Généraux, toujours choisis parmi les vieillards, anciens combattants de l'Indépendance. Le dernier d'entre eux mourut en 1848. L'institution renaquit de ses cendres en 1854 sous la présidence énergique d'Hamilton Fish qui fit adopter un assouplissement considérable des conditions d'admission ainsi que la faculté, pour chacune des sociétés d'état, d'introduire certaines variantes dans leurs statuts, en fonction des conditions locales, tout en conservant l'essentiel. Ces mesures réalistes, de même que la personnalité attachante de Fish eurent des conséquences heureuses: en quelques années, l'organisation comptait de nouveau huit cent membres.

Tout naturellement, la guerre de Sécession (1861-1865), interrompit le fonctionnement de l'association, car il y avait des Cincinnati dans les deux camps, mais la réconciliation fut rapide entre collègues peu après la fin des hostilités.

Les Cincinnati attendirent le début du XXe siècle pour se réconcilier avec l'Angleterre. En 1947, ils allèrent même jusqu'à accueillir dans leur sein Winston Churchill, en sa qualité de descendant par sa mère d'un officier américain qui avait combattu contre les Britanniques.

Les Cincinnati s'organisèrent peu à peu. Le premier annuaire général parut en 1929. Dès lors, on connut de manière exacte les effectifs de chacune des quatorze sociétés; avant cela, il n'y avait rien de sûr.


[modifier] Recherche des membres en France

En 1884, dans le but d'instituer un Recueil officiel de l'Ordre national de Cincinatus, le département d'État de Washington s'adressa au ministère des Affaires étrangères de Paris pour avoir des renseignements exacts sur des informations déjà en sa possession, relatives aux nombreux officiers qui avaient eu à recevoir la décoration américaine.

Une liste, établie aux archives de la Library of Congress, fournie au ministère de la Guerre français par le secrétaire de la Légation des États-Unis, en France, M. Henry Vilbud, historien et archéologue de grande réputation, permit à l'Administration du boulevard St-Germain d'accomplir un travail minutieux. La plupart des faits, écrit à ce propos le vicomte de Noailles dans son ouvrage de 1903, la plupart des noms dont quelques uns virent rectifier leur orthographe, furent retournés avec des mentions précises. Pour d'autres, les recherches n'aboutirent à aucun résultat. Ils restèrent tels qu'ils avaient été signalés. Il semble presqu'impossible de retrouver les noms de tous ces braves qui servirent dans l'armée du Congrès ou dans les légions provinciales après l'examen effrayant de longueur de tous les officiers entre 1776 et 1783. Une lacune existerait jusqu'à ces jours car plusieurs gagnèrent l'Amérique sans avoir appartenu à l'armée nationale, ou après en être sortis.

En 1903, sur la demande de la National Society of Sons of the Revolution, le Quai d'Orsay publia aux « Librairies Réunies » Mortenez et Martinez à Paris un ouvrage contenant 50 000 noms de marins et soldats français avec une introduction de M. Henri Mérou, consul de France à Chicago. L'ouvrage porte le titre suivant : Les Combattants français de la guerre américaine 1776-1783, listes établies d'après des documents authentiques déposés aux Archives nationales et Archives du ministère des Affaires étrangères."

Ces listes donnent les états des officiers de marine des escadres du comte d'Estaing, du comte de Guichon, du comte de Ternay (armée de Rochambeau) et du comte de Grasse-Tilly et des officiers de l'armée métropolitaine : Armée de Rochambeau, Régiment d'Agenais, Régiment de Gâtinais, Régiment de Tours, Régiment de Foix (un bataillon), Régiment de Hainaut, Régiment de Dillon (Officiers seulement), Régiment de Walsh (officiers seulement) Régiment d'Aixonne (un bataillon), Régiment de Metz (2e bataillon). Les Régiments coloniaux de la Guadeloupe et de la Martinique, du Cap et de Port-au-Prince, les Grenadiers-Volontaires du vicomte de Framais, les Chasseurs-Volontaires de Saint-Domingue du marquis de Rouvray ne sont nullement compris dans cet inventaire de la gloire.

[modifier] Voir aussi

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[modifier] liens externes

[modifier] Sources utilisées


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